Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Presquevoix...

Archives
12 février 2024

DUO -(2)

Marie et Pierre

Quand Marie partait sur le chemin de la politique, on était sûr, ou presque, que les choses allaient mal tourner. Et elle avait la dent dure, Marie. Ce jour-là, c’est le président qui en a eu pour son grade, dommage, il ne dinait pas avec nous. La conversation en était à ce stade.

-          Mais à part lui, qui pourrait être président ? avait dit Jean, et Marie avait répondu illico.

-          S'il te plaît, arrête de porter ce type au pinacle ! S'il y avait une légion du déshonneur en France, il serait le premier à l’avoir, ce type ! Il parle de réarmement démographique, eh bien, il n’a qu’à donner l’exemple et tirer le premier coup lui-même, mais bon, pas facile avec la compagne qui est la sienne. Il ferait mieux de s’occuper des perturbateurs endocriniens.  En plus, ce type, il viole notre démocratie.  Souviens-toi que ce roquet narcissique a enterré les cahiers de doléances de 2019 ! On aurait dû l’étouffer avec un joli gilet jaune, tiens ! Je plaisante bien sûr. Tout le monde sait ici que je ne ferais pas de mal à une mouche, même si elle est méprisante, donc encore moins à un roquet. Notre président, il a grimpé au CAC 40 depuis sa première élection. Au début il avait 40 Casseroles Au Cul, maintenant on ne les compte plus ! Lui, sa mère aurait dû lui faire faire une ablation des deux cordes vocales à la puberté ; ses discours fleuves sont si creux et vides qu’ils nous emmerdent. Bon de toute façon, les dés sont pipés, alors on n’a plus qu’à espérer que les filles et les fils de la Sainte Verge de Gauche, je veux dire la sainte Vierge de Gauche bien sûr, arrêtent de se taper sur la gueule ! Amen. Désolée de choquer les catholiques ici présents.

C’est à ce moment précis que Pierre – le seule catholique de gauche présent à la soirée - est entré en piste en lui demandant de se taire car ses monologues anti religieux il en avait marre. Marie, alors, lui a dit en riant : « Saint Prépuce priez pour nous, Amen ! » Ce que Pierre a très mal pris.  D’ailleurs, c’était il y a 8 mois et Marie et Pierre sont toujours fâchés. Dommage pour Marie, parce qu’elle accouche dans deux semaines et c’est Pierre, le père de l’enfant. Je me demande si là aussi les dés ne seraient pas pipés ?

 

PS : prochain texte, jeudi.

8 février 2024

DUO

Cette semaine, Duo avec Séraphin Lampion à partir de deux expressions - « porter au pinacle » et « les dés sont (ou seraient) pipés » - que Séraphin et moi-même avions pour obligation d’intégrer dans notre texte. En ce jeudi, vous pouvez lire le texte de Séraphin Lampion, dimanche prochain, je publierai le mien. Bonne lecture au pays du duo.

 

C’était un jour sombre balayé par le vent, étirant dans le ciel des nuages gris comme des écharpes de tristesse. Hervé devait pourtant partir au travail sur son vélo d’une autre époque, hérité de son grand-père : vélo à mollet, affirmait-il fièrement, pas de ces vélos électriques propulsant des mémères hors d’âge à des vitesses supersoniques dans les côtes les plus pentues, que lui gravissait suant et haletant.

La météo indiquait une probabilité de pluie de 10%... Certes… mais les ingénieurs qui font ces estimations feraient bien d’ouvrir la fenêtre de leur bureau pour ajuster en temps réel leurs prévisions. Car la météo n’est pas juste une affaire d’ordinateur et de calcul, mais de plein air et de froid et de bourrasques et de flotte qu’on se prend dans la tronche. Le principe de réalité quoi, pas des algorithmes qui tournent paisiblement dans une salle climatisée…

« Probabilité de 10% de pluie, il me semble à voir le ciel qu’une fois de plus les dés sont pipés ! » pensa Hervé en pointant le nez dehors, son vélo à la main.

En effet, les nuages se faisaient plus menaçants que jamais. Rien qu’à lever la tête, la vague promesse de pluie se transformait en certitude accablante : les nuages aux aguets, quelque peu farceurs peut-être, attendaient perfidement qu’Hervé enfourche sa bicyclette pour déverser sur l’infortuné toute l’eau du ciel.

« Pas de pluie dans l’heure… ils sont vraiment bons ! » maugréa Hervé.

Ce fut une averse brève mais épique, un déluge en miniature qui s’est abattu sur la ville, le temps qu’Hervé arrive à son travail, trempé sans espoir de sécher, après un combat inégal contre le vent et les embruns, un corps à corps avec les éléments déchainés.

Son patron, Monsieur Ferrand, arriva en même temps que lui dans sa voiture de fonction, le costume d’alpaga impeccable, le pli réglementaire sur le pantalon, la chemise blanche ornée d’une cravate outrageusement colorée – seule touche de fantaisie dans un conformisme assommant. Son chauffeur s’empressa de lui ouvrir la porte et de lui tendre un parapluie. Monsieur Ferrand interpela Hervé, qui attachait son vélo à un arceau :

« Dites-moi, Hervé, à vous voir venir chaque jour travailler à vélo, quel que soit le temps, je vous admire beaucoup ; je ne serais pas loin de vous porter au pinacle. Mais, cependant, il faudra trouver le moyen de vous sécher rapidement. L’éthique de l’entreprise et les valeurs que nous défendons ne nous autorisent pas à arborer des tenues négligées et des costumes froissés.  Plutôt que de défendre l’écologie avec vos principes à deux roues, je vous demanderais surtout de contribuer le plus possible à la croissance de notre chiffre d’affaires, en recevant nos clients dans une tenue digne d’un gentleman, et non d’un coureur à l’arrivée d’une étape du tour de France. »

Connard, pensa Hervé tellement fort qu’il eût l’impression d’avoir été entendu.

4 février 2024

Plus moche la vie !

Ma mère avait l’habitude de me dire : Quand tu seras vieux, tu comprendras.

Maintenant je suis vieux – j’ai soixante-dix ans - et je ne comprends toujours pas ! Je crois que mes problèmes ont commencé la première fois où je me suis regardé longtemps dans une glace ; à sept ans exactement, l’âge de raison, comme on a l’habitude de dire. Pourquoi je m’étais regardé si longtemps ? Parce qu’une fille m’avait dit que j’étais moche.

A partir de ce moment-là, je me suis dit, jour après jour : pourquoi cette tête là et pas une autre ?

La réponse n’est jamais venue et depuis, j’ai perdu croyance, assurance et bienveillance, sans vous parler du reste…

PS : prochain texte, jeudi.

1 février 2024

GINK

 Aurore lui avait dit qu’elle était GINK. Les yeux grands ouverts, Marie avait vainement cherché à comprendre ce que cela signifiait et elle finit par lui dire.

-          C’est-à-dire ?

-          Green Inclination No Kid. Pas d’enfant sur une planète que l’on fait mourir. Le monde est une poubelle. Moi je soulage la planète. Tu comprends maintenant ?

-          Oui. De toute façon tu fais ce que tu veux.

-          Et toi ?

Marie commençait à en avoir marre de la discussion. Des enfants, pas d’enfants, elle s’en foutait pour l’instant, elle voulait juste terminer ses études de médecine. Aurore haussa le ton.

-          Mais tu t’en fous de ces pluies d’oiseaux morts partout, de ces algues vertes qui foutent en l’air la terre, de la pollution qui fout en l’air tes poumons ?

-          Je ne m’en fous pas, non, mais pour l’instant les enfants ce n’est pas mon problème numéro un. J’aimerais bien ne pas redoubler ma cinquième année de médecine, c’est tout.

-          Tu penses qu’à ta gueule, quoi ? Tu te moques des pluies acides, des pesticides et du reste ? Toi tu traverses les mers sans rien voir autour de toi et l’invisible est ton port d’attache, c’est ça ?

Marie respira calmement, prit une pastille vichy dans son sac, puis elle lui dit patiemment.

-          Ecoute Aurore, je dois étudier, c’est tout, alors je bosse comme une folle et, de toute façon, si tu veux le savoir, je ne sors avec personne.

-          Bon début pour être GINK. Tu veux sortir avec moi ?

Elle observa Aurore, stupéfaite et finit par souligner.

-          Ecoute Aurore, je ne suis ni GINK ni homo, d’accord ?

Et celle-ci lui répondit.

-          Et bien, ma pauvre Marie, tu as tort sur toute la ligne, et l’avenir te le dira. Il est pas bon d'être hétéro par les temps qui courent ! Puis elle sortit de la salle de travail en claquant la porte.

PS : prochain texte, dimanche.

28 janvier 2024

L’anniversaire

 L’école, Sophie n’aimait pas y aller. Des amies, elle en avait peu, et juste pour jouer aux billes, parfois. Dans sa classe, le maître fêtait les anniversaires et pour chaque enfant, il offrait une petite citation, qu’il donnait dans une enveloppe de couleur bleue, toujours la même couleur, car le maître était un amoureux du bleu, même pour ses vêtements.

Ce 29 janvier, Monsieur François – c’était le nom du maître –  donna à Sophie la petite enveloppe bleue à l’entrée de la classe en lui souhaitant un bon anniversaire. Elle l’ouvrit et la lut.

-          Elle te plaît ? lui dit le maître.

-          Oui, merci monsieur.

Puis ce fut la récréation avec ses jeux, ses discussions et ses disputes habituelles. Dehors, Eloise et Manon vinrent voir Sophie et, en lui tendant un cadeau enroulé dans un papier cadeau, elles lui dirent.

-          Tiens, c’est pour ton anniversaire.

Sophie les regarda surprise et prit le cadeau en les remerciant.

-          Tu ne l’ouvres pas ? dirent-elles en souriant.

Sophie l’ouvrit et c’est là qu’elle découvrit à l’intérieur de deux feuilles chiffonnées un caillou moche, si moche qu’elle n’aurait même pas voulu le prendre si elle l’avait vue par terre.

-          Tu trouves pas qu’il te ressemble un peu le caillou ?

Sophie ne répondit rien. Elle alla s’asseoir seule sur le banc au pied de l’arbre et elle relut la citation que le maître lui avait donnée et elle sourit : « J'ose demander de l'aide quand j'en ai besoin, et je n'oublie pas que ma différence c'est aussi ma force. "

PS : prochain texte, jeudi.

25 janvier 2024

Hélène

Tic Tac, Tic tac, la pendule égrène les minutes et les heures. Quelle pourrait être sa tactique ? Délicieuse, il la trouve délicieuse. Un bonbon sucré dans sa robe rouge, si frêle, si absente parfois. Faut-il qu’il pense à une tactique pour qu’elle le regarde et qu’elle l’aime ? Le coup de foudre n’existe-t-il que pour les autres ? Il pense toujours à elle en écoutant rêverie de Schuman. Il l’imagine entrer chez lui fraîche, délicate, s’asseoir l’air absent, emprisonner entre le pouce et l’index une boucle brune pendant que ses yeux interrogateurs se poseraient sur lui. Que pourrait-t-il lui dire ? Comment se faire aimer quand votre langue heurte les S et les Z et les enferme entre vos dents. Déjà enfant, il n’osait pas répondre. Mais elle, elle s’appelle Hélène et les Hélène ne se moquent pas de ceux qui zozotent, il en est sûr. Son zézaiement est-il une fatalité ? Hélène lui répondra-t-il ? Regarde-moi Hélène, regarde-moi encore, je t’aime Hélène. Oui il faut que je lui dise, il le faut…

PS : prochain texte, dimanche

 

21 janvier 2024

Rien ne vaut la vie !

Ce jour-là, Damien était rentré du lycée en disant à sa mère.

-          Je veux faire le SNU.

-          Et c’est quoi le SNU ? avait-elle demandé.

-          Le Service National Universel pour les jeunes de 16 ans.

Sa mère lui avait dit d’aller dans la cuisine pour qu’ils puissent en parler ; elle avait besoin de prendre un petit thé, vu la température ambiante. Damien avait accepté, mais avec une légère crainte. Il connaissait la « vivacité » de sa mère.

Une fois installés à table, elle l’écouta évoquer avec enthousiasme les quatre objectifs du SNU : transmettre un socle républicain, développer la culture de l’engagement, accompagner l’insertion sociale et professionnelle. A la fin Damien conclut.

-          J’en ai marre de l’école.

-          Et alors ?

-          Au moins je ferai quelque chose d’utile.

-          Ah oui, utile ? Pourquoi ?

Il ne répondit rien et là, la machine à colère de sa mère se mit en marche.

-          Une belle formation professionnelle que celle qui te permettra d’être tué en Ukraine pour sauver la France de l’invasion Russe, ou au Tchad ou en Irak ? Et pourquoi pas aussi en Israël ? C’est hors de question le SNU !

-          De toute façon, à 18 ans, je ferai ce que je veux !

-          C’est ça, Damien, tu pourras tuer les autres et te faire tuer où tu veux quand tu veux, pour  notre belle « Patrie » qui se fout de vous, les jeunes, d’ailleurs. Les trois derniers ministres de Macron ont tué le lycée et la nouvelle ministre met ses enfants dans le privé, drôle de ministre de l’éducation nationale, non ?

-          Bon, maman, je m’en fous de tout ça, et en plus tu dis ça parce que t’es prof et papa aussi.

-          C’est ça, je suis prof et bête. Et moi je te dis que notre cinglé de président – qui lui n’a pas d’enfants d’ailleurs - nous mène tous au casse-pipe !

-           Ah bon, tu crois ? Tu devrais quand même prendre un deuxième thé pour te calmer maman. Moi je vais réviser mon bac français.

Elle évita de lui faire une réflexion déplacée. Trop de conflits dans le monde, inutile d’avoir un nouveau conflit à la maison avec lui. Tout cela mènerait à une « guerre larvée » qui pourrait durer aussi longtemps que la guerre entre la Russie et l’Ukraine. Elle réussit à sourire et à lui dire calmement.

-          C’est ça mon chéri, très bonne idée que d’aller réviser. Quant à moi, je vais aller marcher un peu, ça me permettra de méditer.

Il ironisa.

-          Bravo maman, je vois que tes cours de méditation font de l’effet.

-          N’est-ce pas ? Bientôt je sourirai du matin au soir, sauf si j’entends à la radio un membre du gouvernement !

-          Maman, n’écoute plus la radio, ça ira mieux !

-          Oui, et puis je pourrais hiberner aussi. A tout à l’heure !

Elle sortit en utilisant les larges respirations habituelles et elle remarqua qu’un rouge-gorge était installé sur l’une des branches de l’hibiscus. Elle sourit et partit en fredonnant une chanson de Souchon : « la vie ne vaut rien rien, rien ne vaut la vie »…

 

PS : prochain texte, jeudi.

 

18 janvier 2024

L’enfant dominé

Elle avait deux enfants, adorables, comme il se doit, une fille et un garçon. Une fille habillée en rose, et un garçon en bleu. Ils s’appelaient Sybille et Antoine : 5 ans et 7 ans. Ces enfants étaient les héros du « conte » Instagram de leur mère  suivie par 15 000 personnes.

Cette « influenceuse » était une mère merveilleuse, bien sûr ; souriante, aimante, aimée, dévouée – et amoureuse du corps de ses enfants, pensait l’Ange dont la mission était de surveiller Instagram en France, et notamment le compte de cette mère.

Son attention se portait particulièrement sur la place que prenaient – via leur mère -  les enfants de ces « contes » factices, et les dérives possibles. Certes, la loi dit que les parents ne disposent pas d’un droit absolu sur l’image des enfants, se disait l’Ange, mais ces pauvres petits, que peuvent-ils faire, confrontés au désir de leurs mères influenceuses et frustrées ? L’Ange ajoutait même parfois, « influenceuses de mes deux », car il était – contrairement à la majorité des anges – extrêmement grossier.  L’enfant subit – avait-il coutume de dire - le parent dispose, mais jusqu’où ?

Un soir, alors qu’il observait la mère prendre des photos de ses enfants pour la cent-millièmefois, il lui dit d’une voix grave : « La chosification des enfants et la négation de l’intégrité physique des enfants ne sont pas tolérables ! » 

La mère entendit cette voix venue d’ailleurs et regarda autour d’elle. L’Ange eut juste le temps de s’éclipser tout en se demandant si l’être humain n’était pas sur le chemin de la déshumanité !

PS : prochain texte, dimanche.

14 janvier 2024

Penser et rédiger

Deux heures durant, le nouveau premier ministre avait péniblement réfléchi - il est vrai qu’entre twitter et instagram sa concentration et son « esprit » n’étaient pas au rendez-vous - à son ébauche de discours d’entrée au poste de premier ministre. Il en était sorti le texte suivant :

« Avec moi, premier ministre Je vous promets, d’abord et avant tout, que l’autorité et la sécurité seront au cœur de notre pacte Républicain.  Je peux aussi vous affirmer que la France ne rimera jamais avec déclin car je vais libérer le potentiel de la « start up « France.

 Sachez aussi que notre école – berceau de nos batailles et de nos espoirs – enseignera à nos jeunes que la bienveillance n’est pas un vain mot quand on y adjoint trois autres mots importants :  laïcité, autorité et respect.

Je sais que l’énergie de notre pays, ce sont nos entreprises donc, nous allons simplifier la vie de nos entrepreneurs, hommes audacieux, courageux et créatifs. Bien sûr, je n’oublie pas les artisans, qui représentent cette France au travail et, eux aussi, nous les aideront. J’évoquerai aussi notre classe moyenne qui elle, attend de nous un bon en avant afin que son pouvoir d’achat puisse s’élever (…) »

Le nouveau premier ministre a ensuite transmis sa fragile ébauche au Rédacteur, comme il se doit. Celui-ci a maladroitement tenté de lui dire que l’introduction était « inappropriée » tout en soulignant l’importance d’éviter un style ampoulé et un « Je » répétitif. Puis, dans un souci de travail bien fait, il a tout de même dit au premier ministre qu’il avait oublié d’évoquer les services publics et le fait que la France n’était pas que le berceau des classes moyennes, des entrepreneurs et des artisans.

Le premier ministre, irrité, a regardé le rédacteur de toute la hauteur de sa petite taille et de sa jeunesse arrogante et suffisante, puis il lui a répondu, méprisant.

-          Monsieur le rédacteur, Je déciderai moi-même si les corrections sont appropriées ou non et ensuite, sachez-le, je vous vire ! Je n’ai nul besoin des conseils d’un rabat-joie qui ne connait du style que ce que la littérature lui en a enseigné. Ici, je veux du concret, du vrai, sans mensonge ni tabou !

Le rédacteur est sorti du bureau du premier ministre en grommelant un « petit abruti », répété trois fois, et qu’il a conclu, en souriant, par un « " Faut pas parler aux cons, ça les instruit !" *

* Michel Audiard

PS1 : Je tiens à préciser que toute ressemblance avec des personnages existants ou ayant existé est purement fortuite.

PS2: prochain texte, jeudi

11 janvier 2024

Psychiatre et patient

Après 3 minutes de silence, le patient finit par dire.

- je dois m’échapper de cette vie, mais un million de fils me retiennent !

- Si je peux vous rassurer, il vaut mieux être retenu par des fils que par des flics ! Excusez mon humour, mais en cette période de manifestations, on finit par oublier qu’on est psychiatre.

- Tout ça me fait perdre le fil.

- Ouvrez les oreilles !

- Pourquoi ?

- Pour trouver le fil de vos pensées.

- Alors pour vous, les pensées c’est comme la vie, elles ne tiennent qu’à un fil ?

- Exactement, et de fil en aiguille vous arriverez au cœur du problème. Mais parfois, au moment où vous y arrivez, votre inconscient peut encore vous faire perdre le fil !

- Un peu comme nous actuellement ?

- Oui, mais je ne dirai pas nous mais vous, car je suis là pour vous écouter et c’est vous qui devez parler.

- Certes, mais depuis tout à l’heure vous parlez sur le fil de l’humour.

- Si vous le dites !

- Oui je le dis et redis et je vous rappelle que la séance me coute 50 euros à chaque fois.

- Exact.

- Alors, je commence.

- Enfin, vous voulez dire que vous continuez.

- Si vous voulez.

- Je vous disais donc que je devais m’échapper de cette vie, mais qu’un million de fils me retenait !

- Exact. Et les fils, pour vous, ça évoque quoi ?

- Que je suis sur le fil du rasoir et que je peux disparaître d’un moment à un autre.

- Parfait.

- Comment ça, parfait ?

- Eh bien on arrive à l’essentiel !

- Comment ça, l’essentiel c’est de disparaître ?

- Mais non, bien sûr. Je veux juste dire que là, vous avez un fil conducteur.

- Et qui me conduit où ?

- Ah, désolé, la séance touche à sa fin, mais vous êtes sur le chemin, pensez-y cette semaine.

- Oui, je pense donc j’essuie… mon porte-monnaie, et je vous donne 50 euros.

- Vous aussi vous avez beaucoup d’humour, monsieur Demore.

- Vous trouvez ? En tout cas, moi je préférerais trouver l’amour que l’humour.

- On peut avoir les deux, monsieur Demore. Allez, à mercredi prochain, même heure.

- Et même prix, non ?

- Exact !

Ils se quittent en souriant.

 

PS : prochain texte, dimanche.

Presquevoix...
Newsletter
8 abonnés