Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Presquevoix...
Archives
20 mars 2012

Le ronflement

La nuit passée, son mari avait ronflé,  un ronflement tellement strident que ça l’avait réveillée. Progressivement, il s’était  transformé en locomotive à vapeur, non la locomotive poussive que l’on peut encore supporter, mais une locomotive nerveuse, décidée à enfumer le monde.  Aussitôt elle avait réagi en essayant la méthode éprouvée du sifflement*.  Rien à faire. Elle lui avait alors caressé sa tête, espérant que la douceur... mais toujours rien. En désespoir de cause, elle lui avait donné un magistral coup de coude dans les côtes. Elle avait enfin eu la paix.

* En prime, cette scène extraite de la Grande Vadrouille

La Grande Vadrouille

11 mars 2012

Le rêve

Aujourd’hui, au petit déjeuner, j’ai dit à mon mari qu’il avait fait une apparition dans mon dernier rêve. Il m’a tout de suite demandé.
-    Et j’ai servi à quoi ?
-    Oh, tu étais figurant, lui ai-je répondu évasive.
Il n'a rien rétorqué, mais en voyant sa mine déconfite, j’ai eu un énorme sentiment de culpabilité. Il faudra que je surveille mieux mes rêves…

10 mars 2012

Les bornes

Son voisin avait fait installer deux bornes blanches – phosphorescentes – en plus du marquage au sol. Le panneau interdiction de stationner et le mot apposé sur la porte – " vous êtes priés de respecter le marquage au sol " -  n’avaient pas dissuadé certains automobilistes de déborder.
A chaque fois qu’elle observait sa porte de garage -  le matin, en se brossant les dents derrière les rideaux de sa salle de bain - elle se demandait quelle serait la prochaine étape. Elle en ressentait d’ailleurs une certaine anxiété car son mari avait émis l’idée – insensée, il est vrai -  de défoncer l’une de ses bornes avec le pare choc avant de sa voiture… Ne dépassait-il pas les bornes ?

PS : petit hommage à mon voisin, borné ou pas…

7 mars 2012

Le dérouleur de papier toilette

Dans ses toilettes, elle avait  installé un dérouleur de papier toilette sonore et à chaque fois que des invités venaient, elle prenait un malin plaisir à enregistrer un message personnalisé.

La dernière fois que son mari avait invité  les Duplantier – un couple pour lequel sa cote d’amitié avait chuté depuis qu’elle savait qu’ils se préparaient à voter Sarkozy aux prochaines présidentielles  -  elle avait enregistré le message suivant de sa plus belle voix d’hôtesse de l’air :

« En raison des mesures de restrictions budgétaires, nous demandons à chaque citoyen Sarkoziste qui passera par cette cuvette de bien vouloir utiliser le moins de papier possible et le moins d’eau possible. »

3 mars 2012

Le café Terminus

Ils se retrouvent tous les jours au café Terminus. L’un est fripé, l’autre couperosé. C’est le seul café de poivrots de la ville. L’échange est « mesuré », avec de longues plages de silences.
-  Les nouvelles sont bonnes ?
-  Ya beaucoup d’ mensonges.
(silence)
-  Un temps d’chien, hein !
-  Et à la météo, y disent que ça va pas s’améliorer !
 (silence)
-  Bon, ben bonne journée.
-  Ouais, bonne journée !
Ils terminent leur bière à grandes lampées. L’un part, mais l’autre reste ; il s'adresse au type derrière le comptoir.

- Dédé, la même !

28 février 2012

Le Strangers’ Bar

Arrivée depuis peu dans ce pays, elle essayait les bars, comme d’autres essaient les chaussures. Quand elle a poussé la porte du Strangers’ bar*, elle a remarqué, surprise, qu’il n’y avait aucun étranger. Elle s’en est étonnée auprès du garçon,  planté derrière le bar. Il lui a répondu, morose.
-  Vous êtes la première étrangère que je vois depuis longtemps. On les a tous renvoyés chez eux, pas de travail pour eux ici. Je dis pas ça pour vous, hein, mais bon, c’est comme ça !
-  Pourquoi vous changez pas le nom du bar, alors ? Au moins ça serait clair.
-  Oh, les noms… a-t-il fait d’un air désabusé.
Puis il a ajouté, en la regardant bizarrement.
-  Vous savez, les politiques ça va ça vient. En tout cas, maintenant, les étrangers ont pas la cote ici…
Elle a bu son jus d’orange d’un trait, puis elle est partie au plus vite…

*le bar des étrangers

25 février 2012

Le chapeau

Elle n’allait  au spectacle que pour exhiber ses chapeaux. Le dernier en date, un bibi à plume de paon, lui avait valu les foudres d’une spectatrice placée juste derrière elle. Elle lui avait pourtant répondu de façon courtoise.

- Rassurez-vous, je l’enlèverai dès que le spectacle commencera.

Mais la dame ne l’entendit pas de cette oreille. Elle le lui arracha en ajoutant que sa plume, elle pouvait se la mettre...

 

 

22 février 2012

La voisine

Hier, j’ai fait la connaissance de ma nouvelle voisine, âgée, mais adorable, tellement adorable qu’elle m’a proposé, pour mon déménagement, de garer le camion devant sa porte de garage. Je lui ai demandé malgré tout.


-    Vous êtes sûre et certaine que cela ne vous dérange pas. Je ne voudrais pas abuser.
-    Mais non, pas du tout, m’a-t-elle assuré de son sourire le plus charmeur.


Je lui ai souri en retour et je me suis dit que j’avais vraiment de la chance de tomber sur une voisine pareille. C’est tellement rare les personnes âgées qui spontanément vous proposent de vous rendre la vie plus simple.


Le lendemain, j’arrive avec la camionnette et quelques amis venus pour m’aider. Comme convenu, je l’arrête devant chez elle et on commence à débarrasser les affaires. Deux heures plus tard la police arrive et me dit de laisser l’accès libre au portail. Je leur réponds que si je suis garé  là, c’est  en accord avec la voisine. Amusé,  le policier à moustaches me répond.


-    Voyez-vous, ça m’étonnerait vraiment. Madame vient justement de nous appeler pour nous dire que vous refusiez de bouger votre camion !


Je n’ai pas pu m’empêcher de pousser un « merde » retentissant. Elle allait voir ce qu’elle allait voir cette…

19 février 2012

Le cadeau

La petite boite, emballée dans un carton haute protection recyclable, était accompagnée d’une carte postale où une vache sympathique énonçait les bienfaits du fumier 100 % naturel. Derrière la carte on avait juste écrit « En souvenir d’un salarié que vos méthodes de management ont conduit au bord du suicide ! »

Cette boîte eut sur lui un effet désagréable et le soir même, il en parla à sa femme. Celle-ci ne dit rien.

- Alors ? Insista-t-il.

- Alors quoi ? Tu veux savoir si je pense que tu es un fumier ?

Il la regarda étonnée. C’était la première fois qu’elle lui parlait sur ce ton.

 

18 février 2012

Le désespoir

Face à ses élèves de terminales STG dont l’attention se dispersait  dangereusement, il déclara de façon théâtrale.
-    De toute façon, avec vous, c’est alimentaire !
Devant l’incompréhension générale il dut leur expliquer.
-    Avec les autres classes, je prends plaisir à ce que je fais, avec vous non ! Avec vous,  je fais cours pour gagner ma croute, avec vous c’est A-LI-MEN-TAIRE.
Il ajouta, désespéré : « Je crois même que si je faisais cours à des... ». Et il s’arrêta immédiatement, effrayé de constater qu’il n’y avait plus aucune trace de pédagogie en lui, juste l’envie de blesser.

Presquevoix...
Newsletter
8 abonnés