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22 février 2021

Répondre ?

« Je comprends  pas, mais parfois c’est beau de pas comprendre, non ? » lui disait souvent son nouveau compagnon. Elle ne répondait rien ou plutôt, elle souriait ; pourquoi lui donner des réponses qui auraient pu mettre en péril le lien qui était le leur ?

Le lendemain, au hasard d’une conversation, l’une de ses amies lui avait dit.

-          Le réel est le grand assassin du quotidien.

-          Ah oui, mais de quel réel tu parles ?

Son amie n’avait pas répondu, tout comme elle-même n’avait pas donné de réponse, la veille, à son compagnon.

La réponse était-elle l’ennemie de la question  ?

 

 PS : prochain texte, jeudi.

25 janvier 2021

L’autre monde

Quand on est mort, est-on mort ? C’est ce à quoi elle avait pensé en faisant un court voyage dans ce blog qu’elle tenait depuis de nombreuses années.

Le blog ou le pays des bonheurs fugaces, un mini-univers qui lui permettrait d’entretenir un lien - ce fameux lien que l’on disait « manquant » depuis que la Covid avait fait son entrée troublante sur terre - entre écriture, humour, lecture, échanges, rires et sourires.

Oui, quand on est mort, est-on mort ? Que fera-t-elle de son blog quand elle sera morte ? Ou plutôt – devrait-elle dire - qu’en feront-ils ? Sans doute devrait-elle leur dire de le faire disparaître après son avis de décès. Tiens, il faudra vraiment qu’elle écrive ce dernier texte. Comment l’intitulerait-elle ?

Que la mort s’insinue dans son esprit que la neige du jour avait ébloui ne la chagrinait pas, au contraire ; cette glissade blanche l’avait apaisée. Lier connaissance avec cette étrange compagne était le début d’une marche qu’elle continuerait à faire dans le grand monde des rêves, peut-être, avant de…

 

PS : prochain texte vendredi prochain.

 

30 novembre 2020

Le masque rouge

Dans l’immeuble, tout le monde en parlait et, confinement ou pas, tout le monde l’avait immédiatement su : elle s’était pendue avec un masque rouge.

« Un masque rouge ? » avait hurlé la voisine du deuxième étage en faisant vertige sur vertige et croyant que le COVID était entré en elle. Quant à la voisine du troisième, elle, elle se contentait de répéter en boucle « Ah mon Dieu » en enlevant son masque de son nez. Celles du premier et du cinquième, le masque sous le menton, pleuraient à chaudes larmes alors qu’elles lui disaient à peine bonjour de son vivant. Il faut dire qu’elle avait une drôle de vie. Tout le monde racontait qu’elle recevait des hommes ; nettement moins depuis le confinement, car certains s’étaient chargés d’avertir les autorités.

Oui, l’immeuble entrait dans une période dépressive – si l’on peut dire - et, seuls les enfants continuaient leur vie d’enfants comme si de rien n’était, car les enfants savent très bien vivre dans un autre monde …

 

PS : prochain texte jeudi prochain.

20 novembre 2020

L’enterrement

Il était mort d’avoir eu peur. Triste destin. D’autant plus que ses funérailles eurent lieu dans la grisaille du Covid. Grand fut le vide ce jour-là, car ses amis ne se déplacèrent pas. Seuls sa femme et son fils étaient présents, mais l’un et l’autre ne se parlaient plus depuis longtemps.

Dans l’église, lorsque le curé eut fini son homélie, les pleurs de la mère entonnèrent un chant violent. Le curé trembla, sans parler du Christ qui tomba de sa croix.

Le fils, lui, avait l’habitude de ces débordements et il ne dit rien. Mais au cimetière, debout près de sa mère, il lui dit à l’oreille.

-          Je crois que père sera heureux, la mort parfois libère.

Sa mère le gifla et le curé fit semblant de ne rien voir, comme il l’avait fait tant et tant de fois avec tant de paroissiens, pardon oblige…

 

PS : prochain texte lundi prochain

 

18 novembre 2020

L’élève et le professeur

Il avait dit à son professeur, à la fin du cours.

-          J’ai trop de problèmes dans ma tête, même un prof de maths ne pourrait pas les résoudre

Et le professeur avait répondu.

-          Essaie d’abord de résoudre les équations, c’est beaucoup plus facile que de résoudre ses problèmes personnels. Moi, les miens, je t’avoue que je ne les ai pas encore tous résolus, et tu imagines l’âge que j’ai avec mes cheveux blancs, alors…

L’élève sourit, mais aussitôt il eut dans sa tête la maison familiale, son père, sa mère, son frère, les disputes, la peur, les silences. Il conclut tout de même.

-          Oui, vous avez raison, je vais essayer de résoudre les équations.

-          Voilà, parfait, répondit le professeur. Résoudre une équation du second degré, ça remet les neurones en place. C’est le professionnel qui te le dit.

Une fois l’élève parti, le professeur repensa avec émotion que oui, les mathématiques pouvaient sauver la vie, ou presque. Que serait-il devenu sans elles ?

 

PS : prochain texte, vendredi prochain.

31 octobre 2020

La garde à vue

Avant, il empoissonnait sa femme à temps partiel, mais depuis qu’il était à la retraite, c’était à temps complet et elle n’en pouvait plus. Dans un élan de courage elle lui dit.

-          Si tu me dis une parole, une seule parole insupportable, je me convertis à la religion musulmane.

Il ne répondit rien mais sortit un couteau  de boucher d'un sac qu'il avait laissé sur le canapé – il faut dire qu’il avait travaillé vingt ans au rayon viande d’Intermarché et que le hachoir était son outil quotidien.

Elle lui répondit.

-          Je ne te conseille pas, Jean, car sur mon portable, j’ai l’application antidécapitation* et toi non plus, tu n’en sortiras pas vivant.

Dix mintues plus tard, il était dans la voiture des flics et le soir même, elle se buvait un muscadet avec sa voisine de palier pour fêter le séjour de son mari en garde à vue…

 

*caricature vue sur le Charlie Hebdo de cette semaine.

15 octobre 2020

Le patron

Chaque fois qu’elle prenait le bus avec René, il lui donnait une petite leçon de vie ; elle était si jeune. Ce jour-là, il avait écrit la phrase du jour sur son journal : « Il faut désapprendre à obéir. »

Elle lui avait immédiatement répondu.

-          Drôle de boulot, non ?

Et il avait conclu, sur son journal : « Soit on résiste, soit on crève ! »

Résister, mais jusqu’à quand ? Lui avait soixante ans et elle vingt trois. Ils travaillaient dans la même entreprise où le patron – Un paternaliste disait René – avait sur ses employés un étrange regard, entre dureté et bienveillance.

Souvent, René disait à Solène.

-          Bienveillance mon cul. Un patron n’est jamais bienveillant, sache-le.

Sans doute avait-il raison. D’ailleurs, ce jour-là, à cause de la grève des transports, ils arrivèrent avec 15 minutes de retard et la première chose que le patron avait dit à Solène, c’était.

-          Grève ou pas grève des transports, on arrive à l’heure Mademoiselle

Et elle avait dit à voix basse, sans que le patron ne l’entende.

-          Alors c’est grève ou crève, quoi !

René avait souri, la petite commençait bien !

 

PS : prochain texte, dimanche.

21 septembre 2020

Horoscope

Dans Paris Normandie elle avait lu l’horoscope de la Vierge, le sien, et au thème amour il disait : vous pourriez très bientôt faire une rencontre assez prometteuse.

Enthousiaste, elle passa sa matinée à marcher dans les rues et à passer d’homme en homme en posant la question suivante : « Ne seriez-vous pas la rencontre assez prometteuse que je dois faire ? ", mais sans succès. Jusqu’au moment où elle eut la certitude de tomber sur « la fameuse rencontre », enfin je veux dire, sur l’homme.

Il avançait dans la rue, sans masque et sous un sombrero. Peut-être était-il mexicain, qui sait ?

Elle lui parla aussitôt espagnol ; la langue de son grand-père paternel. Lui répondit en français, mais avec un fort accent. Elle sourit et dit.

-          Alors, vous êtes… ?

Et il répondit du tac au tac.

-          Oui, je suis.

Une semaine plus tard, il lui expliqua ce qu’il était exactement, et si elle l’avait su, elle aurait évité de le prendre pour « l’homme ». Sauf que maintenant, il était trop tard…

 

PS : prochain texte, jeudi 24 septembre.

19 septembre 2020

Le chemin

Il écrivait des définitions de maladies, toutes les maladies possibles et imaginables et ce, depuis son enfance. Et, à l’âge de 12 ans, il a écrit des certificats médicaux en imitant ceux de sa mère, hypocondriaque notoire ; enfin c’est ce que la famille de son père disait. Mais était-ce vrai ?

Pour sauver sa mère, il avait lui-même suivi, à l'âge de 18 ans, le chemin de la médecine. Hélas, dès la troisième année, il avait dû arrêter ses études en raison de crises d’épilepsie à répétition.

-          Il est bien comme sa mère, avait l’habitude de répéter son père.

Lui ne disait rien car il ne se voyait pas. Pourtant, il n’était ni comme sa mère, ni comme son père, et il suivait un parcours étrange qui le mena, à l’âge de 30 ans, sur le chemin de Compostelle, son bâton de pèlerin à la main et sa besace sur le dos.

Une besace où les évangiles lui disaient que ce n’était pas par hasard qu’il s’appelait Christophe…

17 septembre 2020

discorde

Nombreuses étaient celles qui avaient décidé de mettre un "crop top" pour aller au lycée, et l'entrée leur avait été interdite.

- Masque, gestes barrières et tenue correcte exigée avait dit le proviseur.

L'une, effrontée mais masquée, s'était autorisée à lui dire.

- Vous n'avez qu'a pas regarder mon ventre et vous ne verrez rien.

Mais était-ce si simple ?

Il est vrai qu'avec la chaleur torrentielle qui frappait toutes les académies de France et de Navarre, pourquoi ne pas supprimer un masque non obligatoire, celui qui cachait le ventre ?




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