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Presquevoix...

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18 octobre 2009

La lessive (gballand)

bacdenoeudsQuand c’était jour de lessive, la maison résonnait de cris et de rires. Ma mère dirigeait les opérations, mes sœurs et moi exécutions. Les deux lessiveuses attendaient dans la cour prêtes à recevoir les draps chiffonnés qui en avaient connu de toutes les couleurs… Pleurs étouffés, amours contrariés, caresses désirées, colères ressassées, les draps recelaient en leurs plis nos secrets, nos aveux.
La lessive ressemblait un peu à une campagne menée par un général – ma mère - dont le bâton, prêt à touiller le linge, s’agitait en tous sens. Ma sœur aînée était à la lessiveuse numéro un, mon autre sœur à la lessiveuse numéro deux et moi, je distribuais le linge. Plus loin, sur l’herbe, il y avait les bacs qui attendaient le linge propre.
Ce jour-là, la valse de la lessive aurait continué sur son rythme martial si je n’avais déplié et brandi cette serviette bleue qui s’était glissée dans le linge blanc comme par inadvertance. J’aurais pu la passer sous silence, j’aurais pu la cacher, mais au lieu de cela j’ai hurlé de ma voix perçante.
- Berk, c’est dégoûtant, on dirait de la gélatine séchée !
J’ai vu ma sœur aînée pâlir et ma mère s’est approchée de moi le visage empourpré. Elle a observé la serviette dans ses mains rougies par l’eau des lessives, puis elle m’a donné une gifle sonore :
- Ça, c’est pour t’apprendre à te taire. Les voisins n’ont pas besoin de savoir ce qui se passe à la maison.
Maintenant, dit-elle en se tournant vers mes sœurs l’air menaçant, j’aimerais bien qu’on m’explique !
Ma sœur aînée ne m’a jamais pardonné.

PS : Texte écrit à partir de la photo de Pandora, sur une consigne de l’atelier des impromptus littéraires.

17 octobre 2009

La différence (gballand)

J’ai pris un amant qui ressemble beaucoup à mon mari. Finie la culpabilité. Quand je suis avec l’un, c’est comme si j’étais avec l’autre. Il y a pourtant une  différence entre mon amant et mon mari : mon amant ne me pose jamais de questions.

16 octobre 2009

Garde à vue (gballand)

Au commissariat, quand le policier - un type couperosé qui ressemblait à s’y méprendre à Brice Hortefeux - lui demanda, agressif, pourquoi il prenait des photos sous les jupes des femmes il répondit :
- Je suis chargé de faire des statistiques pour un représentant en lingerie.
Le flic ne trouva pas ça drôle. Il lui donna un méchant coup de poing dans le ventre qui le plia en deux. Il se jura que la prochaine fois il dirait simplement que ça le faisait bander.

15 octobre 2009

Les couches (gballand)

Hier, en faisant mes courses au supermarché, j’ai vu des couches pour chien. Depuis le temps que j’attendais ça ! J’en ai acheté un paquet. Il faut dire que je ne supporte plus de ramasser les crottes de Robert  dans ma main gantée de plastique.
Les couches étaient en promotion : 30 euros les 30. Pour une promotion, c’est un peu cher, mais  le pire ce n’est pas le prix, c’est qu’elles ne sont pas ergonomiques. Non seulement j’ai eu du mal à aider Robert à enfiler sa première couche mais je m’en suis tirée avec une morsure. Robert m’a entendue ! Je lui ai dit tout le mal que je pensais de lui et je l’ai enfermé dans sa niche pour l’après-midi. Il méritait bien une sanction.  Quand je l’ai libéré, à 18 heures, il avait l’air heureux de me voir, alors je lui ai mis sa laisse pour faire une petite promenade. L’air était doux et fleurait bon le début d’automne mais la promenade s’est rapidement transformée en cauchemar. Robert n’a pas supporté le regard que les gens portaient sur sa couche et il a tellement tiré que j’ai dû rentrer à la maison au pas de course.
Il y a des jours où je me demande si Robert ne serait pas un peu paranoïaque…

14 octobre 2009

Être (gballand)

Sur le blog je-double, un photomontage de Patrick Cassagnes illustré par un « texte » de gballand :
« Avant ma naissance, on m’avait avertie que j’aurais un long cou… » (
la suite)

13 octobre 2009

La lumière (gballand)

Il devait être 15 heures et ils terminaient le repas d’anniversaire dans le jardin, sous la tonnelle. Ce jour-là, la lumière était particulièrement douce et légère, caressant les objets et les gens. Il ne put s’empêcher de partager avec sa tante ce bonheur-là :
- Tu ne trouves pas qu’elle est belle, la lumière ?
- La lumière, mais quelle lumière ? Répondit-elle l’air ahuri en cherchant s’il n’y avait pas une lampe allumée.
Il n’insista pas, c’était peine perdue, sa tante n’avait jamais pu voir autre chose que les choses.

12 octobre 2009

Le cadavre (gballand)

02_10_09__2_On a tous un cadavre qui nous hante. Au début le mien ne pesait pas lourd mais il a grossi avec les mois. Oui, même les cadavres grossissent.
Depuis le mois d’avril, le cimetière est devenu l’annexe de mon appartement. Le matin, je passe un long moment à contempler sa tombe ; après je déjeune le long du fleuve sous un arbre paisible.
Aujourd’hui, je suis resté au cimetière plus longtemps qu’à l’habitude ; une de ces crises de mélancolie dont je suis coutumier. J’avais acheté du pain pour les oiseaux et je les regardais voleter de tombe en tombe pour saisir les miettes que j’essaimais. Ces miettes, c’est ma vie qui s’envole.
Il y a une semaine, je lui ai écrit une lettre que j’ai placée sous le pot de chrysanthèmes jaunes qui orne sa tombe. Toujours pas de réponse. La lettre a pourtant bien disparu dès le lendemain. Je suis sûre qu’elle l’a lue. Si elle préfère le silence, c’est pour me torturer. Elle a toujours été sadique et la mort n’arrange rien. Dans cette lettre, je lui demandais si elle m’en voulait encore de l’avoir tuée…

PS : texte écrit à partir de cette photo gentiment prêtée par Patrick Cassagnes

11 octobre 2009

Les anniversaires (gballand)

A chaque anniversaire, ce n’était que larmes recommencées. Pourquoi s’obstinait-on à lui rappeler qu’un jour,  lointain ou proche, on la rangerait dans un écrin de bois  que la boucle de la mort ceindrait  de son éclat éternel ?

10 octobre 2009

Les analyses (gballand)

Il venait d’avoir les résultats de son analyse de sang, tout était parfait. A désespérer ! Même pas un peu de cholestérol, rien ! Il avait pourtant insisté auprès du médecin - « Vous êtes sûr, vraiment, je n’ai rien ? » - qui l’avait regardé d’un air suspicieux ! Il lui aurait bien suggéré une nouvelle analyse, une toute dernière. Peut-être le taux de PSA ? A près de 50  ans, il était temps qu’il sache à quoi s’en tenir ; mais il sentit que le médecin n’avait qu’une idée en tête : le congédier. Il ne dit rien et sortit du cabinet sans le saluer. Ce type était un incompétent. La semaine prochaine il irait  voir un autre médecin…

9 octobre 2009

Le tatouage (gballand)

- Mais qu’est-ce qui vous prend ? Lui dit-t-elle énervée.
Il rougit violemment et répondit :
- Rien, je voulais juste voir.
Il y en avait eu tellement d’autres avant lui qui s’étaient aventurés pour voir : des blonds, des bruns, des laids, des beaux, des sans charme, des avec charme... Ils voulaient tous voir ce tatouage qui plongeait jusqu’à la naissance de ses seins.  Elle se l’était fait faire chez un tatoueur de la rue Maublanc.
Deux heures à rester immobile, mais elle le ne le regrettait pas. Elle ne comptait plus les yeux qui avaient dévoré son décolleté. Elle adorait les rappeler à l’ordre en leur soulignant leur audace. Un jour, peut-être trouverait-elle les yeux qu’elle attendait…

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