Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Presquevoix...
Archives
26 juillet 2022

Surdité

Elle disait souvent à sa famille qu’elle n’était pas sortable et elle avait raison. Non seulement elle parlait tout le temps, non seulement elle disait les pires choses sur le monde et ses proches, non seulement elle n’écoutait personne et avait raison du matin au soir, mais elle était sourde. Et chacun sait que cette dite surdité ne comble que ceux qui possèdent ce « don ».

Quand son voisin de gauche, Monsieur Pignon, lui avait dit samedi dernier que parfois elle abusait un peu. Madame Dumontel lui avait répondu qu’elle était sourde et qu’il le savait bien. Monsieur Pignon – homme patient qui vivait lui-même avec une femme qui se disait sourde – ne répondit rien.

Une semaine plus tard, en croisant Madame Dumontel devant chez elle, en monologue avec le facteur, il sortit de sa poche un papier qu’il lui tendit dès qu’elle fût seule avec lui. Ce mot disait :

« La semaine dernière, je vous disais que souvent vous abusiez de votre surdité. Il me semble que vous avez une surdité aussi sélective que celle de ma femme. Sachez tout de même que chez moi, je mets des boules Quies, cela limite nos conversations à des gestes. Sans doute votre mari fait-il de même ? Sinon, je me permettrai de l’appeler pour lui signaler qu’ainsi, il pourra vivre de façon beaucoup plus harmonieuse à la maison. »

Madame Dumontel lui dit juste.

-          Aurevoir Monsieur Pignouf.

Rentrée chez elle, elle ne pipa mot à son mari mais, au repas du soir, elle lui demanda.

-          Crois-tu que je suis vraiment sourde ?

Celui-ci ne répondit rien. Elle hurla donc la même phrase, et son mari sourit en disant.

-          Excuse-moi, j’avais mis mes boules Quies.

La contamination des boule Quies avait-elle déjà touché tout le voisinage ?

 

PS : prochain texte, lundi.

 

20 juillet 2022

Pourquoi écrire ?

Pourquoi tu n’écris pas - lui avait-elle demandé – ça te ferait passer le temps et tu serais certainement moins morose.  Bon, évidemment, le risque ce serait que tu rendes aussi les autres moroses, voire, déprimés, mais on n’est pas obligé de te lire, hein ? Surtout si tu écris sur un carnet. Tu te liras toi-même. C’est déjà bien. Ecrire, c’est simple, même sans imagination. Tiens, par exemple, toi qui as peur de donner ton sang, écris sur le sang. Tu trouves une expression ou une citation avec le mot « sang » et top départ. Tiens, en voici deux par exemple :

Citation : « Quand on tue de grands rêves, il coule beaucoup de sang « Milan kundera

Expression :  glacer le sang

Tu préfères quoi ? La première ? Ah, c’est étonnant, je croyais que tu allais choisir la deuxième, mais tu as raison, je ne suis pas à l’intérieur de toi, hein, même si toi, parfois, tu crois que tu devines le fond de mes pensées. Tu dis que mes pensées n’ont pas de fond ? Tu es vraiment très drôle. Ta pseudo connaissance de l’intérieur de mon être me glace le sang. Eh oui, je reprends l’expression que je t’avais proposée. Ça m’aide à exprimer mes idées puisque j’en ai si peu. Et j’ajouterais même que mes grands rêves, avec toi, je les ai un peu tués et c’est pour ça que je préfère écrire. Tu ajoutes que je ne suis pas publiée ? Et alors ? sache que ma mémoire et mes mots sont des outils enrichissants, alors ne pas être publiée, mais je m’en fiche complètement. D’ailleurs, si tu veux, je te lirai moi, alors que toi, je suis sûre que tu ne m’as jamais lue. Ce que j’écris t’emmerde un peu ? Bon, merci c’est sympa de me le dire. Eh bien sache que moi je te lirai même si ce que tu écris m’emmerde, mais à une seule condition : que tu écrives court, très court !

 

PS : prochain texte, mardi.

13 juillet 2022

Le paso doble

scie

Avec cette scie pénétrante, il était entré dans le laboratoire de la désolation. Avec lui l’engin ne fonctionnait pas. Il aurait dû s’en douter. Déjà, il avait eu des difficultés pour la mettre à l’aplomb. Le type chez Brico dépôt lui avait conseillé.

-          Droiture de la scie, comme quand on vise un fusil !

Seulement, non seulement il n’avait jamais tenu de fusil en main, mais il avait un début de cataracte qui l’empêchait d’atteindre cette fameuse droiture indispensable à la mise en fonction de la scie. Conclusion : le corps  résistait.

Bien sûr, me direz-vous, un corps mort ne peut bouger, ce qui facilite les choses. Mais, dans ce cas précis, au moment où il avait saisi la scie, sa main tremblait et il avait regretté l’acte commis, avait pleuré, avait demandé pardon à sa mère, à son père, à ses frères et sœurs et à la terre entière.  

Hélas, impossible de revenir en arrière, impossible d’aller de l’avant et le paso doble entre lui et la scie avait échoué. La scie, taureau de combat imaginaire lui en voulait à mort, c’était certain. Et si cette scie  venait à le pénétrer gravement, comment survivrait-il ?  Il devait cesser de scier et enterrer le corps dans la forêt. Aussitôt dit, aussitôt fait, la pelle avait remplacé la scie et, une fois à l’ombre des arbres, le paso doble reprit sur un rythme presque parfait.

 

PS : prochain texte, mercredi.

 

6 juillet 2022

Fidélité

Son amie d'enfance, Marion, avait passé la soirée entière à la convaincre de tester la fidélité de son mari. Etonnée, Hélène n’avait rien répondu. Marion avait insisté en soulignant que c’était simple pourtant.

-          Comment ça, simple ?

-          Eh bien tu essaies de le séduire et ensuite tu me dis comment il réagit.

-          Mais tu es folle, je vous connais depuis longtemps.  Et s’il me saute dessus ?

-          Tu lui dis STOP, ça suffira.

-          Très bien, mais c’est une drôle d’idée que la tienne.

Et c’est exactement ce qu’il s’était passé, elle avait dû dire ce fameux STOP, sauf que l’abruti ne s’était pas arrêté là et qu’elle avait dû lui donner un grand coup dans ses zones les plus sensibles. Il avait hurlé comme un beau diable puis l’avait traitée de « salope ».

Le soir même, elle recevait un coup de fil de Marion qui, elle aussi, l’avait traité de salope car elle avait voulu séduire son mari. Avant de raccrocher le téléphone Hélène avait hurlé.

-          On se demande qui est la plus salope des deux !

Le lendemain, sous sa porte, elle recevait un dessin d’une certaine myss-tic qui disait : « j’ai du vague à l’homme ».

Hélène lui envoya le jour même par la poste la réponse suivante :

« Pour moi, pas de vague à l’âme, pas de vague à l’homme, mais la vague impression qu’il vaut mieux con-sulter que se con-finer ! Quant à ton cher mari, dis-lui que la « salope » le remercie de lui avoir ouvert les yeux sur votre vie de couple et, ajoute aussi que la verve est une arme, pas la verge !

Adieu définitif,

 Hélène

 

PS : prochain texte, mercredi

 

 

 

 

 

2 juillet 2022

Rire

Quand je serai à la retraite et que mes journées ressembleront à de vastes prés dépeuplés, j’essaierai de me faire rire au moins une fois par jour ou plus, si affinités avec moi-même. Chacun sait qu’il est plus simple, et beaucoup plus harmonieux, de se faire rire que de faire rire les autres. Ce sera donc, au départ, mon seul et unique programme. Le Père éternel n’existant pas dans le monde qui est le mien, ni la jouissance éternelle, il me faudra donc un rire éternel que je nourrirai moi-même jour après jour…

PS : prochain texte, mercredi.

Presquevoix...
Newsletter
9 abonnés