« Parmi les enseignements de
Bahà’u’llàh, il y a l’égalité de l’homme et de la femme. L’humanité a deux
ailes, la masculine et la féminine. Un oiseau ne peut voler que si ses deux
ailes sont également développées. Si une aile reste affaiblie, le vol serait
impossible. La réussite et la prospérité ne seront atteintes que lorsque
l’univers de la femme égalera celui de l’homme ».
Extrait des écrits de la religion
baha’ie, dont les enseignements ont été promulgués dans la Perse du XIXème
siècle, extrait transmis par un ami.
- Bonjour Madame, nous sommes
mandatés par une radio pour une enquête sur les goûts musicaux des personnes,
nous recherchons des femmes entre 17 et 29 ans.
« Ouf, se dit-elle, ce n’est
pas pour moi » et soulagée de ne pas être obligée de trouver plein
d’arguments pour refuser, elle répond toute contente.
- Dommage pour vous car j’ai 50
ans.
Le jeune homme à l’autre bout du
fil insiste et demande s’il n’y a pas dans la famille une jeune femme répondant
à ce critère. Elle ne se sent pas de mentir alors elle avoue que ses deux
filles sont dans cette tranche d’âge. Il insiste gentiment pour leur parler
mais elle rétorque qu’elles ne sont pas là. Quand peut-il rappeler alors ?
Ils conviennent d’un rendez-vous pour un autre jour. Curieuse comme à son
habitude, elle demande d’où il appelle et alors qu’elle se trouve à Lausanne,
le téléphoniste se trouve en Allemagne. Elle pense alors à la globalisation et
se demande le pourquoi d’avoir un téléphoniste allemand maitrisant le français
pour un sondage en suisse romande ? Alors qu’elle surfe sur cette
question, le jeune homme allemand pose la question qui tue.
- Et vous, vous êtes la
grand-mère ?
- Ahhhhh !
Elle préfère éclater de rire et
rétorque qu’elle est la mère. Il reste imperturbable, il la remercie et lui dit
au revoir. En reposant le combiné elle se dit qu’elle vient d’attraper un sacré
« coup de vieux ».
Clara Magouille observait son
visage et ce que le miroir lui retournait ne lui plaisait pas, mais alors pas
du tout ! Ses rides disparaissaient, les verrues qu’elle avait sur les
joues et le front rapetissaient, la bosse sur son nez s’aplatissait et comble
de malheur, ses cheveux hirsutes à souhait prenaient une couleur miel tout en
ondulant, l’horreur totale !
« Il faut que je réagisse,
les autres sorcières vont se moquer de moi et je vais être la risée du bal de
la Saint Pétulon » Elle se leva d’un bond et chercha dans sa bibliothèque un
grimoire qui pourrait lui donner la recette pour retrouver sa laideur. Elle
trouva les « 37 façons pour ternir un teint de pêche en teint
terreux », « Nez crochus, becs d’aigle : 99 idées » ainsi
que « Cheveux de paille ou huileux, que choisir ? ».
- Parfait, j’ai deux jours pour
me refaire une laideur, au travail !
Elle enfourcha son balai et se
rendit au marché des Crèves-grenouilles pour trouver tout ce qu’il lui fallait
pour ses potions. Sa beauté étant trop évidente, elle mit des lunettes noires à
monture de crapaud, un fichu troué sur la tête et des gants en peau de limaces pour
camoufler ses mains toutes dodues et roses en se disant que si tôt le matin, le
risque de se faire reconnaître serait minime, les autres sorcières fuyant le
soleil et les journées éclatantes. Elle avait bien calculé car le marché était
quasi désert et ses emplettes furent faites en un temps record. Une horrible
robe en fils d’araignées agrémentée de cafards bruns et noirs lui fit de l’œil
et elle hésita avant de craquer et de se l’offrir. De retour dans sa grotte,
elle se mit tout de suite à l’ouvrage, les onguents et autres crèmes devant être
utilisés le plus rapidement possible pour un effet optimal. La colle qu’elle
mit sur ses cheveux eut un pouvoir fantastique et fit disparaître les
ondulations. Quant à la couleur miel, elle fut remplacée par du gris sale qui
allait parfaitement avec les tons de sa robe neuve.
Les verrues se multiplièrent et
se disséminèrent sur tout son corps. « Parfait se dit-elle, cela m’évitera
de poser un châle sur mes épaules, mes bras et mon décolleté seront hideux à
souhait. » Ses rides par contre, refusèrent de se creuser davantage !
Folle de rage, elle passa toute la nuit et toute la journée du lendemain à
chercher et essayer les 37 potions de son livre, sans succès. Son visage
présentait une surface lisse que les verrues ne parvenaient pas à camoufler et
son teint, du rose avait viré au blanc pâle, ce qui accentuait encore plus l’effet
de jeunesse qu’elle ne voulait pas. Elle dû donc tricher et à l’aide d’un
crayon gris, marqua autour des yeux, au coin de son rictus et sur son front des
traits profonds qui de loin pouvait passer pour une peau fripée.
« Finalement, ce n’est pas si mal ! » se dit-elle en enfonçant
son chapeau noir suffisamment fort jusqu’aux yeux, plaquant ainsi ses cheveux
de telle façon que le visage disparaissait derrière eux.
Rassurée sur son image, elle
s’octroya un petit verre de Muscadet, car on a beau être sorcière, on peut être
sensible à certains petits plaisirs plus communs…
Désespérés, ils erraient dans les rues de cette ville de bord de mer depuis 10 minutes sans trouver aucune place pour se garer, quand soudain sa mère s’écria d’une voix impatiente. - Non, mais regarde-moi ça, il y a plein de places handicapés et ils occupent même pas leur place, les handicapés ! Tu n’as qu’à t’y mettre !
Etrange, cette panique qui s'empare de nous lorsque les premières rides arrivent, sans parler de la détresse qui nous saisit quand deux poches impitoyables soulignent nos yeux presbytes et de l'angoisse qui s'installe quand nos joues, autrefois si fermes, se ramollissent irrémédiablement !
Je me demande s'il ne vaudrait pas mieux se faire opérer dès la naissance… pour avoir une tête de vieux !
Le TGV s’apprête à démarrer, les
dernières personnes s’installent. Une jeune femme arrive, essoufflée et cherche
sa place, située deux rangs après la mienne. Elle fait le geste de saisir sa
petite valise pour la ranger au-dessus de sa tête et aussitôt, deux messieurs
volent à son secours. Remerciements de la belle et sourire satisfait de celui
qui a emporté la mise, à savoir être galant et se faire récompenser ! Il
faut avouer que la jeune femme est mignonne et répond aux critères de séduction
qui font qu’un homme peut y être sensible. Arrive une autre femme qui me faire
revivre la même scène que précédemment sauf que la personne qui tient le
premier rôle est sensiblement plus âgée. Là, aucun homme ne vient à son secours
alors qu’elle fait mine de soulever sa lourde valise. Elle évalue l’effort mais
finalement demande au plus proche représentant du sexe fort de l’aider. La
galanterie spontanée ne serait donc réservée qu’à de jeunes et belles
femmes ?
Lors d’une conférence donnée par
Benoîte Groulx (encore elle !) et dans les questions qui lui ont été
adressées, une a suscité les rires de la salle par sa réponse. A la
question : « comment sont les hommes autour de vous ? »
elle a répondu : « Inexistants car pour eux, je suis devenue
transparente. ».
Hélas, dois-je comprendre que mon
âge avançant, mon quotient attractif diminuera de telle sorte que plus aucun
regard masculin ne se posera sur ma petite personne ? Pourquoi un homme
aux tempes argentées, à la chevelure blanche reste-t-il séduisant et pourquoi
une femme aux mèches grises l’est-elle moins ? Pourquoi un homme mûr
peut-il convoler avec une femme de 20 voire 30 ans de moins que lui sans
provoquer quolibets et critiques qui seront le lot d’une femme épousant jeune
beau ?
Un doute m’assaille au moment où
j’écris ces lignes et je pars à la recherche des définitions* des mots séduire,
« détourner du bien, faire tomber en faute », attractif-ve « qui
attire » et galanterie « courtoisie que l’on témoigne aux
femmes ». Un homme galant peut aussi être « un homme redoutable pour
la vertu des femmes » mais il n’est pas précisé qu’une galante peut être
une femme redoutable pour la vertu des hommes…
Et pourquoi ne pas renverser les
rôles, changeons la donne…mais à notre façon ! On pourrait aller vers un
collègue et lui dire qu’il a de belles mains, que son petit ventre rond est un
oreiller où l’on poserait volontiers notre tête, que sa calvitie naissante est
attachante, tout comme ses kilos en trop, que nous aimerions bien lui faire le
coup de la panne, que….Mais je repars dans les stéréotypes alors que je voulais
proposer des choses différentes ? Caramba, difficile d’éviter les clichés
quand il s’agit des rapports hommes-femmes-séduction et il faut reconnaître que
j’aime les hommes galants et courtois. Pfff, je ne suis pas au bout de mon
questionnement !
- Tu te souviens quand tu as dit à la femme de Gérard qu’elle était mieux en photo qu’au naturel ? Tu as même ajouté que si elle ne t’avait pas dit que c’était elle sur la photo, tu ne l’aurais même pas reconnue ! - Moi ? J’ai dit ça ? Franchement, ça m'étonnerait, parce que les photos des autres, je les regarde jamais, ça ne m’intéresse pas !
Début septembre, la famille a fêté les 80 ans d’une tante dans un restaurant plutôt chic de la banlieue parisienne. Le jeune homme – et patron du restaurant - qui nous servait était métis. Le repas avait été bien arrosé, les convives étaient joyeux, le vin – bu à petites doses, alcootest oblige – avait délié les langues, et les conversations allaient bon train.
A la fin du repas, des compliments sont faits au jeune patron à qui « on » demande d’où il est. Il répond : de Creuse. Manifestement cette réponse ne satisfait pas les personnes attablées : étant métis, il doit bien avoir une autre origine, une vraie ! Et devant l’insistance générale il répond : je suis des Seychelles, par ma mère. Soupir de soulagement dans l’auditoire.
Eh bien oui, quoi, on ne peut pas venir de Creuse – ou d’une autre région de France - si on est métis !
Mais comment s’intégrer, alors, si l’on n’a pas le droit de venir d’où l’on vient ?
J’imagine que vous aussi, on vous téléphone – et en général quand vous faites la cuisine, quand vous êtes aux toilettes ou quand vous vous installez enfin sur le canapé, après une journée de travail exténuante… – pour vous demander si vous êtes intéressé par des « réductions fiscales ». Cette question me hérisse et je réponds invariablement que non, que j’adore payer des impôts et que je ne voudrais pour rien au monde les réduire. Et puis la dernière fois, c’est mon mari qui a répondu au téléphone.
- Mais dites-moi, si jamais un jour vous avez un cancer, vous serez bien content de trouver un hôpital qui vous soignera correctement. Et les hôpitaux ? Comment croyez-vous qu’on les gère, les hôpitaux ? Et bien avec l’argent public, avec mes impôts et les vôtres ! Et puis il a raccroché.
Très fort, me suis-je dit, le genre d’argument qui fait mouche. J’ai juste espéré que son interlocuteur n’avait pas de cancer... Imaginez que le pauvre type, désespéré après cette réplique incisive, se jette par la fenêtre du local d’où il « prospecte » ? Je sais, j’ai trop d’imagination, ça me dessert. Alors moi, la prochaine fois qu’on me parlera de réductions fiscales, au lieu du cancer, je choisirai une petite « maladie », une appendicite… ou des calculs rénaux ; tiens, c’est bien ça, les calculs...