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Presquevoix...

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30 janvier 2020

Ecrire

- Hélène, ne me laissez pas seul. Que vais-je devenir ?

 J’ai prononcé cette phrase d’une voix blanche, le visage défait, je suis sûr que n’importe quel être humain aurait éprouvé de la compassion, mais pas elle. Dédaigneuse, elle a jeté un dernier regard vers moi – j’étais allongé sur mon lit, la couverture remontée jusqu'au menton – elle a tourné les talons en émettant une espèce de long sifflement – pssssssssssssss – et elle a claqué la porte. L’humiliation !

J’ai fait une poussée de fièvre juste après son départ et le thermomètre a frôlé les 41 degré ! Une semaine plus tard, je l’ai tuée, symboliquement, et les choses ont changé, en mieux : j’ai acheté une chatte, je me suis inscrit au cours de yoga – un cours essentiellement féminin – et à un atelier d’écriture dont la thématique est : écrire pour changer sa vie.

 

28 janvier 2020

Tu l’as dit

Elles étaient toutes les deux assises dans le salon. Une douce fin d’après-midi où le soleil terminait élégamment sa course dans le ciel. Soudain l’une dit à l’autre.

- Tu te souviens quand tu as dit à la femme de Michel qu’elle était mieux en photo qu’au naturel ? Tu as même ajouté que si elle ne t’avait pas dit que c’était elle sur la photo, tu l’aurais même pas reconnue !

Son amie, outrée, répondit.

- Moi ? J’ai dit ça ? Franchement, ça m'étonnerait, parce que les photos des autres, je ne les regarde jamais, ça ne m’intéresse pas.

- Pourtant tu lui as dit, vraiment, je m’en souviens parfaitement. Je crois même que tu lui as dit parce que tu la détestes.

- Moi ? Je déteste la femme de Michel ? Enfin, drôle d’idée, j’aime tout le monde.

Le silence s’installa jusqu’à ce l’une dit à l’autre, avec un sourire mutin.

-          De toute façon, moi aussi je la déteste la femme de Michel ; alors, où elle est le problème ?

Elles se sourirent et leur dialogue continua dans une presque harmonie…

 

 

 

 

26 janvier 2020

voyage

 

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Promenons-nous dans les jardins du ciel

Avec, pour mémoire,

Des presque-rien,

Des exercices d’admiration,

Et des mensonges de bonheur…

 

PS : photo prise à Rouen à lors de l’Armada 2019

24 janvier 2020

Le déni

En contemplant Laurent - l’homme dont il avait la responsabilité -  l’ange se disait que le déni avait du bon. En tout cas, c’était tout ce qu’il avait trouvé d’efficace pour son protégé et il n’en était pas peu fier quand il en parla au GPA  -  Groupe de Parole des Anges - le dimanche soir. 

Ces derniers temps, l’ange – qui n’était pas plus lourd qu’une plume d’oiseau -  s’était souvent posé sur l'épaule de Laurent pour lui donner quelques conseils que celui-ci pensait se donner lui-même.

Grâce à l’attention de son ange gardien, Laurent survivait. Nulle envie de se jeter par la fenêtre, nul désir de s’immoler, nulle velléité de se bourrer de médicaments ; tout au plus quelques nuits d’insomnie et quelques somatisations dont Laurent ignorait la cause, bien sûr, mais qui souhaite faire tomber sa mère du trône où elle se trouve depuis tant d'années lumières ?

 

 

22 janvier 2020

Je t’aime

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Elle lui avait dit « je t’aime » dans toutes les langues possible et imaginables, et il avait adoré ça car il ne connaissait qu’une langue étrangère, le français. Lui était américain.

Seulement l’opération langue – la fameuse, celle qui, selon lui, était une spécialité française – ne dura que sept jours. A la fin de la première semaine, elle s’envola, comme l’hirondelle à laquelle il l’avait comparée dans un élan pseudo-poétique.

Chaque nuit il rêvait d’elle et se réveillait en hurlant Marie, le prénom qu’elle s’était donnée. Mais s’appelait-elle vraiment Marie ?  La dernière fois où il l’avait rencontrée, elle était au bras d’un géant américain – comme lui -  qui l’appelait Hélène tout en lui roucoulant des « You’re marvelous, you’re wonderful » à tour de langue ;  d’où ce doute qui s’était installé en lui…

 

PS : photo prise à Paris en 2017 !

20 janvier 2020

la chute

Tout était sombre mais le ciel n’avait pas complètement terminé son œuvre. Il restait encore quelques traînées de lumières ça et là. Elle était debout, face au spectacle du soir et ne  se décidait pas à quitter le balcon qui surplombait la cour intérieure aux dalles blanches. Hélas,  le balcon a cédé, et elle est tombée dans l'unique plate-bande où les fleurs refermaient leur corolle.

Elle a survécu et a déménagé. Son nouvel appartement n'a plus de terrasse et les fenêtres sont toujours fermées. Jamais elle ne parle de sa vie d'avant, d'ailleurs elle ne s'en souvient plus. Le médecin évoque un traumatisme. Elle se contente de sourire et de regarder les étoiles, le soir ; c'est son seul voyage et le seul lieu qui la fasse rêver alors que dans sa vie d'avant, elle ne pensait qu'à ça, partir dans un pays où tout serait différent.

 

18 janvier 2020

Différer

Sa devise favorite était « Il faut différer son plaisir ». Longtemps je me suis demandée pourquoi il voulait tout différer, et surtout son plaisir.

S’agissait-il d’une obligation qui lui avait été donnée à la naissance, sur un papier doré posé à l’intérieur de son corps ?

Maintenant il avait disparu, mais souvent elle s’endormait en pensant à lui en se demandant :  le plaisir était-ce maintenant, dans l’au-delà ?

 

16 janvier 2020

Le tutu

 

tutu

Enfant, il volait souvent le tutu de sa sœur, se mettait devant la glace, et devenait le seul élève du cours de danse qu’il s’était créé.

Un mercredi soir, sa mère l’avait découvert dans son tutu blanc alors qu’il faisait un entrechat* dans sa chambre. Il tomba. Sa mère ne dit rien à part : "Je crois que tu t’es foulé la cheville, il y a de la crème dans le tiroir de la salle de bain."

Elle n’en parla jamais à son père,  mais elle ne le regarda plus jamais comme avant.

Sans doute vous demandez-vous si aujourd’hui, à l’âge de 35 ans, il danse encore ?

Eh bien oui, le tango et, quand il est seul chez lui, il n’hésite pas à mettre un tutu noir acheté dans une boutique étrange, rue des pas perdus…

 

*pas de danse classique

 

14 janvier 2020

le comique

« Le temps doit nous donner l'ambition de repenser la carrière des enseignants et l'organisation du travail", a déclaré Edouard Philippe le 11 décembre 2019. Un vrai comique troupier de la république en marche, ce premier ministre chez qui l'ambition - pour lui-même bien sûr - semble tenir un grand rôle.

Sa phrase est donc à comprendre de la façon suivante, avec le mot "temps" en trois exemplaires :

" Le temps doit nous donner l'ambition d'augmenter le temps de travail des enseignants tout en diminuant leur  temps de retraite."

Rien d'autre à ajouter en cette période sombre ! Manipulation et malhonnêteté semblent être, me semble-t-il, les deux "mamelles" du Macronisme.

D'ailleurs si M. Philippe perd son poste, qu'il devienne professeur ! De quoi, je ne sais pas, mais on lui trouvera toujours un poste car plus personne ne veut être enseignant. On se demande bien pourquoi...

 

 

12 janvier 2020

Le voyage

 

 

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Elle était dans un minuscule voilier, prête pour la course, pourtant elle ne connaissait rien, strictement rien à la voile. Le temps était clément, son esprit aussi. On lui avait dit qu’elle en aurait pour un an ; une année, c’est court pour ceux qui savent que ce sera la dernière.

L’eau était bleue à souhait, le ciel presque blanc laiteux, et son âme voguait déjà sur l'océan qui la mènerait vers une île lointaine, non encore identifiée mais qui, déjà, serait sienne, ou presque.

Elle imaginait que le nom de l’île commencerait par un G, première lettre du prénom de sa sœur, sœur honnis, sœur aimée, sœur bonne-sœur qui n’avait jamais donné son corps à un homme et avait gardé son cœur aux abris.

Juste avant que le voilier ne quitte le port, elle hurla "Bonne Année", mais à qui s'adressait-elle puisqu'elle ne connaissait plus personne ?

 

PS : photo gentiment prêtée par Chinou

 

 

 

 

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