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Presquevoix...

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12 décembre 2008

Maman ( texte de gballand )

Aujourd’hui maman est morte* et je suis soulagée. Maman s’est suicidée en se jetant du troisième étage. Bizarre, parce que maman était parfaite. Papa, lui, dit que maman est tombée en faisant les carreaux. Papa a toujours vu la vie comme ça l’arrangeait. Comment peut-il croire que maman faisait les carreaux ? Elle  détestait les faire ! Inutile de discuter avec papa, papa vit dans le déni ; il m’écœure.

J’ai toujours cru que maman avait droit de vie ou de mort sur moi, mais ce n’est pas moi qui suis morte, c’est elle. Quand j’étais petite, les bras de maman me faisaient peur. Quand ils m’entouraient, je croyais qu’ils allaient m’étouffer. Tout le monde disait que nous nous entendions tellement bien ! Moi aussi je l’ai longtemps cru. Pourtant je peux dire aujourd’hui que maman était mon bourreau.

Depuis un an, maman commençait à avoir des doutes. Ils sont arrivés sur la pointe des pieds et avec les mois, ils ont tissé leur cocon de deuil. Il y a une semaine, maman m’a dit avec force : « Tu dois vivre ta vie ! ». Je l’ai regardée à deux fois, mais elle ne m’a rien dit d’autre, et moi, je suis restée silencieuse, comme d’habitude.

Aujourd’hui je descends les escaliers, ma valise à la main, je passe le seuil de la porte et je ne regarde pas derrière moi. Papa doit m’observer derrière le rideau de la fenêtre de sa chambre, peut-être qu’il pleure, mais je ne me retournerai pas pour lui dire adieu…

Aujourd’hui maman est morte, c’est mon anniversaire : j’ai vingt ans.

* Consigne proposée par les impromptus littéraires, à partir de la première phrase de l’Etranger de Camus

11 décembre 2008

Mes non-cours de piano ( gballand )

Je me souviens de mes non-cours de piano. J’avais 9 ans et j’allais le jeudi matin – jour des enfants, à l’époque -  chez mon professeur qui habitait une grande maison au fond d’un parc ; et au milieu du parc, un cèdre singulier dont les longues branches   arrivaient presque au deuxième étage de la maison.

J’aimais jouer du piano, mais j’aurais voulu jouer « comme ça », sans travailler, j’aurais voulu qu’un miracle se produise, j’aurais voulu être « douée »  ! Mon professeur - une dame sympathique et dotée d’un certain humour, si je me souviens bien - sans doute lassée de me répéter les mêmes choses, a fini par se plier aux règles que ma « paresse » lui a insensiblement fixées : c’est elle qui jouait, et moi qui l’écoutais…

J’ai arrêté le piano à 11 ans. J’ai essayé de recommencer à 16 ans, puis à 42 ans, mais le passé resurgissait.  Je ne désespère pas d’y arriver… un jour…

10 décembre 2008

Méprise ( texte de gballand )

Elle le sentait derrière elle depuis longtemps, mais elle faisait comme si de rien n’était. Heureusement, c’était l’heure de pointe, les couloirs grouillaient de gens pressés de rentrer dans leur boîte pour s’anesthésier devant le journal de 20 heures. Seulement, une fois sur le quai, elle n’y tint plus. Elle se tourna vers l’homme qui la suivait et hurla.

- Vous n’avez rien d’autre à faire que de suivre les femmes dans le métro !

Il tourna les yeux dans sa direction, interloqué, suffoqué qu’on puisse s’adresser à lui sur ce ton-là. Que lui avait-il fait ? Il l’avait regardée plus qu’il n’aurait dû ? Il avait marché derrière elle sans s’en apercevoir ? Elle avait été gênée par sa présence ? La femme continuait à vitupérer et il ne trouvait rien à répondre. Soudain, il fouilla dans son sac et en sortit sa canne blanche, pliée en quatre. Il la déplia rapidement et la tint ostensiblement à la main. Le métro arrivait. Il décida de rester sur le quai, il attendrait le prochain. Il ne valait mieux pas qu’il prenne le risque de se retrouver dans le même compartiment que cette folle.

Quand le métro partit, il fut soulagé, mais il sentit immédiatement une présence derrière lui, comme un souffle légèrement haletant.


- Que voulez-vous ? dit-il fermement.
- M’excuser, répondit une voix de  femme qui s’évanouit aussitôt.

9 décembre 2008

le chaudoudou (MBBS)

Connaissez-vous l’histoire des chaudoudoux* ? Je l’ai entendue ce week-end et j’ai trouvé qu’en période de blues, de tristesse, de doute, de mal-être, de besoin de chaleur, tendresse et affection, c’était une façon de se faire du bien. Pour résumer, un chaudoudou est quelque chose qui nous fait du bien, quelque chose qui nous apporte un certain réconfort et qui par sa douceur, nous enveloppe dans un sentiment de bien-être. Chacun peut avoir son propre chaudoudou, j’ai testé le jeu « cadavre exquis façon chaudoudou » et j’ai envie de continuer cette expérimentation avec vous.

Je vous propose donc de m’aider à faire mon propre chaudoudou-presquevoix, que je pourrais lire à volonté pour me sentir bien avec l’idée que je veux bien aussi participer au vôtre si vous êtes tenté d’en avoir un à vous. Comment faire ?

Vous ne me connaissez que par mes écrits, je ne vous connais que par les vôtres mais les écrits parlent…un peu, beaucoup…Vous qui me lisez, ce serait chouette si vous pouviez m’envoyer dans les commentaires de ce message un signe de reconnaissance positif, une petite phrase positive sur moi, mon écriture, mes idées, ma façon de paraître à travers les mots, chaque phrase étant une parcelle de ce cadavre exquis tout doux et tout chaud qu’il me plaira de lire quand je serais en panne, en doute, en déprime passagère.

Mais attention, je ne suis pas preneuse du Froidpiquant, le contraire négatif que je ne crois pas utile de vous présenter, son appellation étant bien assez explicite…

Alors, cela vous dit ?

 

* le conte chaud et doux des chaudoudoux. Claude Steiner, inter Editons 1984

9 décembre 2008

Félix Fénéon, nouvelles en trois lignes* (gballand)

Les nouvelles en trois lignes sont tirées de faits divers réels notés avec précision et cruauté. Par exemple :

« Danielle L, 53 ans, empoisonna son jeune amant. Puis, trop fatiguée pour le traîner jusqu’à la cave avec les autres, elle alluma une cigarette. »

A la manière de Felix Fénéon, voici ma nouvelle en trois lignes :

Emile B, 60 ans, boucher, assomma sa femme avec un rouleau à pâtisserie puis la découpa en morceaux  au couteau de boucher. « Elle m’a roulé dans la farine pendant 40 ans ! » se justifia-t-il calmement quand la police vint le chercher.

Vous avez, ici, une biographie de Félix Fénéon 

* les nouvelles en trois lignes sont publiées au Mercure de France, 3 euros.

8 décembre 2008

L’homme en slip (gballand)

Il est en slip sur le pallier, sa chemise lui arrive en haut des cuisses, une chaussette est  remontée, l’autre non, et il regarde dans le vague, l’air perdu. Elle lui demande un peu étonnée.

- Tu vas travailler en slip aujourd’hui ?
- Oui, comme ça  j’irai à l’hôpital, répond-il en souriant
- Et tu y feras quoi à l’hôpital ? dit-elle machinalement.
- Rien justement. C’est bien de rien faire, non ?

Elle hausse les épaules et continue de taper sur le clavier la fin d’un exercice qu’elle devra donner aux élèves le jour même. Avant de partir, elle lui crie un « au revoir » sonore. Elle ne monte pas le voir, pas le temps, ses photocopies ne sont pas faites et elle met une demi-heure avant d’arriver au travail.


Sa journée se déroule comme à l’habitude, sans joie ni peine particulière. Au moment d’aller à la cantine, son téléphone sonne, elle décroche. Après une entrée en matière assez longue, une voix administrative lui annonce.

- Votre mari errait dans les rues en slip, alors on l’a amené à l’hôpital.
- Quel hôpital ? S’entend-elle dire.
- Sainte Anne. Passez à 16 heures, Secteur 3, vous pourrez voir le psychiatre, M. Tardif, il vous expliquera.

Elle remercie, raccroche et décide de ne pas assurer ses cours de l’après-midi. Elle repense à la conversation du matin. Pourquoi avait-elle passé sous silence ce qu’il lui avait dit ? Pourquoi avait-elle oublié ce qu’il ne lui avait pas dit mais qui maintenant, lui semblait si clair…

7 décembre 2008

Des rossignols pas comme les autres

Ils sont drôles et leur quatuor est parfait.

L'un des membres du quatuor présente ainsi le groupe :

"DVD de démo d'un quatuor humoristico vocal que j'ai créé avec Gérard Yon, Pierre Gaudin, et Guillaume Payen...
Succès unanime partout où nous jouons...
Si vous êtes, ou connaissez des organisateurs intéréssés, écrivez moi à :
patgui4@wanadoo.fr"

6 décembre 2008

Fêtes et jeûne (gballand)

Et si on jeûnait pour les fêtes ? C’est la question que je me pose à chaque repas de fête, lorsque je sors de table ballonnée, le rot au bord des lèvres, la bouche prête à vomir la bûche, le foie gras et la dinde. Il m’arrive même parfois de manger plus que je ne peux, juste par solidarité avec la maîtresse de maison désemparée, qui se lamente de tous les restes qu’elle devra jeter si on ne l'aide pas un peu ! Quand la solidarité en est là, on a du souci à se faire, je vous le dis…


Et si je créais le MJFFA (Mouvement pour le Jeûne pendant les Fêtes de Fin d’Année) ? Je crois que je me ferais assassiner parce qu’il faut consommer ! Sans consommation, pas de croissance, sans croissance, pas d’emploi, et sans emploi, on marche droit vers le suicide économique de la France… enfin, c’est ce que je comprends quand j’écoute « not’ président », les médias, et les économistes de tous poils ; sauf ceux qui prônent la décroissance, bien sûr, mais ceux-là on ne les entend pas !

5 décembre 2008

Faire le guet ( gballand )

Elle s’était fait porter pâle au bureau. Postée derrière la fenêtre de sa cuisine elle faisait le guet. La veille, elle était partie trois fois de son poste d’observation et elle l’avait raté. Aujourd’hui, elle avait pris ses précautions. La radio crachait ses informations en boucle : la crise, toujours la crise et les banquiers qui s’en mettaient plein les poches ! Le Krach boursier finissait par lui monter à la tête.

Soudain, elle le vit. Voilà ! Elle le tenait, c’était lui, le mufle, l’abruti, le connard, avec son chien au bout de sa laisse. Il fallait qu’elle attende encore un peu…. Au bout de deux minutes, elle sortit, vérifia calmement devant la porte du garage ; oui, elle était bien là, la même que celles qu’elle avait ramassées les  jours précédents, même taille, même consistance. Exaspérée, elle courut vers le type qui s’éloignait,  se plaça devant lui et vociféra.

- Vous avez laissé quelque chose devant chez moi.
- Moi ? Ça m’étonnerait !
- Et cette merde, là-bas !
- C’est le chien.
- Et alors, il est bien à vous, non ?
- Non.
- Vous vous foutez de moi ?
- C’est celui de mon voisin.

En même temps qu’il parlait, l’homme essayait de tirer le chien qui  la regardait d’un air interrogateur.
- Si vous ramassez pas votre merde, j’appelle la police, le menaça-t-elle.
Il imprima un nouveau mouvement nerveux à la  laisse et cette fois, le chien se laissa traîner.
- La police a autre chose à foutre que d’écouter des hystériques dans votre genre ! cria-t-il tout en essayant de passer alors qu’elle lui barrait le passage.

Quand le policier la relâcha, le lendemain matin, après une garde à vue de 24 heures, il la sermonna. « Et s’il y a une prochaine fois, évitez de lui fracturer la mâchoire, hein ? »
Elle ne répondit rien, mais elle, elle n’avait aucun remords ; il l’avait bien cherché, non ?

4 décembre 2008

La première ( gballand )

Il fallait qu’il la rencontre. Au début,  une idée désintéressée, un simple regard sur le chemin à mi-parcours, un avant-après toujours séduisant lorsque l’âge ne se porte plus mais se supporte, puis l’idée s’était imposée pour devenir nécessaire, impérieuse ! Depuis 20 ans il n’avait eu aucune nouvelle d’elle, mais maintenant, il voulait la voir en chair et en os, savoir ce qu’elle faisait, où elle vivait, avec qui, si elle avait des enfants et pourquoi…mais pourquoi…

Le pourquoi lui restait en travers de la gorge. Il ne se rappelait plus pourquoi elle avait voulu rompre avec lui. L’histoire ne se voit jamais de la même façon si on abandonne ou si on est abandonné. Avec quel acharnement il  la couvrait de messages, tous aussi obstinés les uns que les autres : “ Pourquoi ne pas nous voir juste une fois ? ” ou “ Nous aurions tellement de choses à nous dire… ” ou “ Que de malentendus entre nous… pourquoi ne pas les éclaircir ? ” Ou, plus passionné, “ Où tu veux, quand tu veux ! ”.

  Pourquoi ne lui répondait-elle pas ? Son imagination, d’ordinaire si conventionnelle, se projetait, impitoyable, sur le personnage qu’était devenu la première femme connue. La première, le premier élément du puzzle, celui qui détermine la place des autres, l’achèvement de la fresque… ou son inachèvement.

Comme sa vie de couple devenait terne, morose, insipide, mijotant dans la cocotte minute d’une famille qui  le décevait - l’ennuyait même – loin des bonheurs qu’il avait convoités dans son  illusion de  félicité familiale, il lui fallait revenir à la première. Il voulait la voir,  retrouver le premier émoi, le premier mensonge.

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