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1 mai 2019

Duo d'avril

 Duo de la fin avril avec Caro qui a décidé de choisir la photo ci-dessous qu'elle a prise à St Malo. La citation suivante, que j’ai choisie, doit   influencer notre texte :

" J’ai en moi tous les rêves du monde " ( Fernando Pessoa )

Aujourd'hui, voici mon texte.

 

saint malo (1)

 

 

Rencontre

D’une voix blanche, dans la chambre où ils se retrouvaient depuis un mois, elle avait dit à son amant.

-          Je voudrais tuer les gens pour les protéger.

Calme et non dénoué d’humour, Il lui avait conseillé  d’aller « rue du pourquoi-pas »

-          Pourquoi ? avait-elle dit.

-          Pourquoi pas ? avait-il répondu

Rue du pourquoi-pas, l’air était raréfié et elle sentit immédiatement des maux de ventre qui l’obligèrent à s’arrêter. Elle observa une suite de maisons toutes aussi sombres les unes que les autres pourtant, des fleurs rouges décoraient les balcons. Etaient-ce elles qui avalaient l’air et le gardaient dans leur pistil ?

Soudain un homme vêtu de noir s’approcha d’elle. Elle le salua poliment ; sa bonne éducation l’obligeait à garder le sourire aux lèvres. L’homme lui adressa la parole.

-          Pourquoi avez-vous choisi cette rue ?

-          Désolé monsieur, Je ne peux pas vous répondre car je ne vous connais pas.

-          Vous ne me connaissez pas, mais moi je vous connais.

-          D’où ?

-          Je préfère rester silencieux afin de ne pas faire couler en vous des flots de larmes.

-          Que risque-t-on à dire une vérité ? lui demanda-t-elle.

-          On risque de perdre l'autre, répondit-il, et il plongea ses yeux dans les siens, comme s’il était à la recherche d’un paysage étrange.

-          Pourquoi m’observez-vous ?

-          Je suis de ceux qui observent et parlent peu. Dites-moi, jeune demoiselle, pourquoi ne pas vouloir vous tuer vous-même, plutôt que tuer les autres ? Moi c’est ce que j’ai fait et voyez le résultat.

Elle le dévisagea attentivement. Ce type était-il fou ou était-ce elle ?

-          Dites-moi quelle vie serait la mienne si moi aussi je me tuais ?

-          Vous auriez une vie sans rêve aucun et vous rentreriez au cœur de l’angoisse de ceux qui sont restés vivants. Certains acceptent qu’on les aide, mais ils sont rares.

-          Et comment les aide-t-on ?

-          En désenvoutant la maison hantée où ils survivent.

-          Croyez-vous que moi aussi je vis dans une maison hantée ?

-          Bien sûr.

-          Comment vivre ailleurs ?

-          Commencez à voir la plainte qui hante votre cœur et surtout, ne demandez jamais réparation, ce n’est pas possible. Vous devrez accepter l’inguérissable, c’est à cette seule condition que vous pourrez avoir en vous les rêves du monde.

Avant de continuer son long chemin, l’homme lui avait dit en souriant.

-          Essayez, que risquez-vous ?

-          Pourquoi pas ?  fut sa seule réponse. 

Jamais il ne lui reparla mais de temps à autre il l’observait. Quand il comprit qu’elle ne vivait plus dans un écran de fumée et ouvrait ses yeux à la vie, il eut presque envie de pleurer, mais lui n’était plus vivant.

29 avril 2019

Duo d'avril

Duo de la fin avril avec Caro qui a décidé de choisir la photo ci-dessous qu'elle a prise à St Malo. La citation suivante, que j’ai choisie, doit   influencer notre texte :

" J’ai en moi tous les rêves du monde " ( Fernando Pessoa )

Aujourd’hui voici le texte de Caro. Le mien sera en ligne mercredi.

 

saint malo (1)

 

 

Papiers de soi

 « A nos rêves ! » Le tintamarre des verres, le fracas des paroles qui s’écrasent contre les murs de L’intranquillité, rue du pourquoi-pas, le claquement des rires, le brassement de la musique qui charrie ce concentré humain dans un flot assourdissant. Comment ai-je pu atterrir là ?

Cinq ans. Cinq ans d’ascèse. Cinq ans de bagne social sur fond de travail, d’heures sup, de sandwiches et de surgelés tièdes, d’yeux bouffis et d’un corps flasque. Cinq ans de célibat entrecoupé d’aventures brèves toutes plus asséchantes les unes que les autres. Cinq ans de désert social. Cinq ans de néant culturel. Cinq ans de négation de tout ce qui n’est pas la boîte - notre start up - que nous venions de céder, à un prix dépassant toutes nos prévisions.

« A nos rêves ! » Moi aussi je lève ma coupe qui irradie sous les ersatz de néon. Ou s’en sont-ils allés ? A l’instant où Gus me demandent ce qu’il en est, je n’en ai pas la moindre idée ; ils me semblent aussi irréels que l’endroit rutilant où nous fêtons cette réussite qui vient de gonfler nos comptes bancaires.

Nous sommes quatre, jeunes, deux hommes, deux femmes. Nous avons en commun trois ans d’école dite à la française, une année à Londres et une start-up, des nuits blanches fêtardes – il y a longtemps – et des centaines d’heures de travail mis à bout, des piles de pizzas avalés, des coups de gueule, des coups de dép. Un marathon mené au bout, à l’aveugle, en aveugles. Nous voilà devant cette bouteille de champagne qui a le goût délicat et suffisamment amer de la victoire. Suis-je le seul à comprendre que ce toast sonne le glas de notre complicité ?

Nous danserons, nous rirons, nous boirons. Gwen sort son smartphone et nous posons pour le selfie de rigueur. Grégoire nous proposera de nous revoir. Un an, trois ans, dix ans ; de toute façon, la photo aura bougé et nous serons flous. Ou absents. La course est finie et les mois qui vont suivre nous révèlerons assurément plus que nos trop jeunes dernières années.

Une clameur, Cléa se lève surexcitée. « C’est FB et son Maddy la nuit. Il est trop fort. Allez, on y va ». Un mec aux cheveux longs et barbe courte s’excite paresseusement sur ses claviers, nous suivons notre brune comparse dans la masse des corps qui se plient et se déploient en rythme. Danser, bouger. Depuis combien de temps, ne me suis-je pas senti aussi vivant ? Ces dernières années avaient malmené mes rêves ; leur peau délicate s’était déchiquetée. Est-ce que l’on raccommode les papiers de soi ?

La musique revient plus forte et je ferme les yeux. Est-ce l’alcool ou ce que nous avons fumé : je me retrouve assis dans un de ces trains inconfortables qui sillonnaient l’Europe. J’ai dix-neuf ans, une copine que j’oublierais dans quelques jours, presque rien en poche. La vitre ouverte laisser couler un vent d’été tiède. Les rayons rasant du soleil se brisent et l’avenir semble, comme lui, devenir mille carrés de papiers de soie incandescents qui s’envolent. J’ouvre les yeux, les corps se déhanchent, saccadés. Mes désirs devaient être si légers… que même le bruissement de leurs ailes s’éloigne, soufflé par le martel du temps.

Cléa commande une deuxième bouteille de champagne. Nous trinquons, Gwen me demande : « Alors Marco, tu vas faire quoi maintenant ? » Je repense à la fenêtre d’un train, aux paysages qui passent, à mes rêves tremblants et multicolores.  Je réponds enfin à ceux qui sont encore mes amis, qui le demeureront, d’une certaine manière.  « Je crois que je vais prendre un train. » Et je finis mon verre savourant ce goût mi-amer mi-pétillant qui m’invite à ce que tout finisse et que tout recommence.

 

 

 

27 avril 2019

La phrase

20190324_152057-1La première fois qu’il avait murmuré cette phrase – « J’aime beaucoup tes fesses et tes lèvres »  -  à la sortie du cours, Brigitte avait eu envie de le renvoyer.  Le gougeât, comment avait-il pu faire preuve d’une telle impertinence ! Certes, elle avait un corps mince et séduisant, mais tout de même.

Finalement, elle n’avait rien dit. Elle se souvenait encore du jour où, à 16 ans à peine, il était arrivé avec un gilet jaune. A la fin de l’heure, elle lui avait demandé de rester.

-          Pourquoi un gilet jaune, tu peux m'expliquer ?

Après avoir attendu quelques secondes, il lui avait répondu.

-          Jaune parce que c’est la couleur de la lumière des dieux qui bénissent la terre. C’est aussi la couleur de Louis XIV.

-          Et le gilet ?

-          C’est pour faire peuple, je crois, enfin ça, je suis pas sûr.

Elle avait souri ; comment ne pas sourire à un élève aussi créatif ?

Le temps avait passé, et sa créativité - tout comme sa réflexion -  avait baissé pavillon, mais ça, elle n'osait pas le lui dire...

 

PS   :  photo prise à Rouen.

PS 2 : Toute ressemblance avec des personnages existants ou ayant existé ne saurait être que fortuite

 

 

 

25 avril 2019

le miroir


Hier, elle est restée plantée devant la glace de la salle de bain pendant de longues minutes. Il n’a pu s’empêcher de lui demander.


- Ben qu’est-ce que tu fais ?


Elle lui a tristement répondu.


- Je m’habitue !
- A quoi ?
- A moi.
- Depuis le temps ! 

Elle s’est tue. Comment aurait-il pu comprendre, lui qui n’avait jamais utilisé une seule crème hydratante de sa vie !

Après s’être lavée les dents, elle lui a dit.

-          Je me demande si je serai condamnée à te ressembler si je n’utilise plus de crème hydratante !

-          C’est possible, et même certain - a-t-il plaisanté -  mais ça te reviendra moins cher.

Elle a souri. Sans doute l’humour était-il le meilleur moyen de résister à l'implacabilité du vieillissement ?

23 avril 2019

Mado et moi

Nouveau duo avec Mado, à partir d'une figure poétique de Gaspar lieb prise en photo par moi-même près du conservatoire de Rouen.

Nous pouvions aussi nous servir d'une citation, si besoin était :  "Soyez humain si vous voulez être original, plus personne ne l'est." Max jacob.

 

Aujourd'hui, voici mon texte :

20190227_143015

 

 

L’inconnu

 

Le jour où elle l’avait regardé pour la première fois, son large corps nu était penché vers la mer ; lui ne l’avait pas vue, ses yeux étaient tournés vers l’horizon.

Ce voyageur lui faisait oublier son quotidien au commissariat de police de la rue Flaubert. Dans cette ville où elle était arrivée il y a un an, tout flottait dans un ciel gris que l’ennui enlisait.

Six mois plus tôt, au numéro 33 de la rue des bons-enfants, elle avait lu une phrase intrigante : "Soyez humain si vous voulez être original, plus personne ne l'est."*. Elle s’était demandée s’il était long le chemin de l’humanité, et elle avait recopié la phrase mot pour mot sur son carnet noir.

Son adjoint au commissariat – Hug’ comme elle l’appelait, alors qu’il s’appelait Hugo – lui proposait souvent de prendre un verre après le travail. Elle acceptait, mais elle savait que Hug’ n’était pas un voyageur, juste un homme comme les autres, au corps indéfinissable et aux cheveux si blonds qu’ils en semblaient transparents.

 Ce soir-là, en sortant du café Bovary, Hug’ lui avait demandé en souriant.

-  Qu’est-ce que tu cherches ?

- Pourquoi tu dis ça Hug’ ?

- Je sais pas, la façon dont tu regardes les autres et cette voix qui est là et ne l’est pas.

Elle le quitta sans rien dire et marcha vers le fleuve pour rencontrer le voyageur au corps nu. Il l’attendait dans la même position que les autres soirs.

- Tu es prête ? lui a-t-il dit alors qu’ils ne s’étaient jamais parlés auparavant.

- Prête à quoi ?

- A faire l’amour, maintenant, ensuite je partirai.  

Les mains du voyageur dessinèrent chaque partie de son corps et, sur le mât de son sexe, elle sentit sa peau gonfler sous le vent du large. Quand elle a ouvert les yeux, le voyageur lui a dit.

-          Souvent on ne fait pas l’amour avec l’homme avec qui l’on est. Je ne m’appelle pas Hug’, tu sais.

-          Comment tu t’appelles alors ?

-          L’inconnu, je suis l’inconnu.

Maintenant, quand elle longe le fleuve main dans la main avec Hug’, ils écoutent ensemble le vent de la mer raconter l’histoire de ces hommes et femmes qui auraient pu ne jamais se rencontrer si, un jour, ils n’avaient pas ouvert les yeux.

21 avril 2019

Mado et moi

Nouveau duo avec Mado, à partir d'une d'une figure poétique de Gaspar lieb prise en photo par moi-même près du conservatoire de Rouen.

Nous pouvions aussi nous servir d'une citation, si besoin était :  "Soyez humain si vous voulez être original, plus personne ne l'est." Max jacob

   

 

20190227_143015

 

Voici le texte de Mado, le mien sera publié mardi.

 

Incompatibilité

 

Il lui avait promis une surprise pour leur première soirée. Quand de l’étage, elle l’avait surpris  à son insu, ficelé nu dans son Bow-Short demi-tour noir, qui manœuvrait  le  tranchant  d’un couteau   acéré,  elle jugea,  perspective modifiée, la situation  rédhibitoire. Médusée, elle continua pourtant à l’observer…

IL les saisissait l’une après l’autre  dans leur rondeur, avec une fébrilité effrayante, le regard  irradié d’éclats pervers. Il  visait juste où planter la lame, coupait, raclait … Il  maintenait …tirait pour détacher  le corps délicat…sectionnait…. Enfin,  le délivrer  de toute impureté… faire ruisseler subtilement  l’eau claire sur la  chair blanche…

En percevant sa présence, il avait jubilé: « Elles étaient bien vivantes ! »

 

Elle ne sut pas dire lequel des motifs avait été déterminant. D’abord  cette allure si grotesque au milieu de la cuisine… Et puis, lui avait-il seulement  demandé son avis? Elle était végétarienne! Enfin, qu’avait-il  de  plus humain que ces infortunées St Jacques occises à plaisir ? D’ailleurs, plus personne ne l’est, prit- elle à témoin l’agent qui nota sa déposition après l’avoir arrêtée près du corps de l’ex- amant potentiel. Elle avait dû péter les plombs, et évidemment qu’elle regrettait !

 

Depuis son jugement, elle s’efforce de réunir les fragments  de  souvenirs de ce corps sacrifié à peine entrevu, et d’une main qui tremble, sur le mur de sa cellule, comme sur un palimpseste, elle tente  de le  ressusciter; chaque jour elle le réinvente  plus désirable : là est sa rédemption.

19 avril 2019

Solveig

 

 

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Il savait qu’elle le regardait derrière la fenêtre, mais elle avait décidé de ne pas sortir. Pourquoi attendait-elle dans le clair-obscur de la maison ?

Lui aussi attendait, mais dehors. Il suivait un visage, des couleurs et la forme des choses.

Et elle, que faisait-elle ? A vrai dire il ne la connaissait pas. Juste un visage aperçu derrière cette fenêtre décorée par des branches d’arbres que le ciel bleu de l’hiver éclairait. Il avait donné à ce visage une forme inattendue, séduisante presque, et il avait appelé cette femme Solveig.

Peut-être que Solveig* sortirait un jour, mais ressemblerait-elle au visage qu’il lui avait donné ?

 

PS : Photo prise à Rouen, et voici la chanson de Solveig de Grieg

 

 

13 avril 2019

En finir

Chaque jour elle déposait un mot – ou deux - dans sa poubelle ; les mots des lettres qu’il lui avait envoyées et qu’elle dépiautait consciencieusement. En désossant ses phrases, elle le désossait. Comme il ne lui avait écrit que 4 lettres, elle en aurait assez vite fini avec lui.

Le précédent, par contre, il lui avait fallu douze longs mois pour le faire mourir. C’était un amoureux des mots, mais pas d’elle.

Quant à l’avant avant dernier - un imbécile - la seule missive qu’il lui avait écrite, c’était ces trois phrases griffonnées à la hâte sur une enveloppe : « Je pars. Oublie-moi. Je ferai de même. » Elle, elle l’avait achevé en une semaine.

 

PS : prochain texte le vendredi 19 avril.

11 avril 2019

La boutique aux soutiens-gorges

Tous les jours il restait en arrêt devant la boutique aux soutiens-gorges. Il ne faisait de mal à personne, et surtout pas à elles, puisqu’il leur épargnait sa présence en chair et en os.

Elle aussi restait en arrêt devant la boutique aux soutiens-gorges. Elle le faisait pour se choisir l’objet qu’un jour elle aurait le courage d’acheter. Elle se trouvait grosse et moche, et ces "joyaux" n’étaient pas pour elle.

Ils se regardèrent l’un l’autre un mardi en début d’après-midi, et ils se sourirent, allez savoir pourquoi. Sans doute parce qu’ils cherchaient tous deux la perle rare. Il n’osa rien lui dire, comme il se doit, mais elle fit un pas vers lui. C’était le premier homme qui la regardait vraiment.

Elle lui demanda spontanément – et elle en fut elle-même surprise - s’il voulait de l’aide. Il rougit. Elle aussi.

-          Je m'occupe de ce qui ne me regarde pas, excusez-moi, dit-elle.

-          Mais non, au contraire, c’est gentil de votre part. Je me demandais ce qui pouvait lui plaire.

Elle n’hésita pas un instant et répondit.

-          Je ne la connais pas, mais je pense que cette couleur crème et ces dentelles lui iraient comme un gant.

Il l’observa un instant et ajouta.

-          Vous avez raison, mais j’attendrai un peu car j’ai toujours besoin de réfléchir deux fois lorsque j’achète quelque chose.

-          Vous n’êtes pas le seul. Voyez, moi, c’est la dixième fois que je passe devant cette boutique et je n’ai toujours rien acheté par peur de mal choisir.

-          Le soutien-gorge que vous me conseilliez d’acheter pour elle vous irait très bien, ajouta-t-il le visage cramoisi. Bonne journée et merci de vos conseils.

Elle le regarda partir les épaules voutées, sans doute troublé de ce qu’il avait osé lui dire. Une minute plus tard elle le suivit. Arrivée non loin de lui, elle cria.

-          Attendez, attendez !

Et il l’attendit.

9 avril 2019

Ecrire

Il l’avait reçue rapidement, suite au livre qu’elle lui avait envoyé. Elle ne le connaissait pas, ou peu, c’était l’ami d’un ami qu’elle avait rencontré lors d’un dîner. On l’avait assise – elle,  l’âme seule -  à côté de lui et ils avaient parlé littérature. Il était éditeur, elle souhaitait publier afin de fuir un travail qui l’épuisait.

Lorsqu’il l’avait reçue dans son bureau, un mois plus tard, il lui avait dit.

-          Pour faire rire, il me semble qu’il faut être capable de rire de soi, ne croyez-vous pas ? C’est ainsi qu’on voit si ce qu’on écrit est à hauteur humaine.

Elle n’avait rien répondu et il avait continué.

-          Il me semble, je me trompe peut-être car je ne vous ai vue qu’une fois et lue qu’une fois, qu’il vous manque encore ce petit élan qui permet de sortir de ce qui nous tourmente et nous enferme.

-          Si je comprends bien, vous trouvez que ce que j’écris est ennuyeux ?

-          Non, mais votre roman est à travailler et retravailler afin qu'il respire mieux.

Sa dernière remarque faisait couler en elle une rivière de larmes et elle savait que rapidement, cette rivière inonderait son bureau. Elle se leva et répliqua, avant de fermer la porte.

-          Merci de vos conseils. Par ailleurs, n'y aura-t-il qu'un humour, le vôtre ?

Il préféra se taire. Il aurait certes pu être cruel et ajouter que son roman l'avait  ennuyé à mourir.

Ecrire, certes, mais quoi et comment ? pensa-t-il intérieurement.

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