La cabine d’essayage
Elle était dans la cabine d’essayage, dos à la glace ; l’effeuillage pouvait commencer. Elle aurait préféré ne pas acheter ce pantalon le jour même – elle se sentait ballonnée - mais c’était une occasion. Elle avait laissé ses chaussures en évidence sous le rideau, la pointe glissée vers l’extérieur, pour que l’on sache bien que la cabine était occupée. Elle avait toujours eu peur qu’un jour, un imbécile ouvre le rideau d’un coup, et qu’on la découvre nue dans la lumière blafarde d’un grand magasin.
Une fois son pantalon enlevé, elle entreprit d’enfiler le nouveau jean. Il semblait un peu serré et le passage des cuisses se négociait difficilement. Elle força un peu, le jean élastique se laissa difficilement faire et elle serra les dents. Vu le prix, il faudrait qu’elle y entre coûte que coûte. Au moment où le pantalon semblait céder à ses assauts, elle vit, comme dans un mauvais film d’horreur, une main velue se glisser sous le rideau et prendre ses chaussures. Elle resta interdite. Quand elle sortit en criant, le pantalon à moitié remonté, il était trop tard ; le type était déjà loin et ses chaussures aussi.
Personne ne lui vint en aide. Elle eut juste le temps d’apercevoir, près du rayon lingerie, l’une de ses élèves de seconde qui la regardait gesticuler l’air incrédule et elle retourna illico s’enfermer dans la cabine.
Elle en était pour ses frais. Le lendemain l’affaire aurait déjà fait le tour du lycée…