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Presquevoix...

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9 mars 2009

Une amie (MBBS)

- Quel cœur d’artichaut tu fais !

Les deux amies sont assises à la table d’un restaurant huppé de

la Riviera Vaudoise

, face à la baie vitrée qui surplombe le lac.

- Oui, je sais, mais cette fois c’est le bon, je t’assure. J’en suis follement amoureuse.

Lisa émiette un bout de pain avant de répondre.

- Tu m’avais dit la même chose avec Jean…

Un peu surprise par ce retour à cet amour difficile, Carole hésite une fraction de seconde avant d’éclater de rire.

- Tu as raison, mais je crois toujours que c’est le bon et je suis toujours sincèrement amoureuse. Ce n’est pas de ma faute si ça ne marche pas…mais peut-être as-tu raison, j’ai un cœur d’artichaut.

Le maître d’hôtel se présente à leur table avec la carte des vins. Elles demandent conseils et veulent des produits locaux. Il suggère alors un vin rouge valaisan au nom évocateur : Romance.

Alors que le nectar commandé est versé, elles lèvent leur verre à la nouvelle histoire d’amour de Carole. Des parfums de fruits rouges chatouillent leur odorat et elles dégustent par petites gorgées ce cru authentique en savourant l’instant présent. Lisa est songeuse, Carole s’en aperçoit et lui en demande la raison.

- Je pense à une phrase que j’ai lue quelque part, dont je ne connais pas l’auteur mais qui prend une signification particulière quand je pense à nous deux, à notre amitié. Une phrase qui dit l'essentiel et qui résume tout.

- Et qui est ?

- « Une amie, c’est quelqu’un qui sait tout de toi et continue à t’aimer quand même ! ».

8 mars 2009

Quand « l’amour » tue (gballand)

violence

Valparaiso (Chili) : en janvier dernier, Priscilla Solari et Cristian Rojas ont mis en place un projet artistique permettant de rendre visible, dans l’espace urbain, la violence qui s’exerce quotidiennement contre les femmes. A ces robes de mariées, sans visages, sont associées les armes avec lesquelles ces femmes ont été assassinées.
L’exposition montre 62 robes : 62, le nombre de femmes qui ont été tuées au Chili en 2007. 62 « anges » décapités par la violence masculine, 62 robes qui, de leurs yeux absents, attendent les bourreaux à venir pour leur chuchoter, de leur voix étranglée, qu’il faut en finir avec cet « amour » mortuaire.

* Ces informations  ont été lues, en partie, sur le site de « radioplaceres » une radio alternative de Valaparaiso.

PS : Je vous conseille de voir le film de Iciar Bollain « Te doy mis ojos » - sorti en France sous le nom de « Ne dis rien » - qui analyse parfaitement le mécanisme inexorable de la violence - ici masculine - dans un couple ; une violence qui tue tout, même ce qu’il y a de profondément humain chez un homme : le besoin d’aimer et d’être aimé.

7 mars 2009

Le masque (gballand)

bananasplitIls étaient installés à la terrasse du café de la Coupole et parlaient de tout et de rien. Lui, les tempes  grisonnantes, le complet impeccable ; elle, aurait pu être sa fille. Elle ne souvenait plus de ce que l’homme lui avait dit, mais elle avait répondu amusée.

- Vous pensiez avoir un masque ? Mais tout le monde vous a démasqué !

Quand elle vit son visage s’assombrir, elle continua.

- Vous êtes déçu ? Mais pourquoi être déçu quand la vérité de l'homme entre en scène.
Il lui répondit calmement.

- Vous me semblez bien jeune pour parler de la Vérité des hommes.

Elle ne se démonta pas et ajouta.

- Alors, ce n’est pas pour me  sauter  que vous êtes là, à discuter  et à faire semblant que vous vous intéressez à ma conversation ?

Il sourit vaguement,  s’arrêta sur son visage où il avait aimé ce reste d’enfance accroché au regard, puis conclut durement.


- Là, vous me bluffez, vous êtes plus intelligente que je ne l’aurais pensé. Eh bien, puisque vous êtes une fille avisée, passons aux choses sérieuses : quand m’accorderez-vous votre corps ? Je suis prêt à payer, très cher même.
- Eh bien jamais, monsieur le baiseur, lui dit-elle en affichant son plus beau sourire.


Et elle partit, sans payer l’énorme banana split dont elle s’était goinfrée.

PS : photo vue sur ce site 

6 mars 2009

Reconstruire ? (MBBS)

Son regard s’est fait suppliant.

- Dis, si d’un seul coup on pouvait reconstruire notre histoire, tu la verrais comment ?

Elle hausse les épaules et ne peut pas répondre, elle n’en a d’ailleurs pas envie. Pourquoi le mot « fin » est-il incapable de s’écrire sans pleurs, sans heurts et sans drames ? Pourquoi deux êtres qui se sont aimés, qui ont partagés leur vie ne peuvent pas se séparer comme ils se sont connus, simplement, avec tact et sensibilité ? Elle aimerait être ailleurs, ne plus voir ses yeux tristes, sa moue chagrine et ses mains qui se crispent sur la table. Elle le sent en deux phases et c’est la tristesse qui domine pour l’instant mais elle sait que la colère va prendre le dessus quand il réalisera que la rupture est inéluctable.

Cet homme elle l’aime mais leurs caractères sont si incompatibles que la vie est devenue un enfer. Elle aime ce qu’il n’aime pas, il préfère ce qu’elle déteste et ils peinent à partager ces petits détails qui font que la vie à deux est belle et intense.

Elle regarde au dehors. Le café est bondé, l’air est saturé d’humidité par les flocons que les clients déposent à terre en s’ébrouant comme des chiens. La neige tombe depuis le matin et le calme feutré qu’elle crée lui donne une envie folle de rentrer chez elle, de se glisser sous la couette, un livre à la main, de se plonger dans l’histoire et de ne plus penser à rien…

Elle revient à la réalité alors qu’il lui prend la main. Elle le regarde et se demande comment leur relation a commencé. Peut-être qu’il a raison, si ils pouvaient repasser le film de leur histoire, ils pourraient peut-être corriger les faux pas, les incompréhensions, les non-dits qui ont éparpillé les cailloux qui les ont fait trébucher…mais peut-on reconstruire ce qui est détruit ?

6 mars 2009

Ecrire (gballand)

Il avait un peu la manie d’écrire* des choses éparses qui s'accumulaient sur des carnets, c’est tout au moins ce qu’il faisait croire, le stylo à la main. De la matière brute, disait-il, content de lui.  Un jour vous verrez, avait-il coutume d’affirmer. Ses amis se moquaient gentiment de la fébrilité de sa prise de notes. Quelle œuvre construisait-il donc dans l’ombre ?


- Alors, ce roman que tu nous caches, c’est pour quand ? Etait la question la plus fréquente qui lui était posée.

Il laissait dire et souriait de façon énigmatique.Quand il mourut, on s’aperçut que ses notes n’étaient que du vent posé sur des pages blanches.

* phrase extraite du livre d’ Emmanuel Bove, le pressentiment.

5 mars 2009

Juste rêveuse (MBBS)

- Ah ! Te voilà, ce n’est pas trop tôt.

- Je n’ai pas droit à des vacances ?

- Des vacances, oui, mais ce n’est pas une raison pour me laisser tomber.

- Que vas-tu imaginer, jamais je ne te laisserais tomber…mais tu as raison, j’ai eu comme une sorte de flemme, doublée d’un vide total d’imagination. C’était le néant, peut-être par le fait que ma tête était pleine et que mon corps, vidé de son énergie par tous mes problèmes, refusait de fonctionner au niveau des idées.

- Et maintenant, que comptes-tu faire ?

- Et maintenant, que vais-je faire…comme le chantait si bien Gilbert Bécaud. Sais-tu qu’il neige à Lausanne ? Il faut que je retourne mettre des boules pour les oiseaux, j’aime les observer venir picorer, je cherche de quels oiseaux il s’agit dans mon grand livre et je découvre, à travers mes jumelles, des caractéristiques que je ne connaissais pas.

- C’est vrai que tu es une fan de la nature.

- Si peu, mais je me ressource à travers elle. J’aime la neige, je suis heureuse même si autour de moi, je n’entends que des gens râler. Nous sommes en hiver que diable, pour une fois que nous en avons un, blanc à souhait, comme dans les livres que j’ai lu tout au long de ma jeunesse. La seule chose qui me chagrine, c’est qu’en ville, d’immaculée, elle devient vite noire, balayant par sa laideur son effet apaisant. J’adore me lever alors qu’il a neigé toute la nuit. Il y a comme un silence feutré apaisant, un message qui nous dirait : levez le pied, prenez le temps de vivre, écoutez la nature, profitez du moment présent…

- Philosophe maintenant ?

- Tu te moques et tu as raison. Non, je ne prétends pas être philosophe, juste rêveuse…

5 mars 2009

Ni fleurs, ni couronnes (gballand)

croixIl ne revenait dans sa ville natale que pour les enterrements. Vu son âge, ses déplacements étaient de plus en plus fréquents, un par an, parfois deux. Un nouvel enterrement était prévu le 21 mars. Sur le faire-part, la famille avait  précisé « ni fleurs, ni couronnes ».
Il avait applaudi des deux mains à cette décision et avait précisé à sa femme.
- Pour moi, ce sera pareil, n’oublie pas ! Ni fleurs, ni couronnes ! J’y tiens !
Sa femme l’avait assuré qu’elle n’oublierait pas, puis il avait pris le train, comme d’habitude.
Cet enterrement avait été plus gai que les précédents, le restaurant où ils avaient déjeuné était renommé pour ses viandes, le vin avait coulé à flot, et les larmes s’étaient rapidement muées en rires. Au moment de se lever de sa chaise, il fit un malaise. Le soir même il mourait à l’hôpital.
Une semaine plus tard, c’était lui qui était enterré dans sa petite ville natale. Il n’en fut pas fâché, la vie commençait à lui peser. Une seule chose l’attrista, sa tombe fut couverte d’une profusion de fleurs et de couronnes.

* photo vue sur le site : http://www.rebillon.fr/r2_public/fr/

4 mars 2009

Le tour de France (gballand)

Face au lavabo, le  torse laiteux parsemé  de  touffes de poils sombres, le ventre bedonnant, son mari effectuait ses ablutions matinales ; quinze minutes, jamais plus. Au bout de dix minutes, il fit une pause pour  lui dire le plus sérieusement du monde.
- J’arrête les corticoïdes, je vais pouvoir m’inscrire au tour de France.
Elle l’imagina penché sur le guidon d’un vélo rutilant, revêtu d’un  maillot rouge et blanc où la marque Lesieur s’afficherait en toutes lettres, moulé dans un bermuda en lycra bleu pétrole, et elle fut prise d’une irrépressible envie de rire.
Il ne lui pardonna jamais.

3 mars 2009

La rumeur (gballand)

Son chef de service l’arrêta dans le couloir alors qu'elle cherchait à l’éviter, comme d’habitude ; elle n’avait jamais aimé les chefs.
- Madame Duval, j’aurais quelque chose à vous dire.
-   Oui, répondit-elle, étonnée qu'il lui adresse la parole.
-  Monsieur Marchal m’a dit que vous aviez dit que j'étais un con !
Elle le  regarda médusée. Que pouvait-elle lui répondre ? Elle choisit le profil bas.
- Je vous assure que je n'ai jamais dit ça M. Dumontier, vous pouvez me croire !
Elle avait jugé que le "vous pouvez me croire" serait du meilleur effet.
- Si vous ne l'avez pas dit, vous l'avez pensé, je l’ai toujours lu dans vos yeux.
- Vous interprétez M. Dumontier, vous croyez lire dans mes yeux que je pense que vous êtes un con, alors que je n’ai jamais dit que vous étiez un con !
- Vous venez quand même de le dire deux fois !
- Pour clarifier les choses, répondit-elle agacée.
Il tourna les talons et s'engouffra dans son bureau en claquant la porte derrière lui. Cette porte, il la claquait au nez de son avancement, elle le savait Et à moins d'un recours auprès du  chef en chef, elle était cuite. Il fallait qu’elle parle à cet abruti de Marchal. Depuis qu’elle lui avait retourné une gifle après une réflexion sexiste à son égard – « Voilà un petit cul à qui je ne dirais pas non » -  il lui menait une vie noire.

2 mars 2009

La voix (gballand)

Voilà deux mois qu’ils se croisaient. Ils ne s’étaient encore jamais parlés. Juste des regards, des sourires, et cela suffisait à leur bonheur. La première fois qu’elle entendit sa voix, elle fut atterrée. Instinctivement, elle se boucha  les oreilles.
Depuis ce jour là, elle le fuyait…

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