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Presquevoix...

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3 juillet 2012

Les rêves

C’était la 698ième fois qu’elle rêvait qu’elle ratait son baccalauréat et la 354ième qu’elle suivait son propre enterrement. Sa vie nocturne était un parcours du combattant…

2 juillet 2012

Le pantalon

C’étaient les soldes et il regardait les pantalons dans cette boutique, plutôt calme, en début de matinée. La vendeuse s’est approchée, souriante.
- Je peux vous aider ?
Il a répondu aimable, malgré sa haine atavique des vendeuses.
- Je cherche un pantalon, plutôt léger.
- Et vous faites quelle taille ?
Troublé par la question, il a fini par répondre.
- Oh, je ne sais pas, ça change tout le temps !
Elle l’a examiné attentivement et a conclu, péremptoire.
- Un petit 56, je pense !
Comment pouvait-elle oser ? Lui qui faisait du 50 six mois plus tôt !

1 juillet 2012

Le chien

banc2C’était là, dans les herbes folles, qu’il avait trouvé le chien mort  il y a 20 ans, et il ne l’avait jamais oublié. Des mouches, comme autant de soldats prêts à l’attaque, voletaient au-dessus de la plaie béante qui avait vidé l’animal de son sang. Alors qu’il contemplait la scène,  stupéfié, une main puissante l’avait saisi, lui avait passé une laisse autour du cou, et l’avait attaché au banc. Un homme dont il avait oublié le visage lui avait ligoté les poignets à l’aide d’une corde rêche. Avant de  partir, il lui avait dit.
-  Maintenant, t’as plus qu’à aboyer, comme ce connard que je viens de tuer ! Peut-être qu’on viendra te chercher. Vas-y,  aboie !  avait-il ricané.


Et il avait aboyé jusqu’à ce que l’homme disparaisse à l’horizon. Aujourd’hui encore  il aboyait ; mais personne ne l’entendait...

PS : texte écrit à partir de cette photo, gentiment prêtée par Patrick Cassagne.

30 juin 2012

Les autres

Quand elle avait rencontré son collègue de philo dans la rue, elle lui avait demandé s’il allait mieux ; il faut dire qu’ il était en congé maladie depuis trois mois. Il l’avait regardée étrangement puis  avait dit, en laissant sa phrase en suspens.
-  Moi, je vais beaucoup mieux, mais les autres…
Et il avait conclu.
-  Les autres sont fous.
Elle s’était demandée s’il parlait d’elle, mais non, pourquoi aurait-il parlé d’elle ?

29 juin 2012

La tunique

Hier, je me suis acheté une tunique dans une boutique «  femme forte », juste pour avoir l’air mince. La première taille, c’était le 42 -  pile poil la mienne -  la dernière le 60.
Quand j’en ai parlé à mon mari et que je lui ai dit que psychologiquement, cela m’avait fait un bien fou, il a conclu.
- Méfie-toi, quand on commence comme ça, on sait jamais où ça va s’arrêter.
Pourquoi devrais-je me méfier ? Décidément, je ne comprendrai jamais mon mari…

28 juin 2012

L’heure

C’était la troisième fois qu’il regardait sa montre  et il était toujours 8 h20. En demandant l’heure à un passant, il a prié pour que l’heure ait changé mais non,  l’homme lui a répondu qu’il était 8 h 20. Troublé, il s’est assis sur un banc et il a regardé passer - pendant ce qui  lui a semblé une éternité - les voitures sur le boulevard St Germain.
Au moment où le soleil se couchait à l’horizon, il a fait une dernière tentative auprès d’une femme qui promenait son chien. Elle s’est arrêtée, a consulté sa montre et lui a dit aimablement.
-    Il est exactement  8 h 20.
Il l’a remerciée, s’est rassis et il s’est mis à pleurer. Dorénavant il serait toujours 8 h 20. Personne à part lui ne semblait en être affecté…

27 juin 2012

Les emballages

Elle emballait tout dans des sacs en plastiques : les  produits d’entretien, les journaux, les produits de bain, les chaussures, les chaussettes... même sa carte vitale et sa carte d’identité étaient emballées. Elle ne supportait pas qu’un seul objet puisse vivre sa vie sans emballage. Et si elle avait pu s’emballer elle-même, elle l’aurait fait avec plaisir, c’aurait été une bonne chose de réglée.

25 juin 2012

Le slip

Isabelle lui avait dit qu’elle s’était tout de suite aperçue du jour où son mari l’avait trompée.
- Ah bon, mais comment ? avait répondu Sylvie qui se demandait justement si son mari était aussi fidèle qu’il lui jurait l’être.
- C’est tout simple, du jour au lendemain, Bertrand a changé de slips. Il est passé du slip classique taille haute, genre « hissez la grand-voile » au slip de couleur, taille basse, qui le comprimait de partout…
Une fois chez elle, Sylvie fouilla de fond en comble le tiroir où son mari rangeait ses slips. A première vue, rien d'anormal, mais en cherchant bien, elle trouva un slip vert qui ne ressemblait en rien à ce qu’il portait d’habitude…

PS : prochain texte, le mercredi 27 juin à 7 heures sonnantes !

24 juin 2012

L’aspirateur

On avait sonné chez elle. C’était un représentant. Sa première impulsion avait été de l’expédier, mais elle le fit entrer. Il lui présenta son nouvel aspirateur-masseur. Un concept étonnant. Croyant sentir une proie facile, le vendeur lui fit goûter les joies du tuyau masseur.
- Un bel objet assurément, lui fit-elle après avoir expérimenté un mini-massage, mais non, pour l’instant j’ai d’autres achats prioritaires.
Le représentant insista tant qu’elle finit par s’énerver.
- Ecoutez, je suis chez moi et j’ai quand même le droit de ne pas vouloir acheter votre aspirateur.
Le type ne l’entendit pas de cette oreille.
- Mais vous aviez l’air d’apprécier les massages.
- Certes, mais cela suffit-il pour acheter un aspirateur ? De toute façon, je n’ai personne pour me passer le tuyau dans le dos, je vis seule.
Le représentant fit une dernière tentative.
- Et alors ?
- Comment ça : « Et alors ? ».
- N’importe qui peut venir vous passer le tuyau dans le dos.
Agacée par son insistance elle finit par hurler que « n’importe qui » ce n’était pas possible, n’importe qui ne pouvait pas entrer chez elle, et que son tuyau, il pouvait se le mettre où elle pensait…

23 juin 2012

Le SDF

Il était sur la place du Capitole, le premier mai, et il attendait les « généreux donateurs ». Il avisa un type à moustache et se dit que celui-là, peut-être… la moustache lui inspirait confiance. Il lui chanta sa ritournelle – cinquante centimes, c’est pas cher et je pourrai manger -  et le moustachu se laissa séduire.
-    Deux euros, tenez, dit-il, en ajoutant tout sourire :  vous rendez la monnaie ?
-    Non, répondit le SDF rigolard, mais tenez, pour le prix, je vous fais la bise.
Ce qui fut fait illico.

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