Les fleurs
Elle sanglotait devant les fleurs et il semblait que rien ne pouvait l’arrêter.
- Vous avez besoin d’aide ? lui dit un vieux monsieur barbu qu’elle avait vu à plusieurs reprises dans la serre.
Furieuse d’être interrompue dans son épanchement lacrymal, elle faillit lui répondre vertement, mais l’homme lui présenta ses excuses.
- Désolée d’être aussi brusque, je ne me suis pas présenté : Sigmund Freud.
- Votre nom me dit quelque chose…
- C’est fort possible, répondit-il, modeste.
Il l’observait derrière ses lunettes rondes et ne put s’empêcher de lui dire ; sans doute un vieux réflexe professionnel.
- Qu’est-ce que ça vous suggère, ces fleurs ?
- Rien, rétorqua-t-elle sèchement.
Il sourit avec bienveillance. Les mécanismes de défense de cette jeune femme ressemblaient aux forteresses édifiées au Moyen Âge. Ses ennemis devaient avoir la puissance d’une armée en campagne, pauvre enfant.
- Eh bien, quand vous aurez une idée, venez donc me voir dans mon cabinet, lui dit-il en tendant sa carte de visite.
Elle la prit et lut " Sigmund Freud, psycho-analyste, 120 ans d’expérience professionnelle ". Elle allait le remercier, mais il avait déjà disparu…
PS : photo prise au jardin Botanique de Meise en juillet 2015