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30 septembre 2019

le mari

Aujourd'hui, au petit déjeuner, j'ai dit à mon mari qu'il m'était apparu dans un rêve. Il m'a tout de suite demandé.


-    Et je servais à quoi ?

C'est fou comme mon mari veut toujours servir à quelque chose. Je me demande d'où lui vient cette manie, mais lui ne se demande rien. Evidemment, se demander veut dire s'interroger et ça, c'est la porte ouverte vers l'inconscient ; un truc qui n'existe pas, me dirait-il, alors pourquoi ouvrir une porte sur le vide ?

J'ai fini par lui répondre, évasive.


-    Oh, tu avais juste un rôle de figurant.


Il n'a rien rétorqué, mais en voyant sa mine déconfite je me suis sentie coupable. Il faudra vraiment que je surveille mieux mes rêves...

12 septembre 2019

les mots

-          Un mot a un corps, tu sais ? lui avait-il dit avec son ton sentencieux.

Cet idiot croyait toujours qu’elle marchait un pas  derrière lui, ou peut être plus. Elle, savait bien que les mots avaient un corps puisqu’elle venait de terminer un roman qui, tel un jeune arbre, avait laissé ses racines en elle.

Ce roman, bien sûr, il ne l’avait pas lu, tout comme il n’avait lu aucun des textes qu’elle lui avait laissés ; mais ça, peu lui importait puisque des corps naissaient en elle…

8 septembre 2019

Une étrange aventure

Un jour, verte de rage, Anne avait attaché Jean  devant le miroir de leur chambre à coucher. Naïve, elle s’était dit qu’il finirait peut-être par se connaître mieux. Hélas, Jean était non seulement presbyte, mais têtu,  et sa sortie du miroir s’avéra difficile.

Elle demanda donc l’aide de Marie, une brillante artiste – circassienne - qui accepta le défi et convia aussitôt Jean à participer à son nouveau spectacle : « les aventures du miroir du moi  ».

Le spectacle eut un franc succès mais – et jamais Anne  ne l’aurait cru possible  -  Marie enleva Jean  et l’emmena au septième ciel pour des siècles et des siècles...

 

 

27 août 2019

Le monde funéraire est-il funèbre ?

Après une réponse à une annonce du journal local, elle était devenue « deuilleuse » dans une agence funéraire très particulière. Il lui était demandé, lors d'un étrange rituel,  de loger chaque défunt au royaume des morts afin que les vivants puissent tranquillement continuer leur vie sur terre.

Deux choses lui avaient semblé difficiles dans ce travail dont nul ne parlait en France : le masque qu’elle devait porter et le fait de toucher le corps des défunts.

Comment avait-elle pu s’habituer à cet entre-deux ? Elle n’aurait pu le dire mais, quand son heure viendrait, elle savait qu'elle pourrait se glisser  sans peur dans le royaume des morts afin de laisser les vivants vivre en paix…

 

23 juin 2019

Le fils

Le jour où il regarda son fils une seconde de plus qu'à l'habitude, il constata que celui-ci vieillissait plus vite que lui ; pourquoi ? Bien sûr, il l’accusa immédiatement de tous les mots. Ce fils était si fainéant, pensa-t-il,  que le temps se vengeait de lui.

Sa femme, elle, savait pourquoi ce fils vieillissait vite mais elle ne lui dit rien. D’ailleurs, jamais personne ne lui disait rien car cette homme n’écoutait personne - ni sa femme, ni son fils, ni ceux qu’il disait ses amis – à part lui-même.

Sans doute s’aimait-il trop, et cet immense amour qu'il se donnait à lui-même ne pouvait faire qu'une chose : le rendre aveugle.

 

19 juin 2019

Je me demande

Je me demande*

 

Il avait raté sa mort comme il avait raté sa vie.

Quand connaîtrait-il enfin le succès ?

 

*Je pique le « je me demande » à Patrick Cassagne qui, en ce moment,  se demande moins de choses, me semble-t-il… 😉

 

11 juin 2019

Solution

Pourquoi faisait-elle  toujours exprès de parler quand il pensait ? Il ne pouvait plus penser tranquille dans cette maison et son coeur s’affolait comme un oiseau blessé.

« Tais-toi, je pense, tais-toi je pense, tais-toi je pense… » marmonnait-il pendant qu’elle lui parlait ; mais elle ne s’arrêtait pas. Elle ne s’arrêterait donc jamais ? Il sentait que bientôt la marée de ses mots le submergerait et il ne savait pas nager.

C’est à cause de ça qu’il l’avait assommée avec la poêle. Enfin le silence s’était fait.

23 mai 2019

Les vieilles amies

L’hiver, elles se voyaient une fois par semaine, pour le thé ; l’une ronde, l’autre maigre, l’une taciturne, l’autre volubile.

- Les Français sont minables ! disait souvent l’une.

Quand elle avait dit ça, elle avait tout dit. Un dicton ponctuait souvent leurs dialogues.

- Les chiens ne font pas des chats ! 

Leurs conversations de salon se terminaient souvent dans la pénombre de ces fins d’après midi d’hiver où les thés fument dans les tasses et où le temps ressasse la vie de ceux qui ne savent plus vivre...

 

11 mai 2019

la fuite

Souvent elle lui demandait s’il l’épouserait et jamais il ne répondait. Parfois il riait. Elle non. Un jour, il lui répondit avec une citation de Paul Leautaud : « Dans le mariage on fait l’amour par besoin, par devoir. Dans l’amour on fait l’amour par amour. »

- Fadaise lui répondit-elle. Tu utilises une citation mais celle-ci ne te correspond pas. Car en ce qui te concerne, le besoin joue un grand rôle.

Il ne dit rien, partant du principe que le silence apaise les maux.

Amusée, elle conclut.

- C’est étonnant comme le silence fait partie intégrante de ta vie, plus que les mots, mais sans doute as-tu peur d’en dire plus que tu n’en sais soit même ?

Il la regarda en souriant et se tut. A quoi bon entamer un discours qui ne le concernait pas ?

7 avril 2019

Le professeur

A la fin du spectacle, le professeur avait constaté.
-  A chaque fois que vous disiez une réplique, je me demandais qui était ce putain de prof qui obtenait un résultat aussi nul avec ses élèves.
Et, à l’intention de Josiane il ajouta.
-  Quant à toi, je pense qu’un rôle muet te conviendra mieux pour l'année prochaine, parce que là, putain, j'avais l'impression que tu souffrais d'aphasie ! 

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