Dans son testament, elle avait demandé à être incinérée, exprès ; il détestait les crémations. Elle avait aussi exigé qu’il immerge lui-même ses cendres en pleine mer ; il avait l’eau en horreur. S’il avait su, il ne l’aurait pas tuée.
Valparaiso (Chili) : en janvier dernier, Priscilla Solari et Cristian Rojas ont mis en place un projet artistique permettant de rendre visible, dans l’espace urbain, la violence qui s’exerce quotidiennement contre les femmes. A ces robes de mariées, sans visages, sont associées les armes avec lesquelles ces femmes ont été assassinées. L’exposition montre 62 robes : 62, le nombre de femmes qui ont été tuées au Chili en 2007. 62 « anges » décapités par la violence masculine, 62 robes qui, de leurs yeux absents, attendent les bourreaux à venir pour leur chuchoter, de leur voix étranglée, qu’il faut en finir avec cet « amour » mortuaire.
* Ces informations ont été lues, en partie, sur le site de « radioplaceres » une radio alternative de Valaparaiso.
PS : Je vous conseille de voir le film de Iciar Bollain « Te doy mis ojos » - sorti en France sous le nom de « Ne dis rien » - qui analyse parfaitement le mécanisme inexorable de la violence - ici masculine - dans un couple ; une violence qui tue tout, même ce qu’il y a de profondément humain chez un homme : le besoin d’aimer et d’être aimé.
- Des vacances, oui, mais ce
n’est pas une raison pour me laisser tomber.
- Que vas-tu imaginer, jamais je
ne te laisserais tomber…mais tu as raison, j’ai eu comme une sorte de flemme,
doublée d’un vide total d’imagination. C’était le néant, peut-être par le fait
que ma tête était pleine et que mon corps, vidé de son énergie par tous mes
problèmes, refusait de fonctionner au niveau des idées.
- Et maintenant, que comptes-tu
faire ?
- Et maintenant, que vais-je
faire…comme le chantait si bien Gilbert Bécaud. Sais-tu qu’il neige à
Lausanne ? Il faut que je retourne mettre des boules pour les oiseaux,
j’aime les observer venir picorer, je cherche de quels oiseaux il s’agit dans
mon grand livre et je découvre, à travers mes jumelles, des caractéristiques
que je ne connaissais pas.
- C’est vrai que tu es une fan de
la nature.
- Si peu, mais je me ressource à
travers elle. J’aime la neige, je suis heureuse même si autour de moi, je
n’entends que des gens râler. Nous sommes en hiver que diable, pour une fois
que nous en avons un, blanc à souhait, comme dans les livres que j’ai lu tout
au long de ma jeunesse. La seule chose qui me chagrine, c’est qu’en ville,
d’immaculée, elle devient vite noire, balayant par sa laideur son effet
apaisant. J’adore me lever alors qu’il a neigé toute la nuit. Il y a comme un
silence feutré apaisant, un message qui nous dirait : levez le pied,
prenez le temps de vivre, écoutez la nature, profitez du moment présent…
- Philosophe maintenant ?
- Tu te moques et tu as raison.
Non, je ne prétends pas être philosophe, juste rêveuse…
Vous pensiez qu’étudier une langue étrangère était une perte de temps ? Vous doutiez de l’importance des langues ? Vous n’imaginiez pas qu’une langue étrangère pouvait vous sauver la vie ? Allez donc voir cette vidéo - « The importance of being bilingual » ! Après, vous vous précipiterez sur la première méthode de langue venue... question de survie !
« Qui ne connaît pas de langues étrangères ne connaît pas sa langue » disait Goethe.
Elle décida de divorcer, son mari lui devenait li-tté-ra-le-ment insupportable. Contrarié, celui-ci saisit aussitôt son avocat : si elle divorce, qu’elle me rende mon rein ! C’était un don par amour et elle ne veut plus de mon amour, se justifia-t-il le plus sérieusement du monde.
Pendants 15 ans, tous les mardis, elle avait joué invariablement les numéros 1, 2 , 3, 4, 5, 6. Ce soir-là, elle vit apparaître sur l'écran de télévision les boules 4, 5, 6, 7, 8 et 9. Désespérée, elle avala deux tubes de somnifères. Ce fut son dernier loto.
J’ai servi tous mes mots* et vomi toute ma bile. Je suis exsangue, murée dans la marge de ma page blanche. On ne repasse jamais les plats, je devrais le savoir. Mon corps résonne du meurtre de mots avortés et mes phrases sont des friches où la colère grave ses lettres dans la terre sèche. Un jour j’y mettrai le feu, je le ferai, et quand les flammes jailliront, les mots seront bien forcés de sortir en gueulant leur rage de vivre.
* Je me suis inspirée de la phrase de Lidia, du blog « petites régurgitations » pour écrire ce texte.
Samedi dernier, notre fils est parti dormir chez un ami. En fermant les volets, à 19 h 30 exactement, mon mari m’a dit : « Tiens, ce soir on s’entraîne à être vieux ! » Lente de nature, je lui ai demandé pourquoi. Il m’a répondu laconique. - Eh bien, ce soir, Thomas n’est pas là ! Depuis une semaine, tous les soirs, à 19 h 30 précisément, je pense à ce que mon mari m’a dit et je prends un nouveau coup de vieux ! Jusqu’à quand ?
Jeudi, au rapport : je suis inspectée ! Ce qui me gêne dans l’inspection, c’est le fait d’être jugée sur une petite heure de cours et le côté « chien savant » que cette visite induit ! On vient vous voir tellement rarement – une fois tous les 5, 8 ou 10 ans - qu’on vous incite presque à "déballer" toute la panoplie de ce que vous savez faire, comme au cirque - pirouettes, doubles sauts périlleux avant et arrière, équilibres, roues etc. – le tout, bien sûr dans le cadre de ce que le Dogme autorise. Pour aujourd’hui j’ai tout simplement décidé de faire « la même chose » que d’habitude : pourquoi feindre ? D’ailleurs les élèves seraient les premiers surpris. Ce sera donc le menu familial, ni plus, ni moins, mais avec les crispations de mâchoire et le nœud à l’estomac en plus ! Je me souviens de ma dernière inspection où il m’avait été dit, sans rire : « Il faut faire rêver les élèves… » Vaste programme ! Je ne sais pas pourquoi, mais faire rêver un public d’adolescents « captifs », rarement complices de ses apprentissages, me semble relever du tour de force… Mais vous, vous savez peut-être faire rêver ?
Il était une fois deux ballons
qui se regardaient gonfler de satisfaction. Ils comparaient leur volume, l’un enviant
la couleur flamboyante de l’autre alors que celui-ci justement trouvait la
sobriété de l’autre plus adéquate au sérieux de la manifestation.
Leur enveloppe fine s’élevait en
tanguant, parfois se touchant pour mieux se bousculer. C’était la course pour
savoir qui monterait en premier dans ce ciel sans nuage et finalement, ce fut
le bleu qui l’emporta. Victoire éphémère qui ne valait rien car le ballon
bariolé le rattrapa pour commencer une valse de haut et de bas ponctuée par les
seuls bruits de la flamme qui se la jouait belle.
Cramponné au rebord de la
nacelle, il ne dit rien. Il a le vertige, une frousse bleue mais stoïque, il se
tait de peur d’enlever toute la joie de sa Valentine qui pense avoir trouvé le
cadeau idéal à l’occasion de cette foutue fête des amoureux qu’on se doit de
fêter ! Il hait ces journaux et toute cette farce commerciale qui
encouragent les idées les plus folles pour montrer à l’autre son amour. Et
l’année prochaine, que va-t-elle lui mijoter, un saut à l’élastique ?