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Presquevoix...

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30 mars 2012

Les mouches

Pourquoi, mais pourquoi il veut toujours que je fasse quelque chose. Moi je ne veux rien faire,  juste rester dans un rayon de lumière, juste voir la vie qui passe… Attendre… attendre que les choses se fassent en moi et  rien faire ! Je me souviens quand il me disait

-    Mais arrête donc de regarder les mouches voler, fainéante !

Pourtant c’est beau les mouches, même les mouches à merde… et Dieu sait qu’il y en avait des mouches qui venaient coller leurs ailes bleues sur le fil gluant qui se balançait au-dessus de la table de la cuisine !
Il m’emmerde, il m’emmerde, il m’emmerde, il m’emmerde, il m’emmerde, il m’emmerde ; et s’il m’appelle j’irai pas, je ferai semblant que je l’entends pas, je ferai semblant que j'existe pas, je ferai semblant qu’il y  a plus d’abonnée au numéro qu’il a demandé, je…

-    ARMELLE !!! ARMELLE !!!  ARMELLE !!! 

Ca y est, il recommence. (elle se bouche les oreilles et parle en se bouchant les oreilles). Il a pas le droit de m’appeler comme ça. Je  lui dois rien, je  lui dois rien du tout. (elle se débouche les oreilles) Pourquoi il m’appelle tout le temps, j’y suis allée il y a deux heures, ça suffit bien comme ça, non ?

-    ARMELLE !!! ARMELLE !!! ARMELLE !!! ARMELLE !!!

Je  veux pas y aller, il peut bien pisser au lit, je m’en fous ! Je lui changerai pas ses draps, il restera dans sa merde ! Est-ce qu’il se souciait de moi quand je pleurais parce qu’il me faisait mal ? Est-ce qu’il s’est jamais posé la question ? Et elle qui disait rien. Je me souviens du jour où j’étais allée avec elle à la messe et où je lui avais tout dit ! Elle m’avait répondu que j’avais qu’à me tenir tranquille et que je le faisais exprès…

-    ARMELLE !!! ARMELLE !!! ARMELLE !!! ARMELLE !!!

(Elle se bouche à nouveau les oreilles en chantant)
J’irai pas, j’irai pas, il peut bien crier, j’irai pas, j’irai pas, il peut bien mourir, j’irai pas, (elle se débouche les oreilles). Je  t’aime pas d’abord ! On peut pas se forcer à aimer les gens ! Je me souviens quand il voulait que j’écoute les saletés qu’il disait. J’attendais qu’il ait fini en me bouchant les oreilles de l’intérieur. On peut pas se forcer à aimer les gens, même ses parents !

-    ARMELLE !!! J’AI BESOIN DE TOI ! VIENS !

Il peut toujours appeler, qu’est-ce qu’il croit ? Que je vais arriver ventre à terre parce qu’il claque des doigts. Je suis pas sa femme moi ! Elle est morte… et maintenant, c’est moi qui décide ! Il peut bien appeler, j’irai si j’ai envie. Je me souviens quand il avait fermé la porte de ma chambre à clef… « Tu crois que tu vas me mener par le bout du nez, petite garce » qu’il avait dit « quand tu auras changé d’avis tu m’appelleras ! » Et j’étais restée enfermée toute l’après-midi ! C’est ma mère qui était venue me chercher pour le repas du soir. Elle avait fait aucun commentaire.

-    ARMELLE,  POURQUOI TU VIENS PAS ?

Il croit que je vais me sentir coupable ? Ça c’est ce qu’il voudrait mais ça risque pas. Je lui dois rien. Je lui ai déjà tout redonné au centuple ! Il va quand même pas me faire le coup qu’il s’est saigné au quatre veines pour moi ! Quand je pense que j’avais peur de lui ! Il essayait bien de m’attirer avec sa fausse voix de miel, mais ça marchait pas, je savais bien que tout ça c’était faux, faux, faux, faux, archi-faux ! Ça cachait quelque chose !

-    ARMELLE, ARMELLE, VIENS !

(Elle hurle) MERDE ! Je peux pas venir, je suis occupée ! Je regarde les mouches voler !

 

PS : Petite pause, le prochain texte sera pour le lundi 2 avril.

 

29 mars 2012

Les têtes

Dimanche matin, tout à trac, son mari lui déclara :
- Tu te rends compte si on changeait de tête tous les jours ? Ça serait fatigant.
Elle lui répondit sans réfléchir
-  J’espère ne jamais avoir la tienne !
Il accusa le choc en disant qu’effectivement, mais que lui y était habitué…

28 mars 2012

L’anniversaire

Hier, à 8 heures, j’ai eu 40 ans. Quand je suis sorti de chez moi, à midi,  j’ai rencontré mon voisin de palier et je n’ai pas pu tenir ma langue, je lui ai dit que c’était mon anniversaire.  Sans doute parce que je suis seul comme un rat. Je lui ai fait croire que j’allais fêter ça dehors, avec des amis, je n’aime pas qu’on pense que je ne vois personne. A 19 heures, je suis sorti, j’avais repéré un film : « Oslo 31 août ». Je l’ai vu deux fois ;  forcément, je devais rentrer tard à cause de mon anniversaire.

En rentrant chez moi, j’étais déprimé jusqu’à l’os, sans doute à cause  de ce type qui fout sa vie en l’air. En rentrant, j’avais envie de faire comme lui. Si je me suis retenu,  c’est  parce que mon voisin m’a glissé une carte sous la porte. Il avait juste écrit : « Bon anniversaire !  Bernard, votre voisin de palier ».



27 mars 2012

Le centimètre

Quand il lut, dans cette étude qui semblait sérieuse, que la taille du pénis des hommes avait perdu un centimètre en soixante ans, il resta songeur.  Bien sûr, dans soixante ans il serait mort, mais quand même, deux centimètres en moins ! Jusqu'où irait-on  ?

26 mars 2012

Duo

Nouveau duo à partir d’une citation :  « choisir l’ombre plutôt que la proie »

Le texte que vous allez lire est de Caro-carito, du blog les heures de coton, quant à mon texte, il  est sur son blog.

 

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Une bière entre hommes – Pierre-David

À 28 ans, Pierre-David avait rencontré par hasard Marion et Charlotte. Un verre dans un bar en compagnie de collègues après une journée difficile : depuis dix jours, des cours des matières premières en baisse continue, comme ses futures primes et son moral. Sur l’estrade exigüe, Marion jouait de la clarinette basse et Charlotte s’époumonait, la peau scintillante. Derrière elles, un gars au piano et peut-être bien un autre. Un peu plus tard dans la soirée, les cinq traders les avaient invitées à leur table et avaient commandé du champagne. On avait échangé des numéros et rendez-vous avait été pris.

Elle était seule, il était libre ; Pierre-David était sorti alors avec Marion. Marion en gris et ardoise, gris et une touche orangée, gris et bronze. Un chapeau de feutre informe sur la tête et une écharpe emberlificotée autour du cou. Au bout de dix jours, il s’en était lassé. Redevenu chasseur, il avait vite croqué une nouvelle proie consentante : la peu farouche Charlotte. Ses longs cils et ce rire de gorge quand elle disait qu’elle serait une star l’avaient ébloui. Il lui avait très vite offert un solitaire, une villa, des vacances en Corse. Très vite aussi, les enfants, le yacht, les soirées, les voyages, les week-ends à Megève. Et logiquement, le divorce, les insultes, les coups bas.

Dans cette descente aux enfers, Pierre-David avait retrouvé le chemin de sa bande de copains. Ils n’étaient plus traders - un métier qui use son homme - mais gagnaient toujours aussi bien leur vie. Sauf Jean-Luc. Jean-Luc avait passé la main, déménagé à Clamart, avait installé son cabinet d’ostéopathie et s’était marié avec Marion. Ils avaient trois enfants, un chat et un hamster. Ils étaient heureux.

Tous les deux s’étaient retrouvés devant une bière, les autres avaient décliné l’invitation à la dernière minute. Quand Pierre-David avait demandé des nouvelles des sa famille - par pure politesse puisqu’il ne parlait que de lui et de ses problèmes depuis deux heures - Jean-Luc avait tiré de son portefeuille une photo. Il avait reconnu Marion dans la femme ronde qui lui souriait. Oui, elle était toujours musicienne,  plus que jamais. Il revit alors la jeune fille en gris qu’il avait délaissée et reléguée dans l’ombre pour Charlotte. Charlotte qu’il avait épousée et qui le laissait maintenant sur la paille.

Tandis que Jean-Luc rangeait la photo, Pierre-David se dit qu’il n’avait été qu’un imbécile : il aurait dû choisir l’ombre plutôt que la proie. Quand il leva son quatrième verre, et qu’il trinqua à la santé de Jean-Luc, du bonheur etc…, l’alcool lui chuchota que ce salop qui se disait son pote lui avait effectivement piqué la femme de sa vie. Ouais, la vie c’était bien une putain de saloperie où l’on ne peut faire confiance à personne. Il leva la main et commanda un autre verre.

 

25 mars 2012

La filature

Je suivis ce mauvais garçon qui sifflotait mains dans les poches, je le suivis longtemps, assez  pour avoir mal aux jambes, toujours cette varice qui  me faisait souffrir. Contre toute attente, le type s’arrêta chez le libraire et je restais dehors, sous la pluie. Au bout de cinq minutes, trempée des pluies d’automne, je décidai d’entrer et  le trouvai au rayon poésie.   Un salaud lit-il de la poésie ? Mais j’étais payée pour le suivre, non pour lui trouver des circonstances atténuantes. Quand il partit vers la caisse,  je fis de même, prenant un livre au hasard. Sur le comptoir, il déposa doucement Apollinaire.  Un salopard lit-il Apollinaire ?

- Un paquet cadeau, demanda-t-il, c’est pour ma femme.

Sa femme ? Sa femme qu’il trompait et battait ? Fichu manipulateur, pensai-je. La caissière  emballa le livre et moi j’observais ses reflets blonds dans la lumière d’automne.

Quand il eut payé, il se retourna  et me dit d’une voix rauque.

- Tu me suis, c’est ça ?

L’étrange beauté de son visage me surprit et je lui répondis sans réfléchir.

- Un soir de demi-brume à Londres, un voyou qui ressemblait à mon amour vint à ma rencontre.

Il enchaîna aussitôt.

- Et le regard qu'il me jeta me fit baisser les yeux de honte. La Chanson du Mal aimé, sourit-il.

Je baissai les yeux. Sur la photo que sa femme m’avait tendue, une semaine plus tôt, il ne souriait pas.

Une heure plus tard il me lisait Apollinaire dans la chambre 29 de l’hôtel des Carmes...



PS : texte écrit dans le cadre des “impromptus littéraires”.

24 mars 2012

Les porcs

Les porcs se montraient de plus en plus agressifs. L’enfermement devait leur monter à la tête. Elle s’était même aperçue qu’ils se mordaient la queue, quand ce n’était pas pire !

Peut-être avaient-ils besoin de distraction avant de passer dans l’assiette des consommateurs ? En faisant une recherche sur internet, elle découvrit l’univers de « pigchase ». Elle décida aussitôt de placer un écran lumineux dans sa porcherie. Bien sûr, c’était un investissement, mais ne valait-il pas mieux rendre les porcs heureux avant leur départ pour la boucherie ?



23 mars 2012

l'étourderie

Elle était si étourdie qu’elle se trompait parfois de prénom quand elle s'adressait à son mari. La semaine passée, elle l’avait appelé Robert, et  la veille, elle l’avait affublé d’un prénom qu'il détestait : celui de son père, Gérard ! Elle s'était excusée, tout en remerciant le ciel de ne pas l’avoir appelé Jérémie, le prénom de son amant.

PS : Un « remerciement » à Camille dont la chanson - charmante par ailleurs -  m’a permis de donner un titre à mon texte.


Camille - L'étourderie (acoustique) (HD)

22 mars 2012

Google traduction

Ils étaient tous là, en rang d’oignons, 32 élèves assis les uns derrière les autres, et ils planchaient sur l’interrogation que le professeur venait de leur donner. Juste quelques phrases d’espagnol, simples bien sûr – il ne faut jamais mettre « l’apprenant » en échec puisqu’on veut l’élever.


Le professeur passait dans les rangs, comme un gardien de prison, afin d’éviter antisèches, portables, tricheries en tout genre. Derrière lui, dans le silence de la classe, il entendit soudain une phrase en espagnol, et il pensa qu’il s’agissait d’une sonnerie de portable. La phrase disait, de façon hachée : «no hay problema, voy al cine con usted ».  


Mais en l’espace de deux secondes, cela fit tilt : « No hay problema, voy al cine con usted » faisait partie des quatre phrases qu’il demandait aux élèves de traduire. Il se tourna brusquement, prêt à dégainer et dit aux élèves du dernier rang.


- C’est qui ?


Les élèves  regardèrent le professeur, l’air impassible. Celui-ci reprit en les pointant du doigt.


- Alors, c’est qui ? Toi, toi, toi, ou bien toi ?
- Moi, m’sieur,  dit un garçon à la mèche tombant sur l’œil droit,  mais c’est pas moi qui ai mis google traduction  version sonore !



21 mars 2012

Prévenir

Il vaut mieux prévenir que guérir, avait-elle coutume de dire, et dans la rue, elle marchait  toujours avec un rétroviseur ajusté à son bras, au cas où…

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