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Presquevoix...

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10 juin 2008

Peut-on juste aimer une nuque ?

Je l'observais depuis un bon moment car le discours du conférencier me plongeait dans une somnolence sans nom ; il faut dire que ma soirée de la veille dans un bar du port avait été un peu trop arrosée et que je ressentais encore dans ma tête le ressac du pastis.
Elle était assise devant moi et  tapait frénétiquement sur son clavier afin de prendre en note les moindres mots de l'intervenant ; tant d’application faisait bonheur à voir ! Joli profil, nuque gracieuse, des cheveux courts et châtains... Pourquoi ne l'inviterais-je pas à prendre un verre sur le port après le stage ? Mes yeux passaient alternativement de mon clavier, où j’essayais vainement de taper quelques notes cohérentes, à sa nuque... Oui, c'est vrai, c’était surtout sa nuque qui me fascinait, je ne savais pas pourquoi, ou plutôt si, je le savais trop bien, son long cou  gracile me faisait penser à celui de la première femme que j'avais aimée.
Quand, à mon plus grand soulagement, l'intervenant a mis un point finale à sa conclusion, j'ai jeté un nouveau regard vers elle et c'est là que tout a basculé : son fond d'écran venait de faire apparaître le logo de l’UMP.
D’un mouvement sec j’ai fermé mon portable et j’ai  rapidement quitté la salle.

9 juin 2008

Instant de grâce.

Une tasse de café fumant à la main, elle savoure cet instant de grâce. Il est 5h du matin et son réveil, pour une fois a été instantané et très matinal. Alors qu’en pareil cas elle se tourne de côté et se rendort, ce matin, elle a sauté du lit. Assise en robe de chambre sur les marches qui conduisent au jardin, elle écoute la vie qui prend possession du silence. D’abord, les oiseaux. C’est fou le bruit qu’ils font ces petites choses ! Puis la rumeur de la ville, au loin. Oh ! peu présente encore, juste ce qu’il faut pour savoir qu’une nouvelle journée de travail s’annonce. La nuit cède sans contraintes sa place à la clarté d’un jour qui sera beau.

Elle boit son café à petites gorgées, puisant dans ce moment privilégié un bonheur qu’elle m’imaginait pas possible. Cela ne lui arrive jamais d’être debout à des heures pareilles, elle est plutôt du genre marmotte mais cette nouvelle expérience lui plaît. Elle rêve, elle laisse son imagination vagabonder et son esprit reposé travailler à toute allure, libre des contraintes de sa vie, de sa famille, de son job, de ce qu’il faut absolument faire, ne pas oublier…Elle pense à cet homme dont elle a croisé le regard au détour d’un chemin, regard bleu acier qui le temps d’un souffle a emballé son cœur. Un sourire se dessine sur ses lèvres, c’est beau d’être encore sensible comme une ado, de rêver à des rencontres impossibles. Elle pense à cette femme qu’elle a eu en entretien et dont l’histoire l’a bouleversée, elle se sent privilégiée et savoure ce sentiment. Elle pense à ce livre qui la passionne et qui reste ouvert sur sa table de chevet comme une invitation à le finir le plus vite possible pour savoir enfin la fin de l’histoire.

Une caresse sur sa jambe nue la fait revenir à la réalité, sa chatte noire aux yeux verts se frotte contre elle. Elle la prend dans ses bras et frotte son visage contre le poil doux et soyeux, mettant ainsi en route le petit moteur qui annonce le contentement du petit félin.

Elle soupire d’aise et prise d’une soudaine envie, se lève et descend l’escalier pour fouler l’herbe mouillée de rosée de ses pieds nus. C’est frais, cela chatouille, un frisson la parcourt, le chat saute de ses bras. Elle reste là, immobile avant d’ouvrir les bras et de tourner sur elle comme une toupie, la tête renversée, les yeux clos avant de s’effondrer sur l’herbe fraîche. Les bras en croix, sur le dos, elle regarde le ciel.

Elle doit être un peu folle pour faire tout cela mais elle s’en fout, elle est…bien.

9 juin 2008

Les 10 000 choses…

fabienneverdier« Les dix mille choses se trouvent en nous au complet. » ( Mengzi : IVe siècle avant J. C.)
Il y a une semaine, j’ai laissé ouvert à cette page le très beau livre de Fabienne Verdier « L’unique trait de pinceau ».

Je lis cette citation chaque matin. Je changerai de page lorsque cette phrase aura terminé son voyage.

8 juin 2008

Le dernier rêve

Elle travaillait chez un type qui avait une grosse fortune et achetait des rêves*, c’est ce que ses collègues lui avaient dit. Au début, elle n’y avait pas cru. Par une après-midi pluvieuse de novembre, elle profita de l’absence de son patron – son rendez-vous hebdomadaire de 3 heures chez sa maîtresse - pour entrer dans son bureau, adjacent au sien. Avant de commencer ses recherches, elle passa lentement sa main sur le bois lisse du secrétaire en acajou afin de retrouver des sensations lointaines, toujours ce même désir de pénétrer dans les coulisses de la vie des autres, comme au temps où...
Aucun des tiroirs  n’était fermé à clef. Dans le premier, qu’elle ouvrit sans hésitation, elle trouva, dans une enveloppe, une photo de la maîtresse de son patron et une de son épouse, une grande femme brune qu’elle avait vue deux jours plus tôt. Elles se ressemblaient étrangement, décidément, elle ne comprendrait jamais les hommes.
C’est dans le deuxième tiroir qu’elle vit le dossier rouge “  RÊVES - DERNIERES ACQUISITIONS ”.  Elle le prit et revint à son bureau en calculant  qu’elle avait deux heures pleines pour le consulter. Elle  fut un peu surprise de son absence totale d'émotions, comme si violer l’intimité des autres était chez elle une habitude.
Une fois dans son fauteuil, elle effeuilla les rêves, les uns après les autres. Ils étaient tous consignés à la main, de mains différentes ; les écritures succédaient aux écritures et les rêves aux rêves.
En haut de chaque page, il y avait le nom, le prénom et l’adresse de la personne qui avait fait le rêve et, agrafé à la feuille, le coût de chacun d’entre eux, parce que chaque rêve avait un coût différent. Quels étaient les termes du contrat ? Elle ne le sut jamais.
En prenant le septième rêve, elle vit son nom qui s’étalait en toutes lettres – SAUVET Myriam – suivi de son adresse – 7 rue des emmurés, 76 000 Rouen. Qui avait pu  vendre un rêve qu’elle aurait fait ? Elle chercha une facture, en vain. Il avait été acquis  pour la somme de 100 euros. Fébrile, elle  lut le rêve d’une seule traite. Elle buvait les mots, tant et si bien que sa respiration suivait le rythme de la ponctuation et, au fur et à mesure que le rêve avançait, les phrases s’accéléraient, des points, des virgules, puis une vertigineuse  énumération… Elle avait le souffle court, le cœur battant,  ses yeux clignaient précipitamment, sa tête dodelinait, ses mains tremblaient, une étrange pâleur envahissait son visage et, avant qu’elle eût pu finir sa lecture, un violent mouvement la projeta au sol, la tête contre le parquet.
C’est ainsi qu’on la trouva, morte ; assassinée par un rêve qui n’était peut-être pas même le sien.

* phrase extraite de Monsieur Maléfique, de Truman Capote

7 juin 2008

Connaître les femmes?

La femme, un être difficile à comprendre…et si je vous racontais une petite histoire?

 

 Un corse se promène sur une plage près de Marseille. Il butte sur quelque chose, se penche et ramasse une lampe qui ressemble comme deux gouttes d’eau à celle d’Aladin. En dégageant le sable autour, il la frotte et un génie apparaît.
- Tu m’as délivré, fais un vœu et je l’exaucerai pour te remercier !
Le corse réfléchit.
- J’ai la nostalgie de mon île, ne pourrais-tu pas faire un pont entre Marseille et Bastia. Je pourrais ainsi y aller plus facilement.
Le génie répond.
- Je suis un génie, c’est vrai mais j’ai quand même mes limites, n’as-tu pas autre chose à me demander ?
Le corse réfléchit un moment et fait une autre demande.
- J’aimerais être capable de connaître les femmes, savoir ce qu’elles pensent, les cerner, les comprendre, aller au devant de leurs désirs, pénétrer leurs pensées…tu vois ce que je veux dire ?
Le génie se caresse la moustache, songeur. Finalement il se décide.
- Ton pont, tu le veux à deux ou à quatre pistes ?

7 juin 2008

Six mots pour dire sa vie…

sixwordsDans Télérama, la semaine dernière, un article évoquait  un site américain – cliquer ici - qui propose d’écrire sa biographie en six mots ! Un exercice de concision s’il en est ! Six petits mots où faire tenir sa vie, mais en anglais…

Mes six mots : Looking for witnesses : am I born ?

PS : un bon exercice à faire en français, aussi.

6 juin 2008

Le petit jardin

(Appuyé contre sa bêche, il contemple son petit jardin et se parle à mi-voix)

On est tous des aveugles, on croit voir et on voit  que ce qu’on veut voir. Et quand on parle aux gens, ce qu’on voit d’eux c’est peut-être même pas eux, on voit que ce qui nous arrange ! Je sais bien, j’aurais dû te  dire ça  plus tôt, quand tu pouvais encore m’entendre, mais on n’a jamais rien pu se dire. Dans la vie on se dit pas le  quart de ce qu’on voudrait se dire ; la peur, la fatigue, la colère, et puis on sait que ça servira à rien parce que l’autre, il écoute que lui, surtout toi !.
J’ai pas besoin de grand chose pour vivre et avec les économies qu’on avait faites, je peux vivoter ! Tu vois, toi qui voulais vivre à la campagne, j’ai fait comme tu voulais. Un jardin avec un  carré de petits pois, un carré de fraisiers, un carré de tomate, un carré de pomme de terre, et au fond, sous l’hortensia, j’ai versé tes cendres et je les ai mélangées à la terre, il paraît que ça fait du bien à la terre, les cendres. Si tu savais quel mal de chien j’ai eu à  faire disparaître ton corps !
Tu vois, on est encore tous les deux ; toi qui disais qu’on vieillirait pas ensemble ! Et puis au moins, maintenant, tu peux plus parler ! Qu’est ce  que tu m’emmerdais quand tu faisais exprès de dire noir quand je disais blanc. Tu te rends compte que j’ai dû  supporter ça pendant 30 ans, 30 ans à t’entendre dire le contraire de ce que je disais  ! Je crois bien que c’est pour ça que j’ai fini par te tuer, c’est pas pour me donner des excuses, mais quand même : tu l’as bien cherché !
Je t’ai toujours dit que tu étais pousse au crime et que ça finirait mal. Maintenant il y a prescription. On n’a jamais retrouvé ton corps, et on m’a plus jamais inquiété. Vraiment des cons au commissariat ! Enfin tout ça c’est du passé, je vais quand même pas avoir des remords maintenant !

PS : Raymond Devos disait, dans un sketch  « !Quand on s'est connu, ma femme et moi, on était tellement timides tous les deux qu'on n'osait pas se regarder. Maintenant, on ne peut plus se voir " (extrait du sketch Ma femme)

5 juin 2008

Hier, demain… et aujourd’hui… ?

Ce quatrain d’Omar Khayyâm, accueille le présent : 

Comme le vent de sable ou l’eau de la rivière
Nos jours s’en vont, qu’on ne peut retenir
Il en est deux pourtant qui ne m’importent guère :
Le jour d’hier et le jour à venir.

Mais dans cette citation, lue dans la correspondance avec Louise Colet, que fait Flaubert sinon regretter ce présent qui nous fuit :

L’avenir nous tourmente, le passé nous retient, c’est pour ça que le présent nous échappe.

4 juin 2008

Clin d'oeil!

Il y a des jours où le plafond du ciel est si bas, les petits ennuis de la vie si présents que le moral dégringole aussi vite que la température!
Mais parfois, au détour d'un chemin d'asphalte, un petit quelque chose de rien fait que la vie est soudain plus...souriante.

mai_2008_Canada_027

4 juin 2008

La gendarmerie n'est plus ce qu'elle était !

En lisant Libération, samedi dernier, j’ai vu cette brève :
« Un ancien gendarme, qui faisait se déshabiller des jeunes femmes dans son bureau pour prendre leurs mensurations sous couvert d’une enquête bidon sur « la femme dans la gendarmerie », a été condamné hier à trois ans de prison, dont deux ferme, par le tribunal correctionnel de Metz. »
Quel beau sujet d’enquête « la femme dans la gendarmerie » ! Combien de temps a-t-il sévi, le mètre à la main, ce « fier » gendarme ? On se demande – terrifié – par quels moyens il arrivait à ses fins !
Maintenant il pourra toujours prendre les mensurations de sa cellule dans tous les sens, tâche moins excitante il est vrai, et écrire une enquête sur « la cellule dans le système pénitencier ».

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