Le feu
Il en était à sa troisième église et à son premier carmel. Ces incendies le mettaient en joie. Il se contentait de lieux inhabités où messes, religieuses, curés et paroissiens avaient disparu à jamais. Déserté, le catholicisme tombait en ruines, donc qu’importait que les toitures s’effondrent après les flammes qu’il allumait de ses longues mains fébriles.
Les églises, il ne les avait jamais aimées, non qu’il ait été, un jour, victime d’un prêtre pédophile, mais l'évangile avait terrorisé son enfance. Sa grand-mère – lorsqu'elle le gardait – l’obligeait à lire une page de l' évangile selon Saint Mathieu chaque jour. Pourquoi Saint Mathieu ? Sans doute parce que son mari, mort en Algérie, s’appelait Mathieu.
A chaque fois que l’incendie commençait, il hurlait : « Satan en a décidé ainsi, et Satan, c’est moi ». N’était-ce pas ce que disait sa grand-mère à sa mère.
- Ton fils, c’est Satan personifié ! Il est comme son père, il obéit à rien !
Il avait, d’une certaine façon, répondu à l’appel du feu pour purifier sa vie de paumée, une vie qui le poussait à aller de ville en ville, lui qui pourtant avait fait des études. Il se disait charpentier, comme le père de Jésus ; d’ailleurs lui aussi s’appelait Joseph…
PS : prochain texte, mardi.