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Presquevoix...
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16 mai 2007

Le fanatisme serait-il le symptôme d'une quête de la virilité qui ne peut aboutir ?

Dans un article publié il y a assez longtemps dans le Nouvel Observateur, Catherine David analysait le problème du fanatisme sous l’angle de la psychanalyse et paraphrasait la citation de Simone de Beauvoir en disant : « On ne naît pas homme on le devient ». Selon elle, la virilité, comme la féminité, n’est pas donné mais c’est une conquête et « l’homme maudit le désir que les femmes lui inspirent. Pourquoi ? Parce qu’il ne le contrôle pas. »
Elle rappelle que le fanatique n’a pas besoin de Dieu, mais d’un héros, d’un chef de meute. Quelle obscure servitude l’homme porte-t-il en lui pour  remettre ainsi sa liberté – de façon aveugle - entre les mains d’un chef qui le guidera jusqu’à la mort, parfois ?
C. David souligne que la méfiance à l’égard des femmes est la chose au monde la mieux partagée. Elle nous en donne un exemple – parmi les multiples exemples qui auraient pu être choisis - avec la prière du matin que se répètent les juifs orthodoxes : « Je te remercie, mon Dieu, de ne pas m’avoir fait naître femme. » et remarque que, de Freud à Lacan, la psychanalyse n’a fait que participer au renforcement de la prééminence masculine ( ce fameux désir de phallus qu’auraient les femmes…).
Le monde serait donc, entre autres, malade de l’homme (avec un petit h), obsédé par son déni de la femme.

Quant à moi, une chose me semble presque certaine : la foi ne guérira  l’homme ni de son impuissance, ni de ses frustrations sexuelles mais elle pourra, par contre, les conforter, voire les attiser.

14 mai 2007

Un homme libre, qu’est-ce que c’est ?

Dans un  texte sobre, publié sur le site http://www.inventaire-invention.com/textes/kaplan_hommelibre.htm,                Leslie Kaplan énumère les actes d’hommes et de femmes qui ont su faire vivre le mot liberté. Dans leurs cas, la liberté ne s’est pas payée de mots, mais s’est traduite en actes. En voici quelques extraits :

«C'est Fritz Lang qui part pour Paris le 20 juillet 1933 en sortant du bureau de Goebbels qui vient de lui offrir la direction du cinéma allemand (…)

C'est un paysan du Chambon-sur-Lignon, il y en a eu beaucoup, qui a caché un enfant juif pendant la guerre sans même se poser la question ;

  C’est un ouvrier préposé à la chaufferie à qui son chef demande d’augmenter le rythme et qui refuse, s’en va, et ne remet plus jamais les pieds dans une usine (…)

C’est Charles Cahplin qui dans chacun de ses gags va à l’encontre de la réalité opprimante, l’usine, la prison, la misère, et par dessus-tout, la bêtise, la bêtise, la bêtise (…)

C’est Hannah Arendt qui écrit Eichmann à Jérusalem et qui montre que la banalité du mal ce n’est pas que le mal est banal mais qu’il peut-être le fait de personnes complètement banales (…) »

12 mai 2007

Faut-il créer une bibliothèque vivante ?

J’ai lu un article à ce sujet il y a assez longtemps, dans libération, cela se passait à Malmö, en Suède, mais pourquoi ne pas reprendre le concept en France ? L’idée étant de créer une bibliothèque vivante afin de combattre les nombreux préjugés qui nous empêchent de vivre ensemble. On pourrait imaginer que cette bibliothèque tiendrait à la disposition de chacun une liste de personnes appartenant à  des catégories sociales « stigmatisées » dans notre société. Le livre deviendrait ainsi une « matière » vivante que nous pourrions interroger.
Il faut bien reconnaître que notre société est tellement cloisonnée que nous rencontrons souvent des gens qui font le même métier que nous et nous ressemblent étrangement… On pourrait imaginer que dans cette bibliothèque vivante, il y aurait un cheminot, un syndicaliste, un ouvrier, un cadre, un enseignant,   un grand patron, un petite patron, un chômeur, un RMISTE, un catholique, un musulman, un protestant, un athée, un aveugle, un paralysé, un sourd, un muet, une lesbienne, un homosexuel, des travailleurs immigrés originaires de pays différents… cette liste n’est bien sûr pas exhaustive.
Ces rencontres permettraient peut-être de mieux nous comprendre et d’éviter ainsi de nous laisser porter par les représentations réductrices que les principaux médias – au service du pouvoir en place - véhiculent.
Il est de notre devoir de lutter contre des représentations qui ne servent qu’à nous élever les uns contre les autres.

11 mai 2007

Travailler plus pour mourir plus vite ?

Je viens de comprendre comment cette formule magique « travailler plus pour gagner plus » règlera le problème de la dette publique ! Si les gens travaillent plus, ils vont être plus fatigués, donc ils tomberont plus souvent malades et forcément,  ils mourront beaucoup plus tôt – on sait que l’espérance de vie des ouvriers est environ de 6 ans inférieure à l’espérance de vie des cadres -, sans jamais pouvoir profiter de leur retraite, alors toutes ces retraites, eh bien, elles ne seront plus à distribuer, à part quelques pensions de reversions ici et là…
Voilà, le tour est joué ! C’est tout bénéfice pour l’Etat, mais aussi pour les chefs d’entreprise* parce que quand les gens travaillent plus en faisant des heures supplémentaires, les employeurs sont eux exonérés de charges patronales. Ce sont les mesures promises par M. Sarkozy, et finalement, les 35 heures non supprimées - mais tant décriées par M. Sarkozy - sont tout bénefice pour les entreprises !
Je vous l’accorde, cette explication est un peu cynique, mais les hommes politiques ne le sont-ils pas ? Monsieur Pasqua disait, paraît-il (c’est ce que j’ai appris dans l’excellent documentaire de Serge Moati sur la campagne électorale 2007) : « Les promesses des hommes politiques rendent les couillons heureux. »

* Il faut savoir que M. Sarkozy a comme réseau d’amis, la moitié des patrons du CAC 40. Citons ceux qui ont eu le plaisir de le congratuler et ont participé à sa petite fête au Fouquet’s : Bouygues ( TFI, telecom, travaux publics), Vincent Bolloré ( Havas, Direct TV, institut de sondages CSA, le même qui a prêté son petit youyou de 60 mètres à Nicolas Sarkozy ), Alain Minc, François Pinault, milliardaire ( Printemps, Redoute, Fnac, le Point…), Dominique Desseigne ( Président du Groupe Lucien Barrière qui compte 39 casinos en France et en Europe, 16 hôtels de luxe et plus de 80 restaurants, dont le célèbre Fouquet's à Paris ), Arnaud Lagardère (EADS, PDG de Lagardère Média : Hachette, Elle, Paris Match, télé 7 jours, Les Nouvelles Messageries de la Presse Parisienne, Europe I, Europe 2, RFM, Canal J…  ). La présidente du MEDEF l’a également chaleureusement félicité de sa victoire en lui adressant le message suivant : « Nous nous engageons à contribuer avec responsabilité et enthousiasme à l’écriture de la nouvelle page qui s’ouvre pour la France. »

10 mai 2007

Bientôt, vous aussi vous serez peut-être fiché génétiquement !

Le 19 mars 2003, à la demande de notre ancien ministre de l’intérieur M. Sarkozy,  la loi de sécurité intérieure a étendu le champ d’application du « FNAEG »( Fichier National Automatisé des Empreintes Génétiquques : http://wwww.interieur.gouv.fr/sections/a_votre_service/aide_aux_victimes/fiche-fnaeg) à la quasi-totalité des crimes et délits d’atteintes aux personnes et aux biens…
Un merveilleux sentiment de sécurité va s’installer en France à partir du 16 mai, car on ne peut douter que le nouveau Président de la République ne mette maintenant, pleinement en œuvre, ces outils efficaces au service de la   « société de l’ordre », qu’il révère.
Il y a quelques jours, en France, deux enfants de 8 ans et 11 ans ont échappé de justesse à ce fichage génétique*, après le vol de deux tamagoshi et de deux balles rebondissantes – payés ensuite par leur mère – dans un supermarché.
Le journal Libération du 8 mai rapporte les propos du Vice-président du Tribunal de Grande instance de Bordeaux à propos des effets du fichage sur les enfants : « Un enfant fiché risque de le traîner pendant 40 ans, soit la durée autorisée pour la conservation des ADN. Il risque aussi de ne pas pouvoir accéder à la fonction publique ou à certains autres métiers ». L’existence de cet arsenal de mesures répressives paraît digne du « Meilleur des mondes » !
Contrairement à ce qu’il a souligné lors du débat qui l’opposait à Mme Royal, M. Sarkozy sera certainement dans l’obligation de remplacer tous les fonctionnaires qui partent à la retraite car, pour gérer ce fichier qui, en cinq ans, risque de prendre des proportions inquiétantes… il faudra bien du personnel !

* Il est regrettable, cependant, de constater, qu’un certain haut "irresponsable" de l’Etat, deviendra bientôt un vénérable retraité, sans être jamais jugé pour ses malversations… et donc bien sûr, jamais fiché… Deux poids, deux mesures dans notre institution judiciaire soit disant indépendante du pouvoir exécutif !

9 mai 2007

L’élection du Président de la République au suffrage universel est-elle un leurre ?

maltete_01Pourquoi persister à faire du Président de la République un irresponsable judiciaire et politique ? L’article 42 de la Constitution de 1958 déclare que le président de la République n'est responsable que dans le cas de haute trahison.
M. Sarkozy se gardera bien de changer ce point-ci de la Constitution. Il pourra ainsi, tout comme son ancien mentor, M. Chirac, éviter d’éventuelles futures poursuites judiciaires (1). Mais gageons que si M. Sarkozy n'a pas eu à s'inquiéter le moins du monde du Parquet jusqu'à présent, il n'aura jamais à s'en inquiéter !

Monsieur Sarkozy se contentera, en toute simplicité, de renforcer son pouvoir en réduisant, selon son projet présidentiel, le rôle du premier ministre à un rôle de super-directeur de cabinet et en s’autorisant à s’expliquer devant le parlement, ce qui aujourd’hui est impossible dans la logique de séparation des pouvoirs, même si elle est très souple.
Monsieur Paul Alliès – professeur de Sciences politiques à l’université de Montpellier – compare, dans le journal libération du 7 mai, cette élection au triomphe du Bonapartisme et souligne que « M. Sarkozy résume jusqu’à la caricature, la modernisation de cette « société du 10 décembre » (2) qui fit le succès en 1848 de Napoléon le Petit ». Il ajoute, plus loin, que « « l’histoire de la cinquième République restera celle d’une accumulation progressive de puissance d’une seule autorité au prix de la dévitalisation des moindres contre-pouvoirs. » !

(1) Il est ici fait référence au lièvre soulevé par le Canard enchaîné au sujet de l’acquisition de son appartement sur l’île de la Jatte ( lire l’article très précis du nouvel Observateur à ce sujet  : http://hebdo.nouvelobs.com/p2212/articles/a337804.html ) à un prix inférieur de 15 % au prix du marché, sans parler des travaux pharaoniques d’aménagement intérieur qu’il n’a pas payés.

(2) Louis Napoléon Bonaparte a été élu le 10 décembre 1848, avec près de 75% des voix. Dans la nuit du 1er au 2 décembre 1851, soit 47 ans jour pour jour après le sacre de Napoléon Ier et 46 ans après la bataille d'Austerlitz, un décret dissout l'Assemblée nationale et rétablit le suffrage universel. Malgré quelques soulèvements, dans certains départements comme l'Yonne, les Basses-Alpes, le Var et le Lot-et-Garonne, vigoureusement réprimés, le coup d'État est approuvé par le peuple et le plébiscite des 20 et 21 décembre 1851 sur les nouvelles institutions reçoit une majorité d'avis favorables. En janvier 1852, une nouvelle constitution étend le mandat du président à 10 ans. ( http://fr.wikipedia.org/wiki/2_d%C3%A9cembre )

Photo de René Maltête vue sur le site : http://rene.maltete.com/main.php

8 mai 2007

Tableau de déshonneur

On connaissait les tableaux d’honneur, mais il paraît qu’en Russie, les « tableaux de déshonneur » sont à l’honneur (courrier international du 2/05/2007). Les travailleurs peu scrupuleux – corrompus, négligents, paresseux…(suivant les critères du régime en place) -  peuvent être exposés à la réprobation publique.
En Russie le retour de la « valeur travail » conduit à l’ère du soupçon. 
Voici venu le temps de l’autorité, du mérite et du travail... Si encore, notamment en Russie, le pouvoir appliquait à la gestion du gouvernement et des institutions en général les critères qu’il choisit d’appliquer au peuple lui-même ! Mais hélas, que nenni  ! Le pouvoir, comme souvent, s’exclut des règles du jeu et, par un odieux dévoiement  de la démocratie, oblige le peuple se plier à un jeu que celui-ci n’a pas choisi !
Je ne résiste pas au plaisir de citer à nouveau un extrait du texte d’Octave Mirbeau (1888). Ce texte précieux donne un éclairage particulier à ce vote du 6 mai où, le peuple français, a choisi à 53 % les valeurs « travail, mérite, ordre et nation » * : « Entre ses voleurs et ses bourreaux, il (l’électeur) a des préférences, et il vote pour les plus rapaces et les plus féroces. Il a voté hier, il votera demain, il votera toujours. Les moutons vont à l'abattoir. Ils ne se disent rien, eux, et ils n'espèrent rien. Mais du moins ils ne votent pas pour le boucher qui les tuera, et pour le bourgeois qui les mangera. Plus bête que les bêtes, plus moutonnier que les moutons, l'électeur nomme son boucher et choisit son bourgeois. Il a fait des Révolutions pour conquérir ce droit. »

* Sur la place de la Concorde, le 6 mai au soir, un petit patissier d’Alsace travaillant à son compte, et monté à Paris pour écouter Johnny et Sarkozy, a même dit « C’est la France du travail qui a gagné sur la France de la paresse !. » Et la France du travail, avec certainement notre patissier en tête, est allée ensuite festoyer dans la brasserie populaire du Fouquet's, sur les Champs Elysées, où le menu le moins cher est à 78 euros !

6 mai 2007

Liberté

En cette fin de période d’élection présidentielle, concrétisée par le vote suprême du 6 mai, où  notre rôle de citoyen a été mis en exergue mais où les méthodes utilisées par certains candidats - que je ne citerai pas -  avaient des accents de propagande et de désinformation, il n'est pas inutile de lire ce texte brillant d'Octave Mirbeau, écrit en 1888 :

"La grève des électeurs

Une chose m'étonne prodigieusement - j'oserai dire qu'elle me stupéfie - c'est qu'à l'heure scientifique où j'écris, après les innombrables expériences, après les scandales journaliers, il puisse exister encore dans notre chère France (comme ils disent à la Commission du budget) un électeur, un seul électeur, cet animal irrationnel, inorganique, hallucinant, qui consente à se déranger de ses affaires, de ses rêves ou de ses plaisirs, pour voter en faveur de quelqu'un ou de quelque chose. Quand on réfléchit un seul instant, ce surprenant phénomène n'est-il pas fait pour dérouter les philosophies les plus subtiles et confondre la raison ?

Où est-il le Balzac qui nous donnera la physiologie de l'électeur moderne ? Et le Charcot qui nous expliquera l'anatomie et les mentalités de cet incurable dément ? Nous l'attendons.

Je comprends qu'un escroc trouve toujours des actionnaires, la Censure des défenseurs, l'Opéra-Comique des dilettanti, le Constitutionnel des abonnés, M. Carnot des peintres qui célèbrent sa triomphale et rigide entrée dans une cité languedocienne ; je comprends M. Chantavoine s'obstinant à chercher des rimes ; je comprends tout. Mais qu'un député, ou un sénateur, ou un président de République, ou n'importe lequel, parmi tous les étranges farceurs qui réclament une fonction élective, quelle qu'elle soit, trouve un électeur, c'est-à-dire l'être irrêvé, le martyr improbable, qui vous nourrit de son pain, vous vêt de sa laine, vous engraisse de sa chair, vous enrichit de son argent, avec la seule perspective de recevoir, en échange de ces prodigalités, des coups de trique sur la nuque, des coups de pied au derrière, quand ce n'est pas des coups de fusil dans la poitrine, en vérité, cela dépasse les notions déjà pas mal pessimistes que je m'étais faites jusqu'ici de la sottise humaine, en général, et de la sottise française en particulier, notre chère et immortelle sottise, ô chauvin !

Il est bien entendu que je parle ici de l'électeur averti, convaincu, de l'électeur théoricien, de celui qui s'imagine, le pauvre diable, faire acte de citoyen libre, étaler sa souveraineté, exprimer ses opinions, imposer - ô folie admirable et déconcertante - des programmes politiques et des revendications sociales ; et non point de l'électeur « qui la connaît » et qui s'en moque, de celui qui ne voit dans « les résultats de sa toute-puissance » qu'une rigolade à la charcuterie monarchiste, ou une ribote au vin républicain. Sa souveraineté à celui-là, c'est de se pocharder aux frais du suffrage universel. Il est dans le vrai, car cela seul lui importe, et il n'a cure du reste. Il sait ce qu'il fait. Mais les autres ?

Ah ! oui, les autres ! Les sérieux, les austères, les peuple souverain, ceux-là qui sentent une ivresse les gagner lorsqu'ils se regardent et se disent : « Je suis électeur ! Rien ne se fait que par moi. Je suis la base de la société moderne. Par ma volonté, Floquet fait des lois auxquelles sont astreints trente-six millions d'hommes, et Baudry d'Asson aussi et Pierre Alype également. » Comment y en a-t-il encore de cet acabit ? Comment, si entêtés, si orgueilleux, si paradoxaux qu'ils soient, n'ont-ils pas été, depuis longtemps, découragés et honteux de leur œuvre ? Comment peut-il arriver qu'il se rencontre quelque part, même dans le fond des landes perdues de la Bretagne, même dans les inaccessibles cavernes des Cévennes et des Pyrénées, un bonhomme assez stupide, assez déraisonnable, assez aveugle à ce qui se voit, assez sourd à ce qui se dit, pour voter bleu, blanc ou rouge, sans que rien l'y oblige, sans qu'on le paye ou sans qu'on le soûle ?

À quel sentiment baroque, à quelle mystérieuse suggestion peut bien obéir ce bipède pensant, doué d'une volonté, à ce qu'on prétend, et qui s'en va, fier de son droit, assuré qu'il accomplit un devoir, déposer dans une boîte électorale quelconque un quelconque bulletin, peu importe le nom qu'il ait écrit dessus ?.... Qu'est-ce qu'il doit bien se dire, en dedans de soi, qui justifie ou seulement qui explique cet acte extravagant ? Qu'est-ce qu'il espère ? Car enfin, pour consentir à se donner des maîtres avides qui le grugent et qui l'assomment, il faut qu'il se dise et qu'il espère quelque chose d'extraordinaire que nous ne soupçonnons pas. Il faut que, par de puissantes déviations cérébrales, les idées de député correspondent en lui à des idées de science, de justice, de dévouement, de travail et de probité ; il faut que dans les noms seuls de Barbe et de Baïhaut, non moins que dans ceux de Rouvier et de Wilson, il découvre une magie spéciale et qu'il voie, au travers d'un mirage, fleurir et s'épanouir dans Vergoin et dans Hubbard des promesses de bonheur futur et de soulagement immédiat. Et c'est cela qui est véritablement effrayant. Rien ne lui sert de leçon, ni les comédies les plus burlesques, ni les plus sinistres tragédies.

Voilà pourtant de longs siècles que le monde dure, que les sociétés se déroulent et se succèdent, pareilles les unes aux autres, qu'un fait unique domine toutes les histoires : la protection aux grands, l'écrasement aux petits. Il ne peut arriver à comprendre qu'il n'a qu'une raison d'être historique, c'est de payer pour un tas de choses dont il ne jouira jamais, et de mourir pour des combinaisons politiques qui ne le regardent point.

Que lui importe que ce soit Pierre ou Jean qui lui demande son argent et qui lui prenne la vie, puisqu'il est obligé de se dépouiller de l'un, et de donner l'autre ? Eh bien ! non. Entre ses voleurs et ses bourreaux, il a des préférences, et il vote pour les plus rapaces et les plus féroces. Il a voté hier, il votera demain, il votera toujours. Les moutons vont à l'abattoir. Ils ne se disent rien, eux, et ils n'espèrent rien. Mais du moins ils ne votent pas pour le boucher qui les tuera, et pour le bourgeois qui les mangera. Plus bête que les bêtes, plus moutonnier que les moutons, l'électeur nomme son boucher et choisit son bourgeois. Il a fait des Révolutions pour conquérir ce droit.

Ô bon électeur, inexprimable imbécile, pauvre hère, si, au lieu de se laisser prendre aux rengaines absurdes que te débitent, chaque matin, pour un sou, les journaux grands ou petits, bleus ou noirs, blancs ou rouges, et qui sont payés pour avoir ta peau ; si, au lieu de croire aux chimériques flatteries dont on caresse ta vanité, dont on entoure ta lamentable souveraineté en guenilles, si, au lieu de t'arrêter, éternel badaud, devant les lourdes duperies des programmes ; si tu lisais parfois, au coin de ton feu, Schopenhauer et Max Nordau, deux philosophes qui en savent long sur tes maîtres et sur toi, peut-être apprendrais-tu des choses étonnantes et utiles. Peut-être aussi, après les avoir lus, serais-tu moins empressé à revêtir ton air grave et ta belle redingote, à courir ensuite vers les urnes homicides où, quelque nom que tu mettes, tu mets d'avance le nom de ton plus mortel ennemi. Ils te diraient, en connaisseurs d'humanité, que la politique est un abominable mensonge, que tout y est à l'envers du bon sens, de la justice et du droit, et que tu n'as rien à y voir, toi dont le compte est réglé au grand livre des destinées humaines.

Rêve après cela, si tu veux, des paradis de lumières et de parfums, des fraternités impossibles, des bonheurs irréels. C'est bon de rêver, et cela calme la souffrance. Mais ne mêle jamais l'homme à ton rêve, car là où est l'homme, là est la douleur, la haine et le meurtre. Surtout, souviens-toi que l'homme qui sollicite tes suffrages est, de ce fait, un malhonnête homme, parce qu'en échange de la situation et de la fortune où tu le pousses, il te promet un tas de choses merveilleuses qu'il ne te donnera pas et qu'il n'est pas, d'ailleurs, en son pouvoir de te donner. L'homme que tu élèves ne représente ni ta misère, ni tes aspirations, ni rien de toi ; il ne représente que ses propres passions et ses propres intérêts, lesquels sont contraires aux tiens. Pour te réconforter et ranimer des espérances qui seraient vite déçues, ne va pas t'imaginer que le spectacle navrant auquel tu assistes aujourd'hui est particulier à une époque ou à un régime, et que cela passera. Toutes les époques se valent, et aussi tous les régimes, c'est-à-dire qu'ils ne valent rien. Donc, rentre chez toi, bonhomme, et fais la grève du suffrage universel. Tu n'as rien à perdre, je t'en réponds ; et cela pourra t'amuser quelque temps. Sur le seuil de ta porte, fermée aux quémandeurs d'aumônes politiques, tu regarderas défiler la bagarre, en fumant silencieusement ta pipe.

Et s'il existe, en un endroit ignoré, un honnête homme capable de te gouverner et de t'aimer, ne le regrette pas. Il serait trop jaloux de sa dignité pour se mêler à la lutte fangeuse des partis, trop fier pour tenir de toi un mandat que tu n'accordes jamais qu'à l'audace cynique, à l'insulte et au mensonge.

Je te l'ai dit, bonhomme, rentre chez toi et fais la grève. "

5 mai 2007

6 Mai 2007 : couronnement de Nicolas premier ?

Il semblerait que les sondages annoncent que 53 % des français souhaitent voter pour M. Sarkozy :

Etonnant de penser que 53 % des français croient, sans rire, que M. Sarkozy va créer une "République irréprochable", alors que l'acquisition de son appartement de Neuilly, île de la Jatte, a été faite dans des conditions particulièrement opaques et qui laissent peu de doute sur son manque de moralité...
Etonnant de penser que 53 % des français croient, sans rire, que M. Sarkozy va ramener le plein emploi alors que jusqu’ici le gouvernement auquel il participait n’a rien ramené du tout en matière d’emplois…
Etonnant de penser que 53 % des français croient, sans rire, que les baisses d’impôts proposées vont changer leur vie alors que 50 % des français qui travaillent ou sont retraités ne sont pas imposables !
Etonnant de penser que 53 % des français croient, sans rire, que M. Sarkozy va réduire le déficit public alors qu’il annonce de nombreuses baisses d’impôts, la suppression de nombreux droits de successions, des aides supplémentaires aux chefs d’entreprise…
Etonnant de penser que 53 % des français croient, sans rire, que ses propositions d’accès à la propriété vont révolutionner leurs conditions de vie, alors qu’une grande partie des français qui ont les plus bas salaires accèdent déjà difficilement à la location, pour la simple raison que la construction sociale a été réduite sous Chirac I et Chirac II !
Etonnant de penser que 53 % des français croient sans rire, que M. Sarkozy va changer l’école alors que ses propositions principales se limitent à instituer des études surveillées, diminuer le nombre de professeurs (départs à la retraite non remplacés) et donner aux familles la possibilité de choisir l’école de leur enfant.
Etonnant de penser, finalement, que 53 % français se moquent complètement de leur environnement puisque la principale politique écologique de M. Sarkozy consiste essentiellement à renouveller le parc nucléaire français.
Les bonimenteurs ont encore de beaux jours... hélas, l’épreuve de la réalité risque de provoquer une RUPTURE dans la société française !

3 mai 2007

La France Présidente ?

Quel pur moment de jouissance, lorsque Madame Royal annonce à M. Sarkozy qu’elle réformera aussi… le régime spécial dont il bénéficie… Stupeur de ce dernier qui ne peut imaginer un instant que l’on osera toucher à ses acquis, lui qui, pourtant, fustige les acquis des autres et ne se prive pas de vouloir les modifier ( les régimes spéciaux des cheminots notamment ! ). Mais il est vrai que les acquis des autres sont toujours mal acquis !

Hier, en écoutant M. Sarkozy annoncer calmement que dorénavant, les RMISTES allaient devoir justifier de leur grasse allocation de 440, 86 euros par mois (pour une personne seule sans enfant) en travaillant, je me suis interrogée sur la façon dont ces mêmes RMISTES feraient pour trouver un VRAI travail ? Où trouveront-ils le temps et l’énergie ?

Quand je songe que M. Chirac, membre de droit du conseil constitutionnel après son départ de la Présidence, touchera en sus de ses nombreuses retraites* – une modique rémunération de 12 000 euros par mois à vie à condition qu’il siège une fois par mois à ce même conseil… je me dis qu’il y a vraiment deux poids deux mesures ! Peut-on encore parler de Démocratie lorsque les personnes élues par le peuple et qui le représentent sont les seules à voter leurs augmentations et leurs retraites alors que les autres se serrent la ceinture ? Cherchez l’erreur.

Madame Royal, au contraire de M. Sarkozy, a un discours qui laisse à penser qu’elle va changer cette donne « Monarchique » - qui garantit l’inertie du citoyen -  en vrai donne « Démocratique », où chacun sera en mesure de participer. J’espère simplement que ce programme aura de beaux lendemains...

* le montant total des retraites cumulées de M. Chirac sera de 30 000 euros par mois.

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