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Presquevoix...

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31 juillet 2012

La photo

Elle a montré à son mari la dernière photo qu’on avait prise d’elle.

- Qu’est-ce que tu en penses ?

- C’est bien toi, je confirme.

Enervée, elle lui a dit qu’elle se trouvait vraiment moche. Il lui a répliqué, philosophe.

- Pourquoi tu t'énerves ? Souviens-toi bien d’une chose : dans cinq ans je te garantis que tu  te trouveras très bien sur cette photo !

Il avait l’art et la manière de la rassurer…

 

PS : Ce sera mon dernier texte avant la pause estivale. Retour le 16 aout, à 7 heures :)

 

30 juillet 2012

Le menu

Au comptoir du Quick, pris au dépourvu, il avait commandé le premier menu qui s’affichait.

- Un menu crétin s’il vous plaît.

- Un XL ? Demanda la jeune fille d’une voix neutre.

Il se demanda pourquoi elle voulait absolument lui donner un XL, mais il acquiesça. La jeune-fille emballa prestement le menu Crétin XL et le déposa sur le plateau, accompagné d’un coca cola.

Assis à sa table, il contempla tristement le menu crétin. Il eut la certitude que le processus de décervelage généralisé était en route et qu’il était irréversible. Dans quelques années, la société produirait des millions de crétins qui s’ignoreraient…

 

29 juillet 2012

Altruisme ?

Devant le tribunal, il avait dit : « J’ai tué ma femme pour qu’elle ne souffre pas. J'ai un cancer du poumon et les médecins  ne me donnaient plus qu’un mois à vivre. Elle n'aurait pas supporté mon absence. » Les jurés avaient été impressionnés par la prestance de cet homme, ancien directeur général de la banque HMC.

Seulement, aucun des témoins qui avaient défilé à la barre n’avait fait état de telles volontés de la part de sa femme. L’accusé avait alors conclu : « J’ai peut-être mal interprété ses paroles… »

28 juillet 2012

Les compliments

Elle avait changé de métier pour devenir « diseuse de compliments ». Ses contrats duraient d’une demi-heure à un mois et son travail pouvait aller du petit compliment passe-partout au compliment haut de gamme. Sa méthode faisait merveille et des changements  survenaient généralement dans le mois qui suivait son intervention.
Le slogan de « sa petite entreprise », maintenant bien insérée dans le tissu local,  était : « un compliment accepté, un pas vers l’estime de soi ».

27 juillet 2012

Piquante

On l'avait toujours qualifiée de piquante, pourtant, si elle piquait leur curiosité, c'était jusqu'à un certain point. Elle commençait à s'inquiéter : serait-elle vierge à vie ?
Sa mère, à qui elle s'en était ouverte, lui avait répondu.
- Ma fille, plutôt coiffer Sainte Catherine que des verges dont la finition et la texture ne te conviendraient pas.
Elle en était restée coite.

PS : texte écrit dans le cadre des " impromptus littéraires ".

26 juillet 2012

L’absinthe

Elle leur avait préparé le verre à absinthe, la cuillère, le morceau de sucre. Elle avait versé l’absinthe dans le verre, restait à mettre en route le goutte à goutte. C’est ce moment-là que l’enfant choisit pour faire bouger la table : les sucres tombèrent dans l’absinthe, les cuillères tombèrent sur la table et deux gifles tombèrent sur ses joues rebondies.
- On ne plaisante pas avec l’absinthe, hurla son père.


25 juillet 2012

Duo

Nouveau duo avec caro-carito, du blog les heures de coton. Le texte que vous allez lire est de caro-carito, quant à mon texte, il  est sur son blog. Cette fois-ci, il s'agissait d'écrire un texte libre inspiré de cette photo de Patrick Cassagnes



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maisonAu bout de la rue des agapanthes

La côte est longue, raide. Le soleil est haut. Tante Léonie attend toujours pour me tendre ciré jaune, seau et le sac en papier contenant mon goûter. Je suis alors sa mince silhouette. Sa tête penche comme si son chapeau de paille pesait des tonnes et que, d’un moment à un autre, il l’entraînerait vers une chute irréversible. Trois cent cinquante mètres de villas chics, puis la jetée et le sable. Je pourrai alors défaire mes sandalettes.

Au bout de la rue des agapanthes, une maison, haute, avec trois, dix, cent étages au moins et un œil-de-bœuf qui scrute les passants. Tante Léonie ralentit le pas et j’entends entre ses lèvres serrées des mots qui s’égarent, un chapelet d’imprécations qu’elle récite, dents serrées, le temps que dure le grillage bleu et rouille : « sale engeance, mauvaise vie, lignée de rien. ». Un lent crescendo qui s’égrène avec des pizzicati furibonds. Juste avant de quitter la rue ombragée, scandés haut et fort, ces six mots : « la chute de la maison Usher ! »

Pendant ce chemin de croix, j’ose un coup d’œil vers le chien paresseux qui gémit dans son sommeil. Je surprends parfois deux enfants blonds jouant dans la longue cour pavée où s’égarent des mauvaises herbes : un garçon et une fillette auréolés d’or pâle qui ne frémissent pas quand la voix hérissée de ma tante se fait entendre. Je marche les yeux rivés vers son chapeau qui hoquète de fureur. Si j’avais osé tourner la tête, j’aurais aperçu les lézardes au pied de la façade et la rouille grinçante, familière sur cette côte battue par les vents, les averses et la mer froide.

La voix de ma tante se tait enfin. Bientôt, je n’aurais plus qu’à me saisir de ma pelle et infliger de toutes mes forces une entaille violente, à flanc de plage.

Un jour, la voiture de papa ne m’amena plus au bord de la mer. Tante Léonie, les niniches à l’anis et les rochers à découvert à marée basse, la villa Usher - telle je l’avais surnommée - les deux enfants blonds, le chien sur le perron et les châteaux de sable que seule la nuit efface, tout disparut.

Et ce jusqu’à ce que je reçoive le courrier de Me Desmarets, notaire au 16 avenue Chateaubriand. Léonie Ponce de Bel-air venait de décéder à 99 ans dans son lit, chambre des pervenches, dans la résidence pour personnes âgées du Clos du lac. J’étais tout aussi incapable de me rappeler ma tante, certes un peu âgée, mais bien vivante, celle qui m’entraînait vers la plage chaque après-midi de juillet, que de l’imaginer en vieille dame recluse dans une maison de retraite.

Léonie Ponce de Bel-air, sœur unique de mon père, son aînée de onze ans, lui avait donc survécu deux décennies. Léonie dont il avait nié l’existence pour une raison inconnue et dont je n’avais plus jamais rien su. Dont je n’appris rien de plus car Me Desmarets me tendit le testament - la somme d’argent qui m’était léguée restait, même après le passage du fisc, conséquente - des titres de propriété et la clef d’une maison que je reconnus immédiatement sur les photos : la maison Usher. Il n’en savait pas plus.

Je m’y rendis le lendemain. La montée fut plus aisée. L’œil-de-bœuf avait conservé sa vigilance de gardien. Je crus apercevoir un chien allongé sur le perron, je crus déceler les pas joyeux de deux enfants blonds et l’écho pétri d’imprécations de Tante Léonie.

La maison Usher appartenait à ma tante depuis bien avant ma naissance ; les papiers fournis par le notaire me l’avaient indiqué. La maison Usher de son vrai nom la villa Sainte Othilie. Je poussais la grille. Je fis quelque pas et je  compris qu’il n’était pas nécessaire de savoir, que la maison pouvait conserver ses secrets. Elle était désormais mienne.

 

24 juillet 2012

L’accent

Ce journaliste de renom, après avoir émergé d’un coma de quatre heures, avait changé d’accent. Il était passé d’un accent pointu, caractéristique de l’ « élite » parisienne, à un accent marseillais à couper au couteau. Allait-il pouvoir à nouveau présenter le 20 heures ? La Direction se penchait sur la question…

20 juillet 2012

Le téléphone portable

Un téléphone venait de sonner. Le professeur s’avança dans l’allée, sur le qui-vive, prêt à se ruer sur le premier sac venu. Soudain, il y eut une nouvelle sonnerie et il bondit sur Léo ; c’était lui, il le tenait le crétin ! Il le pria de lui donner le portable. Léo essaya d’opposer une résistance mais le professeur prit son air de rottweiler et Léo battit en retraite.
Le portable trôna sur le bureau pendant toute l’heure. A la fin du cours, quand tous les élèves furent sortis, Léo s’approcha du professeur.
-    Monsieur, j’ai besoin de mon portable pour que ma mère vienne me chercher.
Le professeur aboya.
-    T’as qu’à rentrer à pieds - et il conclut - Je te rendrai ton téléphone quand tu m’auras rendu ton devoir maison !
Le verdict était implacable. Il devrait se pastiller son devoir maison le soir-même !

 

PS : texte écrit à partir d’une perle lue sur ce site

Quelques super-perles pour éclairer votre journée :

  • -« La nuit, le cerveau classe. Encore faut-il lui donner quelque chose à ranger... »
  • «  - Pousse toi du tableau Benjamin s'il te plait, je sais pas ce que tu fais.

            - Moi non plus. »

  • «-  Alors, qu'est-ce qu'il a cet angle ?

          - Il est ENORME ! »

  • " -  Vous êtes la classe de 6ème la plus nulle alors que vous êtes des 4ème !"

 PS1 : prochain billet le mardi 24 juillet à 7 heures : )

19 juillet 2012

L’assistant de conversation

Depuis qu’ils avaient acheté un « assistant de conversation », tout allait pour le  mieux : les enfants parlaient aux parents, les parents aux enfants et les enfants parlaient entre eux. Mais quand l’assistant tomba en panne, le silence reprit ses droits…

PS : pour voir comment marche « l’assistant de conversation », c’est ici. Regardez la deuxième vidéo.

 

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