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19 novembre 2017

Eclat

20160704_134857Ne lavez jamais vos rêves ou si vous les lavez, préférez un savon doux, à la lavande ou à la camomille. N’oubliez jamais que les lavages répétés, même à la main, risquent de donner aux couleurs originales des teintes que la mémoire ne  reconnaîtrait plus… et quand une mémoire se sent trahie, elle peut y perdre son âme.

 

PS : photo prise à Nancy, dans une boutique très particulière.

11 novembre 2017

Les gants

20171023_163306_1Elle l’avait giflé avec un gant en peau de chaque couleur. Le goût du travail bien fait.

-          Comme ça, ça t’apprendra les couleurs de la vie, avait-elle conclu.

Lui, à tort, croyait qu’elle l’aimait ; un effet de sa grande naiveté.

Allongé sur son brancard, aux urgences du CHU, il disait encore, malgré sa difficulté à articuler : une peau de vache, certes, mais quel revers, quel punch, quelle énergie !

 

 

PS : photo prise à Bruxelles.

7 novembre 2017

La robe

20171023_162803_1Elle lui avait dit.

-          Dévore-moi toute crue.

Sans hésiter un seul instant,  il l’avait mangée de la tête aux pieds. Deux heures plus tard, penché au-dessus du lavabo, il vomissait chaque petit morceau de la femme  chocolatée. Arrivé au bout de son marathon, il se dit que l'anthropophagie exigeait un estomac qu'il ne possédait pas. Sans doute valait-il mieux qu'il ingurgitât des nourritures abstraites telles que la philosophie ou la littérature...

 

PS : photo prise à Bruxelles d'une robe en chocolats

 

30 octobre 2017

solitude

20160912_115304La maison était silencieuse, vouée à la solitude des pierres qui ne reçoivent plus l'écho du monde. Quand elle s’approcha et colla son oreille au mur, elle entendit des sanglots. Malgré les trente ans passés, suffisait-il de passer devant la maison pour que tout resurgisse ? Elle eut soudain la certitude que son ombre avait étouffé le gardien de la forteresse de ses peurs et que tous les démons  sortaient de leur geôle pour se précipiter à la lumière du jour. Effrayée, elle partit en courant, étrangère à la voix d'enfant qui répétait de plus en plus fort.

- Arrête-toi Marie, arrête-toi ! Tu ne veux plus me voir parce que je suis mort ?

 

 PS : photo prise à Lyon

 

16 octobre 2017

Le message

20171008_095204Sur la feuille ce message mystérieux « Je tue il » qu’on avait glissé dans sa boîte aux lettres. Avant ou après avoir déposé le pigeon mort ? Cette question lui avait trotté dans la tête toute la journée. Qui lui en voulait à ce point ? Elle ? Non, pas elle quand même, mais alors qui ?

Retirer le pigeon avec du papier journal l’avait fait vomir. Il n’avait pu que constater combien il était fragile, son estomac se retournait pour un rien.  Si c’était elle, elle avait la rancune tenace. Un an plus tard elle lui en voulait encore. N’était-ce pas lui, pourtant, qui aurait dû lui en vouloir et mettre un pigeon mort, voire deux,  sur son paillasson qui annonçait gaiement « Welcome » aux visiteurs qui s’aventuraient jusqu’au seuil.

« Une frappadingue » se murmura-t-il à lui-même. Il avait été bien mal inspiré de lui accorder sa confiance, elle en avait abusé jusqu’à l’indécence. En remerciements, ces deux messages de mort. Et que lui arriverait-il  ensuite ? Elle l’attendrait avec une arme en jugeant qu’elle l’avait suffisamment prévenu ?

Ces anticipations apocalyptiques le conduisirent directement au commissariat de police avec, dans sa poche, le message et la photo de sa boîte aux lettres où était exposé le pigeon mort. Quand il eut fini de raconter son histoire, l’officier de police lui dit  d’un ton aigre-doux.

-          Et vous comptez porter plainte ? 

-          Vous en pensez quoi ?

-          Je pense que vous avez trop d’imagination, c’est une bêtise de gamins, rien de plus !

Il partit du commissariat dans un état d’agitation extrême. « Elle est belle la police » se lamenta-il, « elle est belle ! ».

Deux jours plus tard, la police était appelée au 42. Sur le corps du défunt on avait placé l’écriteau : « Elle a tué il ».

 

12 octobre 2017

Méditation

20170610_141721 - Oui, la vie c'est ça, pause, on profite, on offre son visage au soleil, on se détend, on est soi et on regarde le soleil qui est en soi, sa part d'ombre aussi, sinon le paysage ne serait pas complet.

Elle le regarda un peu surprise par cette logorrhée - qu'il appelait "diarrhée verbale" chez les autres. Il était d'ordinaire si mesuré en toute chose. Que lui était-il arrivé ? Une rencontre ? Sa rencontre ?

Elle le sut la minute qui suivit : il avait décidé de faire de la méditation en pleine conscience. Une façon radicale de panser ses blessures, lui avait-il précisé.

Elle se demandait tout de même si cette médiation arrêterait ses ruminations galopantes, mais pourquoi pas ?

PS : photo prise sur les quais de Rouen en mai 2017

4 octobre 2017

Ophélie

20170820_190735Souvent elle se rêvait en Ophélie, sa longue chevelure blonde balayant les eaux où se reflétait le visage des fées qui s’étaient penchées sur son berceau à la naissance.

Maintenant, elle n’était plus une enfant, à 20 ans passés elle était en âge de se marier, comme toute jeune fille de bonne famille. Vierge et pure, elle attendait son prince, confiante, le cœur empli de toutes les légendes contés dans son enfance. Quelle ne fut pas sa surprise, par une belle journée d’été, de voir un jeune homme arriver dans leur propriété sur son percheron.

-          Qui êtes-vous ? lui demanda-t-elle.

-          Le prince de Montagne au Perche

-          Ce cheval est à vous ?

-          Oui, c’est mon fidèle percheron. Me feriez-vous l’honneur d’une promenade en barque ? Mon percheron nous emmènera jusqu'au fleuve.

-          Moi ? Me promener avec vous ?

-          Oui, pourquoi pas ?

-          Mais je ne vous connais pas.

-          Le fait que je sois prince ne vous suffit-il pas ?

-          Que nenni, monsieur. Mes parents n’y consentiront pas.

-          Vous n’êtes pas assez grande pour prendre votre décision seule ?

Elle le regarda étonnée. Ce prince avait des idées bizarres et, si son cheval n’avait point de grâce, lui en avait pour deux.

-          Soit, répondit-elle, allons-y.

Et ils partirent.

Personne ne sut jamais ce qui advint à la princesse. On ne la revit pas, le prince et le percheron non plus. La barque, elle, est encore amarrée à la rive. Certains disent avoir vu, par nuits de pleine lune, la princesse et le prince faire l’amour dans une barque tirée par un percheron. Mais ce ne sont que discours d’hommes avinés, ancrés au comptoir de chez Ginette

 

PS : photo prise à Tours

 

26 septembre 2017

Le signe

20170830_095537C’est dans le sixième tiroir qu’elle l’avait trouvé. Un mot jauni, oublié de tous, peut-être même de celle qui l’avait reçu. L’homme lui donnait rendez-vous derrière le court de tennis, dans la remise où le bois attendait les grands feux qui brûlaient dans l’âtre dès le mois de novembre.

Mais qui était cet homme ? Son mari ? Un amant ?

Le soir-même, alors que sa grand-mère tricotait et qu’elle-même lisait un livre dont l’histoire lui échappait, elle lui avait glissé l’air de rien.

-          J’ai trouvé un mot dans le petit meuble à tiroirs du salon.

-          Ah bon ? Répondit sa grand-mère sans lever les yeux.

-          Oui, un mot pour toi. Mais il date et il est tout jauni !

-          Ah, ce mot-là !

-          Tu te souviens ?

-          Oui.

-          C’est de papy ?

-          Ton grand-père n’aurait jamais écrit ça.

-          Alors de qui ?

-          Tu es bien curieuse.

-          Mais pourquoi tu l’as gardé à cet endroit depuis tout ce temps ?

-          Va savoir pourquoi on garde les choses, lui avait répondu sa grand-mère, soudain triste.

Elle n’avait pas insisté.

Une partie de la  réponse était venue dix ans plus tard, à l’enterrement de sa grand-mère.  

Elle n’en sut jamais plus que le peu qu’on avait bien voulu lui dire, mais cette béance fut le motif de son premier roman qui s’intitula : « le silence »

 

PS : photo prise à Bonnemare.

 

22 septembre 2017

les chaises-longues

20170830_090415C’est là qu’ils s’asseyaient il y a bien longtemps. Les chaises longues sont restées, témoignages de leur présence. Aurait-on pu appeler amour ce qui les unissait ? Sans doute pas, mais peu importe le nom que l’on donne aux sentiments qui unissent les êtres, le plus important n’est-il pas que quelque chose les unisse ?

 

PS : photo prise à Bonnemare, en Seine Maritime.

18 septembre 2017

Vocation

20170823_141555Le Christ l’avait regardé avec commisération d’un air de dire : « Mon pauvre gars, t’es pas au bout de tes peines ! ». Il n’avait pas supporté ce regard annonceur de cent ans de solitude et il avait détourné  les yeux.

Dans le journal où, quarante ans plus tard, il raconta sa rencontre avec Dieu, il ne parla jamais de ce moment-là, comme s’il ne voulait pas que le Christ sût à quel point la solitude lui faisait peur…

PS : photo prise dans une collégiale du Val de Loire

 

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