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29 décembre 2010

Les pancartes

Au bout de quarante ans de vie commune, il avait décidé de communiquer avec elle par pancartes interposées. Le week-end passé, il en avait créé six  : Parle plus fort ! – Tais-toi ! –  Eteins la lumière ! - Qu’est-ce qu’on mange ? – Tu as fait les courses ? A quelle heure tu reviens ?
Il était assez satisfait du résultat. Maintenant, il n’avait plus besoin de lui adresser la parole.

28 décembre 2010

Les lettres anonymes

Elle s'envoyait des courriers anonymes depuis un mois et, à chaque courrier reçu, elle en parlait à ses voisins. Tous lui avaient conseillé d'aller voir la police, ce serait plus prudent ; mais qu'est-ce qu'elle attendait pour le faire ? Que l'irréparable se produise ?
Elle se décida la semaine suivante, le jour où elle reçut ces mots dont elle avait patiemment découpés  les lettres dans la dépêche du midi :
" Ta dernière heure est arrivée. Les connasses de ton espèce ne méritent pas de vivre."
Cette fois-ci elle était allée trop loin dans la détestation de soi, il fallait que quelqu'un l'arrête ; n'était-elle pas capable de mettre son projet à exécution ?

27 décembre 2010

La cellule de dégrisement

C’était un amoureux du bon vin. Quand ils allaient chez des amis et qu’on lui demandait s’il n’avait pas peur de reprendre le volant avec tout l’alcool ingurgité, il regardait sa femme et répondait invariablement :
- Moi, j’ai ma petite cellule de dégrisement personnelle.
Quand il disait ça elle le détestait, mais pas moyen de le faire changer de disque à moins qu’un jour…

25 décembre 2010

Le Père Noël

On m’a retourné ma lettre au Père Noël. Je  ne comprends pas. Est-ce qu’à 40 ans on ne peut plus croire au Père Noël ? L’infirmière m’a présenté les choses avec tact :
- Ma petite Eliane, j’ai quelque chose à vous dire qui ne va pas vous faire plaisir : le père Noël m’a renvoyé votre lettre.
- Mais pourquoi, lui ai-je fait en m’énervant, c’est pas juste !
Elle s’est montrée évasive. Je crois surtout qu’elle ne veut pas me contrarier. On a dû lui dire que je n' étais pas commode. Et puis elle a fini par me mettre sur la piste :
- Le Père Noël nous a écrit pour dire qu’il ne pouvait pas trouver la pilule que vous vouliez ; il faut que vous refassiez votre lettre !
Je n'ai rien dit mais quand elle a été partie j’ai pleuré. Je ne voulais quand même pas grand-chose, juste une pilule pour ne plus prendre ces putains de médicaments qui me font ressembler à un zombie. Qu’est-ce que je vais lui demander maintenant au Père Noël ? A la cafétéria, j’ai rencontré Didier et il m’a donné une idée :
- T’as qu’à lui demander  un fil d’Ariane au père Noël ! Et une fois que tu seras dehors, tu les boufferas plus, tes  médicaments !

Oui, c’est pas bête ça, les fils ça peut se trouver n’importe où. J’en ai parlé à l’infirmière et elle m’a dit que Didier ferait mieux de garder ses idées pour lui. Bon, c’est décidé, je ne vais rien lui demander au Père Noël, après tout, ce type, il n'a jamais rien fait pour moi quand j’étais enfant alors je ne vois vraiment pas pourquoi il commencerait…

21 décembre 2010

Le départ

Chaque jour, les rituels de départ au travail étaient de plus en plus éprouvants, il vérifiait ci, puis ça, il revenait chercher des documents, puis d’autres, il oubliait son portefeuille, puis revenait le prendre, jusqu’au jour où il ne partit plus  travailler car, une fois les rituels accomplis, il était déjà l’heure de rentrer du travail.

20 décembre 2010

Les étrennes

Quand il voulut mettre le courrier dans la boîte aux lettres du numéro 34, un chien surgi de nulle part lui attrapa la manche et ne la lâcha pas. Il eut beau la secouer dans tous les sens, l’effroyable roquet tenait bon. Une femme glapit de derrière la haie :
- Il est pas méchant, pas la peine d'avoir peur ! et encouragea l’animal à abandonner sa proie.
La dame sortit de derrière les branchages et lui dit :
- A chaque fois qu’il y a un étranger c’est pareil, pourtant il est gentil, je vous assure.
Le facteur, mal remis de ses émotions, conclut d’une voix sèche :
- Quand on a un roquet comme le vôtre, on l’enferme chez soi ou on a une boîte aux lettres ailleurs.
Il pensa que cette année, au 34,  ce ne serait pas la peine de passer avec ses calendriers, il n’y aurait pas d’étrennes…

18 décembre 2010

La caissière

Contre toute attente, il s’exhiba devant la jeune caissière* du supermarché. Si elle fut surprise, elle n’en montra rien et lui dit sans sourciller :
- Nous n’acceptons que les cartes bleues ou les chèques monsieur.
Le monsieur en question – un homme de taille moyenne d’une soixantaine d’années -  remballa très vite ce qu’il avait eu le toupet de sortir et partit sans demander son reste. Il en oublia même ses articles sur la caisse, mais la jeune femme ne le rappela pas.


*Titre d’un fait divers de Paris Normandie

11 décembre 2010

La ponette

Il était tombé amoureux d’elle dès qu’il l’avait vue. Il la décrivit au juge avec fougue : elle avait une crinière blanche, des cils immenses et un poil si soyeux. Il avait même ajouté qu’elle l’avait regardé d’un œil qui ne laissait aucun doute sur ses intentions :
- Oui mais c’est une ponette, reprit le juge.
- Et alors, s’énerva l’accusé, on ne peut pas aimer une ponette ?
Le juge s’empourpra et conclut  d’une voix glaciale :
- Oui, mais vous ne vous êtes pas limité à l’aimer, comme vous dites. Et je peux vous certifier qu’elle n’était pas consentante ; vous n’allez quand même pas me dire aussi que la ponette était consentante ?
La salle s’agita et l’accusé se tut.

PS : texte inspiré par un fait divers lu dans Paris Normandie

9 décembre 2010

Le cerveau

Il avait perdu le code d’accès à son cerveau et depuis deux jours il errait comme une âme en peine, demandant à tous ceux qu’il rencontrait « Vous avez vu mon code,  Vous avez vu mon code ? »…
Tout le monde l’ignorait, le prenant pour un fou. Désespéré, il tenta de se jeter d’un pont ; un pauvre hère qui passait par-là l’en empêcha et lui dit simplement :
- Je suis Dieu. Suis-moi et je te dirai où est ton code.
Il le suivit. Après avoir marché longtemps, ils se retrouvèrent tous deux à Ste Anne, lui derrière et Dieu devant…

7 décembre 2010

Le cours d’allemand

Hier, conseil de classe de première. On demande à un élève – le seul dans sa classe à faire allemand LV2 - pourquoi il n’a aucune note en allemand. Il répond, texto, que le cours n’a pas lieu dans la salle indiquée sur l’emploi du temps en début d’année et qu’il n’a pas trouvé la nouvelle salle.
- Depuis septembre ? lui répond le proviseur adjoint étonnée.
Hilarité générale, et l’élève d'ajouter sans se troubler :
- Je l’ai dit à ma mère, elle a téléphoné au proviseur pour l’expliquer, mais on lui a pas donné la nouvelle salle, voilà !
Conclusion du conseiller principal d’éducation :
- Vous, vous n’aimez pas l’allemand, déjà l’année dernière…
L’élève ne dément pas et précise :
- J’aime pas les langues vivantes.
Quelqu’un de perfide réplique :
- Vous devriez faire des langues mortes.
L’élève sort avec un avertissement sur son bulletin trimestriel.

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