Aimer son prochain ?
Il y a de plus en plus de moments où je me demande si j’aime vraiment mon prochain… Mais après tout, si je n’aime pas mon prochain, ce n’est pas très grave, j’aimerai le suivant !
Il y a de plus en plus de moments où je me demande si j’aime vraiment mon prochain… Mais après tout, si je n’aime pas mon prochain, ce n’est pas très grave, j’aimerai le suivant !
C’est vendredi dernier que je l’ai revue. Elle est venue s’épancher sur ma tombe qu’elle a noyée de longs sanglots. C’était la première fois que la sœur de ma femme revenait me voir, si j’omets le jour de l’enterrement, six mois plus tôt.
Je n’ai jamais aimé ma femme, si je me suis marié avec elle, c’est pour ne pas quitter sa sœur. Pourquoi n’ avoir rien dit à sa sœur, me direz-vous ? Je ne sais pas, je n’ai jamais pu, c’est tout. J’ai toujours préféré le silence à la crudité des mots qui auraient pu m’arracher à mes rêves. Je crois que je préfère le renoncement à l’hypothèse d’un refus. Mais vendredi, elle est venue, et ma mort a changé.
Dieu merci je suis mort jeune, dans un accident. Une voiture à contre sens sur l’autoroute et ma vie s’est arrêtée, aussi stupidement qu’elle avait commencé. Je me suis toujours senti plus proche de la mort que de la vie, la nostalgie m’a toujours endeuillé. Depuis six mois que j’étais mort, je ne me posais plus aucune question, sauf une. Et vendredi dernier, j’ai eu la réponse à la seule question qui m’importait. Maintenant, je peux reposer en paix.
La sœur de ma femme était agenouillée devant ma tombe, son visage était livide, mais des larmes l’avait noirci. Je me demandais ce qu’elle venait dire ou faire sur cette pierre tombale abandonnée depuis six mois. Elle murmurait des phrases incompréhensibles et ses cheveux couvraient à moitié son visage. Je dois vous avouer qu’avec la mort, le désir disparaît, mais en la voyant, j’ai compris le tourment qui avait été le mien à la désirer quatre ans en silence.
Depuis que je suis mort, je me suis promis une chose : dire la vérité. Et, après ces années où le silence a remplacé l’amour, je lui ai chuchoté ce qu’aucun vivant n’a jamais pu entendre d’un autre vivant, parce que les mots d’amour des morts voyagent sur les ailes des anges et leur beauté sidère les cœurs.
A la fin de mon secret funèbre, les nuages ont égoutté leurs larmes sur les croix et les tombes et, dans la brume matinale, elle s’est allongée sur moi, le visage contre la pierre, pour me donner mon premier baiser.
* phrase extraite de Mémoires posthumes de Bras Cubas, de Machado de Assis (1839 – 1908 ) Ce livre est un petit bijou de la littérature brésilienne.
* photo gentiment prêtée par Mariesondêtre
A la rubrique « projet » des petites annonces de libération, j’ai lu le message suivant :
« Quelle est la pire chose que vous avez faite dans votre vie et que vous n’osez même pas vous raconter à vous-mêmes ? » Photographe recherche pour un projet artistique etc… »
Je me demande quels sont les dessous du « projet artistique » de ce photographe qui désire boire à la fontaine des "confessions troubles" d’hommes et de femmes inconnus…
Mais pourquoi ne s'abreuve-t-il pas à sa propre fontaine ?
Offrir une fleur à Jules, cela faisait longtemps que j’en
avais eu envie.
Je me demandais si une femme
osait offrir des fleurs à un homme, cela se faisait-il ? Cette envie était
née ce fameux jour où j’avais été lui déposer les courses qu’il m’avait demandé
de lui acheter, bloqué chez lui par une méchante grippe.
Son logement était gris et
triste, pas de plantes vertes, peu de meubles, rien aux murs si ce n’était des
portraits en noir et blanc d’ancêtres d’un autre âge. Une toile cirée grise sur
la table de la cuisine, cuisine peu avenante aux faïences tout aussi tristes
que le reste, mais le tout propre et bien rangé
Ce petite homme, ce voisin
solitaire ne se plaignait pas, demandait peu et vivait sans bruit.
Je ne savais pas pourquoi je n’avais
pas encore acheté cette fleur que j’avais envie de lui offrir depuis si
longtemps. Quelle retenue ou mauvaise excuse m’en empêchaient ? Puis un
jour…
- Maman, tu vas où ?
- Chez le fleuriste ?
- Pourquoi ?
- Pour combler une envie…et faire
plaisir
Depuis ce jour, c’est devenu une
tradition entre Jules et moi. Une semaine je lui offre une fleur, différente
selon les saisons et je m’offre la même. La semaine suivante, c’est son tour,
il achète deux fleurs, une pour lui, une pour moi. Nous mettons cette fleur
unique dans un vase au col étroit et nous le posons sur le bord de nos fenêtres
de cuisine qui se font face. C’est un petit clin d’œil à l’autre et un lien
entre nous. Le logement de Jules est tout aussi triste qu’avant mais comment
dire, une touche colorée s’épanouit dans cet univers monochrome.
Quant mon regard se pose sur
cette fleur symbole, je me dis que j’ai été bête d’attendre si longtemps…
Il y a des jours où les âmes perdent leur âme… et disparaissent comme des étoiles filantes.
« Chacun a le droit de faire le mauvais choix qu’il veut ! » C’est à cause de cette phrase que les mots avaient fini par s’emballer, comme elle se le racontait, en boucle, à voix haute, tout en battant ses œufs en neige dans la cuisine. Elle n’avait trouvé que ce moyen pour ce calmer les nerfs. Une bonne chose de faite - ajouta-t-elle - cette pimbêche de même pas 17 ans, qui croit qu’elle sait tout de la vie alors qu’elle vient à peine de sortir du ventre de sa mère !
Elle avait envie de... Elle aurait voulu balayer d’un revers de la main cette imagerie imbécile de l’amour inconditionnel des parents pour les enfants. Non, dans ces moments là, l’amour n’existait pas et il lui paraissait aussi loin d’elle que la distance de la terre à la lune !
Comment sa fille pouvait-elle penser que l’homme dont elle s’était entichée allait la rendre heureuse, comment pouvait-elle imaginer qu’il lui fallait tout quitter pour lui, tout quitter, même le lycée, sans le bac, pour vivre avec un type de 10 ans plus âgé qui ne pensait qu’à une seule chose, une seule !
Il fallait qu’elle se calme, après tout elle s’en moquait et, comme elle le lui avait asséné « chacun a le droit de faire le mauvais choix qu’il veut après tout » ! Tu ne crois pas si bien dire, lui avait rétorqué sa fille, furieuse, en lui rappelant que 17 ans plus tôt, son père était parti sans regrets après avoir planté « sa petite graine » - et elle avait articulé méchamment ces mots-là – dans le ventre de sa mère.
Mais elle ne lui avait pas laissé le dernier mot, ça non, et elle lui avait hurlé « Tu n’es pas obligée de faire la même connerie que moi ! ». Puis sa fille était partie en claquant la porte d’entrée.
Il y avait des jours où elle avait vraiment envie de lui dire…merde ! MERDE ! MERDE !
J’imagine que vous avez déjà entendu ou lu cette blague mais je n’ai pas pu m’empêcher de la partager avec ceux qui ne la connaissaient pas !
- Je suis désolé d'être porteur de mauvaises nouvelles, dit-il en voyant
l'expression d'inquiétude sur les visages, le seul espoir pour votre proche est
une greffe de cerveau. C'est une chose expérimentale et risquée, et économiquement
tout est à votre charge.
Les membres de la famille restent assis, en
écoutant ces bien tristes nouvelles. Puis, l'un d'eux demande.
- Combien coûte un cerveau ?'
- Ca dépend, répond le médecin, 5000 € un
cerveau d'homme, 200 € celui d'une femme.
Un long moment de silence envahit la salle,
et les hommes présents essaient de ne pas rire, évitent le regard des femmes mêmes si certains d'entre eux ébauchent un
sourire. Finalement, un homme poussé par la curiosité demande.
- Docteur, pourquoi cette différence de
prix ?
Le médecin, souriant devant une question pour
lui si innocente répond.
- Les cerveaux féminins coûtent moins cher
car ce sont les seuls à avoir servi, les autres sont comme neufs.
La Poste Bagoo - le jeune
Vidéo envoyée par ulfablabla
Voici une de mes publicités préférées : celle de la banque postale pour le compte Bagoo. Une petite merveille « d’étude » anthropologique où sont décortiquées les habitudes de cette ethnie si proche et si lointaine à la fois : les « adolescents-mâles » ! Les parents ou anciens parents « d’adolescents-mâles » y retrouveront sans doute « leurs fragiles papillons » avec plus ou moins de bonheur…
Elle m’avait dit qu’elle m’avait eue un jour où elle avait la grippe, où ses défenses étaient tombées* Elle avait toujours eu l’art des raccourcis ; une pensée concise dans un esprit malade. Elle aurait pu mentir, se taire, mais non ! tout dire, toujours son obsession de la vérité, peu importaient les blessures, peu importaient les portes qui claquaient pour ne jamais plus se rouvrir.
Il y avait aussi eu la fois où elle lui avait annoncé que son père était son père mais qu’il n’était pas son père. C’était il y a cinq ans, elle avait 15 ans. Elle n’avait pas compris, mais elle avait longuement hésité à lui poser la question ; et puis elle la curiosité avait été plus forte et elle s’était jetée dans la gueule du loup. Sa mère l’avait longuement regardée avec cet air qu’elle réservait aux « grandes occasions », ces moments solennels où chaque mot avait un poids et une place qu’il ne quitterait plus. Elle avait penché la tête légèrement de côté et avait énoncé calmement.
- Tu n’es pas perspicace. Je me demande vraiment de qui tu tiens !
Elle attendait l’explication qui devait venir, mais sa mère restait silencieuse et ses yeux semblaient chercher des souvenirs qui n’arrivaient plus à faire le voyage de la mémoire. Soudain, elle articula triomphante.
- Le jour où tu as été conçue, je faisais l’amour avec ton père mais je pensais à un autre homme dont j’étais follement amoureuse ! Tu vois, c’est simple ma chérie.
Elle la détestait quand elle disait « C’est simple ma chérie ». Si elle n’avait pas été sa mère, elle l’aurait giflé, elle le méritait. Sa mère étranglait tous ses souvenirs, un à un et, non contente de ce carnage, elle ponctuait chaque meurtre d’un sourire qui donnait à son visage une lumière qui, peu à peu, contrastait avec l’ombre qui dévorait le sien.
* Citation de Mylène Demongeot parlant de sa mère dans le journal Libération du mardi 21 février
Cet après-midi, alors que je marchais le long d’une rue, vu écrit sur le trottoir : « je t’aime ».
Ces lettres peintes maladroitement m’ont fait sourire et j’ai pensé : qui m’a dit aujourd’hui qu’il m’aimait ? Après quelques secondes de réflexion, je me suis demandée : à qui ai-je dit « je t’aime ».
Et vous, à qui avez-vous dit « je t’aime » aujourd’hui ?