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Presquevoix...

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12 novembre 2021

Les délateurs

Au boulot, les journées succédaient aux journées. J’avoue que ça me faisait « grave chier » d’être technicienne de surface trois jours par semaine, tout ça parce que la collocation où nous étions quatre devenait une collocation à trois, et que mes parents ne voulaient pas me donner les 150 euros qui manquaient chaque mois. Ils avaient l’impression, disaient-ils, que  mes études ne s’arrêteraient jamais.

Au boulot, dans notre « équipe de techniciens de surface », je ne connaissais personne. On n’avait pas tout à fait les mêmes centres d’intérêt : moi j’étais en doctorat de sociologie et eux avaient terminé leurs études il y a bien longtemps. Ce qui m’a étonnée, au bout de deux semaines de travail, c’est la délation dont certains faisaient preuve et, pour ça, ils  se servaient du téléphone « intelligent ».

 Un téléphone « intelligent », donc, pouvait être très « con » quand il était dans les mains de cons. Je vous donne un petit exemple. Pendant deux jours, Cynthia n’avait pas vidé les poubelles du deuxième étage. Résultat : des photos des poubelles non vidées avaient été envoyées au responsable du service poubelles.

J’avoue que moi, je n’ai pas l’habitude de la délation. A la fac, il n’y a jamais eu de délateurs, même pour les tricheurs ou les glandeurs. Alors, quand j’ai vu ça, j’ai essayé de tracer  les délateurs afin de comprendre ; un réflexe de future sociologue, peut-être. J’ai fini par les trouver ; ils étaient deux et formaient un joli couple ! Je leur ai clairement dit ce que je pensais de leur duo. Je n’aurais pas dû. Sonia m’a asséné.

-          Les bourgeoises à la con, comme toi, moi je les emmerde. Si tu fais une connerie, photo au chef. T’as compris connasse ?

La « connasse » avait compris. Je suis allée voir l’agence intérim et j’ai  donné ma démission. Ensuite, je me suis payée le luxe de laisser au duo de délateurs  une petite lettre sous enveloppe rouge qui disait :

« Adieu les cons  », je vous conseille d’aller voir ce film de Dupontel. Vous vous y retrouverez à coup sûr, cherchez bien !

Sophie

Et je suis partie le sourire aux lèvres, chercher un nouveau travail de technicienne de surface...

 

PS : prochain texte, mardi.

9 novembre 2021

Le médium

Monsieur Bomba était un médium étoilé, compétent de père en fils et extralucide. C’est lui qui avait reçu Monsieur Morzemu, un an auparavant, pour un retour de l’être aimé. Il n’avait bien sûr pas demandé de détails mais il savaient – le bouche à oreille est aussi une pratique efficace pour les marabouts -  que l’ « amie » de M. Morzemu avait trente ans de moins que lui. Succès pour M. Bomba, la jeune femme était retournée auprès du vieil homme. Il en fut lui-même étonné.

Sept mois plus tard, M. Bomba avait à nouveau reçu le petit homme blanc. La jeune femme l’avait-elle à nouveau quitté ? Mais non, M. Morzemu  avait une nouvelle demande :  être président de la République.

Monsieur Bomba avait écouté le petit homme blanc avec bienveillance, comme à son habitude, et il avait conclu par les mots suivants.

-          Ta demande est inhabituelle, frère blanc. Tu  as un projet ?

Monsieur Bomba avait vite compris que M. Morzemu était hostile à la couleur noire et à tout ce qui venait d’autres continents. Il lui avait tout de même demandé.

-          Et que  donneras-tu au médium étoilé s’il t’aide à devenir président ?

-          Des papiers et de l’argent, avait dit le petit homme blanc en souriant.

Monsieur Bomba avait éclaté de rire.

-          Mais les papiers je les ai frère blanc ; l’argent aussi.

-          Alors tu seras ministre.

-          De quoi frère blanc ?

-          Ministre délégué chargé des sports

-          Je ne fais pas de sport frère blanc.

-          Alors tu veux quoi ?

-          Eh bien,  je veux soit être ministre de l’intérieur, soit  ministre des Outre-mer, parce que la mer, ça, je connais. Mon grand-père était sénégalais, frère blanc, et mes frères migrants voyagent beaucoup en bâteau.

Monsieur Morzemu n’a rien répondu et n’est jamais revenu voir M. Bomba. Après le départ de celui-ci, le médium a immédiatement convoqué  les sorciers de France et du Sénégal afin d’éloigner le petit homme blanc de la présidence. Maintenant, il attend le compte rendu du sommet de la CFMG ( comité des féticheurs, marabouts, guérisseurs ) de novembre 2021 pour savoir quelles mesures prendre…

PS : prochain texte, vendredi.

 

5 novembre 2021

L’anti-tout

Louis n’était pas un auteur que l’on pouvait appeler comique, ni original. Par ailleurs, ses livres dépassaient rarement les 2000 exemplaires. Noëlle – sa mère -  ne savait pas pourquoi, pour son dernier livre, il avait décidé que sur la couverture, il serait écrit : « Pour un livre acheté, une corde offerte ». L’éditeur avait accepté, « pour l’originalité ». Et, de fait, à chaque achat de livre, une petite corde rouge  était donnée. Les acheteurs préféraient-ils la corde, le titre du livre – «  l’anti-tout »  - l’auteur ou le tout ?

Elle était entrée dans la librairie « le grand nulle part » le jour de la sortie du livre de son fils, par curiosité. Elle souhaitait poser quelques questions aux acheteurs. Peut-être qu’eux sauraient pourquoi Louis avait voulu ajouter cette corde rouge. La première personne qu’elle interrogea fut une jeune femme de l’âge de son fils, une trentaine d’années. Une grande rousse dont la tenue très colorée l’intrigua.

-          Vous achetez ce livre pour le titre ou pour l’auteur ? lui dit-elle.

La jeune femme répondit.

-          L’écrivain, je m’en fiche, le titre aussi, moi c’est la corde qui m’intéresse. Figurez-vous que j’ai couché avec lui, et qu’il est même anti-sexe, ce connard. Rien à en tirer. Par contre, lui exige, ça oui. Alors cette corde, je lui passerai bien autour de son petit cou.

Noëlle la remercia et choisit, pour sa deuxième question du jour, un homme d’une quarantaine d’années qui se précipita sur le livre de son fils aussitôt entré dans la librairie. Elle lui posa la même question et l’homme répliqua.

-          Ah, madame ! Eh bien je l’achète pour cette petite corde rouge. J’ai hâte de m’en servir pour égorger ce connard d’auteur qui, s’il est anti-tout, comme il le déclare, n’a aucun scrupule à sucer la bonne volonté des autres !

Noëlle faillit dire qu’elle était la mère de l’auteur et que son fils était un être d’une grande délicatesse mais elle se tut. Entra dans la boutique une dame d’une soixantaine d’année qui se saisit immédiatement du livre. Elle se dit que ce serait la dernière personne qu’elle interrogerait car elle était épuisée.  La dame la regarda en souriant et rétorqua.

-          Vous connaissez vous-même l’auteur peut-être ? Je vais être sincère  avec vous madame. Louis Dubord n’écrit pas merveilleusement, mais il a quelques bonnes idées, parfois. Dans ce livre, d’ailleurs, je pense y trouver toutes les idées que je lui ai sussurées sous la couette. Il faut dire que Louis manque un peu d’imagination, et pas seulement pour l’écriture. Si c’est le cas, je lui passerai la corde au cou car moi, je suis anti-plagiat !

Noël la remercia et se garda de lui dire que Louis était son fils. En remontant la rue des martyrs, elle le rencontra, par hasard. Elle préféra l’éviter et tourner à droite mais il arriva vers elle en courant.

-          Tu sais maman qu’aujourd’hui c’est la sortie de mon roman.

-          Ah oui, dit-elle, très bien, très bien.

-          Viens avec moi à la librairie, juste pour voir s’il part comme des petits pains.

-          Moi, tu sais, je suis anti-librairie, alors je préfère rentrer. Excuse-moi, je ne vais pas très bien car je viens de m’apercevoir, que finalement, ce sont les gens les plus proches que l’on connaît le moins.

-          Tu parles de papa ?

-          Euh… je parle en général, Louis, en général. Aurevoir, et surtout, ne m’appelle pas ajourd’hui, car je crois que la petite corde que tu offres à tes lecteurs, j’aurais envie de te la passer autour du cou.

Louis se dit que sa mère déraillait, comme souvent, et il marcha à grands pas vers la librairie pour analyser les ventes de son livre…

 

PS : prochain texte, mardi.

2 novembre 2021

Maria

Elle avait une femme de ménage, non pour faire le ménage, mais pour soulager sa conscience. Elle trouvait que son mari et elle gagnaient beaucoup trop d’argent et qu’elle devait aider « la classe ouvrière », comme elle le disait à certaines de ses amies. Alors, quand la femme de ménage arrivait, elle lui donnait ses chaussons et lui disait.

-          Bon, Maria, asseyez-vous et je vous apporte votre thé habituel ou un chocolat, si vous voulez.

Maria trouvait ça très étrange, mais elle ne se plaignait pas ; trois heures à bavarder dans la cuisine avec Madame, c’était une aubaine que nulle patronne ne lui avait accordé jusqu’à présent.

Et toutes les deux parlaient et parlaient, surtout Maria à qui il arrivait tellement d’histoires invraisemblables chez ces autres patronnes que Madame  se faisait un plaisir de l’écouter et de lui donner des conseils. Car en matière de « patronnes », elle en connaissait un rayon, Madame. La plupart de ses amies avaient des femmes de ménage qu’elles n’hésitaient pas à exploiter. Madame pouvait ainsi se dire qu’elle, au moins, elle travaillait pour en finir avec l’exploitation des travailleurs.

Et quand Maria partait avec son chèque, après trois heures de conversation avec thé et petits gâteaux, elle disait à Madame.

-          Ah Madame, vous êtes une bonne patronne, vous.

Et Madame souriait, disait «  à la semaine prochaine Maria », et elle allait gaillardement faire les trois heures de ménage que Maria auraient dû faire elle-même.

 

PS : prochain texte, vendredi.

22 octobre 2021

Le compartiment couchette

Marie s’était fait un ami du présent - le passé, oublié, le futur, lui, ne l’intéressait pas - et ses cinq sens lui donnaient une intensité qu’il n’avait jamais eu auparavant.

Ce soir là, quand elle s’installa dans le train couchette qui la menait à Foix, elle sentit une odeur particulière, peut-être de la cannelle et du gingembre se dit-elle. Elle regarda attentivement les couchettes. Une seule était occupée, celle du haut, par un homme dont elle ne voyait que le dos. Elle se plaça en bas.

Dès qu’elle fut allongée, l’homme lui dit d’une voix grave.

-          Vous avez remarqué l’odeur ?

-          Oui, je dirais Cannelle et gingembre.

-          Bravo. La cannelle vient directement de Ceylan, Le gingembre d’Inde. Je reviens d’un grand voyage et je repars pour un petit voyage, à Foix.

Soudain il descendit de sa couchette pour s’asseoir en face d’elle. Etrange. Avait-il abusé de ses épices ?

-          Ne vous inquétez pas, je n’ai aucunement abusé du gingembre qui, par ailleurs, n’est pas l’aphrodisiaque que l’on dit. Par contre, ses vertus anti-inflammatoires, antiseptiques et antiémétiques  sont moins connues.

Elle se força à sourire et ajouta.

-          Merci de votre cours sur les épices. De toute façon, je ne prends jamais de gingembre. La cannelle oui, par contre, parfois.

Son voisin de compartiment avait certainement plus de cinquante ans. Grand, mince, le visage long et des yeux gris, aussi gris que ceux de la mer par temps d’hiver. Elle n’avait aucune peur particulière mais elle se demandait ce qui le poussait à rester assis sur sa couchette et à l’observer.

-          Vous aussi vous voyagez, alors ? Foix, en cette période de l’année n’acceuille pas les foules.

-          Non, mais j’y ai de la famille.Vous aussi ?

-          Pas vraiment. Mais vous savez, l’Ariège est le royaume des Cathares !

-          Et ?

-          Et donc, quelques groupes, que certains non initiés disent sectaires, y ont trouvé refuge. Je me demandais si par hasard, vous…

-          Pas du tout, l’interrompit-elle aussitôt. Bon, vous m’excuserez, je vais me m’allonger car j’ai très mal dormi la nuit passée.

Le visage de l’homme sembla se tendre légèrement. Mais ne l’avait-elle pas imaginé ?

-          Au fait, ajouta-t-il, si vous avez des problèmes de sommeil, je connais des guérisseurs, en Ariège même, non loin de Foix.

Avant de le remercier en précisant qu’elle dormait très bien, en général,  elle sentit un stress intense et son accélération cardiaque l’effraya. L’homme lui dit une dernière chose avant que le train ne parte.

-          Excusez-moi de vous ennuyer à nouveau. J’ai remarqué que votre visage exprimait une lassitude, comme si un poids vous rendait triste, très triste. Pour ça aussi, je connais une épice, mais nous en reparlerons demain. Bonne nuit mademoiselle.

Personne ne revit jamais Marie après ce voyage qui, peut-être, dure encore…

 

PS : prochain texte, mardi deux novembre.

 

19 octobre 2021

Le stage

Le nouveau stage de quatre heures organisé par l’entreprise  dans laquelle elle travaillait s’intitulait : la découvrabilité. Stage obligatoire, donc impossible d’y échapper à moins d’avoir un certificat médical. Mais loin était le temps du lycée où elle faisait défiler les certificats médicaux truqués comme elle faisait défiler les copains qui lui plaisaient  A trente ans passés, impossible d’y échapper. Sans doute dormirait-elle un peu en laissant les yeux ouverts, comme elle savait si bien le faire à chaque stage obligatoire. Et, à  la fin des quatre heures, elle demanderait à son amie Sophie si des choses intéressantes s’étaient dites.

Le stage avait commencé par un petit tour de table où elle avait gentiment participé et ensuite, le sommeil était venu. Il faut dire que la nuit précédente l’avait épuisée. Victor – son amoureux du moment  - n’était pas un « bon coup » – selon Sophie – mais il avait une attention et une justesse des gestes que nul autre n’avait. Résultat : Victor durait et son sommeil se raréfiait.

A la fin du stage, dans la salle déserte, l’intervenant lui tapa sur l’épaule pour la réveiller et lui dit.

-          Ce stage semble vous avoir épuisé. C’est fini depuis 10 minutes. J’ai eu le temps de ranger mes affaires et vous dormiez toujours. Votre amie Sophie n’a pas voulu vous réveiller. Elle m’a dit que vous aviez des nuits courtes en général.

Elle rougit. Lui ne dit rien et se contenta de l’observer.

-          Sans doute la fougue de la jeunesse. Profitez de vos nuits, jeune fille. A votre âge, elles sont plus belles que vos jours, sans doute.

-          Merci, de même, lui dit-elle en se rendant compte que les cheveux de l’intervenant étaient d’une blancheur éblouissante.

Il ajouta amusé.

-          Merci, mais moi, la nuit, je dors et le plus longtemps possible. Dormir la nuit, c’est ma cure de jouvence à moi.

Il lui sourit et  partit avec son sac à dos rouge où il était écrit en lettres noires « vivre et se réinventer »…

 

PS : prochain texte, vendredi.

 

16 octobre 2021

L’ascension

Certains disaient qu’il était vaniteux, d’autres le croyaient frustré – sa petite taille ne le conduisait-elle pas à détester le monde ? Certains affirmaient qu’il avait déjà fait une tentative de suicide, d’autres ajoutaient que son enfance en HLM avait  certainement greffé en lui ce désir de grimper, encore et toujours ; mais grimper pour faire quoi, exactement ?  Des cyniques soulignaient qu’à force de vouloir conquérir le monde, de lire des biographies de Napoléon et de mettre en place son canon à boules de feu, il finirait par détruire les murailles que lui-même dressait. Et qu’arriverait-il ensuite ?

PS : prochain texte, mardi.

12 octobre 2021

Le travail

Un nouveau vaccin venait d’être créé par le laboratoire pharmaceutique « Number one » : le vaccin anti-déprime. Un vaccin que seuls les pays occidentaux pouvaient acheter : extrêment cher, mais extrêmemnt utile aussi. Notre état néo-libéral le finançait, mais les grands patrons apportaient  leur soutien. Pourquoi ? Parce que non seulement le vaccin éffaçait toutes les déprimes possibles et imaginables mais, par ailleurs, il donnait au travailleur un regain d’énergie au travail. Et si, par hasard, le travailleur concerné était au chômage, sa vitalité et son désir de travailler était tels, qu’il s’avérait capable d’ accepter tout travail quel qu’il fût, même à un salaire nettement inférieur. Mais - et notre président E. Cromanu n’en parlait pas – si la déprime disparaissait, l’un des effets secondaires du vaccin anti-déprime pouvait être la mort.  Parce que oui, le travail peut tuer, mais cela avait-il une quelconque importance ? Plus de décès rapides ne voulait-il pas dire aussi, moins de retraites à financer ?

PS : prochain texte, samedi.

9 octobre 2021

L’exutoire

Quand il allait voir sa mère en maison de retraite –  une fois tous les quinze jours, jamais moins - il en ressortait épuisé, tellement épuisé qu’il avait décidé de passer à une visite une fois par mois.

Sa mère était une reine déchue, « aveugle » et autoritaire. Elle imaginait encore que  ses sujets la réverraient. Et, comme la reine d’Alice au pays des merveilles, elle coupait la tête de ses sujets s’ils osaient s’opposer à sa volonté. Son peuple de serviteurs était bête bien sûr, vieux - mais c’était le peuple de l’EHPAD* – et  ne méritait aucunement qu’elle prenne ses repas avec lui. Elle prenait déjeuner et dîner dans sa chambre ; le miroir que le peuple lui tendait l’affectait trop. Elle préférait cette chambre royale où seuls ses soignants et soignantes lui rendaient visite pour lui donner son sérum de longévité.

Son fils – qui vieillissait bien plus vite qu’elle -  se demandait combien de temps cette reine vivrait et, combien de jours et de mois, l’exutoire qu’il était devenu, pourrait supporter de rester une fois par mois dans cette chambre d’attente de la mort…

 

* établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes

PS : prochain texte, mardi.

5 octobre 2021

Changer

Chargée de la rédaction d’argumentaires et d’éléments de langages stratégiques pour les cabinets ministériels, elle avait quitté récemment son travail pour devenir éditorialiste dans un journal de province. Sa mère s’était étonnée d’un tel changement. Son père aussi, mais comme à son habitude il n’avait rien dit. Par contre son frère, lors d’un repas d’anniversaire, s’était autorisé à lui demander.

-          Alors, tu as divorcé du monde politique ?

Agacée – il faut dire que leur relation avait toujours suivi un sentier périlleux – elle avait répondu.

-          Eh oui. Comme tu aurais pu me le dire - mais c’est moi qui le dis à ta place - je suis tombée sur un ministre haut placé qui croyait que parce que je baisais les électeurs avec des éléments de langage, je pouvais le baiser, lui aussi, mais sans être rémunérée.

Son frère resta silencieux, surpris de cette répartie qui était si loin du monde où elle avait choisi de vivre.

-          Tu ne dis rien ? Ajouta-t-elle.

-          J’avoue que j’en reste coi. Oui, j’aurais pu penser ça, c’est vrai. Mais je ne te l’aurais pas dit. Tu connais mes opinions sur les hommes qui nous gouvernent…

Elle sourit. C’était bien la première fois qu’elle lui clouait le bec. Soudain - presque inquiète - elle se demanda quelle route elle suivait...

 

PS : prochain texte, samedi.

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