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Presquevoix...
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31 août 2015

Le mont Ventoux

On les a déposés en haut du mont Ventoux en taxi, avec leurs vélos ; ils n’ont pas eu envie de « crever » dans la montée. Sur la route où les lacets se déroulent comme autant de serpents, des non-professionnels, arqueboutés sur leur guidon, la sueur dégoulinant sur leur visage crispé, colorent le paysage de leur maillot rouges, bleus, verts ou jaunes ; elle se demande pourquoi les amateurs se donnent toujours des airs de professionnels.

Arrivés tout en haut, le taxi les lâchent avec leurs vélos au milieu d’une horde de cyclistes, sans doute partis à 6 h du matin, pour arriver au sommet à 10 heures. Ils descendent leurs vélos – gênés. Frais et dispos, ils admirent le paysage - sans la fierté de l’avoir conquis – puis ils abordent la descente en tentant de négocier au mieux les virages…

 

23 août 2015

Les roses

C’était son anniversaire - pas moyen d’y couper cela revenait à date fixe -  et il fallait lui offrir quelque chose bien qu’il n’en ait pas la moindre envie. S’il n’offrait rien, ce ne seraient que regards en coin et mine patibulaire lors du cérémonial du repas. Il décida donc de lui offrir des roses, mais des roses spéciales, des roses qui ne dureraient qu’une journée et se faneraient aussitôt. Elles coutaient bien moins chères et avaient l’inestimable avantage de ne pas faire durer le plaisir que l’on avait à les regarder. Pourquoi lui ferait-il plaisir ? Lui avait-elle fait plaisir, elle, en le mettant au monde quarante-cinq ans plus tôt ?

Quand, le lendemain de son anniversaire, elle remarqua que les roses avaient flétri, elle ne mâcha pas ses mots.

-  J’en étais sûre. Quel radin. Ça m’étonnait aussi ces 6 roses blanches. Il ne perd rien pour attendre.

 

29 juillet 2015

131

Il avait poignardé sa mère de 131 coups de couteau. Pourquoi  131 ? lui avait demandé la juge. Il avait bredouillé une réponse qui l' avait laissée  médusée.

-          131 coups de couteau, parce que c’est un nombre premier et qu’elle détestait les mathématiques.

-           Oui, mais 2, 3, 5, 7, 11, 13, 17, 19, 23, 29, 31, 37, 41, 43, 47, 53, 59, 61, 67, 71, 73, 79, 83, 89 et 97 sont aussi des nombres premiers,  répondit la juge qui semblait férue de mathématiques.

L’accusé  déclara aussitôt.

-          Peut-être, mais je voulais un nombre supérieur à 130.

-          Et pourquoi ? s’obstina la juge.

L'accusé observa longuement la femme en robe noire qui lui faisait face. Ses yeux rapprochés lui faisaient penser à ceux de sa mère, un esprit étriqué dans une tête mal faite pensa-t-il immédiatement. Il réussit pourtant à se contrôler et asséna tranquillement avant de s’enfermer définitivement dans le silence.

-          Je ne répondrai plus à ces pourquoi qui ne servent qu’à mettre le monde dans des boites inutiles.

 

 

 

 

15 juillet 2015

Le questionnaire

Il voulait tomber amoureux à tout prix. Comment lui en vouloir, à son âge ? Elle lui proposa la chose suivante.

-  Tiens, voilà un questionnaire magique ou presque, tu le fais avec celle que tu auras choisie et en principe, cela devrait marcher.

Elle ne  le revit que six mois plus tard. Sans doute avait-il trouvé la femme de ses rêves.

Dans sa logorrhée inimitable, il lui apprit qu’il avait bien rempli le questionnaire avec la femme de son choix, mais que le lendemain de leur troisième jour de vie commune, elle avait disparu sans laisser d’adresse. Une fois sa confession faite, il s’effondra en pleurs dans ses bras. Elle le consola comme elle put…

 

PS : n'oubliez pas d'essayer le questionnaire avec le partenaire de votre choix !

 

 

 

 

2 juillet 2015

Fuck it !

Récemment, il avait opté pour  la « fuck it therapy * » . Une thérapie comportementale courte qui lui apportait de nombreuses satisfactions. « Worry less, live more* » en était le leitmotiv.

Mardi dernier, lorsque son patron l’a convoqué pour lui faire part de ses doutes quant à ses compétences en tant que « chef de projet », il n’a pas hésité une seconde, il a empli ses poumons d’air et lui a  lancé un « fuck it » qui lui a fait un plaisir immense. Ensuite il a pris la porte, au sens propre, et il est rentré chez lui.

Le patron lui a téléphoné le soir même, non pour le renvoyer – comme il aurait pu le craindre – mais pour le féliciter de sa spontanéité. Il lui a expliqué que lui aussi en était...

 

* La thérapie du « oh et puis merde!». 

*Soyez moins inquiet, vivez plus.

 

 

 

21 juin 2015

Jesus

Jesus ( à prononcer à l’espagnol avec la jota)

La première chose que Jesus –  ce prénom avait été choisi par sa mère, d'origine espagnole – avait aimé chez Madeleine, c’était sa foi. Celle-ci, adepte de l’iphone, lui avait conseillé l’application « messe-info », proposée par les évêques de France : une application qui permettait d’assister aux messes les plus proches du lieu où l’on se trouvait.

Jesus téléchargea l’application in petto, mais de l’application à la séduction, il y avait une marge qui se transforma, pour lui, en un long chemin de croix…

15 juin 2015

Pédagogie

Elle avait décidé de consacrer ses vacances à la fabrication d'un objet pédagogique qui, elle n’en doutait pas, ferait rapidement partie de la boîte à outils secrète de chaque professeur : La machine à claques. Composée d’un long bras articulé armé d’une main, cette machine se mettra en marche à partir d’une simple pression sur un bouton vert. D’une portée de 10 mètres et d’un rayon d’action élargi, son efficacité et sa facilité d’utilisation révolutionneront l’acte pédagogique. Par ailleurs, le fait de  placer l'objet sur le bureau du pédagogue, bien en évidence, évitera peut-être tout passage à l'acte ; nous ne doutons pas un seul instant que  les " apprenants " seront sensibles aux vertus dissuasives de l'outil.

 

PS : En tapant " machine à claques " dans youtube, je suis tombée sur cet extrait de film qui m'a fait rire ; peut-être provoquera-t-il le même effet chez vous.

 

 

 

 

11 juin 2015

L’Oeil du géant

20150528_145227Depuis une semaine, son plafond de visites avait explosé. Elle qui, en temps normal,  atteignait un maximum de soixante visites par jour sur ses deux blogs, était passée à un pic de 110 sur chacun de ses blogs,  et l’essentiel de ses " visiteurs " venait des Etats-Unis, de Mountain View, en Californie. Etait-elle espionnée par la NSA ?

Minée par ses tendances paranoïaques, il ne lui en fallut pas plus pour se répandre en lamentations  auprès d’oreilles complaisantes qui cherchèrent à la rassurer : mais non, entre elle et Edward Snowden*, il n’y avait rien de commun ; franchement, qui pourrait bien s’intéresser à ses blogs dont l’audience confinait à l’infinitésimal ?  Mais non, personne ne lui en voulait, qui pourrait bien se venger de quoi que ce soit ?

Pourtant rien ne la rassura. Elle ferma ses blogs, éteignit son portable, se confina chez elle et ne répondit plus à aucun coup de téléphone. Elle n’était pas loin de penser qu’un drone en provenance directe des USA ferait exploser sa maison…

 

 

 

 

 

 

*Interview d'Edward Snowden, l'auteur des révélations sur les systèmes de surveillance des Etats-Unis

 

PS : photo prise par gballand.

Le prochain texte paraîtra  lundi 15 juin, je préfère vous prévenir au cas où vous penseriez que j’ai été enlevée par la NSA ou tuée par un drone…

9 juin 2015

L’ annonce

Avocat, 40 ans, grand, plutôt bel homme, sportif, doux, prévenant, cultivé, cherche femme pour partager… ça, c’était le texte de l’annonce parue dans le Nouvel Observateur.
Quand elle était entrée dans le café, il l’avait reconnue tout de suite. Elle n’aurait jamais dû donner sa photo.
- Déçue ? Lui dit-il.
Elle resta sans voix.
 Il avait la quarantaine enrobée, devait mesurer 1 m 65 et il était laid, même très laid.
- Je suis bien avocat, ajouta-t-il.
- Au moins ça… s’entendit-elle répondre.
- Et je cherche une femme.
Elle répondit agacée.
- Et ça justifie tous ces mensonges ?
- Trois mensonges pour six vérités, répliqua-t-il, je n’ai pas droit à une chance ?
Elle ne put que sourire…

2 mai 2015

Le cinéma

Lorsqu’il l’avait invitée à aller voir le film « Une belle fin », elle n’avait pas eu l’air  vraiment enthousiaste, mais elle avait dit oui. C’était le genre de fille qui disait oui à tout le monde.

Au cinéma, il avait choisi l’avant-dernière rangée sur les ailes, celle où l’on peut agir en toute discrétion lorsque la salle est plongée dans  le noir.

Au moment de la pub, il lui avait caressé le bras avec un doigt, ensuite il s’était enhardi et lui avait mis la main sur la cuisse. C’est à ce moment-là qu’elle s’était excusée pour aller aux toilettes.  Elle n’était pas revenue.

Après le film, il avait marché au hasard dans les rues de la vieille ville et s’était retrouvé devant la cathédrale. C’est là qu’il eut la surprise de la voir au bras d’un homme plutôt beau qu’elle regardait avec des yeux tendres. Il ne put s’empêcher de les fixer.

Quand ils eurent disparu, il resta seul sur le parvis, l’air perdu, prêt à attraper n’importe quel nuage passant dans le ciel pour fuir l’odieuse réalité.

 

 

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