Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Presquevoix...

Archives
7 juin 2017

Être, oui, mais qui ?

Aujourd’hui, son nouveau psychiatre lui a annoncé qu’elle n’était certainement pas bipolaire. Elle a presque été déçue qu’on lui retire ce label officiel.

Qu’allait-elle être maintenant ?

5 juin 2017

Père et fils

20170527_183850Le père et le fils travaillaient dans le même garage. Souvent, on voyait leur tenue de travail sécher à la porte. La mère tenait le linge propre, comme elle l’avait toujours vu faire par sa propre mère. C’était son rôle. Elle était la gardienne du linge et des estomacs.

Père et fils s’entendaient bien. Ils partaient le matin en sifflotant, et le soir, ils revenaient toujours ensemble. A table, la mère les écoutait ; le déroulé des événements de la journée ressemblait à s’y méprendre au déroulé des événements de la journée précédente.

Un jour, il n’y eut plus qu’une tenue de travail à la porte, celle du père. Les voisins s'étonnèrent mais leurs questions ne reçurent jamais aucune réponse précise. Jusqu’au jour où un corps fut repêché dans la Creuse. C’était celui du fils. Les langues alors se délièrent. S’agissait-il vraiment d’un suicide comme on le laissait entendre ?

 

PS : photo prise dans la Creuse en mai 2017.

3 juin 2017

Amabilité

 « Décidément, vous n’êtes pas aimable ! », et il avait ajouté en conclusion : «  Votre attitude systématiquement hostile empêche toute relation. »

Elle l’avait regardé l’œil torve mais n’avait pas jugé utile de lui répondre.

Le lendemain, le pneu gauche de sa voiture était crevé. Si elle pensait que la vengeance était un plan qui se mangeait froid, il allait lui prouver qu'il pouvait aussi se manger congelé...

1 juin 2017

L’union sacrée

20170527_192254Sa promenade dans les allées du cimetière  aurait pu s'avérer pénible ; la nostalgie a parfois des effets indésirables.

Mais, quand elle vit la pierre tombale des Chanton-Lapine, elle dut se faire violence pour ne pas éclater de rire. Ils devaient vraiment s’aimer pour réunir ainsi leurs deux noms. Il est vrai que l’union fait la force...

 

 PS : photo prise dans un cimetière de la Creuse.

30 mai 2017

Dépression

Depuis des mois, il se répétait en boucle la question suivante : Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ? Le médecin lui avait annoncé la vérité : Dépression !

Il était donc devenu l’un des nombreux habitués de l’hôpital de jour où il déclinait ses journées entre art- thérapie, groupes de parole et séances individuelles.

Souvent, aux beaux jours, avant ses rendez-vous, il s’asseyait dans le square des papillons pour regarder les enfants jouer. Lui aussi avait été un enfant, lui aussi avait couru dans les allées, avait crié à perdre haleine, avait été amoureux peut-être. Mais maintenant, il était ce type mou et enrobé de graisse qui fuyait la vie.

Ce mercredi-là, une petite fille qui sautait à la corde s’approcha de lui et lui apporta LA réponse à LA question qui le tourmentait : « Quand il y a quelque chose, c’est qu’on est vivant. ». Il voulut lui demander des explications, mais sa mère l’appelait, sans doute avait-elle peur qu’il lui fasse du mal.

Quand il regarda sa montre, il remarqua qu’il avait déjà deux minutes de retard et que le psychiatre était ponctuel.

La question traditionnelle lui fut posée : « Alors, comment vous sentez-vous aujourd’hui ? »

Le psychiatre avait toujours le même air las de ceux qui connaissent parfaitement les réponses qui leur seront données. Cette fois-ci, il le surprit.

-          Je vais bien.

-          Ah bon ?

-          Oui, j’ai eu une réponse à ma question, vous savez celle qui m’obsède.

-          Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ?

-          Oui.

-          Et alors ?

-          Alors c’est très simple : je suis vivant.

Le psychiatre ne commenta pas et laissa le silence s’installer.

-          Vous ne dites rien ?

-          Il n’y a rien à dire si ce n’est que vous avez trouvé une réponse.

-          Oui mais qu’en pensez-vous ?

-          On va donc diminuer vos médicaments.

-          C’est tout ?

-          C’est déjà beaucoup. Un comprimé au lieu de deux le matin. A dans quinze jours, Monsieur Dutil, et il lui serra la main avec le même visage las.

 En sortant de la consultation, il croisa Elisabeth qui lui demanda s’il allait toujours aussi mal. Il préféra ne rien dire et il lui sourit.

Au square de papillons, la même petite fille tournait autour du square en sautant à la corde. Elle lui sourit et le tour suivant elle s’arrêta près de lui.

-          Avec ma corde je peux aller jusqu’au ciel

-          Ah bon ?

-          Oui, parce qu’au ciel on peut voir Dieu et les anges. Mais si on ouvre les yeux on peut aussi les voir sur terre.

-          Ah, fut la seul réponse qui lui vint à l’esprit.

-          Au revoir monsieur, dit-elle en recommençant ses tours.

Oui, il lui fallait ouvrir l’œil, et le bon. Peut-être tomberait-il sur un ange…

 

 

28 mai 2017

Le plongeon

20170522_142916Elle était trop près du bord, bien trop près. Ne tentait-elle pas le diable ? Etait-ce un test ? Il fut réussi : un petit coup et hop, la Seine accueillit le fauteuil et son occupante qui ne savait pas nager. Un lamentable accident, conclut la famille un peu tôt.

Qui aurait pu penser que cet homme si altruiste, si dévoué à sa compagne, avait commis cet acte barbare ? Et qui plus est, par un si beau jour de printemps !

 

PS : photo prise sur les quais de Rouen

24 mai 2017

La rencontre

« Ce jour-là, il pleuvait à verse. Je sortais du bureau de poste et je venais d’ouvrir mon grand parapluie quand un homme s’est rué sur moi et m’a dit :  La police municipale m’a désigné pour vous escorter jusqu’au centre-ville ! Et, d’autorité, il m’a saisi le bras et m’a fait tourner à droite alors que je voulais tourner à gauche pour rentrer chez moi. »

Elle en riait encore en racontant l’histoire à sa fille, pourtant c’était il y a dix-huit ans. Sa fille lui avait répondu, l’air rêveuse.

-          Et c’est comme ça que tu as rencontré papa ? Eh bien, il a drôlement changé depuis !

 

PS : prochain texte dimanche 28 mai.

22 mai 2017

Les têtes

20170505_112201La nuit, tous les visages s’animaient et les conversations allaient bon train. La plus perfide, c’était Maeva, à l’extrême gauche et sa tête de turc préférée, c’était Madame Julia, la propriétaire du magasin. Elle adorait l’imiter, surtout quand elle flattait les clientes en quête d’une chevelure de substitution. Elle disait souvent « Cela vous va à ravir », « On ne pourrait pas mieux choisir » ou « C’est exactement le ton qu’il vous faut », et Maeva n’avait pas son pareil pour colorer chaque mot de l’intonation dont Madame Julia les parait.

Quant à Jane, la fille au chapeau et aux lunettes noirs, on la surnommait «  l’imitatrice ». Elle n’avait pas son pareil pour repérer les « tics » des clientes et le soir, toutes étaient passées en revue, un vrai défilé où l’hystérie était de mise. Les têtes riaient à gorge déployée, comme un pied de nez à la vraie vie que jamais elles ne connaîtraient...

 

PS : photo prise à Lyon

20 mai 2017

Le FLM

Depuis une semaine, un nombre grandissant d’hommes et de femmes du réseau social Hook découvrait que leur profil signalait leur décès ; leur compte était irréversiblement transformé en compte de commémoration avec un message de souvenir accompagné d’une couronne mortuaire. De nombreux abonnés ne survivaient pas au choc de leur disparition virtuelle.

M. W W Chew, le Président de Hook, avait multiplié les messages rassurants, mais rien encore n’avait pu enrayer l’épidémie qui touchait déjà plus de 1000 abonnés  en France.

 Certains accusaient les réseaux russes, d’autres les réseaux terroristes, jusqu’à ce qu’un message viral  fasse surgir le nom d’une mystérieuse organisation - le FLM ( Front de Libération des Médias ) qui aurait des ramifications dans le monde entier...

18 mai 2017

L’ascension

Il avait commencé comme simple rond de cuir et avait terminé comme chef  des sections I, II et III du Ministère de l’Evaluation et de l'Innovation Scolaire. Le secret de sa « réussite » ? Un moi hypertrophié qui colonisait la pensée de l’autre.

Presquevoix...
Newsletter
8 abonnés