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Presquevoix...

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4 avril 2009

Comment disparaître ? (gballand)

Vous en avez assez de votre vie qui dévide inexorablement son écheveau de chagrins et d’amertumes ? Vous voulez fuir votre mari –  votre femme ? -  et vos enfants qui, jour après jour, vous tendent le miroir d’une vie insipide ? Vous voulez en finir avec vous mais vous ne voulez pas vous suicider ?
Ne désespérez pas. Une solution existe : disparaître  !
Consultez Frank Ahearn
, qui fera l’impossible pour que vous disparaissiez proprement, sans laisser de traces…
Mais au fait… suffit-il de disparaître pour être un(e) autre ?

3 avril 2009

J'ai honte et je suis triste (MBBS)

Fahad Khammas est irakien, demandeur d’asile politique en Suisse et acteur d’un film « la forteresse » * illustrant le séjour et les conditions de vie des requérants d’asile en attente du jugement de leur demande.

Cet homme vient d’être expulsé de Suisse après avoir été traité comme un criminel de la pire espèce : isolement complet dans une cellule avec privation de visites, de douche, de téléphone, de sorties en plein air, limitation du droit de visite de sa mandataire juridique et vitre séparant tout contact physique avec ses visiteurs. Lors de son expulsion, menottes aux pieds, aux mains, sanglé aux cuisses et au bras, escorté par des policiers il a été mis dans un avion spécialement affrété.

Son crime ?  Une demande d’asile et son refus véhément de partir  ?

Ses torts ? Avoir été soutenu par ses amis, par 6000 courriels envoyés à la ministre de la justice Mme Widmer-Schlumpf, par Amnesty International et l’organisation mondiale contre la torture ?

Mon sentiment. Un profond malaise choquée que je suis par des méthodes dignes de régimes totalitaires et extrémistes. Je me pose la question de savoir si je vis vraiment dans un pays démocratique accueillant (sic) en son territoire des organismes et ONG humanitaires.

 

Aujourd’hui, j’ai honte et je suis triste.

 

* réalisé par Fernand Melgar

3 avril 2009

Malentendu (gballand)

A la fin – conclut-elle énervée -  j’en ai eu marre et j’ai mis un terme à notre conversation ;  parce que je ne lui avais parlé pour qu’elle me parle d’elle, mais pour parler de moi !

2 avril 2009

Je n'ai rien vu… (gballand)

Installé sur le fauteuil du salon, il avait l’air pensif. Son journal était posé sur ses genoux mais  il ne le lisait pas. Elle, comme tous les soirs,  rangeait une ou deux choses dans la salle avant d’aller se coucher.
- Tu connais cette citation d’Erik Satie, lui dit-il soudain :
« Toute ma jeunesse on me disait : vous verrez quand vous aurez cinquante ans. J’ai 50 ans, je n’ai rien vu. »
- Non, je ne la connais pas ; pourquoi ?  Je devrais ?
- Non, je disais juste ça parce que moi aussi j’ai cinquante ans.
- Oui je sais et alors ?
- Et alors ?  Eh bien moi non plus je n’ai rien vu !
- Tu n’as qu’à ouvrir les yeux, lui répondit-elle énervée. Quand je pense que  tu n’arrives même pas à voir le fromage dans le frigo alors qu’il est devant ton nez ! A ce stade, c’est grave. C’est trop facile de toujours se plaindre !
Il préféra ne rien répliquer et reprit son journal. Parler avec elle n’avait jamais mené nulle part. Il le savait  pourtant, mais il s’obstinait depuis 20 ans. Quel imbécile il faisait !

1 avril 2009

La rédaction (gballand)

A L’école, la maîtresse avait demandé de faire une rédaction sur la personne qu’elle aimait le plus. Elle avait longuement réfléchi en mastiquant son crayon et elle avait procédé par élimination. Ça ne pouvait pas être son père - elle ne le connaissait pas - ni sa mère - elle criait trop - ni sa demi-sœur - elle voulait toujours la commander - alors ça serait Papou ! Il serait content Papou quand elle lui lirait la jolie rédaction qu’elle avait faite sur lui. Elle commencerait comme ça : « Papou a la peau douce et quand je suis triste, c’est à lui que je raconte mes chagrins…. »
Une semaine plus tard, la maîtresse rendit les rédactions, elle avait eu un « Très bien ». La maîtresse avait même lu sa rédaction devant toute la classe. Elle en était tellement fière qu’elle en parla à sa mère dès que celle-ci rentra du travail.
- Alors, tu me la lis  ta rédaction ? Avait demandé sa mère.
L’enfant hésita un instant, mais l’orgueil l’emporta sur l’appréhension. Elle la lut avec application, s’attachant à articuler chaque mot  et à  mettre le ton, comme la maîtresse le lui avait appris.
Elle était tellement contente de sa lecture qu’elle entendit à peine sa mère qui  disait.
- Un hamster !  Non mais vraiment ! On te demande qui est la personne que tu aimes le plus et tu parles de ton hamster ! Mais tu te fiches du monde ! Qu’est-ce qu’elle va croire ta maîtresse ? Que tu n'aimes pas ta mère ?

31 mars 2009

Un garçon parfait (MBBS)

Il était un garçon parfait, le gendre idéal, le fils dont toute mère rêvait, le mari que chaque femme aurait voulu avoir, le père que tout enfant pouvait imaginer.

Il était grand, beau, mince, il pratiquait la course à pieds, maintenant ainsi bon souffle et bon poids, il était poli, convivial, toujours le mot gentil et encourageant, n’oubliant jamais les dates clés d’anniversaire ou de réussite. Son métier lui assurait un bon salaire, des horaires agréables, des mains propres aux ongles soignés, des tenues qui mettaient en valeur sa silhouette de jeune premier. Il habitait un appartement situé dans un bon quartier, au dernier étage d’un immeuble moderne de bon standing, l’avait meublé avec goût tout en assurant un cadre douillet et agréable. Fin cuisiner, il adorait surprendre ses amis par des saveurs inédites et des recettes originales. Ses lectures et ses goûts musicaux étaient étendus et éclectiques prouvant ainsi sa vaste culture qu’il complétait en allant régulièrement au théâtre, à l’opéra et au cinéma. Doté d’humour, il divertissait son monde sans jamais tomber dans le vulgaire comme le font hélas, beaucoup d’humoristes se jugeant très drôles. Que dire de plus de cet homme parfait si ce n’est que son sourire étant si irrésistible, toutes les femmes, jeunes et moins jeunes, y succombaient avec délice.

Il y avait bien un hic mais personne ne le connaissait car bien qu’il soit un être très sociable, peu de monde avaient accès à son intimité. En fait, certains week-end, il disparaissait et n’était atteignable pour quiconque, même pas sa famille. Des rumeurs de maladie incurable, de liaison cachée ou de passion adultère, de secret de famille circulaient, toutefois, sans terreau, il était impossible de faire pousser et prospérer de tels bruits. Les gens restaient sur leur faim mais comme le personnage était attachant et sensible, les commérages s’éteignaient comme la flamme d’une bougie dans un courant d’air.

Années après années, tempes grisonnantes à l’appui, son charme, au lieu de s’étioler s’était amplifié. Trop beau, trop gentil, trop sensible, trop parfait étaient les mots qui passaient d’une bouche à l’autre pour expliquer son statut d’éternel célibataire. Personne n’eut vent de son secret et quand il mourut, son mystère mourut avec lui, c’est aussi simple que ça et clôt cette histoire qui n’en est pas une !

31 mars 2009

Une histoire d'ange...(gballand)

Excellent, ce sketch où Dupontel arrive sur scène en ange cabossé. Pourquoi sommes-nous toujours les derniers  à être avertis de notre mort ? Soyez vigilants…
Après avoir vu ce sketch,  j’ai moi aussi fait l’expérience de la mort, en rêve. Je suis heureuse d’en être ressortie vivante.

« La mort est douce : elle nous délivre de la pensée de la mort » disait Jules Renard. Nous ne pouvons hélas pas consulter Jules Renard* pour savoir si son opinion est toujours la même post-mortem.

* Jules Renard est mort en 1910

30 mars 2009

Non ! (gballand)

Renoir- Non !
A chaque fois il lui opposait un non, pas avec elle, jamais avec elle ! Pourtant, avec les autres il ne se gênait pas. Il fallait voir comme il les entreprenait,  les serrait,  les pressait même. Il leur parlait souvent au creux de l’oreille,  à croire qu’il aurait voulu… Mais avec elle, non, jamais ; avec toutes, sauf elle.
Quand elle le lui reprochait, il lui disait juste qu’il ne l’avait pas épousée pour aller au bal ; et aussitôt, il en invitait une autre et leurs corps s’éloignaient dans une valse folle…

PS : peinture de Renoir, vue sur ce site.

29 mars 2009

Mes lunettes et Georges (gballand)

Je m’étais achetée une nouvelle paire de lunettes, j’en avais bien besoin, je n’y voyais plus. La rue, les êtres, la vie m’apparaissaient flous : je perdais pieds. Quand l’opticien a pris ma vieille paire, il m’a dit : «  Il était temps ! ». C’est vrai qu’il était temps ! J’ai eu du mal à choisir. J’en ai chaussé 10, 15, 20 avant d’élire la paire rare, celle qui me chausserait comme un gant. Le lendemain, je suis allée la chercher. J’ai déambulé chaussée de ma nouvelle paire ; tout le monde l’a remarqué. Même la concierge, elle m’a dit : « Vous avez l’air vraiment plus jeune ! ». J’ai pris une grande résolution pour mes lunettes : je les bichonnerai, chouchouterai, nettoierai, je les rangerai dans leur étui après usage et je ne les laisserai plus traîner n’importe où. Il faut dire que je les ai payées très cher. Georges m’a même fait une remarque sur leur prix – « Des lunettes de ce prix, tu es folle ma chérie, complètement folle ! » - De quoi se mêle t-il Georges ? Qu’est-ce qu’il connaît aux lunettes, il n’en a jamais portées !

En rentrant chez moi, j’ai buté dans l’escalier, mes lunettes sont tombées, mon cœur a chaviré. Je me suis précipitée pour les ramasser. Je les ai cueillies en équilibre sur le bord de la dernière marche. Je les ai observées à la lumière, elles n’avaient rien de cassé ! J’ai alors décidé d’exercer une surveillance rapprochée de mes lunettes, je ne les quitterai plus de l’œil.

Quand je me suis mise au lit, Georges m’a dit :

- Tu gardes tes lunettes ?

- Je lui ai répondu un peu énervée.

- Oui, pourquoi ?

- Parce que d’habitude tu ne les gardes pas.

Je l’ai regardé par-dessus mes lunettes sans lui répondre puis j’ai éteint la lumière de ma lampe de chevet. Georges a paru interloqué.

- Tu gardes tes lunettes pour dormir ?

J’ai rétorqué.

- Oui, je ne veux plus faire de rêves flous !

Georges ne m’a rien dit mais j’ai bien vu à son visage qu’il ne m’approuvait pas.

Le matin, je me suis réveillée fatiguée, j’avais mal dormi : forcément toute une nuit à surveiller ses lunettes ! Georges a dû me secouer deux fois pour que je me lève. Dans la salle de bain, j’ai regardé mes lunettes dans la glace : elles n’avaient pas bougé. Pour me laver, je n’ai pas enlevé mes lunettes. Georges m’en a fait la réflexion. Je n’ai pas cru bon devoir lui répondre : il n’a jamais porté de lunettes, il ne sait pas ce que c’est. Au bureau, j’ai peiné sur les comptabilités en cours. Ils n’ont rien dit de mes lunettes : seuls les chiffres comptent !

Quand je suis rentrée, Georges s’activait dans la cuisine. On a mangé « à la Georges » puis on a regardé la télé. Georges m’a fait remarquer que je touchais toujours mes lunettes. Je lui ai répondu que ça devait être une manie. Georges m’a signalé que ça devait être une manie récente. De quoi s’occupe t-il Georges ?

D’habitude j’ai du mal à accepter ce qui est nouveau mais avec ces lunettes, tout s’est passé harmonieusement : elles sont légères, elles s’adaptent, elles comprennent ce que mon regard veut ou ne veut pas voir. Oserais-je dire que ce sont des lunettes parfaites, des compagnes idéales ! Par contre, Georges ne me comprend plus ! Mes nouvelles lunettes le déstabilisent au point qu’il ne veut plus les accepter au lit. Je ne céderai pas. Je lui ai dit clairement :

- Georges, mes lunettes et moi sommes solidaires, c’est elles et moi ou personne !

Georges s’est tu mais la façon dont il m’a regardée m’a bouleversée ; c’était un regard perdu... Georges n’y voit  plus clair, il ne sait plus où il en est, son travail le fatigue, il doit faire du surmenage. Je lui ai conseillé de prendre un rendez-vous chez le médecin.

Le lendemain, quand je suis rentrée du travail, notre médecin de famille m’attendait. Je lui ai demandé s’il venait pour Georges. Il m’a dit que non, qu’il venait pour moi, que mon mari lui avait demandé de venir. J’ai été un peu étonnée. Je lui ai dit que je ne souffrais pas mais que Georges par contre... Il ne m’a pas écoutée et m’a parlé de mes lunettes. Je l’ai mis à la porte, de quoi se mêle-t-il ? Il y a bien assez de Georges et de ses obsessions. Quand je me suis couchée, j’ai entendu Georges rentrer. Il s’est précipité dans la chambre, l’œil inquiet.

- Alors, tu as vu le médecin ?

Je l’ai rassuré en lui disant que j’avais mis le médecin à la porte. Georges l’a très mal pris.

- Tu es folle, complètement folle ! M’a t’il asséné.

De quelle folie parle t-il ? Il n’a pas voulu se coucher à côté de moi.

- Tant que tu n’enlèveras pas tes lunettes, nous ne coucherons plus ensemble !

Nous ne nous comprenons plus. Mes lunettes sont entre moi et Georges. Je me demande pourquoi il ne les accepte pas. Il doit bien y avoir une raison mais laquelle ?

La dernière fois que Georges est entré dans la chambre, je leur parlais, je leur disais que j’étais peinée de son attitude à leur égard, qu’il devrait leur manifester plus d’humanité. Georges m’a demandé à qui je parlais. Je lui ai répondu que je parlais à mes lunettes. Il a claqué la porte de la maison en hurlant que j’étais folle à lier et que si je ne consultais pas rapidement un psychiatre, il partirait ! Un psychiatre ? Moi ? Georges est devenu fou ! La jalousie l’aveugle ! Pourtant dans un couple, surtout un couple marié depuis 25 ans, sans enfants, il doit bien y avoir de la place pour une nouvelle relation ! Vous ne trouvez pas ? Je savais que vous alliez être d’accord avec moi docteur. D’ailleurs c’est vrai, depuis que je suis ici, dans cette nouvelle maison où tout est blanc, reposant, avec des petites pilules de couleur différente le matin, le midi, au goûter, le soir, je me sens  mieux. Ici on me comprend. Ici, on m’écoute. Ici, on me respecte. Je me sens bien mieux qu’avec Georges. D’ailleurs, quand il vient me rendre visite Georges, je n’ai qu’une envie, c’est qu’il parte,  nous ne nous comprenons plus. Et puis maintenant, il fait exprès de me parler tout doucement, comme si j’étais malade. Pour qui se prend-il Georges ?

28 mars 2009

Quand ? (gballand)

Il avait raté sa mort comme il avait raté sa vie. Cet échec l'accablait. Quand connaîtrait-il enfin le succès ?

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