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Presquevoix...

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20 mars 2024

l'exhibition

Ce jeune homme avait pour habitude de s’exhiber à la bibliothèque universitaire de la faculté de lettres, non pour faire part de ses connaissances en matière littéraire – il pouvait pourtant décliner plus de 1000 citations de poètes et de romanciers de littérature française et anglaise – mais simplement pour que les étudiantes puissent, en ce lieu, apprécier la sculpture de son organe. Ce « bibliobitophile » notait ensuite sur son carnet de notes – le « péniscritoire » - dès qu’il rentrait chez lui, les réactions de ces demoiselles médusées par la hardiesse de son exhibition et, pensait-il, par son phallus dont la grâce s’alliait à la sensibilité.  Comme il s’éclipsait rapidement, personne n’avait encore pu l’arrêter jusqu’au jour où une étudiante – ceinture noire de karaté et diplômée en master 2 de littérature comparée – l’avait bloqué au sol entre deux rayons de livres de littérature française du dix-neuvième siècle. Inutile de dire que son Kiaï avait transformé le jeune homme en statut.

PS : prochain texte, dimanche soir.

 

 

 

 

 

 

 

16 mars 2024

Naissance

Je suis né dans un aquarium. Ma mère a toujours eu de drôles d’idées, même avant ma naissance. Quand j’ai ouvert les yeux, je me suis trouvé nez à nez avec un gros poisson triste qui tournait en rond dans une eau trouble. De sa voix sans voix il m’a chuchoté.

- Tu vois, c’est ça la vie ! et puis il a disparu.

Il m’a fait si peur que j’ai voulu retourner dans le ventre de ma mère, mais il était trop tard. Elle avait fermé la porte à clef, sans état d’âme.

Aujourd’hui, j’attends qu’on m’ouvre l’autre porte…

 

PS : prochain texte, jeudi.

8 mars 2024

Faut-il un psychiatre ?

A chaque fois qu’elle entendait la voix du président, Nicole, retraitée, hurlait dans son appartement  : « Ferme-la jeune crétin, on en a marre de ton auto-promotion de narcissique ». Seulement, depuis la tirade du président sur l’Ukraine - tirade qui lui avait mis l’Europe à dos – sa colère et sa véhémence avaient décuplé et elle ajoutait cette longue réplique, en boucle : « Mais vas-y en Ukraine, va te faire flinguer par les russes, comme ça on entendra plus tes discours vides ! Avant tu te prenais pour le premier de la classe France, et maintenant tu veux être le premier de la classe " Monde", c’est ça ? C’est ta deuxième maman qui doit être contente d'avoir un enfant aussi brillant ! »

Après une plainte des voisins, excédés par ses cris, la police a frappé à sa porte. Et, sans aucune hésitation, Nicole leur a ressorti le même monologue. Conclusion : « 24 heures de garde à vue pour insultes au Président de la République !».

Une fois dans sa cellule de « dégrisement », Nicole a continué son monologue habituel avec un nouveau vibrato : « Ah oui, c’est ça la démocratie en France ! Bravo la Censure ! Quand on ose dire la vérité, on va en taule ! Mais il y a des millions de français qui pensent comme moi, des millions, et ils n’osent rien dire ! » Et elle a ajouté : « A quand un conseil de psychiatres indépendants pour déterminer si la santé mentale du Président est compatible avec son poste ! Dépêchez-vous avant que la guerre nucléaire ne commence ! ». Pour finir, elle a tapé sur la porte de sa cellule en criant « Je veux voir un psychiatre pour lui raconter tout ça ! ». Deux heures plus tard, le psychiatre arrivait, non pour évoquer la santé mentale du président, mais celle de Nicole…

Serait-il possible qu’un Président puisse altérer la santé mentale des citoyens ?

 

PS : prochain texte dimanche 17 mars

 

5 mars 2024

La photo

La vieille dame avait retiré toutes les photos qui représentaient sa fille. La photo où ses deux enfants apparaissaient côte à côte à l’âge de 15 et 17 ans, elle l’avait déchirée en deux, et seule restait la moitié gauche, où  son fils souriait.

Quand sa fille est entrée chez sa mère, elle lui a dit, étonnée, en regardant le mur aux photos.

  • Je vois que tu as fait un nettoyage radical !
  • Oui, ça en avait besoin, a répondu la vieille dame.
  • Et pourquoi suis-je la première à disparaître ?

Son frère a précisé, énervé.

  • Réfléchis !
  • J’essaie et je ne vois pas. Sans doute parce que je m’occupe trop de maman et qu’elle pense qu’elle ne te voit pas assez ?

Il s’est approché menaçant, mais elle s’est précipitée derrière la table du salon en criant.

  • Surtout ne me touche pas où je porte plainte. Je te rappelle que ce sera la deuxième fois que je porterai plainte, donc.

Il s’est éloigné et à dit à sa mère de ne pas s’occuper de cette folle. Avant de partir, elle a tout de même dit à sa mère.

  • C’est la dernière fois que je viens te voir maman. Maintenant, si tu as besoin de quelque chose, demande à ton fils attentionné. Ma vie sera beaucoup plus tranquille car pour tout dire, j’en ai marre de lui, mais aussi de toi, car tu ne dis rien, jamais, et ça depuis des années. Enfin le calme : mon mari, mes enfants, mes amis, le travail et moi. Quant à toi, plus de mari – il est mort depuis cinq ans –  et je te souhaite bon courage avec ton fils, qui m’a tout de même harcelée au téléphone avec menaces pendant deux semaine, d’où la plainte au commissariat !

Et elle les a laissés tous les deux dans l’espace clos de leur duo infernal.

 

PS : prochain texte, samedi.

28 février 2024

Le miroir

A chaque fois qu’il passait devant un miroir, il disait : « encore un miroir qui réfléchit trop ! » Il décida donc, devant chaque miroir, de mettre un drap blanc. Son esprit s’apaisa immédiatement.

 

PS1 : Pour ma part, je préfère réfléchir plutôt que de mettre un drap blanc sur les miroirs qui réfléchissent trop et, hélas, je constate que canalblog – pour lequel j’ai choisi de payer un abonnement mensuel hier – fonctionne plus mal. Plus de pub, certes, mais les blogs amis ont disparu, mon dernier texte aussi, sans parler des réponses aux commentaires. J’attends une réponse de leur part à la lettre envoyée hier…

PS2 prochain texte, mardi.

 

25 février 2024

Le sport selon Jean Louis et Stéphane

-          Moi j’aime bien le sport, le vélo surtout. Et toi ?

-          Moi ça m’emmerde le sport. Je préfère rester couché, lire, dormir.  Tu n’en as pas marre de faire des allers-retours de 100 kms à vélo tous les deux jours ?

-          Jamais. PRM : Persévérance, régularité, mental ! Et puis le vélo, ça m’évite de me prendre la tête, tu vois, car chez moi on se prend la tête de père en fils.

-          Moi, mon sigle perso, c’est pas PRM mais LSD !

-          LSD, t’es sûr ?

-          Oui, Lecture, sieste, détente

-          Je vois. Tu es en mode ternaire.

-          C’est ça, car chez moi, de père en fils c’était le mode TTT : travail, travail, travail, et le travail ça m’a fait chier, si tu savais !

-          Et ton corps ?

-          Qu’est-ce qu’il a mon corps ?

-          Il  se ramollit pas ?

-          Tu vois bien que non. Je te montre.

-          Ah oui, pas mal les mollets, mais le reste ?

-          Le reste suit, à part le membre viril. Mais, bon, je ne lui ai jamais voué un culte et on n’est plus à l’âge du « qui a la plus grosse », hein ? 

-          C’est vrai. (Stéphane chantonne sur l’air de « Que reste-t-il de mes amours » ) : Que reste-t-il de mon pénis, que reste-t-il de ses caprices, une illusion, belle illusion, de ma jeunesse…

-          ( Et Jean Louis continue)

Bonheur passé, pénis au vent
Baisers volés, sexes émouvants
Que reste-t-il de tout cela
Dites-le-moi…

 

-          Pas mal ta suite ! Pour revenir au vélo, Pédaler, pour moi, c'est un peu se préparer à un départ pour la vie éternelle, tu vois ?

-          Je ne savais pas que tu étais croyant, Stéphane ? Eh bien ! Pour moi, la lecture c’est se préparer à faire voyager son esprit.

-           Bon, excuse-moi, Jean Louis, on rigole ensemble, mais ma femme m’attend et si je suis en retard elle ne va pas rigoler, elle, et j’en ai pour 15 minutes à vélo avant d’arriver chez moi.

-          Eh bien si tu es en retard tu lui chanteras notre petite chanson « Que reste-t-il… » 

-          Très drôle ! Tu connais l’humour de ma femme, hein ?

-          Moins que toi, c’est sûr. Allez au revoir Stéphane, moi personne ne m’attend mais je dois terminer mon policier avant ce soir, je me le suis promis à moi-même.

-          C’est quoi le titre ?

-          Je hais les athlètes !

-          Bonne lecture !

-          Bon vélo et n’oublie pas de saluer ta femme de ma part !

 

PS : prochain texte, jeudi.

 

22 février 2024

Luna

Dans les cheveux de ce jeune homme, il y avait souvent des araignées, mortes parfois. Pourquoi ne les chassait -il pas ?  Luna les regardait vivre dans ses cheveux blonds et épais, mais les faucheuses lui faisaient peur.  Parfois elle se demandait si cet amoureux de tout juste 25 ans, à la plastique étrange, n’était pas une « ruine humaine ». Il est vrai que son travail de plasticienne conduisait son regard sur des chemins bien insolites, parfois.

-          « L’art des ruines », lui a-t-elle chuchoté, c’est la musique de l’éphémère, l’amour aussi, non ?

Et il lui a répondu,  le visage perdu dans l’océan de ses yeux verts.

-          Oui, tu as raison. D’ailleurs, l’amour ne s’immisce-t-il pas aussi dans les ruines ?

Luna a acquiescé en soulignant que les araignées devaient aussi faire l’amour dans ses cheveux blonds.

-          Mais je n’ai pas d’araignées dans mes cheveux !

-          Si, elles semblent apprécier ta touffe blonde. Quant aux ruines… Tiens, si demain nous allions faire l’amour dans les ruines du château de Robert le Diable ?

Le jeune homme a acquiescé et a immédiatement pensé au clair de lune. Oui, Luna avait l’art et la manière de le faire sortir de la nuit où il vivait depuis si longtemps.

 

PS : prochain texte, dimanche.

18 février 2024

L'élan

A chaque fois qu’elle lui parlait de perfection, son conjoint répondait.

-          Elle m’emmerde ta perfection. Je suis comme je suis, c’est tout.

-          Oui, mais l’élan, c’est important l’élan.

-          Si tu veux des élans, va en Finlande !

A ces moments-là, qu’est-ce qu’elle le trouvait « con » ! Mariés pour le meilleur et pour le pire, avait l’habitude de dire sa mère ; certes, mais elle se demandait pourquoi la rivière du pire était plus tumultueuse que celle du meilleur.

Son mari était catholique, et il mettait un point d’honneur à aller à l’église pour les « temps forts », comme il les appelait, c’est-à-dire les baptêmes, les mariages et les enterrements, Noël et Pâques. Elle était athée pourtant, jusqu’à présent, elle avait accepté de l’accompagner. C’est donc surpris qu’il l’entendît dire.

-          Désormais je n’entrerai plus dans une église. Si l’église est ton buisson ardent, moi c’est l’élan qui sera mon buisson ardent.

Il l’observa un instant, sortit son mouchoir de sa poche et finit par lui dire.

-          Comme tu veux. Mais moi je n’irai plus voir ta mère.

-          Je ne vois pas le rapport entre l’église et ma mère.

-          Ah bon, ne dit-on pas notre sainte mère l’église. Sauf que ta mère n’est pas une sainte !

-          Ton humour et ta foi sont au ras du sol.

-          Peut-être ma chérie, mais on a les élans qu’on peut.

Elle quitta la salle à manger et se dirigea vers la chambre pour s’allonger et entamer la lecture du dernier roman qu’elle s’était acheté : « Toutes blessent, la dernière tue ». Oui, lui aussi il verrait que la dernière le tuerait…

 

PS : prochain texte, jeudi.

15 février 2024

Le père

Il avait 80 ans et sa deuxième fille venait de naître. Bien sûr,  il le disait à tout le monde, avec fierté, les yeux brillants.

-          Quel bonheur, quand je regarde cette petite fille j’oublie tout. 

Sa première fille, qui elle venait d’avoir 45 ans, entendit le même discours mais son père ajouta.

-          Je veux vivre aussi longtemps que possible pour profiter d’elle.

Ce à quoi sa fille répondit.

-          Ah oui, je l’espère pour toi ! Quel égoïsme à la puissance 10, tout de même, d’avoir un enfant à 80 ans !

-          Quelle jalousie que la tienne, ma fille !

Sa fille vint mettre sa chaise juste en face du fauteuil où il se reposait, elle s'assit, puis calmement lui dit.

-          Tu crois qu’elle va te faire rajeunir ta fille ? Tu es vieux et tu le resteras, quoi que tu fasses, même si tu as un troisième enfant à 85 ans. Tu as regardé l’espérance de vie pour les hommes, en France ? Souviens toi que ton propre père est mort à 81 ans. Donc, si jamais tu as le même destin que lui, ta fille ne connaîtra son père – toi donc, semble-t-il  - que jusqu’à l’âge de 9 mois. Bravo !

-          Tu es vraiment une garce, ma fille, mais ça, je le savais déjà !

-          Et toi un con ! Allez, bonne soirée papa et dis bonjour à ta compagne qui elle, a 10 ans de moins que moi, c’est ça ?

Et sa fille partit à grande enjambées rendre visite à sa mère de soixante-dix ans qui, elle, disait pis que pendre de son ex-conjoint. Son seul soulagement c’était de penser que l’ « autre femme » ne toucherait pas la pension de réversion, puisque le couple n’était pas marié, à moins que…

 PS : prochain texte, dimanche.

12 février 2024

DUO -(2)

Marie et Pierre

Quand Marie partait sur le chemin de la politique, on était sûr, ou presque, que les choses allaient mal tourner. Et elle avait la dent dure, Marie. Ce jour-là, c’est le président qui en a eu pour son grade, dommage, il ne dinait pas avec nous. La conversation en était à ce stade.

-          Mais à part lui, qui pourrait être président ? avait dit Jean, et Marie avait répondu illico.

-          S'il te plaît, arrête de porter ce type au pinacle ! S'il y avait une légion du déshonneur en France, il serait le premier à l’avoir, ce type ! Il parle de réarmement démographique, eh bien, il n’a qu’à donner l’exemple et tirer le premier coup lui-même, mais bon, pas facile avec la compagne qui est la sienne. Il ferait mieux de s’occuper des perturbateurs endocriniens.  En plus, ce type, il viole notre démocratie.  Souviens-toi que ce roquet narcissique a enterré les cahiers de doléances de 2019 ! On aurait dû l’étouffer avec un joli gilet jaune, tiens ! Je plaisante bien sûr. Tout le monde sait ici que je ne ferais pas de mal à une mouche, même si elle est méprisante, donc encore moins à un roquet. Notre président, il a grimpé au CAC 40 depuis sa première élection. Au début il avait 40 Casseroles Au Cul, maintenant on ne les compte plus ! Lui, sa mère aurait dû lui faire faire une ablation des deux cordes vocales à la puberté ; ses discours fleuves sont si creux et vides qu’ils nous emmerdent. Bon de toute façon, les dés sont pipés, alors on n’a plus qu’à espérer que les filles et les fils de la Sainte Verge de Gauche, je veux dire la sainte Vierge de Gauche bien sûr, arrêtent de se taper sur la gueule ! Amen. Désolée de choquer les catholiques ici présents.

C’est à ce moment précis que Pierre – le seule catholique de gauche présent à la soirée - est entré en piste en lui demandant de se taire car ses monologues anti religieux il en avait marre. Marie, alors, lui a dit en riant : « Saint Prépuce priez pour nous, Amen ! » Ce que Pierre a très mal pris.  D’ailleurs, c’était il y a 8 mois et Marie et Pierre sont toujours fâchés. Dommage pour Marie, parce qu’elle accouche dans deux semaines et c’est Pierre, le père de l’enfant. Je me demande si là aussi les dés ne seraient pas pipés ?

 

PS : prochain texte, jeudi.

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