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Presquevoix...
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11 avril 2012

Les photos

A chaque voyage, il se faisait prendre en photo sous toutes les coutures, de dos, de face, de profil, de trois quart, en gros plan, en plan américain, en plan d’ensemble. Et quand on lui demandait pourquoi toutes ces photos devant des monuments divers et variés, il répondait invariablement.
- J'aime bien savoir l'image que j'ai à travers le regard des gens, parce que moi,  je  peux pas me juger par moi-même…
Et effectivement, ses 200 amis sur Facebook lui faisaient savoir ce qu’ils pensaient de lui, de face, de profil, de trois quart, en gros plan, en plan américain, en plan d’ensemble.

9 avril 2012

L’écoute audio

La semaine dernière, un élève s’est endormi les écouteurs sur les oreilles, devant l’ordinateur où il était censé écouter  l’interview d’une chanteuse portugaise. Que faire ? Le réveiller ? Non, le laisser dormir. Il ne faut jamais déranger un « apprenant » bercé par la musique d’une langue étrangère, on ne sait jamais, quelque chose pourrait se produire… à son insu.

8 avril 2012

Le pervers des trains

Il n'en était pas à son premier coup : il y a un an, il avait déjà été condamné pour masturbation en gare de Nogent le Rotrou. Quand le juge l’interrogea, il répondit qu’il ne comprenait pas, qu’il aimerait bien arrêter, mais qu’il ne pouvait pas, c’était plus fort que lui. Il ajouta d’ailleurs qu’à 70 ans, remonter son pantalon et prendre ses jambes à son cou devenait de plus en plus pénible, surtout à cause de ses varices…

PS : texte inspiré d’un fait divers lu dans le parisien

6 avril 2012

Le couple

Marcel, 80 ans, l’œil vif, la crinière blanche, frais comme un gardon, à part le cœur  qu’une petite pile stimule. Il fait danser les femmes comme personne ; Le tango, la valse et la java n’ont aucun secret pour lui. Paulette, 76 ans,  surveille jalousement son Marcel, surtout aux thés dansants. Elle lui reproche ses infidélités de danseur. Marcel lui réplique qu’il ne change de partenaire que pour les danses, alors de quoi se plaint-elle ?

Paulette ne répond  pas. Pourtant, elle voudrait lui dire que les meubles aussi ont des sentiments...

4 avril 2012

L’équation du premier degré

Depuis qu’il avait dans sa classe la fille du dictateur, la peur le tenaillait. Sa femme était persuadée qu’il terminerait dans les geôles du régime. Et ce jour arriva. Il avait envoyé la petite Mirna au tableau, pour résoudre une équation du premier degré à une inconnue. Seulement, la petite s’était s’effondrée en pleurs au tableau et ce, malgré les révisions à répétition faites le cours précédent pour qu’elle réussisse ce passage au tableau. Il la rassura comme il put avant de la renvoyer à sa place.

Le même jour, à 20 heures, sa porte d’entrée fut défoncée et on le conduisit au poste de police. Sa nuit se passa dans une cellule, assis sur la pierre nue, à écouter  une voix enregistrée lui répéter en boucle des heures  durant :

« Une équation du premier degré d'inconnue x peut se mettre sous la forme : ax+b=0, où a et b sont deux nombres réels, et où a est non nul. »

Au petit matin il s’effondra, épuisé, mais il se réveilla aussitôt car une fanfare militaire corna dans ses oreilles l’hymne national. Il comprit qu’on voulait vraiment sa peau.

2 avril 2012

Prise de poids

Retenir sa respiration, il fallait à tout prix qu’il la retienne pour pouvoir  rentrer dans son pantalon en coton blanc. Il enfila la première jambe, la deuxième, le remonta progressivement et se mit en apnée au moment de fermer le bouton, mais rien n’aurait pu combler les trois centimètres qui manquaient ! Il l’enleva anéanti. En slip devant le placard, il passa en revue tous ses pantalons. Il prit le noir en velours côtelé, le gris en coton, puis le marron, le beige… mais le même drame se répétait à chaque fois.
Ce matin-là, il se fit porter pâle au travail…

29 mars 2012

Les têtes

Dimanche matin, tout à trac, son mari lui déclara :
- Tu te rends compte si on changeait de tête tous les jours ? Ça serait fatigant.
Elle lui répondit sans réfléchir
-  J’espère ne jamais avoir la tienne !
Il accusa le choc en disant qu’effectivement, mais que lui y était habitué…

28 mars 2012

L’anniversaire

Hier, à 8 heures, j’ai eu 40 ans. Quand je suis sorti de chez moi, à midi,  j’ai rencontré mon voisin de palier et je n’ai pas pu tenir ma langue, je lui ai dit que c’était mon anniversaire.  Sans doute parce que je suis seul comme un rat. Je lui ai fait croire que j’allais fêter ça dehors, avec des amis, je n’aime pas qu’on pense que je ne vois personne. A 19 heures, je suis sorti, j’avais repéré un film : « Oslo 31 août ». Je l’ai vu deux fois ;  forcément, je devais rentrer tard à cause de mon anniversaire.

En rentrant chez moi, j’étais déprimé jusqu’à l’os, sans doute à cause  de ce type qui fout sa vie en l’air. En rentrant, j’avais envie de faire comme lui. Si je me suis retenu,  c’est  parce que mon voisin m’a glissé une carte sous la porte. Il avait juste écrit : « Bon anniversaire !  Bernard, votre voisin de palier ».



24 mars 2012

Les porcs

Les porcs se montraient de plus en plus agressifs. L’enfermement devait leur monter à la tête. Elle s’était même aperçue qu’ils se mordaient la queue, quand ce n’était pas pire !

Peut-être avaient-ils besoin de distraction avant de passer dans l’assiette des consommateurs ? En faisant une recherche sur internet, elle découvrit l’univers de « pigchase ». Elle décida aussitôt de placer un écran lumineux dans sa porcherie. Bien sûr, c’était un investissement, mais ne valait-il pas mieux rendre les porcs heureux avant leur départ pour la boucherie ?



22 mars 2012

Google traduction

Ils étaient tous là, en rang d’oignons, 32 élèves assis les uns derrière les autres, et ils planchaient sur l’interrogation que le professeur venait de leur donner. Juste quelques phrases d’espagnol, simples bien sûr – il ne faut jamais mettre « l’apprenant » en échec puisqu’on veut l’élever.


Le professeur passait dans les rangs, comme un gardien de prison, afin d’éviter antisèches, portables, tricheries en tout genre. Derrière lui, dans le silence de la classe, il entendit soudain une phrase en espagnol, et il pensa qu’il s’agissait d’une sonnerie de portable. La phrase disait, de façon hachée : «no hay problema, voy al cine con usted ».  


Mais en l’espace de deux secondes, cela fit tilt : « No hay problema, voy al cine con usted » faisait partie des quatre phrases qu’il demandait aux élèves de traduire. Il se tourna brusquement, prêt à dégainer et dit aux élèves du dernier rang.


- C’est qui ?


Les élèves  regardèrent le professeur, l’air impassible. Celui-ci reprit en les pointant du doigt.


- Alors, c’est qui ? Toi, toi, toi, ou bien toi ?
- Moi, m’sieur,  dit un garçon à la mèche tombant sur l’œil droit,  mais c’est pas moi qui ai mis google traduction  version sonore !



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