Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Presquevoix...
Archives
7 juillet 2007

parenthèse pyrénéenne

Voilà, je suis dans les Pyrénées, en Ariège précisément, pour "raisons familiales"... ça fait un peu mot d'excuse, sur carnet de correspondance d'élève... St Girons, la province comme on dit de Paris, mais je ne suis pas de Paris puisque je vis moi aussi en province, à Rouen, mais St Girons c'est la province de la province ! Eh oui, on est tous le provincial de quelqu'un !

Le petit guide local dit : "La chaleureuse et souriante cité St Gironnaise... étire ses rues pittoresques et chantantes de part et d'autres de deux torrents tumultueux...". C'est drôle les guides touristiques, on n'y voit jamais ce qui y est décrit, j'ai bien vu les torrents, mais les rues chantantes, non ! Enfin un guide, c'est comme un homme politique, ça vend du rêve... En tout cas, la patissière chez qui j'ai acheté ma croustade aux pruneaux hier, ne parle pas comme le guide local et me dit tout cru qu'ici, tout ferme, tout se meurt ; ici, comme ailleurs, c'est la culture du "sandwich, internet et téléphone portable", alors... Elle est un peu aigrie la patissière, mais elle remarque que c'est une tendance générale, puis son étude s'arrête là, parce qu'une autre cliente arrive...

3 juillet 2007

Les vivants sont dans le corbillard, les morts suivent le cortège*

Le paradoxe que cette phrase soulève ne laisse  certainement personne indifférent. J’ai souvent l’impression d’être cette morte, dans ce cortège, qui suit pas à pas le corbillard dans une brume automnale ; Ne sentez-vous pas la mort sournoise qui entoure nos épaules de sa compassion bienveillante et nous murmure de sa voix douce « Ne change rien, ne change rien, ne change rien… » ? Ne vivons-nous pas entourés de morts ? Au travail, à la maison, à la télévision, dans la rue… J’en ai tant vu et j’en vois tant de morts ou presque-morts mais avant, moi aussi j'étais morte, avant je vivais heureuse au royaume des morts, mais c’était avant... Oui, nous sommes morts, parce que notre acceptation de ce qui est, notre impossibilité à  penser à côté ou en dehors de ce qui est établi, notre peur du changement**, notre incapacité à rire de nous-même, notre empressement à nous saisir des « hochets » que la société nous tend pour mieux nous enchaîner, notre inaptitude à écouter l’autre dans ce qu’il est profondément et notre tendance à l’écouter avec nos peurs et nos préjugés que nous n’interrogeons que rarement, notre impuissance à imaginer autre chose, nos certitudes… tout cela fait de nous des morts et creuse en  nous le berceau de notre inhumanité !

* Citation du Koan Zen. Pour un éclairage sur le Koan Zen, cliquer sur : http://mapage.noos.fr/goshinbudokai/koan1.html

**L’homme craint plus la perte de ses habitudes que la mort, disait Raul Brandão, auteur portugais du 19ième siècle.

2 juillet 2007

Et toi, tu pars quand ?

Si vous ne savez pas quoi dire à votre interlocuteur, la question simple à poser en ce deuxième jour de juillet - et qui remplace avantageusement les sempiternelles réflexions sur le temps - c’est : « Et toi, tu pars quand ? ». On peut d’ailleurs y ajouter des phrases subsidiaires, telles que : Et tu vas où ? Tu pars en famille ? « Tu vas bien te reposer, j’espère… » ou « profites-en bien ! ». Voilà qui permet de maintenir le lien social sans trop s’investir personnellement.
Evidemment si la personne à qui vous posez cette question vous répond qu’elle ne part pas, ça risque de jeter un froid, mais vous pourrez toujours vous rattraper en ajoutant : « Oh, tu sais, un mois ça passe vite ! » ou « Moi si je m’écoutais je ne partirais pas, c’est une telle corvée de faire ses valises, quand on sait qu’au retour il faudra faire l’inverse ! » ou, plus inconscient encore «  Tu ne connais pas ta chance, parce qu’en général, en vacances, on retrouve les mêmes crétins que ceux qu’on voit pendant le reste de l’année ! »
Et vous, vous partez quand ?

30 juin 2007

Moi, vous savez, je suis jeune d’esprit…

C’est ce que se disent les vieux pour se consoler de ne plus être jeunes. Voici un exemple de phrases entendues et qui illustrent parfaitement cette étincelante philosophie de comptoir : « L’important, vous savez, c’est d’être jeune dans sa tête ! » ou encore « L’âge ça compte pas, y’a des jeunes qui sont déjà vieux dans leur tête ! ». Le problème, c’est que tous les vieux que je connais, ils sont vieux dans leur tête - vraiment, je vous assure - et les seuls à ne pas le croire, ce sont eux !
D’ailleurs, moi-même qui vous parle, je me disais aussi « jeune d’esprit » mais j’ai vite dû déchanter, parce que  mon mari – qui lui, a les pieds sur terre - m’a clairement laissé entendre que je me berçais gentiment d’illusions, comme les autres, et qu’en vérité, tout bien réfléchi, il ne voyait pas grand chose de jeune dans mon esprit à part ma vibrante déclaration de jeunesse d’esprit…

29 juin 2007

Dieu et Marx peuvent-ils se tenir par la main ?

Oui, si l’on en croit Marjane Satrapi qui leur prête ces paroles communes d’encouragement, à son adresse, à la fin du film Persepolis : « N’oublie pas que la lutte continue ! ». Marjane me fait penser à la Mafalda contestataire de Quino sous la dictature de Videla en Argentine, le même petit bout de fille courageuse – sauf que Mafalda, elle, ne grandit pas puisqu’elle est un pur symbole -  qui met son grain de sel irrévérent partout. Marjane est une amoureuse de la liberté et de la tolérance, c’est sa grand-mère – libre-penseuse – qui les lui a instillées, et lorsqu’elle se retrouve, jeune adolescente, en Autriche, dans une pension catholique, les longues femmes noires, austères et intolérantes que sont les religieuses, ressemblent fortement aux « gardiens de la révolution islamique » qui sont surtout les « gardiens du dogme », protection efficace contre leur peur omniprésente ! D’ailleurs, ne voilent-ils pas les femmes parce que une femme non voilée est l’objet de toutes les tentations et de tous les débordements ? Et le premier débordement n’est-il pas l’érection qu’il pourraient avoir puisqu’elle n’est pas contrôlée… ?
Quelques séquences symboliques et synthétiques, dans des dégradés de noirs et de gris, suffisent à planter le cadre  historique - du Chah au régime des « Barbus » - sans oublier le rappel de l’influence de l’Occident sur l’histoire politique de l’Iran ! Et le long exil de Marjane en Autriche nous fait comprendre comme il doit être douloureux de vivre de l’intérieur, les « représentations » que les autres ont de nous… Comment supporter d’être considérée comme une barbare… !
Heureusement Marjane est issue d’une famille « éclairée » et sa grand-mère, au langage vert, n’a jamais mâché ni ses mots, ni ses idées ! Marjane poursuit son chemin de femme libérée, malgré les écueils qui se dressent à l’extérieur comme à l’intérieur. Le retour de Marjane en Iran, nous montre que dans ce pays la peur a fait son œuvre, mais que la révolution peut parfois bouillir sous les voiles… il suffit peut-être de se dire « qu’on a toujours le choix ! »
En regardant le film de Marjane Satrapi, on se prend à fredonner cette vieille chanson de Cookie Dingler qui commence ainsi « Ne la laisse pas tomber, elle est si fragile, être une femme libérée, tu sais c’est pas si facile.. », et on se dit que peut-être, un jour, toutes les iraniennes - et toutes les femmes -  fredonneront la même chanson sous leur voile et finiront par arracher les robes noires de l’oppression…

28 juin 2007

Dans le ventre du Rectorat ou les photos des secrétaires...

C’est étonnant le Rectorat, vu de l’intérieur. Quand on entre dans les bureaux – et aujourd’hui, moment solennel entre tous, j’ai rendu mes copies de baccalauréat – on pénètre dans l’univers intime de chacune des secrétaires. Chaque « recoin » de bureau est aménagé en fonction de la personnalité de la secrétaire qui l’habite… Il y a celles qui sont amoureuses des chevaux, des chiens ou des chats et qui  collent ces animaux sur les tiroirs et les murs, il y a celles qui préfèrent s’évader en pensant à des destinations lointaines – il est vrai que dans le ventre du Rectorat, l’évasion n’a pas de prix – et qui choisissent un pan de mur pour éparpiller portraits et paysages de Goa à Tombouctou ; et puis enfin, il y a celles qui préfèrent rêver en contemplant leurs enfants – et c’est de loin les cas les plus fréquents, à croire que toutes les secrétaires du Rectorat ont des enfants, peut-être est-ce même une des conditions de l’embauche ? – qu’elles placent non loin de leur cœur et près de leur regard. Il est vrai que les enfants sont bien plus attachants lorsqu’ils sont figés sur le papier mat ou brillant de la photographie et qu’ils trônent silencieux sur le mur crème d’un bureau de Rectorat. Ils ont cet air d’ange vivant. Ils étrennent, pour la photo, leur plus beau sourire afin de faire plaisir à maman, ou à papa - qui ont dû leur dire, « Souris, allez, fais un effort, non pas comme ça… oui, voilà, comme ça ! » - et ils nous regardent avec leurs plus belles promesses au fond de leurs grands yeux innocents. Quand leurs mères les voient ainsi, immobiles et sages, entièrement soumis à leurs désirs de mère, elle se laissent peut-être aller à imaginer le futur de ces enfants – forcément magnifique ou tout au moins plus grand que le leur -  et elles  oublient colères et déceptions,  rancunes et ressassements afin de glisser sur l’onde fantasmée de l’enfant idéal…
Quand je pense, qu’une fois de plus, j’ai  failli me laisser prendre à l’illusion des photos d’enfants… pourtant je  sais très bien ce qu’il en est, j’ai moi aussi tellement pris de photos de mes enfants…

26 juin 2007

Peut-on être une Victime des mots ?

J’ai lu, il y trois jours, dans Libération, un article sur le procès qui a opposé Pierre Jourde* (auteur de Pays Perdu) à des habitants de ce village perdu qui l’ont  agressé pensant s’être reconnus dans son livre.
L’un des habitants du village a dit au procès «  Lui il est poète, mais nous on  l’est pas, on sait pas s’exprimer comme lui. » Ces mots, dans leur simplicité rugueuse, m’ont émue – mais je réprouve totalement l’acte commis par ces villageois. Cette phrase ne dénoncerait-elle pas l’injustice profonde que ressent celui qui pense ne pas savoir se servir des mots, mots volatiles qui lui échappent à chaque fois qu’il essaie de les emprisonner dans des phrases qui  l'aideraient à construire sa pensée…
Notre véritable source de liberté ne  réside-t-elle pas, d’abord et avant tout, dans notre capacité à faire nôtres des mots qui nous permettront ensuite d’élaborer nos discours, précieux remparts contre la soumission ; soumission à l’homme qui,  a tôt fait d’asservir l’homme, son semblable, et de le considérer comme une marchandise ou un bien qu’il s’appropriera parce que la société le tolère.
Penser, ce peut-être aussi penser à côté, parce que les mots sont le meilleur moyen d’éventrer les idées reçues qui tuent l’homme avant même qu’il ne naisse.


* Pierre Jourde est aussi l’auteur d’un livre féroce sur la littérature contemporaine « la littérature sans estomac »

22 juin 2007

Et ce cœur qui bat…

Comme il est étrange que ce petit  « rituel » de la mise en ligne d’un texte sur le blog fasse battre mon cœur plus vite, comme si je me préparais à une rencontre ? Mais enfin, s’agit-il vraiment ici d’une  rencontre, même si je sais qu’un texte mis en ligne peut théoriquement rencontrer  des lecteurs de France, de Patagonie, d’Inde ou d’Arabie Saoudite…
Mais ceci suffit-il à expliquer ce cœur qui bat plus vite ? Et s’il s’agissait aussi, tout simplement, d’une rencontre avec moi-même ? Sans doute ce texte mis en ligne est-il une main que je me tends à moi-même, un geste minuscule et dérisoire mais qui, de toute évidence,  donne à mon quotidien une dimension créative que je  ne lui connaissais pas auparavant car, même si écrire n’est pas une nouveauté pour moi, je suis prête à partager des écrits qui, jusqu’à présent, n’étaient que très « confidentiels »…
C’est certainement ce partage de mes  textes avec des lecteurs virtuels - mais aussi avec ce double de moi qui regarde autrement les textes que je mets en ligne - qui fait battre ce coeur plus vite. Pourtant,  il y a un aspect important que je ne peux passer sous silence, celui des attentes… cette attente ne ressemble-t-elle pas, d’ailleurs, à ce que je ressentais un peu à chaque première rencontre amoureuse, en voyant cet homme là bas, au loin, celui avec qui j’avais rendez-vous, qui me semblait si proche et si lointain à la fois, et qui me laissait supposer qu’avec lui tout allait devenir possible… ?

21 juin 2007

Comment c'est, après la mort ?

Le site Thanatorama ( http://www.thanatorama.com ) vous accueille simplement avec ces mots, dits d’une voix sereine « Vous êtes mort ce matin, est-ce que la suite vous intéresse ? ». Je vous conseille vivement – si vous ne craignez pas de soulever le voile des ténèbres - de cliquer sur le OUI afin de vivre vos premiers « émois » au royaume de la mort. Vous n’ignorerez plus rien de votre chemin à venir, mais vu de l’intérieur… le funérarium, le cimetière, l’église, le crématorium… Cet édifiant voyage post-vitam vous aidera à choisir  votre parcours en toute conscience, et vous ne l’apprécierez que plus lorsque vous redeviendrez le vivant que vous étiez avant d’être mort... Et, nec plus ultra, n’hésitez pas à opter pour  le maquillage « make up for ever » que le thanatopracteur – si vous souhaitez faire appel à lui – pourra étaler sur votre visage afin de vous donner cet aspect lisse et atemporel qui fait toute l’élégance des morts…

PS : Je vous conseille vivement la série américaine « Six feet under ». Un petit bijou d’humour noir qui raconte les « aventures » d’une famille américaine qui tient un funérarium. Je ne connais personne qui soit resté insensible aux personnages si merveilleusement humains de cette série…

19 juin 2007

Pourquoi plagie-t-on ?

En consultant les statistiques de notre blog « presquevoix », j’ai constaté avec étonnement qu’elles avaient augmenté  et j’ai rapidement compris pourquoi. C’est à cause d’un plagiat ! Je me suis rendue compte que la personne qui m’a plagiée, sur le « groupe de news » du blog d’un syndicat d’une compagnie dont j’ai oublié le nom,  s’est contenté de faire un copier-coller de ce que j’avais écrit et se l’est approprié puisqu’elle  n’a  pas mentionné ses sources. C’est d’ailleurs ce que lui a reproché une personne, intervenant sur ce même blog, en citant la source du texte plagié, ce qui a valu à notre blog un nombre important de connections.
Ne pas citer ses sources et donc s’approprier indûment d’écrits appartenant à d’autres est une attitude qui m’étonne, sans doute parce que je suis très scrupuleuse et cite toujours les auteurs des  phrases ou textes que j’utilise.
Pourquoi plagier ? Me suis-je demandée… Bien sûr, le plagiat existe depuis la nuit des temps et n’a d’ailleurs été relevé comme tel qu’à la fin du dix-huitième siècle. Le plagiat du XXIième siècle est-il une dérive de notre société informatique qui met tellement de matière écrite à notre disposition qu’on  ne se sent plus obligé de mentionner d’où viennent nos sources ? Est-il un aveu d’impuissance caractérisée face à l’écrit ? N’est-ce juste que voler ce qu’on aurait voulu écrire mais que l’on n’a   pu écrire par paresse, par manque d’inspiration, de confiance en soi ou de temps ? Est-ce une façon de se glisser dans la peau d’un autre à son insu ? Ou bien est-ce juste que l’on oublie de citer les sources parce que l’emprunt semble dérisoire ?
Seule la personne concernée, dans ce cas, pourrait me répondre, mais il lui faudrait se pencher sur un acte dont les mobiles obscurs lui échapperont sans doute ?
Mais il est vrai que ce plagiat d’un « petit texte de rien du tout », n’est pas  grave en soi, ce qui est plus grave c’est ce qui se cache derrière le plagiat, mais restera  à jamais informulé… Mon « petit texte de rien du tout » a eu, en somme,  grâce à ce plagiat, remarqué par un autre lecteur, l’honneur de voyager plus qu’il ne l’aurait fait normalement…
Merci  au plagiaire, mais surtout, merci à celui qui a scrupuleusement rappelé qu’il s’agissait d’un plagiat.

Presquevoix...
Newsletter
9 abonnés