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Presquevoix...

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11 novembre 2017

Les gants

20171023_163306_1Elle l’avait giflé avec un gant en peau de chaque couleur. Le goût du travail bien fait.

-          Comme ça, ça t’apprendra les couleurs de la vie, avait-elle conclu.

Lui, à tort, croyait qu’elle l’aimait ; un effet de sa grande naiveté.

Allongé sur son brancard, aux urgences du CHU, il disait encore, malgré sa difficulté à articuler : une peau de vache, certes, mais quel revers, quel punch, quelle énergie !

 

 

PS : photo prise à Bruxelles.

9 novembre 2017

Le banana split

Ils étaient installés à la terrasse du café de la Coupole et parlaient de tout et de rien. Lui, les tempes  grisonnantes, le complet impeccable ; elle, aurait pu être sa fille. Elle ne souvenait plus de ce que l’homme lui avait dit, mais elle avait répondu amusée

- Vous pensiez avoir un masque ? Mais tout le monde vous a démasqué !

Quand elle vit son visage s’assombrir, elle continua.

-           Vous êtes fâché ? Mais pourquoi être fâché quand la vérité entre en scène.

Il lui répondit calmement.

-           Vous me semblez bien jeune pour parler de la Vérité.

Elle ne se démonta pas et ajouta.

-           Alors, ce n’est pas pour me  sauter  que vous êtes là, à discuter  et à faire semblant que vous vous intéressez à ma conversation ?

Il sourit vaguement,  s’arrêta sur son visage où il avait aimé ce reste d’enfance accroché au regard, puis conclut durement.

-           Là, vous me bluffez, vous êtes plus intelligente que je ne l’aurais pensé. Eh bien, puisque vous êtes une fille avisée, passons aux choses sérieuses : quand m’accorderez-vous votre corps ? Je suis prêt à payer, très cher même.

-           Eh bien jamais, monsieur le baiseur, lui dit-elle en affichant son plus beau sourire.

Et elle partit, sans payer l’énorme banana split dont elle s’était goinfrée.

7 novembre 2017

La robe

20171023_162803_1Elle lui avait dit.

-          Dévore-moi toute crue.

Sans hésiter un seul instant,  il l’avait mangée de la tête aux pieds. Deux heures plus tard, penché au-dessus du lavabo, il vomissait chaque petit morceau de la femme  chocolatée. Arrivé au bout de son marathon, il se dit que l'anthropophagie exigeait un estomac qu'il ne possédait pas. Sans doute valait-il mieux qu'il ingurgitât des nourritures abstraites telles que la philosophie ou la littérature...

 

PS : photo prise à Bruxelles d'une robe en chocolats

 

5 novembre 2017

Vérité

A 85 ans, elle se disait toujours "jeune d'esprit", "très ouverte" et "tolérante". Ces vérités,  gravées dans sa chair, était rarement remise en cause par ses proches, qui le devenaient de moins en moins. A quoi bon contrarier ceux qui croient à tel point en eux qu'ils n'écoutent plus les autres ?

3 novembre 2017

Cendrillon

20171022_142056_1Lisa se rêvait en Cendrillon, mais sa vie oscillait entre le magasin de chaussures où elle naviguait dans un océan de boîtes en carton et le studio qu’elle louait rue du Sud. Jusqu’au jour où il est apparu. Non, pas le prince charmant, mais l’homme qui lui a posé la question insolite qui a changé sa vie.

-          A quoi rêvent les vendeuses de chaussures ?

Lisa n'a   pas  répondu tout de suite car elle était occupée à observer le pied  gauche de l'homme. Sa cambrure était si mal faite qu'elle se demandait comment elle allait le chausser.

-          Eh bien, on ne rêve pas monsieur - a-t-elle fini pas dire - on subit.

-          Les vendeuses  de chaussures ont aussi  le droit de rêver, même si elles ne s’appellent pas Cendrillon. Tenez, voici ma carte de visite.

-          A propos de Cendrillon, a t-elle rétorqué malicieuse, je dois vous dire que pour chausser un pied comme le vôtre, ce n’est pas de la tarte !

Elle a pris sa carte de visite et a lu : Monsieur Derviche, magicien, 10 Cour du Nom de Jésus, Paris.

-          Vous faites tourner les tables ?

-          Pas vraiment, mais j’exerce mes talents dans la magie et la divination. Une séance gratuite pour vous si vous voulez connaître votre avenir.

-          Mon avenir ? Il est tout tracé.

-          Tout tracé !  Autant de fatalisme à votre âge, ça fait peine. Rêvez jeune fille, rêvez !

En rentrant chez elle, elle a mis  la carte de visite dans le tiroir de sa table de nuit, peut-être qu'un jour, qui sait ?

Un mois plus tard, elle l'appelait. Comment passe-t-on de la vente de  chaussures à la magie ? Seul Monsieur Derviche pourrait l'expliquer. Mais les magiciens n'expliquent jamais leurs tours, sinon rêverait-on ?

 

PS : photo prise à Bruxelles

3 novembre 2017

Les origines

Le taxi nous ramène des urgences. Le chauffeur est noir et nous enjoint de nous préparer au gendarme couché. L’un des deux passagers demande.

-          C’est une expression qu’on utilise beaucoup aux Antilles. Vous êtes antillais ?

-          Non.

-          Mais alors vous êtes de quelle origine ?

-          Ma mère est bretonne.

Cette réponse ne suffit pas.

-          Ah, et votre père ? demande le même passager.

-          Mon père est du Mali.

Ouf, soupir de soulagement ; car peut-on être tout à fait  breton si l’on est noir ?

 

1 novembre 2017

Reproches

Il reprochait toujours aux autres les défauts qui étaient les siens. Mais il avait des circonstances atténuantes : il ne savait pas qui il était lui-même !

30 octobre 2017

solitude

20160912_115304La maison était silencieuse, vouée à la solitude des pierres qui ne reçoivent plus l'écho du monde. Quand elle s’approcha et colla son oreille au mur, elle entendit des sanglots. Malgré les trente ans passés, suffisait-il de passer devant la maison pour que tout resurgisse ? Elle eut soudain la certitude que son ombre avait étouffé le gardien de la forteresse de ses peurs et que tous les démons  sortaient de leur geôle pour se précipiter à la lumière du jour. Effrayée, elle partit en courant, étrangère à la voix d'enfant qui répétait de plus en plus fort.

- Arrête-toi Marie, arrête-toi ! Tu ne veux plus me voir parce que je suis mort ?

 

 PS : photo prise à Lyon

 

28 octobre 2017

Choisir

« La vie, c’est l’hésitation entre une exclamation et une interrogation. Dans le doute, il y a le point final. »  disait Fernando Pessoa.

 Le point final  ou la solution radicale. Parfois, on peut aussi opter pour le tiret – à la ligne ou non - qui ouvre le dialogue avec soi ou l’autre …

26 octobre 2017

Le calvaire

20170824_110958_1Dans sa tête,  de petits parapluies virevoltent. Leur mission : protéger son âme  du soleil implacable qui menace de l’assécher. Ils tournent  dans une valse parfaite, trois temps imperturbables que la machine du temps égrène en bémol majeur.

Mais à chaque tour de valse, les baleines se cognent aux parois de son crâne et lui rappelle que le calvaire vécu par le Christ n'est rien à côté du sien...

PS :  photo prise à Saumur cet été.

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