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Presquevoix...
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2 février 2013

Invisible

Elle avait acheté deux petites pilules pour devenir invisible. Le lundi soir, elle avala la première et se rendit incognito chez ses parents, juste pour le plaisir d’entendre tout le mal qu’ils disaient d’elle ;  elle ne fut pas déçue. Le lendemain, elle avala la deuxième pilule et s’invita chez François H et Valérie T, le nouveau couple Elyséen. Elle en revint fort désappointée. Leur repas s’était passé dans le silence le plus parfait avec juste, peut-être, un soupçon de mastication – de rumination ? – de part et d’autre.

23 janvier 2013

Le label

Ce chanteur avait reçu le label « remboursé par la sécurité sociale », une nouvelle appellation mise en place par cette vénérable institution afin de combler son déficit colossal. Une enquête, parfaitement sérieuse, avait prouvé que ses chansons redonnaient aux auditeurs une forme de bien-être qui atténuait – voire même supprimait dans certains cas - les symptômes dépressifs.

PS : Bien sûr, il s’agit d’une fiction, mais si vous avez des noms de chanteurs ou de chanteuses qui ont cet effet sur vous, n’ hésitez pas à me les communiquer ! ;)

21 janvier 2013

Avancer...

Le visage bouffi, le cheveu rare, le corps blessé, il arpentait les rues revêtu de son blouson à l’effigie de Johnny. Armé de ses sacs en plastique qui ne le quittaient jamais il avançait… vers où, il l’ignorait, mais il avançait en invectivant la pluie, le soleil, la neige ou les passants…

17 janvier 2013

La caméra

PT023019Il lui dit qu’il en avait marre d’être suivi en permanence par les services secrets français. Elle le laissa à son délire. Le médecin avait spécifié qu’il ne fallait surtout pas le contrarier. Il avait même précisé.


- Hocher de la tête de temps en temps ne peut que l’apaiser.


C’est ce qu’elle fit. Son mari la regarda en souriant et continua à marcher à ses côtés, le regard perdu dans le bleu du ciel. Soudain il s’arrêta sous un réverbère,  prit une pierre et visa l’ampoule, en plein dans le mille, ce n’est pas pour rien qu’il avait fait du hand pendant sa jeunesse. Elle resta pétrifiée alors qu’il éclatait d’un rire dément.


-  Ah les connards, s'ils croient qu’ils vont me surveiller longtemps avec leurs caméras !


Elle hésita à lui expliquer qu’en fait de caméra il s’agissait d’une grosse ampoule. Elle finit pourtant par dire d’une voix tremblante.


-  Et si on rentrait, hein ? Je suis sûre qu’à la maison tu seras en sécurité.


Il la suivit, doux comme un agneau. Elle se demanda combien de temps elle pourrait tenir comme ça…

 

PS : texte écrit à partir d’une photo de C.V.

15 janvier 2013

Le couteau

A la façon dont il tenait le couteau à pain, elle aurait dû se méfier, d’autant plus que la veille, il avait acheté à Carrefour six lots de boites hermétiques. Une promotion lui avait-il dit. Quand elle avait protesté en arguant qu’ils en avaient déjà, il avait ajouté : Tu verras, j’en aurai l’usage !
Une semaine plus tard, il la découpait en  morceaux et rangeait méticuleusement toutes les boites dans le congélateur. A la fin, il dit à voix haute en se frottant les mains : tu vois, je t’avais bien dit que je les utiliserais toutes !

14 janvier 2013

Le théâtre

Au théâtre, mon voisin de siège, retraité sans nulle doute, et très bavard, me vantait « les liaisons dangereuses » – le livre veux-je dire – en attendant l’ouverture du spectacle. A l’affiche, les Ballets de Hanovre. Le titre de la chorégraphie : les liaisons dangereuses. Mon voisin en a profité pour me faire l’éloge de deux théâtres parisiens - l’Opéra Bastille et le Palais Garnier – bien plus prestigieux que notre « pauvre » théâtre des Arts.


-  Un peu cher pour le commun des mortels, lui ai-je répondu. Ce dont il a convenu.


La première partie du spectacle l’a laissé pour le moins  indifférent. Sa tête a  progressivement piqué du nez et il s’est gentiment assoupi sans ronfler. Ces sont les applaudissements qui l’ont réveillé.

Après la fermeture du rideau, il a expressément tenu à m’informer – en grand amateur du livre de Choderlos de Laclos - que le ballet n’avait rien à voir avec le livre et qu’il n’avait rien compris. Forcément, ai-je cru bon devoir lui répondre, vous avez dormi pendant la moitié de la première partie.


-  C’est vrai, a-t-il concédé, si cela devait se reproduire, poussez-moi du coude !


Je l’ai assuré de ma collaboration et me suis permis de lui glisser, juste avant que le rideau ne se lève, que dormir au Théâtre des Arts, coutait tout de même moins cher que dormir à l’Opéra Bastille ou à l‘Opéra Garnier. Il a souri.



PS : Voici un extrait d’un spectacle du ballet de Hanovre 

 

 

10 janvier 2013

Pole dancing

Adepte du pole dancing elle s’entraînait, à la nuit tombée, sur les poteaux de signalisation. Un matin elle eut la surprise de voir des policiers sonner chez elle. Ils avaient reçu une lettre anonyme déclinée en ces termes : « Soucieux de la protection du bien public et du respect des valeurs morales, je tiens à vous signaler que la personne qui réside au 45 de la rue des framboisiers se livre la nuit à des danses étranges sur les poteaux de signalisation de la rue ci-dessus, poteaux qu’elle risque de tordre. En espérant que vous prendrez en compte ma lettre, veuillez agréer… »

PS : pour voir du Pole dancing, c’est ici

8 janvier 2013

Le concert

Concert de la Nouvelle Année au Zénith : Wagner, Verdi, des ouvertures en veux-tu en voilà pour passer un moment merveilleux. C’était sans compter sur la pie de la rangée de derrière qui, non contente de lire le programme  à voix basse mais suffisamment haute pour être entendue, se permet de chantonner Wagner et Verdi. La fusiller du regard quatre fois de suite ne sert à rien, elle continue à fredonner de sa voix de fausset. Alors, quand les trompettes de Aida résonnent, mue par le souffle des vents, elle lui assène un « Taisez-vous ! », ponctué d’un « Merde » qu’elle ne peut retenir.


7 janvier 2013

Ça…

chiliÇa n’en finirait jamais de s’installer ; ça prenait même des proportions qu’elle n’avait même pas imaginées ; ça lui prenait la tête ; ça l’em… presque, mais bon, elle le gardait pour elle, le groupe, c’était sacré. Le groupe... d’ailleurs, avait-elle l’instinct groupal ? Il valait mieux dire « la communauté », c’était plus sympa. « La communauté », ça donnait envie de rêver, de s’investir, d'être soudé,  de travailler pour la réalisation d’un objectif commun. Elle en était là de ses réflexions quand une bourrasque l’obligea à s’arque bouter sur la structure en fer en éructant une farandole de « putain » qui la libéra momentanément de ses pensées…

 

 

PS : photo prêtée par R.B.

5 janvier 2013

Le design

IMG_0386« Pas mal ce design, hein ? », lui avait-il dit en montrant du doigt la vitrine.

Elle avait bougonné un « ouais ouais... » et puis elle s’était campée devant une autre vitrine.

C’était bizarre, à chaque fois qu’il aimait quelque chose, elle prenait un malin plaisir à le lui détruire ou à faire l’indifférente. Un jour, il le lui dirait, un jour...

 

PS : photo prise par C. P. à Venise en novembre 2012

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