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Presquevoix...

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26 avril 2017

L'ADAC

Comme si les sujets d'énervement n’étaient pas suffisamment nombreux, elle avait décidé de mener une croisade pour les accents circonflexes. Pourquoi  journalistes et présentateurs  prononçaient-ils tâche comme tache ou pâte comme patte ? Et  tous ces blâmes, bâtards, bâillons, bâtons et bellâtres… à qui on faisait perdre  la profondeur de leur Âme ! Elle se devait d’agir et l’ ADAC( Association de Défense des Accents Circonflexes ) naquit. Il ne lui restait plus qu’à trouver des adhérents…

24 avril 2017

Clap de fin

Il  lui avait dit qu’il la trouvait  intelligente et drôle mais qu'il  il devait la quitter.

Quand elle lui a demandé  pourquoi, il a répondu : «  je ne sais pas, ou peut-être si, tu es trop parfaite pour moi ! »

Elle lui a immédiatement décoché un coup de poing dans le nez et elle a regardé avec plaisir le flot de sang qui jaillissait.

-           Mais pourquoi ? a-t-il balbutié le visage barbouillé de rouge.

-           Comme ça j’aurai au moins l’impression qu’il  y a un motif à ton départ.

Et elle a tourné les talons sans état d’âme.

 

22 avril 2017

La vengeance de Dieu

La police l’avait trouvé sur la route, il portait uniquement un slip et marchait sans faire attention aux automobilistes qui l’évitaient. On aurait dit qu’il se prenait pour Jésus. Quand le policier – un homme  au physique imposant – lui cria de s’arrêter, il lui répondit.

-          Je  peux pas  sinon je serai en retard.

Le policier insista, en précisant que s’il n’obtempérait pas, il le conduirait au poste de police pour outrage aux bonnes mœurs.

L’homme en slip répondit.

-  Dieu m’appelle et Dieu n’aime pas qu’on soit en retard.

Avec tout le bon sens qui était le sien, le policier répondit.

-           Eh bien, pour une fois, Dieu attendra.

Et l’homme en slip termina menotté, allongé sur l’asphalte.

Aussitôt, un éclair zébra le ciel et frappa le policier. L’homme en slip conclut.

-          Je vous l’avais bien dit que Dieu n'aimait pas les retards. Et vous, il ne vous ressuscitera certainement pas ! Dieu n'aime pas les policiers qui se prennent pour Dieu.

 

20 avril 2017

Précaution

Sur sa table de nuit, il laissait toujours un papier avec son nom et son prénom : la peur de se réveiller le cerveau aussi vierge que la surface de la terre au premier matin du monde.

 

 

18 avril 2017

Le mug (suite et fin)

20170417_094145Elle regrettait d’être partie de chez lui sur un coup de tête. Si elle s'était raisonnée, peut-être aurait-elle eu matière suffisante à écrire une nouvelle ?

Cette frustration signait la fin de ses illusions. Comment ce type avait-il pu se retenir jusqu’au dessert ?

Elle lui téléphona le lendemain pour tenter d’expliquer son départ.

-          Bonjour Pierre, je tenais à m’excuser.

-          De quoi ?

-          De mon départ précipité, ce n’était pas très sympa de ma part après les efforts que tu as fait.

-          Les efforts ?

-          Oui, pour le repas. Et puis ce mug, ce n’était quand même pas la mer à boire.

-          Ah, tu es partie pour ça ? J’avoue que ce n’est pas de la vaisselle très classe mais je n’avais que ça. C’est un  cadeau d’une vieille copine.

-          …

-          Tu ne dis rien ?

-          A vrai dire, je croyais que le mug voulait me signifier que si j’étais là, c’était pour qu’on s’envoie en l’air ensuite.

Il éclata d’un rire sonore qui lui parut fort déplaisant.

-          Je ne vois pas ce qu’il y a de drôle là-dedans.

Pierre ne répondit rien et elle reprit.

-          Tu trouves que c’est un peu primaire comme façon de penser ?

-          Non, non, mais à vrai dire cette idée était très loin de moi.

-          Tu veux dire que je ne te fais aucun effet ?

Pierre resta silencieux. Cherchait-il une réponse qui ne la blesserait pas ?

-          Non, pas du tout, mais c’est encore un peu tôt pour moi.

Elle n’osa pas lui demander de précisions mais elle se sentit mortifiée. Il lui vint tout de suite à l’esprit que si elle devait lui préparer un menu, ce serait de « la dinde farcie au con » ! Pourtant elle retint cette saillie déplacée.

-          Tu ne dis rien ?

-          Tu voudrais que je te pose des questions ? J’imagine que non. Alors tu vois, tout est parfait, parce que pour moi non plus ce n’est pas encore le moment. Mais en ce qui me concerne,  je dirais plutôt que c’est un peu tard.

Et elle lui raccrocha au nez.

Le lendemain, elle regrettait déjà sa réplique, mais pouvait-elle à nouveau lui téléphoner ?

Il lui fallait  se rendre à l’évidence : elle devait apprendre à tenir sa langue pour ne plus être le dindon de la farce.

 

PS : dessin humoristique de Reiser

16 avril 2017

Le mug

20170415_105157Tout s’était admirablement passé. Un repas raffiné, des vins délicieux, une conversation  agréable, un humour discret. Aucune allusion déplacée, aucun regard trop soutenu, aucun laisser-aller. Seul point noir, le « mug » où, à la fin du repas, il lui servit une tisane dont le nom – « ce que racontent les étoiles » - rappelait la finesse de certains contes japonais.

Elle ne supporta pas cette rupture et rien de ce qu’il bafouilla ne la fit changer d’avis.

Elle partit, laissant la tisane infuser dans son mug indécent…

 

 

14 avril 2017

Les cheveux

Il avait les cheveux si gras qu’on lui demandait parfois s’il se mettait de la gomina. En désespoir de cause, il avait fini par se déclarer argentin et danseur de tango.  Tout plutôt que d'accepter d'avoir hérité des cheveux de son père.

12 avril 2017

Le livre

20160625_163236Il lui avait acheté ce livre-là pour son anniversaire. La connaissait-il  par cœur ? Elle aurait tout de même préféré autre chose que ce clin d’œil confortant  un « travers ».

 

La question méritait d'être posée : ferait-elle un jour son bonheur ? Finirait-elle par voir la vie comme un jardin d’Eden où elle cueillerait, chaque jour,  une fleur dont elle ornerait sa robe ?

10 avril 2017

Le miel pop

Hier matin, mon fils mangeait ses miel pops avachi sur la table de la cuisine ; je n’ai pu m’empêcher de lui dire.

- Tu en as fait tomber un parterre.

Il m’a répondu taciturne qu’il allait le ramasser. Je dois signaler que mon fils ne fait jamais les choses au moment où on lui demande de les faire, il se laisse toujours un temps – long, très long - pour la réflexion.

15 minutes plus tard, je suis revenue dans la cuisine pour mettre le linge dans la machine à laver et j’ai entendu un craquement. J’ai observé ma semelle : un miel pop pulvérisé s’étalait sur la surface noire.

J’ai failli dire « connard ! », mais je me suis abstenue. A quoi cela servirait de s’énerver contre un miel pop ?

 

8 avril 2017

Esmeralda

20160524_121408Alors ? Elle a mangé la pomme ? Demandèrent les nains réunis autour d’elle. Tous attendaient sa réponse avec une impatience grandissante. Elle dût même réfréner leur désir.

-          Voyons messieurs les nains, du calme, une pomme n’est qu’une pomme.

-          Peut-être, répliqua un nain, mais est-ce qu’elle s’appelait Eve, la dame ?

-          Non, elle s’appelait Esmeralda et elle était souvent mélancolique.

« Esmeralda » murmurèrent les sept nains émerveillés par ce nom aux sonorités si douces.

-          C’était quand même pas une pute Esmeralda ? dit un nain plus désinhibé que les autres.

Elle s’énerva un peu.

-          On ne dit pas « pute », mais péripatéticienne. Maintenant, je vais vous raconter toute l’histoire, mais vous devrez vous taire jusqu’au bout, même si vous n’êtes pas d’accord avec ce que vous entendez.

Elle raconta l’histoire d’une traite. Tous restèrent silencieux, sauf à la fin, quand elle dit qu’Esmeralda perdit la tête pour un Prince qui ne pensait qu’à une chose ! Ils soupirèrent de tristesse, et plutôt deux fois qu’une. L’un d’entre eux, le plus romantique, osa même.

-                 Moi, si je l’avais connue, je l'aurais avertie que le Prince n’était qu’un coquin qui voulait juste coucher avec elle.

Elle sourit et répondit.

-          Je me demande si elle t’aurait écouté. Elle l’aimait tellement ce Prince ! Pauvre Esmeralda, non seulement elle a croqué la pomme et a perdu sa tête, mais elle a été mise à la porte par son père et sa mère qui lui ont dit que quand on avait une tête, il fallait la garder sur ses épaules.

Les nains pleurèrent à chaudes larmes - ils étaient si émotifs. Elle se garda bien de leur dire qu’Esmeralda c’était elle, ou presque. Quelle chance elle avait eu  de rencontrer sept nains qui adoraient écouter ses histoires, écrites avec amour, et  qui lui permettaient presque d’oublier la sienne...

 

PS : photo prise dans le parc du lycée.

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