Cette campagne de lutte contre l’alcoolisme du « Drug and Alcohol service for London », à l’attention des femmes, est particulièrement dissuasive. Son slogan « If you drink like a man, you might end up looking like a man” ou “ Si vous buvez comme un homme, vous pourriez finir par ressembler à un homme” m’a tétanisée… bien que je ne sois pas anglaise.
Si j’en crois l’article du dailymail, deux femmes sur 5 sont préoccupées de l’impact de la boisson sur leur corps, alors qu’elles ne sont qu’un tiers à se préoccuper des conséquences de la prise d’alcool sur leur santé. D’où cette campagne qui insiste sur les conséquences physiques de la prise d’alcool : votre peau se flétrit et rougit, vous vieillissez au pas de charge et votre balance hurle à l’excédent de poids ; sans oublier, qu’ en toile de fond, vous risquez de ne plus vous reconnaître dans la glace mais d’y voir votre double masculin !
Je ne sais pas si messieurs les Anglais apprécient cette campagne un tantinet « sexiste » - qui ne donne pas envie d’aller voir les « petits anglais » de près - mais en tout cas, moi, j’ai déjà remisé ma bouteille de Porto au fond du buffet. Je ne serai plus prise en « flagrant delitre » ! Quand j’aurai oublié, on verra…
- Un problème ? non…deux,
trois, quatre, j’ai plein de problèmes, d’ailleurs je ne les compte plus.
- Je peux aider ?
- Si tu as envie de passer
l’aspirateur, pourquoi pas !
- l’aspirateur…attends, je ne te suis
plus…ton problème, c’est ton ménage ?
Moment de silence puis éclats de
rire.
- Non, non, le ménage c’est le
cadet de mes soucis, simplement quand j’ai trop de problèmes et que ça ne
tourne plus rond dans ma tête, il faut que je fasse quelque chose de manuel,
donc je fais mon ménage. D’une pierre deux coups : je réfléchis et je fais
ce que je déteste faire avec entrain car plus je nettoie, plus mes neurones
fonctionnent.
Soupir de soulagement à l’autre
bout du fil.
- C’est pas mal ton truc mais dis-moi,
en général, chez toi, c’est plutôt propre en ordre, donc dois-je en déduire que
tu as beaucoup de problèmes à résoudre ?
- Bonne déduction…je ne m’en
étais pas rendue compte ! Si je fais le compte des inducteurs de problèmes :
le boulot, les collègues, mon homme, mes enfants, mes parents, ma belle-mère,
mes copines, le chat, le lapin, les voisins…les problèmes de tuyauterie, la
voiture, le scooter qui ne démarre pas, les menus des repas (je ne sais jamais
quoi cuisiner), les courses au supermarché, la paperasse qui s’accumule, les
factures qu’il faut contester…
- Effectivement, cela fait
beaucoup mais d’après moi, tu n’es pas la seule à avoir ce genre d’inducteurs
comme tu dis, je me demande comment font les autres ?
- Chacun son truc, j’ai une
copine, c’est le chocolat, une autre, le jogging, une autre, la tête dans le
sable comme les autruches…au fait, et toi ?
- Quoi moi ?
- Tu réagis comment quand tu as
des problèmes ?
- Je ne réagis pas, je les
résous.
Silence.
- Pas de petites manies, de
petits trucs, de façon de faire ?
- Non
- Ah ! bon. Au fait tu
m’appelais pourquoi ?
- Pourquoi ? Oui…juste, je voulais
te demander un conseil.
- Bon, alors ces cheveux, quand est-ce que tu vas te les faire couper ? - ... - Tu réponds rien ? - ... - Tu veux pas répondre ? Mais on dirait que tu t'enlaidis à plaisir ! - ... - Tu serais tellement plus mignonne avec tes cheveux comme avant ! - ... - Tu veux rien dire ? - ... - Franchement, tu veux que je te dise, avec tes cheveux comme ça, tu es moche… Enfin si tu veux être moche, c'est réussi !!! - Merde ! - Quoi, Merde ? Tu me dis rien pendant un quart d'heure et quand tu me parles c'est pour me dire merde ? Si je te donne des conseils, c'est pour ton bien tu sais, mais les conseils à ton âge, on veut pas les entendre, c’est bien dommage... - Ben tu voulais que je te dise quelque chose, alors voilà, je te dis « Merde ! » ; et puis si je veux être moche, ça me regarde ! C'est quand même pas toi qui porte mes cheveux, non ? Est-ce que je te donne des conseils, moi ? Pourtant…
PS : Je précise que je ne suis pas "la mère" qui s'exprime.
Aujourd’hui, on peut s’assurer contre : le décès, la maladie, les attentats, les prises d’otages, les accidents, les impayés, la perte de la carte bancaire, la perte des clefs ou du chéquier, les annulations de voyages, les spectacles annulés … Tout imprévu peut avoir l’assurance d’être assuré. Ça rassure, les assurances, ça donne de l’assurance pour parer le pire, c’est comme un bouclier – non fiscal - dont on se ceint pour oublier que notre vie mène… tout droit à la mort ! Mais avant de nous assurer, n’oublions donc pas de nous assurer que l’assurance que l’on choisit n’est pas entrain de faire la « culbute » - crise des subprimes oblige – ou alors, trouvons-nous une assurance qui nous assure contre notre assurance !
Mais au fait, est-ce qu’on peut s’assurer contre un gouvernement qui nous mène à notre perte ?
Pour remettre l’église catholique à sa juste place, mon mari me rappelle que Galilée a été condamné en 1633 par la Sainte Eglise Catholique et Apostolique… et que sa réhabilitation date de… 1992 ! Et pourtant, elle tourne vraiment, la terre ! L’Eglise – « très mal éclairée » au dix septième siècle mais l’est-elle mieux actuellement ? - avait demandé à Galilée de prononcer les mots suivants dans sa formule d’abjuration que le Saint Office avait préparée : « …. avec l'aide de Dieu (je) tiendrai pour vrai dans le futur, tout ce que la Sainte Église Catholique et Apostolique affirme, présente et enseigne… »
Selon Benoît « treize et trois », l’une des deux menaces qui pèsent sur la culture est « l’arbitraire de la subjectivité. » Ne doutons pas que pour la Sainte Église Catholique le chemin sera encore long… elle ne devra pas oublier de prendre son bâton de pèlerin.
* Cette photo a été vue sur le site du journal Libération
Clara Magouille n’en était pas à
son coup d’essai. Elle avait essayé déjà une bonne dizaine de fois sans
résultats mais celle-ci serait la bonne, elle en était…presque certaine.
Elle mit son plus beau chapeau,
celui qu’elle avait acheté pour la rencontre annuelle des anciens du lycée.
D’un beau vert foncé, il avait cette petite touche d’originalité qui
contrastait avec ses yeux d’un jaune lumineux créant ainsi un effet surprenant,
avait dit la vendeuse. Quant au choix du balai, elle ne savait pas si elle
prenait celui à turbo ou celui à injection ? Elle opta pour la sécurité
car le voyage risquait d’être long et laissa le turbo de côté non sans un petit
soupir de regret vu sa belle carrosserie dernier modèle. Avant de quitter sa
tour, elle s’admira et le miroir lui retourna un compliment ce qui n’était pas
commun vu son air renfrogné et ses perpétuelles critiques. Il faut dire qu’elle
avait mis un soin particulier à sa toilette allant jusqu’à vernir ses ongles
aux doigts fins et gracieux, tout le contraire des affreuses mains crochues de
ses collègues. Ses petits pieds, mis en valeur dans des sandales rouges,
offraient un spectacle distingué quand elle montait en amazone et lorsqu’elle
arrivait à destination, elle ne manquait jamais de passer un premier tour avant
d’atterrir, permettant ainsi à qui voulait de la remarquer.
- Bon, ma fille, assez de
rêveries et de compliments sur ta petite personne, l’apparence est une chose,
la finesse d’esprit en est une autre. A tes petites cellules grises de travailler
maintenant !
Elle ramassa son sac, vérifia une
dernière fois que tout y était et s’en fut par monts et par vaux un soir de
pleine lune. Elle ne s’arrêta qu’une fois, pour déjeuner. La taverne « Au
goinfre heureux » n’était pas l’endroit idéal pour une sorcière raffinée
comme elle mais on y servait une excellente soupe à la courge rose qui faisait
sa réputation à la ronde. Après cette pause bienvenue, elle se repoudra,
rectifia son maquillage et se remit en route. Arrivée en vue de sa destination
finale, elle eut un pincement, là, juste un peu en dessous du sternum, un petit
pincement suivi d’un gros bloc qui lui barrait la respiration. Elle essaya
d’inspirer à fond puis d’expirer d’un seul coup mais la désagréable sensation
ne voulait pas déguerpir, elle renouvela le cycle deux ou trois fois mais sans
succès.
« Est-ce un
pressentiment ? » se demanda-t-elle mais ne voulant pas gâcher ses espoirs
avant l’épreuve, elle balaya cette mauvaise pensée et atterrit tout en finesse
dans le jardin de l’académie. Elle épousseta son manteau, rajusta son chapeau
vert, enleva quelques plumes d’oies qu’elle avait ramassées lors de sa
rencontre avec les migratrices et le regard volontaire, elle se dirigea vers
l’entrée. Deux dragons en gardaient la porte mais ils étaient éteints. Elle
pénétra dans une grande salle où s’alignaient les experts.
- Clara Magouille, c’est bien cela ? demanda celui qui
portait le chapeau à clochettes et les lunettes en écaille de lézard. Etes-vous
prête ?
Clara acquiesça et les questions commencèrent.
- Donnez-nous la définition de « fricasse » et
« cramine ».
- Qui, lorsqu’elle éternue, provoque des avalanches ?
- Qui a dit « Aime et fais ce que tu veux » ?
- Qui a écrit « Tant que l’homme sera mortel, il ne
pourra être décontracté »
- De quoi la clef est-elle le symbole ?
- Dites trois fois à voix haute et très vite :
« Si six sangsues sont sur son sein sans sucer son sang ces six sangsues
sont sans succès »
Clara répondit avec brio aux questions mais buta sur les
sangsues. Bons princes (son charme sans aucun doute), ils lui donnèrent une
deuxième chance et elle y parvint.
Folle de joie, son certificat sous le bras, elle sauta sur
son balai, fit trois loopings avant de foncer chez sa copine, Béatroce.
La fête fut mémorable, elles en parlent encore aujourd’hui.
Note : les réponses aux questions peuvent être publiées
sur demande…
- Je suis désolée Mme Durnand,
mais votre imagination et votre créativité ne sont pas assez présentes, cela
n’ira pas pour le poste.
La petite femme se ratatine sur
sa chaise, ses épaules se voutent, ses mains se crispent sur son sac, les
phalanges blanchissent sous l’effort, ce poste elle le veut de toutes ses
forces.
- Je pourrais quand même
essayer ? Je peux m’améliorer, il suffirait que je sois aidée, juste un
peu, un petit coup de pouce, vous voyez ?
La femme en face ne répond rien
mais esquisse un sourire pincé. Elle remet une mèche de son chignon en place,
lisse sa jupe et réajuste son col, prenant le temps de choisir ses mots.
- L’imagination, chère madame, ne
s’apprend pas, tout au plus peut-on, telle la graine plantée dans une bonne
terre, l’arroser, la couver, la chérir, la faire grandir et la
faire…exploser ! La créativité, idem. Je ne vois pas en vous cette petite
graine à arroser, je regrette.
- Mais je l’ai en moi, mes
parents me disaient toujours que je vivais dans un monde à part, que j’étais
toujours dans la lune, que j’étais loin de la réalité…mais bon à force de
m’entendre dire que ce n’était pas bien pour mon avenir, j’ai choisi d’oublier
ce monde imaginaire pour planter mes pieds dans le monde réel.
Mme Miche n’y croit pas, elle
tripote ses papiers sur le bureau, les remet en ordre de façon méthodique,
replace un stylo sur son support, déplace le téléphone pour qu’il soit face à
elle et qu’elle puisse bien voir les appels entrants. Elle finit par soupirer,
se penche, les mains manucurées bien à plat sur la surface lisse et reprend.
- Savez-vous jouer avec les mots,
imaginer, inventer ? Connaissez-vous le « Deplace-clochette »,
la « Trotte cabane », la « Motoarme » ?
Mme Durand est bien obligée de
reconnaitre son ignorance. Mme Miche poursuit.
- Comprenez que je n’ai rien
contre vous et je suis persuadée que vos compétences sont appréciables mais
pour inventer la suite des aventures de « Pâle Nord et Pâle Sud »*,
elles sont insuffisantes.
Mme Miche se lève et montre la
sortie à Mme Durand. Celle-ci se met debout péniblement et se dirige vers la
porte. Avant de la franchir, elle plonge son regard doré dans celui de son
interlocutrice et lance.
- Dans ma jeunesse, j’ai voyagé
dans un autoplus, j’ai passé des tas de fronts d’hier, j’ai escaladé des
Fous-le-camp en Italie et en Sicile, j’ai vu dans le porc de Naples des gens
jeter des tas de cochonneries dans la mère, ignares de la solution qu’ils
provoquaient. Après avoir longé la fadaise, j’ai trouvé une page blanche un peu
plus loin sur laquelle j’ai fait un grain d’écriture en attendant la mariée
haute*. Mais de ces temps anciens, rien n’est resté assez bon pour vous et mon
talent, point ne le reconnaitrez car de nous deux, en fait, quelle est la plus
tarte ?
La tête haute, le menton un peu
tremblant, Mme Durand s’enfuit de la maison d’éditions « La charrue avant
le bœuf » qui n’avait pas voulu d’elle. Mme Miche hausse les épaules et
s’en retourne à son bureau en se demandant pourquoi cette femme lui avait parlé
de tarte ?
* tirés en partie du monde du
prince de Motordu, Pef, « leçons de géoravie », Folio Cadet
« Le style, c’est le rythme, le rythme du personnage. » Phrase de Simenon, cité par Pierre Assouline dans son excellente biographie de Simenon, publiée en livre de poche. Jules Renard, lui, disait : « Le style, c’est l’oubli de tous les styles. » ; et il faut avoir beaucoup lu pour oublier tous les styles… A chaque auteur sa définition ; mais n’est-ce pas au « style » que l’on reconnaît la « signature » de l’écrivain ?
- Toujours, promis ! Mais
pourquoi cette question ?
- A cause d’Amélie.
Gérard ne répond pas.
Bercés par le roulis du bateau,
serrés l’un contre l’autre en cette fin d’après-midi, le père et l’enfant se
laissent porter par la nostalgie de cette fin d’après-midi qui clôt la semaine
de vacances qui les a réunis. Dans un peu plus d’une heure, c’est le retour sur
la terre ferme, c’est la séparation programmée, c’est le retour à la norme,
norme qu’Elodie avait presque fini par oublier, Gérard également.
- J’aime Amélie, c’est vrai mais
ce sont des amours de grandes personnes qui n’ont rien à voir avec l’amour que
je te porte. Pour moi, tu seras toujours la personne qui compte le plus au
monde, sache-le et garde-le bien en tête. Je t’aime et je t’aimerais toujours.
- Et maman, tu l’aimes
plus ?
En entendant ces mots, il serre
encore plus fort le petit corps tout chaud blotti contre lui. C’est dur de
vivre séparés, c’est dur de faire porter à son enfant le poids des mésententes
d’un couple qui s’est aimé pour finir par se déchirer.
- Ta maman et moi on s’est
beaucoup aimé et on s’est fait un beau cadeau : toi. J’aime ta maman parce
que c’est ta maman et c’est important mais c’est vrai que je ne l’aime plus
comme avant.
- Depuis que tu as Amélie ?
- Oui et non, c’est plus
compliqué que ça mon trésor. Quand tu seras grande, tu comprendras un peu mieux
peut-être ?
- C’est ce que maman dit toujours
mais je suis grande, j’ai 7 ans.
Il sourit à cette réponse. Il
prend le visage d’Elodie entre ses paumes et la regarde intensément.
- C’est vrai que tu grandis mais
une chose après l’autre. Nous en reparlerons, promis. Pour l’instant, il nous
faut rentrer, tu m’aides à faire la manœuvre ?
Un sourire nait sur le visage
d’Elodie, elle se met rapidement debout et d’un ton fort, au garde à vous,
lance.
- A vos ordres capitaine !
Le capitaine lui caresse les
cheveux, il a certes évité une discussion pénible mais il sait que ce n‘est que
partie remise. La vérité, il va devoir l’affronter, il a peur du regard qu’Elodie
lancera sur lui, sur la façon dont il a agi…mais demain est un autre jour et il
décide de profiter de l’instant présent.
- Hissez la voile matelot, nous
rentrons au port !
*Merci à PR pour ce beau coucher de soleil sur le lac léman
La photo circulait de main en main, autour de la table, et arriva finalement dans les siennes. Elle la prit, l’examina et finit par dire en s’adressant à sa belle sœur. - Mais dis-moi, c’est toi sur la photo ? - Oui, pourquoi ? Elle n’hésita pas un seul instant et conclut l’air grave. - Tu sais que tu es beaucoup mieux en photo qu’au naturel !