Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Presquevoix...
Archives
27 décembre 2014

Dieu

A chaque anniversaire, depuis ses 18 ans, son  ami – le seul qu’il se connaissait - lui offrait une boite de préservatifs en ajoutant : on ne sait jamais…

Finalement il sut, un 25 décembre, et il en conçut une telle déception qu’il eut préféré ne jamais savoir. Il se décida à en parler à son ami.

-    Alors c’est ça faire l’amour ?

-    Ca ne s’est pas bien passé ?

-    Ça s’est passé et j’aurais préféré mille fois que ça ne se passe pas.

-    Il te manque peut-être la pratique.

-    La seule pratique que j’aurais désormais c’est l’abstinence, conclut-il

Il   ne conçut jamais le moindre désir, ni pour les femmes, ni pour les hommes. Seul Dieu l’occupât, mais un Dieu qu’il était le seul à connaître…

23 décembre 2014

La mort d’Orphée

-   Tu ne voudrais pas  jouer ce morceau pour moi ?

-    Mais pourquoi je jouerais ce morceau-là pour toi ?

-    Pour le plaisir de faire quelque chose pour moi. Les autres ont droit à tant d’attentions de ta part et moi, jamais.

Il lui fallait des preuves, encore et toujours. Elle l’assommait. Quand en finirait-elle avec ce jeu morbide ? Il n’avait qu’une envie, l’envoyer en enfer le plus vite possible, mais lui, il ne lèverait  pas le petit doigt pour aller la rechercher.

-    Alors ? attendait-elle.

-    Ecoute, je ne suis pas Orphée et tu n’es pas Eurydice.

-    Tu te trouves drôle ?

Drôle, il ne prétendait pas l’être. Ce qu’il voulait c’est qu’elle lui fiche la paix. Juste ça. Qu’elle arrête de se plaindre et de voir en lui ce Prince Charmant qui porterait sur elle le regard que son propre père n’avait jamais porté. 

 

Gluck Mort d'Orphee - Orpheus Death Piano : Nelson Freire

 

 

 

 

21 décembre 2014

"Je est un autre"

Il s’était inventé un personnage pour les besoins du blog, un autre je. Dépressif, solitaire, boulimique et en manque d’amour son nouveau je égrenait son intimité désenchantée et les visiteuses affluaient ; la noirceur n’excite-t-elle pas la compassion des femmes ?

Mais au fil des billets et des réponses aux nombreux messages de sympathie de ses lectrices, il s’était pris au jeu et il sentait qu’il commençait à changer. Déjà, la veille, il s’était surpris à ne pas vouloir sortir de chez lui, comme l’autre...

17 décembre 2014

Histoire

 

-   Mais cette histoire est invraisemblable !

-   C’est justement là le problème*.

 Elle  regardait l’inspecteur attendant qu’il manifeste un désir, une volonté, un ordre ; mais non, rien.

Le livre laissé ouvert à la page 199, juste à côté du cadavre, laissait à penser que l’assassin avait suivi la voix du narrateur à la virgule près. La fiction rejoignait la réalité, et l’inspecteur était troublé.

-    Un fou ? Suggéra-t-elle pour le faire sortir de son silence.

-    Non, un malade de l’écriture, un type qui n’a jamais pu publier, répondit l’inspecteur dans un souffle.

Puis son regard erra tristement sur le corps lacéré  qui avait servi de page d’écriture…

 

* Phrase Lue sur le blog interférence

 

10 décembre 2014

Justine

Elle salua Madame Barrabé, propriétaire du salon, puis passa en cabine. Elle attendait avec impatience le moment privilégié, l’instant délicieux où, une fois son visage enduit d’un masque fleurant l’eucalyptus, elle pourrait se laisser aller au sommeil dans la demi-pénombre.

Elle déchanta très vite, car lorsque l’esthéticienne arriva, elle découvrit  qu’en lieu et place de la jeune femme habituelle, elle aurait Justine, une ancienne élève que, deux ans plus  tôt, elle renvoyait en permanence un cours sur trois car soit elle n’avait pas ses affaires, soit elle se montrait insolente.

Et s’il prenait l’envie  à Justine de se venger alors qu’elle serait allongée, sans défense, les yeux clos ?

 

8 décembre 2014

Disparition

louC’est derrière la croix qu’il l’avait enterrée. Personne n’avait jamais rien soupçonné. Pour tous elle avait disparu, un coup de tête, une folie, un amant peut-être…

 

Pour lui rendre visite, il attendait que  les nuages laissent leur traîne de nuit dans le ciel et, la bouche collée contre terre, il murmurait lamentations et demandes de pardon avant de   s’éclipser dans les ténèbres.  Le même rituel s’opérait chaque vendredi, sauf ce vendredi-là, celui où la terre s’ouvrit et le précipita dans l’abîme.

 

 

PS : photo prêtée par Lou Du blog « la maison des marguerites »

2 décembre 2014

Voir ou pas

Il était assis au fond de la classe, comme à son habitude, son grand corps avachi sur sa chaise. Le week-end avait dû être difficile ! Au moment où le professeur commença à écrire au tableau l’élève leva le doigt.

-          Monsieur, je vois rien.

Le professeur lui répondit.

-          Viens devant, Charles, il y a de la place au premier rang.

Charles réfléchit un instant puis conclut.

-          Ca y’est monsieur, je vois.

-          Quand je pense qu’il y en a qui recouvrent la vue avec moi ! Je vais finir par me prendre pour Jésus Christ…

Les élèves sourirent, Charles resta assis au dernier rang, avachi sur sa chaise, et le cours continua.

22 novembre 2014

La blouse blanche

Lorsque l’élève était arrivée en cours de physique avec une blouse blanche qui lui arrivait à la taille, le professeur lui avait fait remarquer qu’il lui fallait une blouse plus  longue à cause des expériences. Peine perdue. La semaine suivante, il lui demanda son carnet de liaison afin de mettre un mot à ses parents.  « A faire signer par tes parents », ajouta-t-il.

Le jeudi suivant, l’élève lui rapporta le mot signé avec cette note de sa mère :

« Ma fille à la blouse que sa sœur a porté il y a quatre ans. Pourquoi elle convenait avant et plus maintenant ? Je vais pas acheter une blouse plus longue pour vous faire plaisir. »

Le professeur poussa un long soupir, regarda la fille qui devait faire au moins 1 m 80, puis il  écrivit sur le carnet :

"Quelle taille faisait votre fille aînée ?"

20 novembre 2014

(dialogue entre un grand-père et son petit-fils)

 

 

hervé

 

(dialogue entre un grand-père et son petit-fils)

- Dis-moi fiston, qu’est-ce que tu feras plus tard ?
- Je serai Président !
- Ah oui, et qu’est-ce que tu feras pour les Indiens ?
- Je rendrai les pauvres plus riches !
- Et qu’est-ce que tu feras des riches ?
- Je les rendrai plus pauvres !
- Et après ?
- Après ils comprendront pourquoi les pauvres n’aiment pas être pauvres.
- Et quand ils auront compris ?
- Je changerai tout et je mettrai tout le monde pareil, les pauvres et les riches !
- Et tu crois qu’ils seront heureux, les gens, quand ils seront tous pareils ?
- Je crois.
- Tu ne penses pas qu’il y en a qui voudront être plus riches  que les autres ?
- Peut-être, mais alors ceux qui veulent être plus riches devront aider les pauvres.
- Comment ?
- En leur prêtant de l’argent gratuitement.
- Alors on revient comme avant ?
- Non, parce que les riches ils auront vécu comme les pauvres, et ils sauront…

*  photo  prêtée par Hervé Bonnaveira, professeur de SVT, parti en juin 2007, dans un tour d'Asie à vélo afin de faire découvrir et vivre le développement durable.

14 novembre 2014

Duo de Novembre

A nouveau Barbara et sa solitude comme source d'inspiration :

 

 Partir

« J’avais poussé la porte. Tu étais assis au piano dans le salon aux murs  blancs. Tu m’attendais, silencieux comme souvent, et ton visage dessinait l’ovale d’une profonde tristesse. J’avais une robe noire, un collier de perles blanches et mon visage était  dévoré de larges cernes bleus que tu avais aussitôt oubliés car ma bouche écarlate te rappelait ces fraises  que nous gardions pour étancher notre soif… »

Elle considéra d’un œil critique ces lignes écrites la veille. Sélectionner, supprimer ; elle fit mourir le paragraphe sans état d’âme. Il lui fallait un texte sobre, dépouillé, quelque chose qui lui ressemblerait, car elle entretenait avec la narratrice des liens incestueux.

Si seulement il lui avait laissé le temps... si seulement. Mais il avait choisi l’abîme, la mort et seule lui restait la solitude.

Presquevoix...
Newsletter
8 abonnés