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Presquevoix...

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16 janvier 2009

Le dîner ( gballand )

20 heures, toujours rien ; les doigts du père pianotent sur la toile cirée ; regards, silences. La pintade arrive sur la table.

- J’ai préféré la pintade à la dinde, la viande est plus fine, dit ma mère pour faire diversion.

Mais elle, elle n'est toujours pas là. Qu’est-ce qu’elle fait ? Quand elle arrivera, elle dira sans doute que le bus a eu du retard ou qu'elle a rencontré quelqu'un. Moi, je sais que le « quelqu'un », c'est celui qui remplit son vide, celui qui lui dit qu'elle est plus belle qu'Isabelle Adjiani ; et elle le croit ! Que les filles sont connes !

Mais la voilà qui arrive et tout le monde fait semblant de rien. Elle s'installe à côté du père ; il ne la regarde même pas. Elle a les lèvres roses un peu fatiguées de celle qui a trop embrassé. Je suis sûr qu'elle a couché avec lui.

15 janvier 2009

Le miroir ( gballand )

A trop se regarder dans le miroir on finit par y voir le diable, mais Marc ne le savait pas*…
Quand il avait emménagé dans son nouvel appartement, il avait mis  des miroirs partout, non qu’il se trouvât beau, mais pour se surveiller. Depuis que Jeanne l’avait quitté il était devenu gros, triste et chauve ; c’était insupportable. Il comptait sur la thérapie des miroirs pour trouver la force de changer de corps.

Pour remplacer Jeanne, Marc avait pris un chien, un bâtard, le plus laid, exprès. Un chien ne remplace jamais tout à fait une femme, mais il avait besoin d’entendre respirer à ses côtés.

L’animal n’aimait pas les miroirs, surtout celui de la salle de bain. Quand Marc s’en approchait, il aboyait à fendre l’âme. Sans doute devinait-il que ce miroir-là était le plus cruel d’entre tous les miroirs. Marc l’appelait « le miroir du diable » et ce qu’il  y voyait, semaine après semaine, le remplissait d’effroi.


Un lundi, tourmenté par son reflet et fatigué des aboiements du bâtard, il décida de détacher le miroir pour le mettre à la cave. Aussitôt que le miroir fut au sol, le chien s’en approcha en remuant la queue, comme s’il avait compris que l’objet allait bientôt disparaître. Il le flaira, puis tomba raide sur le carrelage, un filet de bave à la gueule.


Marc fut incapable de faire un geste. Son regard incrédule allait du miroir aux flancs immobiles de la bête et il resta longtemps ainsi. Quand il se résolut enfin à faire un pas et qu’il s’agenouilla près du chien, il vit se dessiner, sur la surface polie du miroir, le visage de son père, déformé de vin et de colère. Comme il se saisissait d’une serviette de bain pour couvrir l’objet, deux mains puissantes aux racines veinées sortirent du reflet,  lui agrippèrent le cou et serrèrent. Marc lutta comme il put, mais les mains eurent raison de lui.

* phrase proposée par le site des “impromptus littéraires” dans le cadre de leur atelier hebdomadaire

14 janvier 2009

Être désiré ( gballand )

Mais tu t'es vu ? Regarde-toi ! J'avais envie de lui crier. Mais il ne voulait pas se voir. Quand je lui parlais de lui, il était aux abonnés absents. J'avais essayé de le faire sortir de sa torpeur, impossible. Il me regardait comme s'il ne me voyait pas, puis il finissait pas me dire.

- Oh toi, tu ne dois pas aller bien pour me harceler comme ça !

Je désespérais ;  jusqu'au jour où il s'est effondré dans mes bras sans parler. J'ai attendu, patiemment. Au bout de quelques minutes, il s'est redressé, presque vivant, et il a crié.

- Elle m'a dit... puis sa voix s'est brisée.
- Qu'est-ce qu'elle t'a dit ? Ai-je repris.
- Elle m'a dit qu'elle ne m'avait jamais désiré, a-t-il sangloté.

Je me demandais qui était cette femme ; je ne lui avais jamais connu de liaison. Je ne voulais pas m’immiscer dans sa vie, mais ma curiosité l’emporta.


- Mais de quelle femme tu me parles ?
- De ma mère ; elle ne m’a jamais désiré ! C’est ce qu’elle m’a dit hier, juste avant le dessert !


Je lui ai tendu un mouchoir et je me suis tue.

13 janvier 2009

Un chocolat chaud, un vrai ! (MBBS)

Elle s’assied à la table, contente de reposer ses pieds fatigués. Dehors il fait très froid et la sensation de froid est amplifiée par cette bise qui, vent du nord, fouette le visage et pénètre les os. La douce chaleur du salon de thé lui fait du bien après cette marche certes revigorante mais finalement pénible par ce froid de canard. Elle enlève son bonnet, son écharpe, ses gants et se débarrasse de sa veste, se laissant envahir par un début de torpeur qui s’installe en elle. Ce qu’il lui faudrait maintenant c’est un bon chocolat chaud, onctueux, sucré mais avec un brin d’amertume, juste ce qu’il faut pour que le goût soit doux au palais. Oui, c’est ce dont elle a envie et c’est aussi pour cela qu’elle a choisi cet établissement et pas un autre. La serveuse s’approche et le breuvage des dieux est commandé. Alors qu’elle attend, elle regarde autour d’elle. Le décor est charmant, les tables sont en bois, les chaises recouvertes d’une housse crème ou bordeaux et un napperon crocheté sur lequel un arrangement floral séché repose donne un petit côté vieillot à souhait. Au fond de la salle, une cheminée dispense sa chaleur éphémère.

Elle se sent bien et soupire d’aise. La serveuse dépose devant elle un petit plateau en porcelaine rectangulaire avec trois récipients. Une grosse tasse de lait chaud trône au centre, à droite du chocolat 72% fondu et onctueux dans un petit godet, à gauche de la crème fraîche battue dans un autre godet identique. Les papilles en alerte elle prend des cuillérées de chocolat fondu non sans se permettre d’en goûter un petit peu du bout de sa langue et dose son lait selon son envie, puis elle finit par le crème. Quand ses lèvres trempent dans ce nectar, elle ferme les yeux et soupire d’aise. De fines moustaches de crème se dessinent au-dessus de sa lèvre, elle les balaie d’un coup de langue et se dit qu’elle a de la chance d’avoir trouvé cet endroit. En effet, combien de chocolats chauds a-t-elle déjà commandé dans sa vie et combien de fois a-t-elle été dépitée par la tasse de lait et son paquet de poudre chocolatée qu’invariablement on lui servait…

13 janvier 2009

Ranger ( gballand )

Je lui avais demandé de ranger sa chambre, une hérésie ! Demande-t-on à un adolescent de mettre de l’ordre dans sa chambre et de changer les draps de son lit ? Le  rangement dura une semaine. Le premier jour, il mit ses cinq paires de chaussettes au sale, le deuxième jour il changea la housse de couette, le troisième jour le drap du dessous, le quatrième jour il ramassa ses livres de classe et les fourra dans son bureau, le cinquième jour il s’attaqua aux feuilles qui traînaient par terre et il les jeta en vrac dans un tiroir, le sixième jour il mit ses caleçons dans le sac de linge sale et le septième jour… il se reposa.

11 janvier 2009

Le dressage (gballand )

laisseIl y a une semaine, je suis allée faire dresser mon mari. Je sais, ça peut paraître bizarre. La propriétaire du centre m’a dit que j’étais la première femme à le faire. Je suis arrivée avec mon mari en laisse. Pour l’occasion, je lui avais acheté une jolie laisse noire, de collection haute couture, avec médaille chromée. Au départ, les propriétaires des chiens ont semblé étonné, mais ils ne m’ont posé aucune question. Mon mari, lui, n’a pas aboyé. Pourtant il aurait pu ! Pour l’occasion, je lui avais tricoté un pantalon noir, un manteau en laine bleu marine, et des chaussette noires, assorties au manteau. Je ne voulais pas qu’il attrape froid, la température atteignait – 2°, lui qui est frileux !

C’était la première fois que je le tenais en laisse et je dois dire que je n’étais guère à l’aise. Lui non plus ne semblait pas en forme, mais j’ai appris par la suite que sa tenue en laine le démangeait.

Nous avions un cours particulier avec l’éducatrice à 10 heures. La leçon a débuté par la marche en laisse sur un circuit complexe. J’étais heureuse, tout se passait à merveille ; par contre pour le “rappel au galop” et le “couché pas bougé”, là, il a fallu faire preuve d’une patience infinie. L’éducatrice m’a dit qu’au début, il y avait toujours des difficultés, quelle que race que ce soit, que je ne devais pas m’inquiéter, que tout rentrerait très vite dans l’ordre. Je lui ai fait confiance. En quittant le centre, mon mari était un peu nerveux, mais il s’est vite calmé lorsque je lui ai flatté l’encolure.

Une fois à la maison, je lui ai retiré sa laisse et, après quelques étirements douloureux, il s’est remis en position verticale. Quand je lui ai demandé ce qu’il avait pensé du stage, il a d’abord aboyé, ça m’a un peu inquiétée. Quand je lui ai reposé la question, il a commencé à grogner. J’ai bien essayé de le calmer, mais rien à faire. Et puis sans que je n’aie pu anticiper quoi que ce soit, il s’est rué sur moi et a mordue ma main droite. J’ai hurlé de douleur, il est parti en courant.

Aujourd’hui, il n’est toujours pas rentré. Je m’inquiète un peu, mais je n’ose pas aller au commissariat. Comment pourrait-on comprendre ?

PS : photo vue sur le site : www.accessoires-chiens.com

10 janvier 2009

Etrange missive (MBBS)

Monsieur,

Vous ne me connaissez moi, vous ne savez rien de moi mais par cette lettre vous allez apprendre que je vous aime.

Etrange en effet cet aveu, mais rassurez-vous, je ne suis pas folle bien que je le sois de vous ! Vous hantez mes pensées, vous m’accompagnez dans mes nuits, vous êtes présent où que j’aille et votre compagnie, même virtuelle, me suit depuis le 29 février exactement, jour magique où j’ai pris conscience de cet amour. Bien sûr, vous n’êtes pas libre, vous êtes très occupé et vous me direz que je m’illusionne à imaginer prendre une petite place dans votre vie. Balivernes que cela, c’est simple, je ne veux pas me contenter d’une petite place, je veux toute la place et je vous annonce que vous n’aurez pas le choix car j’ai l’habitude d’avoir ce que je veux !

Comme le mystère donne du piment à toute relation, je ne vais pas vous dire quand je me présenterai à vous, laissons s’écouler les minutes, les heures, les jours voire les semaines, laissez-moi venir à vous quand je le jugerai opportun, laissez-vous venir à moi, ardent, fébrile, impatient.

Bien à vous en attendant plus...

Chimère.

10 janvier 2009

L’omelette ( gballand )

A chaque fois que j’entends ma mère battre des œufs –  son coup de fourchette est redoutable -, je me demande si elle ne pense pas qu’elle bat mon père en omelette.

9 janvier 2009

Se rendre intéressante ( gballand )

Moi, je raconte souvent des cracks, juste pour me rendre intéressante ! Il faut bien que je trouve des trucs pour qu'on m'écoute, sinon je passe pour une conne. Un jour ils  regretteront de pas m'avoir écoutée.

Hier par exemple, je leur ai raconté un  truc tellement énorme que tout le monde en était sur le cul ! Je me rends compte que j'y suis allée un peu fort, mais une fois que je commence, je peux plus m'arrêter : je leur ai dit qu'on m'avait violée ! Ça m'est passé par la tête, comme ça, comme un flash. Je me suis dit « Vas-y Cindy, tu vas voir, après ils vont tous s'occuper de toi ! » Ça a pas loupé, même Mélanie, la  pute de service qui se prend pour Britney Spears, elle a pas pu s'empêcher de me regarder alors que d'habitude elle en a rien à foutre de moi.

Seulement, maintenant je suis dans le bureau de l'assistante sociale et j'ai envie de vomir. Je me demande ce que je vais lui dire quand elle reviendra ; je peux quand même pas lui raconter que mon père m'a violée alors que c'est pas vrai !

8 janvier 2009

la lettre (MBBS)

Je reçois ta lettre et je reste perplexe. Pourquoi une lettre alors que nous nous voyons tous les jours ? Un doute, une angoisse m’envahit, j’ai peur. Des images défilent devant mes yeux, toi ce matin, comme d’habitude, rien à signaler, la routine et pourtant…

Je tourne et retourne l’enveloppe, je la porte à mes narines cherchant un parfum, une odeur qui me donnera la clé du mystère que je n’ose affronter. Je décide de ne pas l’ouvrir de suite, je la pose sur mon bureau et je me remets à travailler. Le problème c’est que cette tache blanche attire mon regard comme l’aiguille de la boussole est attirée par le pôle magnétique. Je n’arrive pas à me concentrer et cela m’agace. En fait, je ne sais plus si je suis agacé par ma propre couardise ou par ma pseudo indifférence. Le téléphone sonne et c’est une délivrance qui m’est apportée par un ordre de marche. Vite je dois aller dépanner un client. J’hésite à prendre ce bout de papier, finalement, je le laisse à sa place, saisissant l’occasion de m’en détacher l’espace de quelques heures.

Alors que je conduis, j’y pense. Cela ne m’étonne guère, je le savais d’avance. Pourquoi ai-je choisi de repousser à plus tard sachant que si je l’avais ouverte, je saurais enfin de quoi il retourne et je pourrais soit en rire soit en pleurer ? Et si tu m’annonçais que tu me quittais ? Et si au contraire, tu m’envoyais un mot d’amour comme nous le faisions quand nous étions…amoureux ? Après vingt ans de vie commune, est-on toujours amoureux ? Quel est ce sentiment qui nous lie alors que la routine nous enlise ? A quand remonte la dernière fois où je t’ai offert des fleurs, où je t’ai invitée au restaurant ? Et si tu t’étais lassée de moi, de mes absences professionnelles, de mes heures supplémentaires ? Et si, et si…

J’hésite. Ces quelques secondes qui me semblent aller au même rythme que les battements de mon cœur qui cogne plus fort qu’avant décident pour moi! La sortie de l’autoroute est là qui me tend les bras, je mets mon clignotant et je repars dans l’autre sens.

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