Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Presquevoix...
Archives
12 mai 2010

Ma part d’ombre

Le jour où je suis arrivé chez ce psychanalyste que j’avais choisi au hasard dans l’annuaire en  disant « Je voudrais connaître ma part d’ombre. » ; il a hurlé de rire. Quand il s’est arrêté, il m’a regardé droit dans les yeux et m’a répondu :
- Ça va vous coûter cher.
J’ai rétorqué tranquillement :
- Je suis prêt à payer le prix qu’il faudra.
Alors il a ajouté avec un petit rire étrange :
- Si ce n’était  qu’une question de prix… et il a laissé sa phrase en suspens.
Juste après, il m’a demandé de m’allonger. J’ai failli refuser, mais je ne pouvais plus reculer, j’aurais eu l’air ridicule. C’était il y a 20 ans.
Je crois que maintenant, j’ai compris pourquoi il riait.

4 mai 2010

Derrière le mur

       - Allez, descends ! S’impatientait sa copine.
      -     Attends ! Répliqua-t-elle sèchement, et elle continua de les épier.
Ce qu’elle voyait, c’était son amour qu’il lacérait à grands coups de couteaux. Pourquoi était-elle tombée amoureuse de ce dragueur des cités ? Elle avait les larmes aux yeux mais pour rien au monde elle n’aurait arrêté de regarder la scène.
Maintenant, il se décollait de la fille et il  remontait sa braguette comme un jeune coq repus. La fille paraissait sonnée et restait collée au mur, le slip à mi-jambes. Elle allait voir ce qu’elle allait voir cette petite pute, pensa-t-elle en serrant les dents ; dès demain sa réputation serait faite.
       -  A moi je te dis ! Continuait celle qui attendait au bas du mur.
Elle descendit et lui laissa la place sur les deux bidons superposés.
        - De toutes façons c’est fini, il se l’est faite le salaud !
Lui aussi, elle allait lui régler son compte, il ne s’en tirerait pas comme ça…

PS : texte écrit dans le cadre des atelier des « impromptus littéraires »

1 mai 2010

La truie

Elle lui en faisait voir de toute les couleurs. Non seulement elle creusait derrière ses clôtures mais elle le narguait de son oeil torve. 9 mois que son petit jeu durait, 9 mois de négociations avec le propriétaire qui ne voulait rien entendre :
- Si je l’ enferme elle va déprimer, avait-il eu le culot de lui dire.
Il avait été très clair :
- Soit tu l’enfermes, soit elle terminera en jambons plus tôt que prévu !
Un mois plus tard, quand il la visa à la carabine de la fenêtre de sa chambre à coucher d’où il l’observait chaque jour, il n’eut aucun regret. Le POUM le fit même hurler de rire.

PS : écrit à partir du résumé d’un fait divers lu sur le site de Paris Normandie

28 avril 2010

Les lettres d’excuse

J’ai un collègue qui collectionne les lettres d’excuse. A chaque fois qu’un élève fait un écart de conduite, il lui demande de faire une lettre d’excuse, et en espagnol, puisqu’il enseigne l’espagnol. Il paraît que ces lettres sont souvent drôles. Google et Reverso – les traducteurs officiels de tout élève qui se respecte -  ont des façons très “originales” de mettre en valeur la langue espagnole, ou quelque langue que ce soit.
Essayez et vous serez surpris…

27 avril 2010

Le père

Quand son père proposa de venir le chercher, Damien s’en étonna mais il accepta. Il  lui conseilla malgré tout de ne pas s’arrêter devant le lycée mais un peu plus loin, ridicule oblige. Son père acquiesça en précisant :
- Laisse ton portable allumé, au cas où.
Le lendemain Damien attendit son père 30 minutes, il devait l’avoir oublié ou il avait eu un rendez-vous de dernière minute. Sa mère ne disait-elle pas  de lui :
- Ton père a tellement de travail qu’il en oublie qu’il a une famille.
Soudain le portable de Damien sonna : c’était  son père. Il vociféra comme il savait si bien le faire :
- Enfin merde, qu’est-ce que tu fous Damien ? Ça fait un quart d’heure que je suis devant ton collège !
Damien répondit juste :
- Mais papa, le collège c’était l’année dernière, maintenant je suis au lycée !
Il entendit juste le bruit du portable que l’on éteignait et puis plus rien

22 avril 2010

Prospection

Maintenant, quand on l’appelait au téléphone pour lui proposer des assurances, des réductions d’impôts, un téléphone portable, de la porcelaine ou des cuisines intégrées, après le traditionnel :
- Allô, je suis bien chez Madame Durand ?
Elle répondait d’une voix neutre :
- Non, Madame Durand est morte ! Ce qui provoquait immanquablement un  “ Excusez-moi ! ”.
Elle finirait bien par avoir la paix, un jour.

21 avril 2010

Le curé

25 ans de messes, 800 enterrements, 250 baptêmes, 600 mariages, il n’en pouvait plus. L’église tombait en ruines, les fidèles se raréfiaient et les messes ne ressemblaient plus à rien. Lui-même avait perdu le goût des sermons, des évangiles et  de l’eucharistie ; d'ailleurs il passait plus de temps au café que dans la sacrisitie. Le jour où on le retrouva à moitié nu, titubant sur la route nationale, le calice dans une main et le crucifix dans l’autre, personne ne songea à le blâmer.  Qui aurait pu le remplacer ?
Il ne reprit le service que quinze jours plus tard, mais il ne lui fallut qu’une semaine pour reprendre le chemin du café : là bas, les fidèles étaient plus nombreux.

13 avril 2010

Comment survivre à la disgrâce ?

La sanction était tombée, on l’avait isolé dans un placard : un bureau, une chaise, un vieux clou d'ordinateur et pas de fenêtre. L'humanité n'avait jamais été ce qui les étouffait au ministère. Qu’ils aillent se faire voir, pensa-t-il !
Après avoir fouiné à tous les étages, il avait fini par se trouver une salle de sieste dans les archives. Toutes les conditions étaient réunies pour qu’il y soit au calme ; le passé n’intéressait plus personne, seul le futur avait de l’avenir.
Tous les jours, de deux à quatre, il dépliait son tapis de sol entre des dossiers poussiéreux et s’endormait comme un bienheureux. Ce temps volé valait tous les postes du monde…

PS : ce texte est dédié à tous ceux qui, un jour ou l'autre, seront mis au rebut alors qu'ils se croyaient in-dis-pen-sa-bles...

10 avril 2010

clin d'oeil

ghislaineElle faisait partie des Renseignements Généreux. L’agence l’avait envoyée en Normandie pour une mission presque impossible : retrouver un bonheur perdu* sur la plage d’Etretat dans les années 60. Elle savait que l’enquête serait difficile ; quand les bonheurs ne s’effacent pas, ils se fondent dans le paysage et  trouver une trace de leur présence demande une virtuosité infinie.
Mais elle était décidée, rien ne serait laissé au hasard : ce bonheur-là elle le retrouverait, dût-elle en perdre la vue.

* Photo vue sur le blog de pagenas, alias Patrick Cassagnes

9 avril 2010

Et si le pape mourait ?

Il y a quelques jours, je faisais remarquer à mon mari que le pape avait l’air fatigué ; la preuve il a trébuché plusieurs fois sur la moquette rouge de sa grande salle de spectacle. Mon mari m’a répondu  :
- Quand il mourra, faudra qu’ils pensent à en prendre un de 25 ans, et un noir, ça nous changera. Je suis sûr que Jésus sera content.
Son idée m’a paru réjouissante. Et puis il a ajouté :
- Et quand je dis Jésus, je pense pas à l’empaillé de service qu’ils appellent Jésus, je pense à l’autre, celui qu’on a oublié depuis des siècles et des siècles...
Je me demande si parfois le pape pense à Jésus. Peut-être que quand il somnole sur son saint siège il y pense,  peut-être pas, mais le saura-t-on jamais ?

PS : regardez, ici,  le sketche très drôle des Deschiens sur la "papauté"

Presquevoix...
Newsletter
9 abonnés