Elle s’est arrêtée devant la cathédrale, étonnée de ce qu’elle voyait. Oui, les évêques s’associaient au mouvement contre les violences policières. Elle avait même entendu l’un d’entre eux dire d’une voix forte et grave.
- Il faut 10 ans à un singe pour maitriser le cassage des noix, mais moins de 10 jours à un policier pour exploser la tête, les yeux, les bras de manifestants et ceci est inadmissible. Souvenez-vous que Le Christ a subi la violence sans y répondre, c’est donc ce que nous ferons, ici, sur le parvis de la cathédrale, si la police vient.
Est arrivé un journaliste de FR3 qui filmait La ronde lente et résolue des prélats. La parole finale fut celle du plus jeune des évêques. Avait-il 50 ans ?
- L’une de nos missions est de servir les hommes, donc notre église ne peut plus se taire et faire semblant. Jésus a ouvert ses yeux, et nous aussi, évêques de la sainte église catholique, sans doute devons-nous non seulement les ouvrir mais dire aux femmes et aux hommes de France que l’église les accompagne dans leurs luttes. Ce message, maintenant, est un message personnel que je souhaite adresser à notre ministre de l’intérieur. La paix – n’appelions-nous pas les policiers les gardiens de la paix, autrefois ? – n’est-elle plus au goût du jour, notamment dans la police ? Je dirais donc en conclusion : Protéger, oui, Agresser non.
« Nous voulons une police de la paix », ont répété ensuite, dans un chœur émouvant, tous les évêques sur le parvis.
C’est exactement au moment où ils scandaient leur slogan que la police nationale est intervenue, sans matraques, certes, mais en intimant aux évêques l’ordre de retourner au sein de la maison de Dieu afin d’éviter toute violence.
Celui qui certainement était le « chef en chef » des policiers a même dit.
- Nous ne souhaiterions pas que vous, hommes d’église, soyez victime de violences de la part des manifestants.
Ce à quoi, l’un des membres de la vénérable assemblée d’évêques a répondu, n’écoutant que son courage.
- Dieu est avec nous et a prôné l’amour du prochain, la paix entre les hommes et la recherche de la vérité. Par contre, nous pourrions dire que cette vérité, le ministre de l’intérieur - qui nie toute violence – semble n’en avoir que faire !
Immédiatement, le « chef en chef » de la police a éructé.
- Soit l’église et le silence, soit le poste de police ! A vous de choisir messieurs les évêques !
C’est à ce moment-là qu’en contrebas, une partie des manifestants qui luttaient contre la réforme des retraites a dévié vers la place de la cathédrale ; les cris se sont alors faits plus nombreux, les matraques se sont tendues, des grenades ont été lancées prestement, mais l’œil était dans la foule et regardait Darmanin…
PS : photo prise par Sibylline à Rouen. Merci à elle. Prochain texte, mercredi.