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Presquevoix...

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18 mai 2008

Dictons du dimanche

- Un mot tu vaut mieux que dix mots vus

- Qui ne dit mot, pressent !

17 mai 2008

La règle d’or de Maupassant…

« Le talent est une longue patience. Il s’agit de regarder tout ce qu’on veut exprimer assez longtemps et avec assez d’attention pour en découvrir un aspect qui n’ait été vu et dit par personne. Il y a dans tout de l’inexploré, parce que nous sommes habitués à ne nous servir de nos yeux qu’avec le souvenir de ce qu’on a pensé avant nous sur ce que nous contemplons. La moindre chose contient de l’inconnu. Trouvons-le ! »

Comment décoloniser son regard et sa pensée ! A vos yeux…

* extrait de la Préface à Pierre et Jean

16 mai 2008

La remise aux iris

charivariTu te souviens  de la remise aux iris, notre remise ? Elle n’a pas changé, tu sais, même si la peinture bleue a passé avec le temps. Les iris, elles, fleurissent toujours à profusion au mois de mai. Je me souviens quand j’allais t’y retrouver. En ce temps-là mon cœur battait, maintenant il bat  si doucement que je dois me boucher les oreilles et entrer en moi pour l’entendre. Nous ne connaissions rien encore à la vie, mais nous explorions ses chemins minuscules main dans la main. Et puis nous avons grandi, séparés, toi loin, en pension, à la montagne – Il lui faut un climat revigorant, disait ta mère, ou alors il ne guérira jamais - et moi au même endroit, près de cette boucle de la Seine où nous allions voir les taureaux nageurs qui menaçaient de renverser notre frêle embarcation quand nous décidions de traverser le fleuve pour explorer leur île. Tu étais mon frère, mon double et on t’a arraché à moi. Dès que tu as été parti, j’ai su que c’était pour toujours. Même si nous nous écrivions, ce n’était plus pareil, nos mots se gonflaient d’absence et devinaient ce que nous ne voulions pas encore savoir.
Je n’étais plus cette enfant bouclée et rieuse que tu prenais par la main pour courir dans les prés. Je devenais une adolescente morose qui vivait en recluse remâchant ses rancunes. Et toi ? Tes lettres étaient nostalgiques, tu me parlais toujours des taureaux nageurs, de la remise et de ses secrets, de la fermière chez qui nous allions chercher le lait, le soir ; tu me disais que tu avais hâte de me revoir, tu me disais que tu ne pensais qu’à moi, mais tu ne me disais pas à quoi tu ressemblais, loin du passé. Je me demandais toujours si tu étais le même.
Et puis nous avons encore grandi et maintenant, je suis cette adulte grave aux yeux cernés de noirs et au visage triste. Hier, je t’ai tout de suite reconnu, mais il est vrai qu’on célébrait ton mariage. On ne voulait pas que je vienne, c’est moi qui ai insisté. Je ne sais pas ce qu’on t’a dit de moi… ? Tu as gardé dans tes yeux la douceur des iris bleutés et tu sembles toujours poser sur les gens ce même regard rêveur. Tu te souviens quand tu me disais que j’étais ta fiancée ? Quand tu mettais des couronnes de fleurs sur ma tête avant d’aller à l’église sous le pommier couché par les violents orages ?
Hier,  j’ai eu peur de me voir dans tes yeux, j’ai tellement changé. Certains jours, je ne me reconnais même plus.
Demain je partirai, loin. On m’a dit que je devais encore me reposer, il n’y a que le silence qui puisse me guérir. Si je n’ai  répondu à aucune de tes lettres depuis 7 ans, c’est parce que tu n’aurais pas compris, personne ne peut comprendre, on ne comprend jamais ceux qui veulent nous quitter.
Je t’écris cette  lettre pour que tu saches que je me souviens de tout. Hier, j’aurais voulu trouver le courage d’aller te voir. J’aurais voulu te serrer dans mes bras, j’aurais voulu te dire… mais je n’ai pas pu, j’aurais pleuré. Alors j’ai préféré quitter la fête et aller près de la remise aux iris. C’était ma façon d’être avec toi sans y être.
Pourquoi les mariages  font-ils  toujours pleurer ceux qui ont voulu partir un jour ?
Sois heureux, c’est ce que j’aurais voulu te dire, mais peut-on décréter le bonheur ?

Hélène

PS : je t’envoie la photo de la remise aux iris, pour que tu ne m’oublies pas.

* Merci à « Charivarii » pour m’avoir gentiment prêté cette photo.

16 mai 2008

Il est seul ce soir

Il est seul ce soir, comme tous les soirs depuis qu’il est redevenu célibataire. Il sirote sa bière au comptoir du pub qui a tendance à devenir le paravent de camouflage de sa solitude. La journée, il tient le coup, son travail l’absorbe suffisamment pour ne penser qu’aux chiffres qui font son quotidien mais en sortant du boulot, c’est le blues de l’homme solitaire qui chantonne dans sa tête. La musique assourdissante lui vrille les tympans et cela l’assomme un peu, c’est bien ce qu’il veut, être assommé pour ne plus penser, pour ne plus imaginer son lit vide de cette moitié qui le réchauffait.

Alors que son regard balaie la salle, son œil tombe sur la femme en face, de l’autre côté du bar. Elle regarde la TV et semble un peu perdue toute seule, sa bière comme unique vis-à-vis. Elle boit une gorgée et repose sa chope. C’est drôle, cette chope fait un peu vulgaire dans sa main fine et gracieuse. Il se demande si elle est comme lui, si elle noie sa solitude dans le brouhaha du pub. Il continue de l’observer, elle n’est pas une beauté mais a du charme, ce petit quelque chose en plus qui fait qu’elle irradie. Cheveux courts, une allure fine, il ne voit pas la couleur de ses yeux et il le déplore. Pouvoir plonger son regard dans le sien serait un bon moyen de tester le fond de son âme et d’imaginer s’il y a connivence. Sans réfléchir, il hèle le barman et lui demande du papier et un stylo. Il hésite pour finalement écrire les mots qui lui viennent spontanément, c’est comme ces messages qu’on enferme dans des bouteilles pour les lancer à la mer ne sachant pas si ils atteindront leur destinataire. Il fait passer ce bout de papier porteur d’espoir et observe la réaction de la dame en question. Elle lit puis balaie le pub de ses yeux avant de les accrocher aux siens. Elle sourit, écrit à son tour et renvoie la missive, puis un homme la rejoint et ils partent ensemble. Il n’ose pas déplier le petit papier devant lui, il attend, préférant savourer l’illusion d’un mot charmant et porteur d’espoir.

15 mai 2008

Une histoire de couple…

- Mais enfin merde, tu l’as mise où, cette revue ?
- Je l’ai jetée dans le sac bleu.
- Mais pourquoi ?
- Tu m’as dit que tu l’avais déjà lue !
- Qu’est-ce que tu peux être chiante ! Pourquoi tu ne ranges pas plutôt tes revues qui traînent toujours sur la table du salon !
- Parce que je ne les ai pas lues et que tu m’avais dit que tu avais déjà lu celle que j’ai jetée.
- Oui, mais je m’étais trompé !
- Ce n'est vraiment pas la peine d'en faire une pendule à douze coups, je vais te la rechercher dans le sac bleu et on n'en parle plus !
- Figure-toi que si, on va en parler, parce que tu as une fâcheuse tendance à faire disparaître toutes mes affaires et rien que les miennes  !
- Tu ne serais pas un peu parano, toi ?
- Parano, moi ? Ça alors, c’est la meilleure ! Je t'énonce un fait vérifié !
- Si tu veux.
- Comment ça si je veux, c’est pas si je veux, c’est un fait que je vérifie tous les jours et ça s’appelle une VÉRITÉ ça, merde !

14 mai 2008

Silence

Marie22Des fragments de rêves
traversent le cimetière
des vies volées
où la pierre a reclus
la dernière des solitudes.

* photo gentiment prêtée par Mariesondêtre

13 mai 2008

Merde au soleil !

Installés à la terrasse ensoleillée, nous savourons notre café du matin quand il arrive, encombré de ses trois sacs en plastiques. Il porte une veste trop chaude pour la saison et semble pester contre la terre entière, comme à son habitude ; mais ce jour-là, c’est le soleil qui le rend hargneux, et il scande en boucle :
« Y m’fait chier c’soleil pourvu qu’y s’ barre
  que j’lui botte le cul à c’gros connard !
»

Sans doute un admirateur de Brassens… je dois dire que moi aussi j’ai hâte de revoir la pluie, le beau temps me donne le « blues »…

12 mai 2008

You are beautifull

Le pub est agréable, parquets et plafonds en bois lisse, lumière tamisée, un peu bruyant mais ce qu’elle apprécie c’est l’atmosphère non fumeur, propre à ce pays par rapport au sien. Banff est une ville touristique au milieu des Rocheuses, paysages sublimes, montagnes si présentes, cimes enneigées et à perte de vue les sapins entre lesquels la Bow river trace son chemin. La journée a été consacrée à des marches en pleine nature, agrémentées de fou-rires sur les chemins encore glacés et glissants. Parfois un petit souci lui traversait la tête, celui de tomber sur un ours! Elle sourit à cette pensée et se souvient de ce grognement entendu sur le chemin du retour alors qu’ils longeaient « Johnson’s Canyon ».

Maintenant elle savoure sa bière, attendant son chum qui est allé en fumer une sur le trottoir comme tous les fumeurs au Canada. Elle regarde le poste de TV au-dessus du bar, un match de hockey est retransmis mais elle est incapable d’entendre les commentaires, le bruit des conversations alentour étant trop fort. De toute façon, elle n’aime pas ce sport, trop violent, un sport de brutes pour elle, tout comme le football ou ce qu’il est devenu. Le barman pose un billet devant elle. Le regard interrogateur, elle lève les yeux vers lui, il sourit et s’en va. Elle prend le bout de papier et lit « you are beautifull ». Un peu interloquée elle regarde autour d’elle, scrute les tables et ceux qui y sont attablés. Rien. Elle continue à faire le tour du pub et soudain son regard tombe dans celui d’un homme, assis au bar à l’opposé de sa place. Quand leurs regards s’accrochent, elle comprend que le billet est de sa main. Il lève son verre comme pour trinquer à sa santé. Elle fait de même. Elle hésite et se décide soudain. Elle prend le même billet et y couche les mots qui lui viennent à l’esprit. Elle attrape le barman et lui demande de retourner le message à son expéditeur. Son chum revient, il boit les dernières gouttes de sa bière et ils s’en vont. L’homme la regarde partir et serre dans sa main le bout de papier, vestige d’un petit moment précieux à garder dans un coin de sa mémoire.

 

11 mai 2008

Enfantillage ?

Nos chers mensonges
Glissent sur le toboggan de la vie.

10 mai 2008

Obligation de...

Obligation d'aimer, de rendre heureux, de rire, de chanter, d'avoir du plaisir...oui, pourquoi ne pas changer la donne, pourquoi ne pas obliger au lieu d'interdire?
Mais la question est de savoir si c'est possible, si effectivement cela rendrait les choses, la vie plus facile.
 
Obliger d'aimer, réalisable?
Obliger de rendre les autres heureux, oui mais comment et seront-ils d'accord?
Obliger de rire, mais de quoi et avec qui?
Obliger de chanter, même faux?

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