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Presquevoix...
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4 octobre 2011

Le manteau

Ils sont dans une salle surchauffée et le juge l’interroge. Il répond d’une voix neutre.

-    Elle ne voulait pas mettre son manteau. Il faisait 5 degrés et elle ne voulait pas mettre son manteau.

Il se souvient qu’il était à bout et que si elle continuait à l’asticoter, il ne pourrait plus se contrôler. Pour la dernière fois, lui avait-il dit,  mets ton manteau !

Non, avait-t-elle hurlé d’une voix qui lui avait vrillé les tympans. Un coup de sang l’avait  pris, il l’avait attrapée par ses vêtements et l’avait envoyée valdinguer contre le mur.

-    Le problème, c’est qu’elle est restée une semaine dans le coma, puis elle est morte,  dit le juge.

Et  lui répond, obstiné.

-    Peut-être, mais elle ne voulait pas mettre son manteau !

3 octobre 2011

Les sacs en plastique

Cette nouvelle chaîne de prêt-à-porter au doux nom de « Evangeliosse » faisait un tabac. Sur chaque sac en plastique vendu 10 centimes, des versets des évangiles étaient inscrits en caractères colorés. L’entreprise, disait-on, était sponsorisée par le Vatican, mais ce n’étaient que rumeurs...

Samedi matin, quand Marie sortit de chez Evangeliosse, elle tenait à la main un sac où s’affichaient deux versets de l'Evangile selon Mathieu :

-    Ne jugez point, afin de n'être point jugés.

-    Demandez et l'on vous donnera ; cherchez et vous trouverez ; frappez et l'on vous ouvrira.

Elle ne compta pas les fois où elle avait été arrêtéé dans la rue. Il y eut même ce type, dans le parc, qui lui demanda si, par hasard, elle ne pourrait pas lui rendre un petit service ; et en même temps, il fit un geste obscène de la main. Elle ne put se contenir et cria :


- Rengaine ton épée : tous ceux qui useront de l'épée, périront par l'épée !

30 septembre 2011

Coaching

Il l’avait trouvée belle, très belle, puis moins belle, nettement moins belle et maintenant, il la trouvait presque banale. Il faut dire qu’il était coaché. Oui, il avait eu besoin d’un coach pour supporter le départ de sa femme avec son voisin du dessous. Le salopard, quand il y pensait…
Cela faisait maintenant un an qu’il avait engagé son coach, à raison de quatre séances par mois. S’il continuait ses séances, peut-être que dans un an, il ne la reconnaîtrait même plus dans les escaliers…

26 septembre 2011

L’exhibitionniste

Il n’avait qu’un seul hobby, s’exhiber. De jour, il portait un  masque. De nuit, il l’enlevait.  Il faut dire que sa profession – il était avocat d’affaires – ne lui laissait pas le choix.

Lors d’un dîner en ville, l’une des phrases prononcées par l’un de ses confrères, lui laissa une étrange empreinte. En parlant de l'un de ses clients, celui-ci avait dit.

-    Ce type, il s’exhibait partout, c’est comme s’il avait eu besoin de l’autre pour se réassurer qu’il avait un pénis !

Cette réplique suscita de grands éclats de rire dans cette assemblée d’hommes de loi. D’ailleurs, il fut le premier à rire, et très fort.

22 septembre 2011

Le syndrome DSK

Elle faisait des photocopies au troisième étage quand son collègue de la comptabilité entra. La pièce était tellement étroite qu’il se crut obligé de lui dire : « Ne bougez surtout pas Nathalie, je passe derrière vous ! Sutout ne bougez pas ! » Elle se retint de pouffer de rire.

Le « syndrome DSK » atteignait leur entreprise de plein fouet. Elle se rappelait aussi que la veille, au moment où elle était montée  dans l’ascenseur, M. Dumontier, le DRH, était ressorti aussi sec ; sans doute la peur de se retrouver seule avec elle entre le rez-de-chaussée et le cinquième étage...

Désormais, la mixité était-elle possible ?

19 septembre 2011

L’hôtel

MERS-LES-BAINS 03-07-11 (1)Ils s'étaient arrêtés devant ce qui avait dû être un hôtel et il lui avait dit.

- Tu te souviens, la première fois ?

Elle avait un instant regardé la maison, le regard absent, puis un vague sourire était apparu sur ses lèvres.

- Alors ? Avait-il insisté.

- Je ne sais pas, avait-elle répondu en secouant plusieurs fois la tête, je ne sais plus.

Ils reprirent leur marche, côte à côte, en silence. Il avait espéré que, peut-être, à Mers, elle se souviendrait, mais il était sans doute encore trop tôt ...

 

 

PS : texte écrit à partir de cette photo, prêtée par Patrick Cassagnes.

 

16 septembre 2011

Le blues du mariage

Elle était entrée en dépression après la cérémonie du mariage, au moment exact où elle avait enlevé sa robe blanche. Depuis, quoiqu’elle fasse – elle avait même lacéré sa robe de mariage pensant que cet acte barbare l’aiderait à prendre un nouveau cap -  elle ne pouvait se débarrasser de cette mélancolie qui lui collait à la peau…

15 septembre 2011

Le buste

Quand on entrait dans le bureau du Directeur, on ne pouvait manquer de remarquer, à droite de son secrétaire  en acajou, son buste en plâtre ; et sur le mur du fond, dans un grand cadre doré, on pouvait voir une photo de lui avec des dédicaces toutes aussi élogieuses les unes que les autres.

Dans l’entreprise, ce buste intriguait, mais on s’abstenait de le commenter, au cas où. Jusqu’au jour où « le patron » sortit furieux de son bureau.

-    Quel est le con qui a osé ? Hurlait-il.

Il venait de trouver son buste affublé d’oreilles de Mickey,  on  y avait également dessiné une petite moustache noire qu’Hitler n’aurait pas reniée.

On suspecta d’abord Thierry, le délégué CGT ; puis Sabrina, la déléguée FO. Ensuite, il y eut cette lettre anonyme qui changea la donne :

       «  On ne fait jamais assez attention à ceux qui nous sont les plus proches »

La secrétaire du Directeur, Françoise – appelée « l’éteignoir » – fut alors en ligne de mire…

14 septembre 2011

Les boules

Après chaque jet de boule, qu’il pointe ou qu’il tire, René ne pouvaient s’empêcher de dire à voix haute « Putain con ». Son partenaire, maire et ancien médecin de la commune de Roubignale, excédé par ce leitmotiv, finit par lui dire un jour.

-    Putain con, Putain con, vous n’avez que ça à la bouche, René.

René se contenta de dire au maire que c’était son tour. Le maire joua, et mal, comme d’habitude.  René lui dit.

-    Putain con, M. le maire, je crois que moi aussi je vais arrêter de faire équipe avec vous. Vous savez ce qu’on dit de vous ici ? Que vous êtes le plus mauvais joueur de boules de Roubignale.

Le visage du maire pâlit, puis il répondit.

-    Putain con, René, c’est ce qu’on va voir !

Il pointa et sa boule se logea juste à côté du cochonnet. René hurla.

-    Putain con, vous voyez M. Le maire ; Putain con : ça sert à ça !!!

13 septembre 2011

Le courrier

Il avait tellement peur d’avoir de mauvaises nouvelles qu’il n’osait plus ouvrir sa boîte aux lettres et, quand il le faisait – parce qu’il ne laissait personne d’autre le faire – c’était en apnée.
Quand on sonna, ce mardi 6 septembre, il sentit son estomac se nouer. Il s’agissait du facteur. En lui disant bonjour, il fondit à larmes et Le facteur ne comprit pas ce qui se passait.
- Un recommandé, monsieur Durand.
- Vous êtes sûr que c’est pour moi ? Sanglota-t-il.
- Oui, c’est votre nom et votre adresse, il n’ y a pas de doute, c’est pour vous.
- Ca vient d’où ?
- Des impôts.
- Mon dieu, je le savais, je n’en veux pas !
- Mais je ne peux pas repartir avec, vous êtes là. Si je ne vous le donne pas, c’est moi qui vais avoir des problèmes.
- Dites que je n’habite plus à cette adresse, et il  ferma la porte au nez du facteur.
Celui-ci griffonna sur le papier “ le destinataire m’assure ne plus habiter  à l’adresse indiquée” et il repartit avec le recommandé.

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