Inclassable
On disait de lui qu’il était un artiste inclassable. D’ailleurs, depuis 5 ans, les ventes de ses tableaux étaient au point mort et il avait fini par se persuader qu’il n’avait aucune classe…
On disait de lui qu’il était un artiste inclassable. D’ailleurs, depuis 5 ans, les ventes de ses tableaux étaient au point mort et il avait fini par se persuader qu’il n’avait aucune classe…
Elle disait toujours « J’ai dépassé la date », comme si une date de péremption était affichée au-dessus de sa tête. Il faut dire qu’elle avait déjà tout préparé : sa convention obsèques, sa concession, l’achat du cercueil, la musique que l’on jouerait à l’église ainsi que son épitaphe. Et, chaque jour que Dieu faisait, elle espérait bien que ce serait le bon…
A chaque fois que les flics passaient dans leur cité, les gamins hurlaient sur tous les tons, dans leur chorale improvisée : MAC MAC MAC MAC MAC MAC MAC MAC*... c’était mieux que de brûler les voitures et ça leur faisait un bien fou.
*MAC : mort aux cons
Pendant trois minutes, elle l’avait regardée repasser. Mon Dieu, quel temps elle mettait, et tous ces plis… Le soir-même elle disait à son fils : « Je me demande comment tu peux rester avec une fille qui ne sait pas repasser ! »
Lui ne répondit rien. Il ne répondait jamais rien.
Elle lui avait dit « Je suis inséduisable », mais l’inséduisable n’était-il pas une aventure séduisante ? Tel Valmont, il se demandait comment il aborderait la forteresse et combien de temps elle lui résisterait. Il jubilait déjà en pensant au moment où il arborerait le rouge baiser de sa conquête sur le revers de ses lèvres. Il pourrait alors se glorifier, en tous lieux, d’avoir pris sa revanche sur la morosité de l’hiver…
Depuis que les sextos étaient entrés dans sa vie, les plans Q succédaient aux plans Q, avec une régularité que même les métronomes lui auraient enviée…
Elle avait décidé d’acheter un petit carnet où elle consignerait toutes les inexactitudes qu’il dirait. Non par esprit de revanche, mais pour rétablir la vérité…
Avant les vacances, il avait la tête dans les mains et il ne pouvait pas travailler parce qu’il était amoureux. Après les vacances, il a toujours la tête dans les mains mais il ne peut pas travailler parce qu’elle l’a abandonné…
En ce matin du premier janvier, il était entré dans le café en leur souhaitant à tous une joyeuse année. Juste après, il avait ajouté : Et un Ricard, pour me remettre du Réveillon !
Quand Hélène était tombée sur cette vidéo, elle s'était immédiatement fait la remarque suivante : " Un perroquet qui peut prononcer 150 phrases avec une voix humaine, voilà ce qu'il me faut pour le réveillon. De quoi leur clouer le bec à tous !"