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Presquevoix...

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13 juin 2012

Le diamant rose

Amateur de chair fraîche, il lui avait acheté le diamant rose - le plus gros, le plus cher, le plus convoité – en échange de sa virginité. Mais la belle s’était envolée avec le diamant rose et sa virginité. Juste avant de partir, elle  avait pris soin de lui  laisser un mot scotché sur le miroir de la salle de bain : « Diamonds are a girl’s best friend ».


12 juin 2012

Les cours de théâtre

Il faisait du théâtre depuis 10 ans et il commençait à se lasser. Les débutants succédaient aux débutants et jouer de nouvelles scènes avec eux devenait un supplice.


Dans sa dernière scène, il jouait le rôle d’un policier et sa nouvelle partenaire, une débutante plus débutante que les autres, jouait celui d’une prostituée. L’entendre débiter son texte comme une fable de La Fontaine récitée par une élève de CP le déprimait. Elle était aussi vivante qu’une morte et disait « il faut se vaseliner la chatte » -  une réplique d’une profondeur abyssale, il est vrai -  comme elle aurait dit « il faut aller chercher une baguette ».


A la dernière répétition, quand il avait voulu lui saisir le poignet pour voir si elle se droguait, scène oblige, elle avait fait un tel saut de cabri qu’elle lui avait donné un magistral coup de coude dans la figure.


Non, le théâtre devenait trop dangereux, il devait arrêter…

11 juin 2012

Duo

Nouveau duo avec caro-carito, du blog les heures de coton.

Le texte que vous allez lire est de caro-carito, quant à mon texte, il  est sur son blog. Cette fois-ci, pour écrire notre texte, nous nous sommes laissées guider par la « little voice » de Janeczka et de Rich.

 

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Le pays bleu

Elle ne veut pas voir les chiffres blancs du réveil. Conjurer le sort, effrayer des fantômes auxquels on ne croit pas, ou si peu, c’est impossible, non ? Et puis, tout cela ne compte pas puisque c’est le pays bleu

Des années de rendez-vous sombres et de chants aussi mouvants que des prières. Même heure, elle le sait, chaque nuit. Chaque nuit depuis ses vingt ans. La première fois que l’enfant, la lune et la nuit avaient envahi ses rêves, elle s’était réveillée brusquement. Elle avait eu peur, surtout les yeux vides de la fillette ou de la poupée – elle ne savait pas - l’avaient  terrorisée.

Il lui avait fallu du temps pour s’habituer, pour accepter, pour gommer colère et crainte, le désespoir. Ces matins troubles où un indicible chagrin l’accompagnait comme si ce pays entrevu ne la quittait plus.

Le pays bleu… un jour, elle s’y était perdue. Au milieu des arbres, les cordes doucement pincées, la main dans celle de l’enfant-poupée, elle avait exploré chaque arpent du rêve. Elle y était retournée, insomnie après insomnie. Promenade attendue qui la tirait du sommeil avec une pointe de tendresse. Elle basculait alors vers le jour, légère, joyeuse presque.

Elle n’en a jamais parlé à personne. Pas ouvertement. Une allusion à une amie de fac qui… avait conseillé à cette personne, visiblement très atteinte, d’aller voir un psy qui démêlerait les fils du passé et lui rendrait le sommeil ou l’espoir de nuits vides. Oui la liberté… une existence délivrée de pays bleu, visage de poupée et clair de lune.

Elle avait pris rendez-vous avec M. Thorette. À l’heure dite, elle s’était assise sur un banc, le numéro trois devant ces yeux et une porte close. Elle avait scruté la plaque couleur bronze, rassurante avec ses diplômes. Elle avait laissé filer l’heure minute après minute. Bien sûr, au début, elle s’était bien posé la question du pourquoi, elle n’était pas folle. Elle avait même demandé à ses parents s’ils avaient vécu ailleurs que dans le pavillon de Bry-sur-Marne. Elle avait feuilleté les albums de photos des vacances, mais n’avait trouvé que le souvenir perdu d’une poupée Barbie et d’un nounours en peluche et deux lapins. Pas d’arbre, ni de poupées aux cheveux blancs ou blonds.

Devant la porte close, une épaisse porte en bois, numéro trois de la rue Parmentier, elle avait épuisé son heure. « Jeudi à 17 heures, la séance finit à 18 heures. » Elle avait alors compris, elle n’avait pas envie de quitter le pays bleu. Un sourire, elle s’était levée et il lui avait semblé entendre une voix invisible la remercier. Elle n’avait pas rappelé le psy, inutile d’être polie. Il ne la connaissait pas, elle non plus. Elle avait eu un peu peur avant de s’endormir le soir même et si ?... Mais les yeux vides et la petite musique l’avaient cueillie dans son sommeil, même heure. Fidèles.

L’aube aveuglante va bientôt envahir sa chambre. Elle garde les yeux clos sur la lune ronde et le roulis de l’eau. Une seconde avant le fugitif départ vers le jour. Quitter le pays bleu. Y revenir.

10 juin 2012

Les rotules

Le médecin lui avait  dit qu’elle devrait faire un régime. Pour la convaincre, il lui avait même imité le gémissement de ses rotules à chaque fois qu’elle marchait.
- Un régime, moi ? – avait-elle répondu -  mais vous n’y pensez pas ! Manger, c’est tout ce qu’il me reste !
Impitoyable le médecin avait rétorqué.
- Alors ce sera la chaise roulante !
Elle l’avait regardé longuement avant de conclure.
- Eh bien ce sera la chaise roulante.

9 juin 2012

la disparition

Sur tous ses bulletins scolaires, les professeurs avaient écrit invariablement : trop timide, réservé, inexistant,  endormi, ou pire : « invisible ». Dix ans plus tard, son invisibilité était telle que ses collègues de travail, l’appelait « le passe-muraille ». Un jour, il a disparu corps et âme et personne -  je dis bien personne -  ne s’est aperçu de sa disparition.

 

8 juin 2012

Les chaussures

Il avait fait son cours, comme d’habitude, et les élèves s’étaient envolés aussitôt, comme d’habitude. Mais deux minutes plus tard, il a vu revenir deux filles, hésitantes.

- Monsieur, il faut qu’on vous dise quelque chose…

- Oui… a-t-il dit.

- Ben vous avez deux chaussures différentes !

Il a regardé ses pieds immédiatement et a constaté, sidéré, qu’elles disaient la vérité. Il avait bien deux chaussures à bout pointu, mais l’une était noire et l’autre marron. Il les a regardées embarrassé en murmurant un merci.

- On préférait vous le dire, hein monsieur, au cas où…

Et elles sont parties. Lui est resté dans sa salle, atterré. Comment avait-il pu faire ça ? De quelle maladie était-il atteint ? Qu’est-ce que ce serait la prochaine fois ? Allait-il laisser sa braguette ouverte ? Juste à ce moment-là, il tâta sa braguette et  il se rendit compte, qu’effectivement, elle était ouverte…

7 juin 2012

Du rififi au Vatican

Au prix d’un habile subterfuge, il avait réussi à devenir le majordome du pape, et maintenant il se promenait, l’air pénétré, sous les dorures du Vatican. Il s’étonnait encore de la réussite de son projet, mais il est vrai que Jésus l’avait élu.

Son petit plaisir quotidien, malgré la gravité de la tâche qui l’attendait dans ce lieu Saint où Belzébuth tentait de mettre sa patte velue, était de taper « deductio ex pecunia » pour retirer ses billets au distributeur de la porte Sainte Anne.

Il se demandait combien de temps il lui faudrait pour gagner la confiance du  pape. Comment allait-il faire pour lui dire l’incurie de sa curie ? Comment lui signaler que l’Institut pour les Œuvres religieuses était accusé de blanchiment de sommes d'argent issues du narcotrafic et de réseaux de prostitution ? Comment lui faire comprendre que certains complotaient activement contre lui et qu’à chacun de ses repas, il risquait l’oraison funèbre ? Comment lui faire comprendre que Jésus Christ l’avait désigné, lui, pour assainir le Vatican et éviter sa mort ?




6 juin 2012

Un xanax sinon rien

Depuis qu’elle était au xanax, plus d’inquiétudes. L’effet apaisant était quasi immédiat : encore mieux qu’une caresse, qu’un massage ou qu’une séance d’acuponcture. Elle en prenait de façon préventive et enfilait parfois comprimé sur comprimé, à tel point qu’elle ne savait plus compter sur ses propres ressources. Le jour où elle avait dû affronter son patron sans comprimés, elle avait éclaté en sanglots. Ce détraqué l’avait traitée d’hystérique et  lui avait conseillé de prendre du xanax ! Depuis, elle avait toujours une boîte d’avance dans son sac…



5 juin 2012

La surprise

pastelle4- Comment tu le trouves ?


Mal à l’aise dans sa mini-jupe qui la moulait un peu trop, elle ne savait pas quoi dire. Il lui avait promis une surprise et en fait de surprise, elle était devant une coque à la peinture écaillée qui, dos à la mer, attendait sa fin prochaine. Elle finit par balbutier.


- Euh, c’est… enfin… c’est ça  la surprise ?
- Oui, c’est ça, lui répondit-il les yeux brillants. Tu ne trouves pas qu’il est beau ?


Elle se demandait ce qu’il trouvait de beau à ce truc échoué. Elle n’arrivait même pas à imaginer cette vieille carcasse voguant sur les flots.


Lui guettait ses réactions. Il comprit immédiatement que cette fille n’était pas sensible à la beauté des choses ; son corps était presque parfait, certes, mais elle ne manifestait aucune émotion. Il lui sourit méchamment et  conclut.


- Tu t’attendais à autre chose ?


Elle tira sur sa jupe trop courte et ne répondit rien. Elle aurait espéré qu’il l’embrasse ou tout au moins qu’il lui prouve qu’il la trouvait  désirable, mais non, rien. Elle l’a vu s’approcher du bateau échoué, le caresser, puis il est revenu vers elle et lui a dit.


- Bon, on part ?


PS : texte écrit à partir de cette photo gentiment prêtée par Pastelle

4 juin 2012

La télé pour chiens

Quand elle partait, même pour une heure, elle lui mettait la télé : Caligula ne supportait pas la solitude. Cette simple présence évitait les aboiements à répétitions et les moquettes lacérées. Bien sûr, l’abonnement était cher, mais que ne ferait-on  pas pour un compagnon aussi précieux ?
Il y a deux semaines, une nouvelle chaîne de télé avait produit le premier feuilleton pour chien et Caligula, qui avait suivi le premier épisode avec plaisir, ne voulait en rater aucun. D’ailleurs, si elle n’allumait pas la télévision à 14 h 30 précises - heure du feuilleton « Un chien presque parfait »   - Caligula montrait les dents…

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