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21 décembre 2007

Une histoire. Suite 4

Elle ramasse la missive, remonte chez elle et la dépose délicatement sur la table basse du salon, à côté des autres. Elle n’enlève pas tout de suite son manteau et se dirige vers la cuisine car le chat, qui l’attendait derrière la porte réclame à grands cris sa pitance.
- T’es bien impatient !
Elle pose son sac sur la table, en sort le lait, en verse un peu dans une coupelle qu’elle prend dans le placard et la dépose sur le sol. Le chat se met à laper rapidement, puis s’installe plus confortablement et continue par petits coups de langue qui font gicler quelques gouttes sur ses moustaches. De temps en temps, il s’arrête, lisse son museau avec sa langue et se remet à boire.
Satisfaite, elle met en place ses courses et prépare un peu de viande hachée qu’elle dépose à côté de la coupelle de lait. Le chat se jette dessus et dévore tout en un rien de temps. Finalement, repus et heureux, il s’étire, lui jette un regard de reconnaissance, se dirige lentement vers le salon, grimpe sur le divan et se met à faire sa toilette.
Elle l’a suivi. A le voir prendre ses aises, elle rit.
- Ne te gêne pas Minou, tu as raison, profite de l’instant présent, on ne sait jamais de quoi sera fait le lendemain.
En prononçant ces mots, ses yeux se voilent l’espace d’un bref instant, elle soupire.
- C’est pas tout mais il faut que je retrouve tes maîtres.
Elle retourne se poster vers la fenêtre et continue sa conversation avec cet interlocuteur à quatre pattes.
- Tu sais il fait frette* dehors, je ne suis pas sûr que tu aurais tenu le coup. Demain, je m’en vais mettre des affiches dans le quartier et chez le dépanneur du coin. Mais demain est un autre jour et je dois avouer que je suis contente de t’avoir ce soir.
Elle se retourne, le chat lèche sa fourrure à grands coups de langue, s’arrête, la regarde et reprend sa tâche.
- Bon, ben c’est à mon tour de me préparer quelque chose à manger.

Quand elle revient au salon un peu plus tard, elle trouve le chat endormi, en boule sur le divan. Elle s’assied à côté de lui, caresse délicatement son pelage. Le chat ne bouge pas mais un ronronnement répond à sa place. Elle reprend une à une les lettres au papier bleu, les regarde, les examine et se retient de les ouvrir. Elle attend elle ne sait quoi et ses pensées s’envolent vers ce supposé expéditeur.

*frette : très, très froid.

20 décembre 2007

Une histoire. Suite 3

Elle se penche et caresse l’animal qui se frotte à ses jambes, qui se met à ronronner et à lui faire une cour assidue.
- T’es perdu Minou ? T’es beau, sais-tu ?
Elle se redresse et regarde autour d’elle. Serait-elle la seule à réagir, n’y a-y-il point aux fenêtres des maîtres alertés par les miaulements de ce chat ? Une bourrasque lui ébouriffe les cheveux et le petit félin se remet à miauler en la regardant d’un air suppliant. Elle serre son manteau contre elle, elle ne peut résister et imaginer le laisser au froid. Elle lui ouvre la porte et sans se faire prier, le chat se précipite dans l’escalier et en trois bonds se retrouve au salon. Elle monte à son tour, suspend son manteau aux patères, remet ses pantoufles et lui dit.
- Et maintenant, que vais-je faire de toi. Tu dois avoir un foyer, que sais-je, des maîtres qui doivent s’inquiéter.
Le chat la regarde, assis sagement au milieu du salon. Il semble attendre quelque chose mais quoi ? Elle pense…
- Mais tu dois avoir faim peut-être ? et de se diriger vers la cuisine, le chat sur ses talons. Alors qu’elle fouille dans son réfrigérateur, il tourne autour de ses jambes en miaulant de plus belle.
- Oui, oui, ça vient mais vois-tu, je n’ai rien à te donner. Je n’avais pas prévu d’avoir un hôte supplémentaire ce soir.
Elle referme la porte du frigo et lui dit.
- Tu sais quoi ? Je vais aller t’acheter du lait et de la viande et j’en profiterai pour faire quelques courses, y’a rien de bon ici, je dois refaire le plein. Tu m’attends et tu ne bouges pas.

Elle attrape son sac, remet son manteau, ses bottes et part d’un cœur joyeux faire ses courses. L’obscurité s’est installée et à la lueur des réverbères, les flocons de neige, de poussières d’or se sont transformés en poussières d’argent. Des petits éclats scintillent le long du chemin. Elle lève les yeux au ciel, les étoiles brillent, la nuit sera froide.

Quand elle revient, elle découvre une lettre au papier bleu derrière sa porte, la troisième…

19 décembre 2007

Une histoire. Suite 2

Elle ne réagit pas. La sonnette insiste. Elle ne réagit toujours pas. Pourquoi ?

Elle entend un claquement sec puis des pas qui descendent lourdement les escaliers extérieurs. Elle s’est instinctivement éloignée de la fenêtre ne cherchant pas à savoir qui a sonné. Son cœur bat fort, elle pose sa main sur sa poitrine et calme de mots doux cet organe qui s’est emporté tel un cheval fou. Ses yeux se posent sur la porte qui conduit à l’escalier. A nouveau les mêmes pensées surgissent et elle se retrouve face au même dilemme que tantôt. Lentement, elle bouge ce corps crispé, ouvre la porte et descend lentement les escaliers intérieurs en colimaçon, s’arrête à mi-course, penche le buste et découvre un carré bleu sur le sol devant la porte, face à la fente qui sert de boîte aux lettres.

Elle se redresse et pose à nouveau sa main sur son cœur et attend que la cavalcade dans ses artères se calme. Elle descend les dernières marches d’un pas mesuré, se penche pour ramasser l’enveloppe, reconnait l’écriture, la même.

Au salon, elle pose cette deuxième missive à coté de la première, elle s’assied sur le canapé et les regarde sans que son visage trahisse des émotions. Elle a froid, elle ajuste le châle sur ses épaules, elle allonge le bras et effleure le papier. Avec un soupir, elle se lève et se dirige vers la cuisine quand son oreille est attirée par un petit cri. Elle s’immobilise, tend l’oreille, se retourne et se dirige vers la fenêtre du salon. Elle scrute la rue, elle ne voit rien avec cette poudrerie pourtant elle entend distinctement un miaulement. Elle enfile son manteau en hâte, chausse ses bottes et sort. Alors qu’elle est sur le pas de la porte, elle le repère. Un chat blanc et noir grelotte dans la neige et semble perdu. Il miaule à fendre l’âme. Elle l’appelle. « Minou, Minou ».

Il tourne la tête et dès qu’il l’aperçoit, saute sur la première marche et tout en continuant à miauler monte vers elle.

18 décembre 2007

Une histoire

Le front appuyé contre la vitre, elle regarde le monticule de neige qui s’est accumulé sur son balcon. Elle l’estime à plus d’un mètre, elle ne pourra y accéder avant un certain temps mais aime ce sentiment de cocon que cette masse blanche lui procure. Le froid de la vitre lui fait du bien, comme une compresse sur son front brûlant, une compresse pour apaiser les idées et les préoccupations qui se bousculent dans sa tête.

Le vent provoque une soufflerie qui balaye la neige si légère par ces températures glaciales. Avec le soleil qui a pris la place des nuages en ce jour d’après-tempête, les flocons traversant les rayons sont comme de la poussière d’or qui vole dans le ciel. Elle regarde ces petites pépites et aimerait faire comme elles, s’envoler, saluer d’une pirouette et disparaître, en laissant une impression de magie derrière elle.

Un skieur de fond glisse sur le trottoir, frayant sa trace dans la neige poudreuse non déblayée. Un chien noir apparaît derrière lui, la queue panachée bien haute, trottant d’un pas joyeux. A un moment donné, il se roule à terre, gigote, les quatre pattes en l’air, visiblement heureux. Son maître suit, encapuchonné, les épaules voûtées, la tête basse face au vent.

Elle serre son châle sur ses épaules et retourne au salon. Son regard est attiré par cette enveloppe qui git sur la table basse. Elle tourne autour, dans un tourbillon lent et calculé, son regard toujours accroché à ce carré bleu qui l’attire et l’effraye à la fois. Elle ne l’a pas encore ouverte cette lettre, elle en connaît l’écriture et l’expéditeur mais elle hésite. Elle attend elle ne sait quoi se demandant si le doute et les suppositions sont préférables à la connaissance. Elle l’effleure de sa main, la saisit et la porte à son nez dans l’espoir de sentir les mots sans les lire. L’enveloppe ne transmet qu’une odeur de poussière et, déçue, elle la repose sur la table et s’en éloigne. Elle a le temps, elle a tout son temps. Elle retourne à la fenêtre et écoute le silence que le manteau neigeux à favorisé.

La sonnette de la porte d’entrée retentit, elle se retourne d’un mouvement sec mais reste clouée sur place.

16 décembre 2007

Tempête et Guignolée

Une autre tempête de neige s’abat sur Montréal en ce 16 décembre. Je regarde à travers la fenêtre et je vois les flocons tourbillonner et passer à l’horizontal, poussés et chassées par le vent violent. Parfois, ils remontent vers le ciel, tombent vers le sol, parfois ils s’écrasent contre la vitre avec un petit bruit de gravier. La neige s’accumule à une vitesse folle.

Je suis bien à l’abri, l’appartement est surchauffé comme le sont semble-t-il la majorité des habitations dans ce pays mais je ne peux m’empêcher de penser à ceux qui n’ont pas cette chance…

Hier, j’ai croisé des personnes qui récoltaient de l’argent pour les pauvres et cette recherche de fonds a pour nom « la Grande Guignolée ». Cela a commencé par la « Guignolée des médias » le 6 décembre. Ce jour-là des journalistes de tous bords étaient descendus dans la rue durant toute une journée pour récolter nourriture et argent. Depuis, des bénévoles poursuivent cette recherche de fonds qui se terminera le 24 décembre. J’ai pensé aux « Enfoirés » et « aux restos du cœur » je me dis que les bonnes idées émergent de partout pour combler des lacunes qui ne devraient plus être d’actualité dans des pays aussi riches que les nôtres.
J’ai aussi pensé aux petits écureuils croisés dans les parcs durant la belle saison et par ricochet à tous les autres animaux qui vont devoir survivre à cet hiver qui s’annonce plus rigoureux que celui de l’année précédente.

En ces temps de Noël, il est plus facile d’avoir des pensées pour les autres, l’abondance de cadeaux et de biens favorisant le remord des nantis dont je fais partie. Je me dis qu’il y a tant à faire que je pourrais être tentée de ne rien faire vu l’ampleur de la tâche mais ce serait trop facile. C’est ce que je me dis quand il m’arrive d’être fatiguée et découragée et cela m’aide à persévérer.

Il neige sur Montréal, et mon cœur est comme ces flocons, il est chahuté.

13 décembre 2007

Ralentir

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Je te regarde et je me dis que tu dois avoir raison à rester planté là, sans même prendre la peine de donner l’illusion que tu ne veux pas y rester…Je n’ai pas le courage de te forcer à émerger pour retrouver le macadam.

Mon regard est attiré au loin, vers ces nuages porteurs de blancheur ouatée et qui vont à nouveau déposer sur toi un autre cocon de neige. Serais-tu plus sage que moi en me faisant comprendre qu’il est des temps propices à ralentir ?

Ralentir comme cette nature qui ne s’en prive pas ?

Ralentir et se mettre en veilleuse le temps d’une saison ?

Je reprends ma pelle. Je te laisse à ton sommeil, je reviendrai au dégel en espérant que ta carcasse ne sera pas trop rouillée à ton réveil.

12 décembre 2007

Une si belle journée…

Ce matin, vers les 7h (heure Montréal) donc les 13h (heure suisse), ma fille me presse de me lever pour me dire que je vais avoir une belle surprise.
Quand je sors de ma chambre, elle me demande de m’asseoir devant l’écran de l’ordinateur pour me faire lire la grande nouvelle du jour : le fossoyeur de la tolérance et de la politique sociale, le dogue zurichois, le « fouteur » de trouble, le ténor du racisme, celui que j’appelle la honte du gouvernement de mon pays ne s’est pas fait réélire ce matin par le parlement suisse ! Que cette journée soit bénie des Dieux. Cet homme politique d’extrême-droite s’est fait infliger une baffe mémorable, du même acabit que lui-même l’avait infligée à la femme à qui il avait pris la place, il y a 4 ans de cela. Juste retour de…baffes Monsieur Blocher !

Bon, j’attends encore demain pour sabler le champagne car la femme élue à sa place n’a pas encore accepté ce mandat et donnera sa réponse demain matin . Suspense!

Etait-ce cette nouvelle qui m’avait rendue radieuse ? Je ne sais pas mais en sortant du métro un peu plus tard dans la matinée, j’ai tenu la porte à un homme qui m’a remerciée, je me suis retournée et lui ai souri puis j’ai continué mon chemin. J’ai alors entendu une voix crier : « Excuse me ? » Je me suis retournée en direction de la voix et l’homme à qui j’avais tenu la porte m’a lancé : « you are beautiful ! »

 Ouah ! Des journées comme ça, j’adore !

11 décembre 2007

Fait divers.

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- Viens !
- Non
- Pourquoi ?
- Je ne sais pas où cela mène, je ne veux pas me perdre dans la forêt.
- Tu n’aimes pas l’aventure ?
- Jusqu’à un certain point oui, mais là, non je ne la sens pas !
- Viens te dis-je, fais-moi confiance.
- Non, tu n’as aucun sens de l’orientation, tu le sais et moi aussi !
- Tu ne n’aimes pas ?
- Cela n’a rien à voir !
- Si cela à voir…si tu ne viens pas c’est que tu ne m’aimes pas !
- J’ai froid, je veux rentrer.
- Raison de plus, rentrons par ce chemin, c’est un raccourci !
- Comment le sais-tu ?
- Je le sais, c’est tout.
- …
- Eh ! où vas-tu ?
- Je rentre par le chemin avec lequel nous sommes venus. Toi si tu veux aller par-là, vas-y seul. On se retrouve à la maison.
- Bon, on verra bien qui sera rentré le premier. Trouillarde, lâcheuse !

Fait divers :
Un homme a été retrouvé par le chien d’un promeneur dans le parc du Mont Royal. Dans un état d’hypothermie avancée, ses jours ne sont heureusement pas en danger. Il s’était perdu en voulant prendre un raccourci à travers bois. Personne ne comprend comment il a pu s’égarer dans un parc en pleine ville.

 

10 décembre 2007

Jolis yeux

« Ce n’est pas tout d’avoir des jolis yeux, il faut qu’une petite lampe s’allume derrière. C’est cette petite lueur qui fait la vraie beauté. »*

Le regard, c’est un peu la seule chose que je peux apercevoir de certaines personnes dans les rues montréalaises, emmitouflées des pieds à la tête. Elles se protègent des grands froids et luttent contre ce petit vent qui souffle du nord au sud et glace encore plus en s’infiltrant à travers les tissus.

Un regard, tout un univers entraperçu l’espace de quelques secondes, parfois une petite étincelle et parfois l’indifférence.

Alors que les couches de vêtements, les bonnets, les écharpes, les cache-nez couvrent ce corps, ce visage, ces cheveux qui attirent l’attention au temps du chaud pays, le regard est ce lien qui permet de garder contact lorsque l’hiver s’en vient pour de longs mois.  

*Jean Anouilh

9 décembre 2007

Logique, logique !

La logique prend des chemins qui varient fortement d’un individu à l’autre. Cette réflexion m’est venue à l’esprit alors que je déambulais cet après-midi dans les tranchées de neige du parc Jeanne Mance. Parc vis-à-vis de celui du Mont Royal, ses allées sont bien dégagées et c’est un vrai plaisir de parcourir ses tapis blancs et encore immaculés.

Le plaisir du piéton devient moins évident sur les trottoirs des rues environnantes. En effet, les 3500 personnes qui sont occupées à dégager et enlever toute cette neige dans Montréal le font essentiellement sur les routes et les grandes artères afin que cette chère (dans tous les sens du terme) automobile puisse transporter son unique conducteur là où il veut. Les piétons, même si ils sont chaussés et bottés de façon adéquate n’ont qu’à galérer pour cheminer.

Les trottoirs ont été dégagés lors de la tempête et depuis, ils sont restés en état et les petits tracteurs qui ont sillonné chaque rue à toute vapeur pour faire un chemin praticable ne sont plus réapparus.
Les chasse-neiges ont poussé de grosses masses de neige le long des rues et aux intersections et il faut les enjamber, voir même grimper dessus et sauter de l’autre côté sans se casser la figure.
Certains propriétaires de voiture, en dégageant leur voiture ensevelie sous cette masse blanche, ne se sont pas privés de la déposer sur le trottoir créant ainsi des obstacles qu’il faut contourner quand c’est possible ou enjamber.
Aux passages piétons, il n’est pas rare de devoir également sauter, contourner ou marcher dans les flaques d’eau boueuse que la neige et le sel ont crées.

Bref, la vie des piétons montréalais dont je fais partie est un peu chaotique ces jours. Ce que je ne comprends pas c’est la perfection du déblaiement des parcs publics et celle nettement plus aléatoire des trottoirs.

Il doit y avoir une logique qui m’échappe ! Bon, je vais arrêter de vous  « tanner » avec mes récriminations et passer dans mes prochains billets à des sujets plus…

 

 

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