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Presquevoix...
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7 décembre 2009

La question (gballand)

Ils étaient assis l’un en face de l’autre dans un café bruyant du centre ville. Comme il se montrait très silencieux, elle lui demanda :
- A quoi pensez-vous ?
- A la même chose que vous, répondit-il en la fixant de ses yeux sombres.
Elle rougit instantanément. Jamais plus il ne la revit.

5 décembre 2009

Les boules Quies (gballand)

Quand il allait à son cours de théâtre il emportait toujours ses boules quies. Sans elles il ne pouvait pas jouer ; les répliques de ses partenaires le déstabilisaient au point d’oublier les siennes. Il préférait se laisser guider par leurs lèvres.
Au bout d’un an  plus personne ne voulut jouer avec lui, il s’en étonna mais ne posa aucune question ; il se contenta de monologues.

29 novembre 2009

Vertige (gballand)

P1010067Il lui avait dit qu’il pouvait le faire, il suffisait qu’elle le veuille. Elle lui avait répondu : « Chiche ! ».
Trop tard pour reculer, elle le fixait de ses yeux gris et  attendait qu’il s’agrippe au cordage. Lorsque ses mains s’accrochèrent à la corde rêche, son cœur battit à tout rompre. Il commença l’ascension à contre cœur. Son corps se vida immédiatement de son sang et sa tête devint un manège qui tournait à tout rompre. Loin, très loin, il l’entendait qui criait :
- Descends je te dis ! Descends tout de suite ! Tu m’entends ?
Mais il n’entendait plus. S’il descendait, il serait ridicule ; et voudrait-elle encore s’allonger dans l’herbe avec lui pour regarder passer les bateaux ?

* texte écrit à partir de cette photo de C.V prise lors de l'Armada à Rouen

25 novembre 2009

Quatre trous sinon rien ! (gballand)

Elle me dit qu’elle veut deux trous supplémentaires à chaque oreille, je lui réponds que non, elle me rétorque que si, que les oreilles sont à elles, un point c’est tout !
- A toi certainement,  mais un trou supplémentaire de chaque côté suffit amplement.
- Non, deux !
- Vu la petitesse  de tes lobes, les boucles d’oreilles vont  se chevaucher !
Elle ne trouve pas ça drôle. Elle se fera faire ses trous envers et contre moi ! Que je me le tienne pour dit ! Porte claquée, conclusion.

21 novembre 2009

Le pays des orages (gballand)

Il lui avait dit qu’il venait du  pays des orages et que pour elle il avait traversé mers, déserts et montagnes. Il lui écrivit les plus  beaux poèmes d’amour, elle ne répondit pas. Alors il la couvrit de diamants étoilés et de lunes brodées ; elle continua de l’ignorer.
Il en conçut un tel dépit qu’il lui ôta la vie de sa dague argentée. 

PS : texte écrit dans le cadre des ateliers des « impromptus littéraires »

20 novembre 2009

Prenez vos agendas ! (gballand)

A chaque fois qu’elle demandait aux élèves de seconde de prendre leur agenda, toujours les mêmes soupirs, les mêmes lamentations et les mêmes cris d’orfraie :
- Ah non madame ! On a trop de travail, on peut pas !
Elle ressentait invariablement la même envie impérieuse de leur hurler :
- Putain de merde, je vais vous  arracher vos  poils dans la main, moi, et les uns après les autres !
Au lieu de cela, elle continuait d’humeur égale :
- J’attends que tout le monde ait son agenda sur la table… notez pour…

14 novembre 2009

A fleur de mots (gballand)

Elle avait toujours été à fleur de mots ; la rumeur disait même qu’elle était folle. Quand son arc à palabres se déployait, ses victimes ne se relevaient pas. Elle dérangeait. On chuchotait que seul un puissant neuroleptique  pourrait la guérir de sa langue malade.  Bientôt, ses mots ne troubleraient plus l’ordre public : on la mettrait à l’isolement.

PS : texte écrit dans le cadre des « impromptus littéraires »

11 novembre 2009

Barcarolle (gballand)

Pourquoi avait-il fait l’amour avec Caroline sur la barcarolle d’Offenbach, leur barcarolle, et surtout pourquoi le lui avait-il dit ? Elle préféra le quitter ; quelqu’un d’ aussi franc ne pouvait pas être honnête. Une semaine plus tard elle rencontrait un homme qui aurait pu devenir son amant s’il ne lui avait demandé, après l’avoir embrassée comme jamais elle n’avait été embrassée :
- Tu connais la barcarolle d’Offenbach ?
Elle se raidit instantanément, répondit qu’elle ne  supportait pas cette barcarolle et qu’il était hors de question qu’elle l’écoutât. Il la regarda indécis, ne sachant que faire. Quand il l’embrassa à nouveau, le charme était rompu.

10 novembre 2009

L’altiste autiste (gballand)

Quand elle plongeait sur la scène du théâtre de sa loge du premier balcon, c’est souvent l’altiste à lunettes qu’elle regardait, sans doute parce qu’il ressemblait à ce qu’elle croyait être un morceau d’elle-même. Il jouait les pieds légèrement tournés vers l’intérieur, ne souriait jamais, ne montrait aucune complicité avec quiconque et son corps semblait réglé par une série d’impeccables automatismes.
Elle avait fini par se demander s’il jouait vraiment...

9 novembre 2009

Dis, à quoi tu penses ? (gballand)

Souvent sa femme lui disait, énervée, comme si quelque chose de sa vie lui échappait :
- Je me demande à quoi tu penses ?
Il n’avait jamais répondu à cette question-là. Elle n’aurait pas compris. Pouvait-il lui dire qu’il ne pensait jamais à elle, mais à lui,  comme s’il se regardait de l’au-delà de la vie. Et ce regard   le dérangeait ; toujours cet œil en coin, ironique, qui le rappelait à sa condition de mortel.

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