Drôle de drame
C’était juste un jour comme les autres et, comme elle était très en avance, elle s’était assise devant la porte d’entrée du lycée avec sa pancarte qui disait :
Le chauffeur de l’Education Nationale nous mène droit dans le mur.
Il nous méprise alors méprisons-le, lui et ses réformes bidon.
Stop au massacre
Stop aux mensonges
Résistons !
Elle avait refusé de bouger et un collègue était venu lui donner main forte en s’allongeant dans la largeur de la porte d’entrée. Elle ne le connaissait même pas, mais avec les masques, qui reconnaissait-on ?
La police était arrivée très vite. Il faut dire que les élèves refusaient d’entrer dans l’établissement en disant qu'ils ne passeraient pas sur le corps des professeurs.
Face aux policiers, ni elle – ni lui – n’avaient voulu partir de l’endroit où ils étaient ; elle leur avait poliment répondu.
- Je vous en prie, gardez-nous si vous le souhaitez.
Et ils les avaient portés jusqu’à leur véhicule. Quel beau départ, s’était-elle dit, surtout à deux. Tous les élèves – et certainement les siens – regardaient la scène, étonnés.
Ce jour-là, elle avait 4 heures de cours où, en général, par ces temps de COVID, les élèves défilaient les uns derrière les autres avec la même inertie ou la même non-volonté de se mettre au travail.
Dans l’antre de la police – et ça elle ne s’en remettrait peut-être pas - ce qu’elle avait vu dépassait l’entendement. Elle avait essayé un mot d’humour mais elle avait vite compris qu’au royaume de la police l’humour n’était pas de mise. Son collègue, lui, avait continué un ton plus haut et elle se rendit tout de suite compte – mais pas lui - qu’en terrain ennemi, il valait mieux se taire…
PS : prochain texte, lundi prochain.