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Presquevoix...

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3 février 2009

Tuer ou écrire (gballand)

Si je n’écrivais pas, je pourrais tuer. Oh, pas un meurtre  sanglant, dramatique, de ceux qui font la une des journaux nationaux, non ! Juste un meurtre anodin, insignifiant, passe partout. Un meurtre provincial.
Je me suis longtemps demandée qui je pourrais bien tuer, sans trouver de victime idéale ! Lassée d’attendre, je me suis décidée à tuer de ma plume. Chaque semaine, j’écris une histoire où j’assassine un homme, une femme ou un enfant. Oui, même les enfants je les assassine.  Je sais c’est inconvenant, les enfants on devrait les aimer, même en écrivant. On devrait caresser leurs cheveux d’anges et s’extasier devant la fraîcheur de leurs mots innocents, mais non, pas moi !
Je sais que les enfants seront les hommes de demain…

PS : ce texte est une fiction

2 février 2009

la femme aux cheveux blancs, suite (MBBS)

Je dois dire que j’ai hésité, cette porte ouverte, cette invitation…Lasse d’attendre elle a fini par lancer.

- Vous m’avez suivie jusqu’ici et vous vous dégonflez maintenant ?

J’ai été surpris je l’avoue mais en même temps provoqué donc je me suis avancé et j’ai passé le pas de porte. Je l’ai suivie dans les escaliers, beaux escaliers de pierre en colimaçons et je pouvais ainsi continuer à admirer ses jambes. Nous avons atteint le 2ème étage, elle s’est arrêtée devant une porte en chêne à deux pans, a sorti un trousseau de clés et à ouvert. Lorsqu’elle a passé le pas de porte, j’ai eu à nouveau un moment d’hésitation. L’a-t-elle senti ? Elle s’est retournée et m’a regardé un petit sourire moqueur au coin des lèvres, puis elle a lancé ses clés sur un guéridon, a laissé choir son manteau sur une chaise à côté et j’ai pu admirer sa tenue. Jupe droite noire à peine au-dessus des genoux, pull à col roulé bordeaux moulant, agrémenté d’un collier artisanal dans les mêmes tons, taille fine ce qui m’a fait constater qu’elle avait une silhouette parfaite. Elle s’est dirigée vers le salon à l’ameublement moderne et s’est affalée sur le canapé en cuir jaune, croisant ses jambes et appuyant son bras gauche sur l’accoudoir tout en passant la main dans ses cheveux courts. D’un geste du menton, elle m’a fait signe de m’asseoir.

- A part suivre les femmes dans la rue, vous faites quoi et vous êtes qui ? me demanda-t-elle.

Finalement, cette situation commençait à me plaire. Je pouvais lui raconter n’importe quoi, quelle importance, mais je n’en avais pas envie, non au contraire. Cette femme me plaisait et je la trouvais terriblement sexy, je décidais de jouer le jeu.

- Je m’appelle Paul Randin et je n’ai pas pour habitude d’annuler un rendez-vous et de suivre des femmes dans la rue. Vous m’avez attirée, j’ai réagi à une impulsion, voilà tout. Je suis maintenant chez vous, je ne sais rien de vous et vous ne savez rien de moi si ce n’est mon nom, mais puisque nous sommes dans cette situation incongrue et que vous avez accepté d’introduire un inconnu chez vous, cela me donne un message.

- Lequel ?

- Que vous êtes tentée par l’aventure…

Elle reposa sa tête sur le dossier, regardant le plafond avant de me répondre.

- Se faire suivre par un bel homme, à mon âge n’est pas anodin et quelle femme ne serait pas sensible à un tel hommage ?

- Je veux bien l’admettre mais de là à m’introduire chez vous…je pourrais vous violer, vous tuer même, vous avez pris un risque…

- C’est vrai mais vous n’allez pas le faire ?

- Non, évidemment.

Un moment de silence s’installa. Je me demandais comment poursuivre.

- Vous désirez boire quelque chose, un whisky, un soda, du vin ?

J’optais pour un cognac. Nous avons trinqué et nous nous sommes observés un moment. Elle a demandé.

- Quel âge avez-vous ?

- Quelle importance ?

- Aucune. Je n’ai jamais fait l’amour avec un homme plus jeune que moi et…

- Et ?

- Et je me dis que j’aimerais essayer…

 

2 février 2009

oublier (gballand)

m_oComment  oublier,

si tu ne te souviens pas ?

* photo de R. B.

1 février 2009

S’effacer (texte de gballand)

Lorsque j'étais enfant, je rêvais que je m'effaçais*. Je me souviens du jour où  je m’étais installée dans la niche du chien. Je dois dire que j’enviais mon chien ; lui au moins, on lui fichait la paix. J’étais recroquevillée à l’intérieur depuis au moins un quart d’heure quand j’ai entendu ma mère qui m’appelait de sa voix de stentor. J’ai aboyé furieusement, juste pour le plaisir, j’étais contente de jouer au chien. Une fois devant la niche, ma mère a hésité, puis elle s’est accroupie pour regarder à l’intérieur. Quand elle m’a vue, son visage est devenu cramoisi. J’ai juste eu le temps de m’effacer avant qu’elle ne me donne deux gifles sonores.


Pendant toute mon enfance, je me suis effacée, et même à l’âge adulte, sauf hier. On m’a convoquée dans le bureau du patron pour une faute professionnelle que je n’avais pas commise.

- Ce n’est pas moi, ai-je dit d’une voix ferme.

Mais rien n’y a fait, le patron n’écoutait aucun de mes arguments, il s’est même approché de moi, l’index menaçant. Alors, en désespoir de cause, j’ai aboyé et j’ai montré des dents. Le patron s’est retranché derrière son bureau, ça l’a calmé. J'ai pu sortir la tête haute.

* phrase gentiment prêtée par Charivari

31 janvier 2009

Critique imaginaire du roman que je n’écrirai pas (gballand)

Ce livre fait partie de ces romans qu’on feuillette aux hasards des rayons d’une librairie - son titre y est pour beaucoup - et qu’on achète faute de mieux. Un de ces romans qu’on ne peut lire  jusqu’au bout, à moins d’un séjour prolongé dans une  station balnéaire de la côte Normande, quand la pluie et le vent vous condamnent aux quatre murs de votre chambre d’hôtel.

L’auteur se croit drôle sans l’être vraiment, tant son humour s’essouffle.  Elle semble se complaire à déstructurer son récit mais ce qu’elle nous montre finalement, ce n’est que son inexpérience à maîtriser l’art du roman. L’auteur, et elle me le pardonnera certainement, aurait pu tout aussi bien faire une nouvelle de ce roman et, la concision aidant, sans doute aurait-elle  donné à son récit un souffle que le roman ne trouve à aucun moment.

30 janvier 2009

La femme aux cheveux blancs (MBBS)

Alors que je suis à la recherche d’une place de parc, mon regard est attiré par une femme qui traverse la route. Cheveux blancs très courts, manteau noir, bas fins noirs et escarpins assortis, sa démarche est souple, son pas rapide et je ne sais pourquoi, je la trouve terriblement sexy et attirante. La chance me sourit, une place se libère. Rapidement j’y glisse ma voiture et sans vraiment réfléchir, je bondis hors du véhicule et me mets à suivre l’inconnue.

Elle semble avoir un but, marchant droit devant elle sans chercher à capter son reflet dans les vitrines comme le font souvent les femmes je ne sais pourquoi. Je note la parfaite courbe de ses mollets, galbés par le port de talons hauts et j’admire la finesse de ses chevilles. J’ai toujours été sensible aux jambes des femmes et ces jambes là me font terriblement envie. Nous marchons ainsi un bon quart d’heure, je garde une certaine distance mais je ne cherche pas à me cacher. Je ne vois toujours pas son visage mais cela m’importe peu. Elle ralentit, fouille dans son sac et en sort un téléphone portable auquel elle répond. Après quelques pas, tout à sa conversation, elle vise un banc et s’y assied, je peux ainsi la voir de face. Ses traits sont marqués par les fines rides de la maturité, elle a des lèvres bien dessinées, des yeux à peine maquillés et son sourire, son rire alors qu’elle parle avec son interlocuteur me fascinent. Je passe au ralenti devant elle, la fixant ostensiblement. Elle me suit du regard et je vais m’asseoir sur le banc voisin, bien décidé à l’attendre voire à l’aborder. Il fait gris et froid et le soleil n’arrive pas à percer ce stratus qui recouvre la ville entière. Je réalise soudain que j’étais en route pour un rendez-vous et décide de l’annuler. Alors que je téléphone à mon tour, je la vois passer devant moi. Je lui emboîte le pas avec le sentiment qu’elle avait ralenti pour me laisser le temps de la suivre…Finalement, nous arrivons devant un bel immeuble du début du 19ème siècle, elle pianote le code d’accès de la porte cochère et alors qu’elle s’engouffre dans l’entrée, je réalise soudain la bêtise de cette filature spontanée. Qu’est-ce que je veux au juste, quelles sont mes motivations, je me sens soudain stupide pour ne pas dire autre chose jusqu’à ce que je réalise que la porte reste ouverte. Je m’avance et je la vois qui…m’attend dans l’entrée…

30 janvier 2009

La liste de mes ennemis (gballand)

Il est plus facile de se choisir des ennemis que des amis, c’est la conclusion à laquelle il était arrivé en attendant son tour, dans cette salle d’attente à la lumière blafarde, où le médecin avait jugé bon de passer une musique d’ambiance qui l’angoissait plus qu’elle ne le calmait. Sa liste d’ennemis était impressionnante, mais il avait décidé qu’il ne parlerait au médecin que de ses trois principaux ennemis. En troisième position, il y avait son fils, un mou dont la longueur des cheveux n’avait d’égal que la longueur du poil qu’il avait dans la main ; il soutenait sa mère de façon éhontée et n’adressait la parole à son père que sous la contrainte. En deuxième position, sa mère - 80 ans au compteur - qui croyait tout savoir sur tout mais qui ne savait rien sur rien ; chez elle tout sonnait creux ! Et pour finir, en tête de liste, il y avait son ex-femme. Quand il lui avait fait part de sa décision de la quitter, un an plus tôt, elle  avait pleuré, supplié, mais une semaine plus tard, changement de registre ! Elle lui avait transmis par écrit tout ce qu’elle lui reprochait et avait fait un large sourire en lui tendant la liste : «  La salope ! » Il avait compté 20 reproches, tous plus injustes les uns que les autres, le troisième reproche lui restait encore en travers de la gorge : « Tu ne fais pas de différence entre te masturber et avoir une relation sexuelle  ! »

C’est à cause d’elle qu’il était assis là, dans la salle d’attente de ce psychiatre, obligé de supporter cette musique infâme dans les oreilles, alors qu’auparavant tout allait si bien…

29 janvier 2009

Double vie (gballand)

J’ai deux vies. Tout allait bien jusqu’à ce que  mon mari  téléphone à mon amant pour lui mettre cet étrange marché en main : “ Soit vous  habitez chez nous, soit je vous tue.”  Mon amant a eu l’air effrayé. Vous me direz, il y a de quoi ! Moi, j’étais sidérée : comment mon mari, d’habitude si résigné, avait-il pu lui téléphoner pour lui imposer cette alternative ? On ne connaît jamais les gens avec qui l’on vit.

- Institutionnaliser mon amant, ça jamais ! Me suis-je emportée.

Alors, je lui ai mis ce marché en main.

- Si mon amant habite chez nous, j’en prends un autre !

Maintenant, mon mari hésite. Il faut dire que nous ne sommes pas grandement logés…

28 janvier 2009

De drôles de vœux ! (gballand)

Hier, mon mari a reçu une carte de vœux, involontairement drôle, qui disait la chose suivante :

           « Merci de tes veaux, reçois les nôtres par retour (...) »

Et les « veaux » sont arrivés sans problème par  voie postale. On ne vantera jamais assez les mérites de la Poste ! Quand je pense que ces incapables du gouvernement veulent privatiser…

27 janvier 2009

S’écrire ( gballand )

Avant hier je me suis envoyée une lettre. Je l’ai reçue ce matin. J’ai presque été surprise en la lisant, je ne reconnaissais pas mon écriture. Voici ce que je me suis écrit :

Chère Christine,

J’ai attendu longtemps avant de me décider à t’écrire, mais je crois que le moment est venu. J’ai peur pour toi.
Tu sais que je t’ai toujours trouvée très sévère avec toi-même. Que s’est-il passé de si grave qui ne puisse être réparé ? Pourquoi cette constance dans l’échec ? Pourquoi t’acharner à détruire tout ce que tu as patiemment édifié ?
Tu ne réponds plus quand je t’appelle ! Je sais que tu veux perdre la mémoire du bonheur, mais le bonheur est patient, Christine ; il a  semé ses cailloux pour que tu retrouves son chemin. Je suis ce premier caillou, Christine. Je t’écris pour que tu reviennes vers le rivage et que tu y jettes à nouveau ton ancre.

Ton amie qui t’aime.
Christine

C’est étrange, mais depuis que j’ai lu la lettre que je me suis envoyée, je vais mieux. J’ai même jeté les deux boîtes de médicaments  que je voulais avaler jeudi ; et puis j’ai tiré la chasse d’eau sans regret. D’ailleurs, mon mari m’a dit en rentrant : « On dirait que tu as meilleure mine. »
Oui, quelque chose a changé. Je crois que je ne veux plus mourir demain.

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