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Presquevoix...
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31 décembre 2021

2022, année de quoi, au fait ?

"Je maintiens les écoles ouvertes" a dit moults fois Monsieur Blanquer, le ministre de l’Affichage, depuis le début de la pandémie. Dommage qu'il ne maintienne pas aussi son esprit ouvert, car sa réforme a déshumanisé et déstructuré le lycée.

J’évoque M. Blanquer car je suis enseignante, mais je pourrais aussi évoquer tous les hommes et toutes les femmes politiques d'extrême droite, de droite, de centre droit etc. qui ont l’esprit fermé et n'ont pour seul programme de candidature à la PdR* que le sécuritaire, l'identitaire, la lutte contre l’immigration extra-européenne... voire la haine de l'autre.

Déshumaniser plutôt qu'humaniser, voici donc le seul programme de  deux de nos candidates et de certains de nos candidats.

A quoi pensent ces femmes et ces hommes-là chaque soir, avant de se coucher dans leur lit XL ? Je me le demande. J’adorerais ouvrir la porte de leur cerveau afin de mettre à la poubelle leurs « pensées déshumanisées ». Mais peut-être  ne leur resterait-il aucune pensée ensuite ?

Depuis les années 90 ces thématiques reviennent à chaque élection. M. Sarkozy, d’ailleurs, ne s'est pas privé de "radicaliser" la France.  « Sécuriser » faisait partie de son vocabulaire, et comme son vocabulaire était « restreint » ce mot revenait souvent. Hélas pour lui, maintenant, la justice se met « en marche »  pour " sécuriser " le peuple Français de ces hommes politiques qui ont oublié qu’ils étaient censés travailler pour un pays et non pour eux-mêmes. Ces hommes qui ont utilisé leur longue carrière politique à "sécuriser" leurs comptes en banque ou leurs comptes en suisse ou leurs comptes offshore.

Oui, pour ces hommes, rien ne semble compter, à par leurs comptes. Sans doute devrait-on leur raconter, chaque soir "La mort d'Ivan Ilitch" de Tolstoi, afin qu'un semblant d'humanité glisse dans leur esprit embrumé par leur MOI hypertrophié.

 

Je vous souhaite une très bonne année 2022

 

*Présidence de la République

PS : prochain texte, mardi.

 

 

 

28 décembre 2021

Nouvelle adresse

Depuis que sa femme l'avait quitté, il avait écrit en grande lettre rouge sur la porte du garage : la maison du cocu.
Ses voisins ne lui avaient posé aucune question et les rares piétons souriaient. Certains imaginaient même d'étranges histoires...
Son adresse même avait changé. Il écrivait désormais, derrière les enveloppes qu'il envoyait  :

Gille démensier,
maison du Cocu
4 impasse des collines
46 800 Moncuq

Oui, une nouvelle vie allait commencer pour lui. Quand ? il ne le savait pas, mais ces lettres rouges donnaient à la porte blanche du garage une toute nouvelle apparence...

PS : prochain texte, vendredi 31 décembre

24 décembre 2021

Rencontre

Elle avait rencontré ce type dans un café, par hasard. Assise à une table, elle regardait au loin et il lui avait dit.

-          C’est moi que vous attendez peut-être ?

Elle avait répondu « Non » et avait espéré la suite. Peut-être que celui-ci était différent, plus drôle ou plus cultivé.

-          Quand je vous ai vue, je me suis dit : cette fille adore le vélo. J’ai raison ?

-          J’aime bien, oui.

-          Et je me suis dit aussi pourquoi ne pas faire ensemble Sainte Verge-le Fion à vélo, en plusieurs étapes, forcément, parce que la route est longue.

Elle le fixa, abasourdie, et finit pas répondre.

-          Euh, vous vous trouvez drôle ?

-          Pas vous ? Mais elles existent, ces deux villes : Sainte Verge dans les Deux-Sèvres, et le Fion, en Savoie.

-          Effectivement, c’est hilarant, ajouta-t-elle le regard sévère. 

-          Le vélo mais pas l’humour, donc.

-          Vous voulez aussi faire une étape à Montcuq c’est ça ?

-          Vous voyez que vous avez de l’humour !

Elle se leva, mit son livre dans son sac et se plaça juste en face de lui.

-          Etant catholique, vierge et pratiquante – dit-elle en souriant  – je vous laisse au degré zéro de votre humour de troufion. D’ailleurs, vous êtes dans l’armée, sûrement. Bon, moi je vais chercher mon destrier bleu, garé juste en face du café, destrier sur lequel je me rendrai à l’église afin d’allumer un cierge pour que Notre Sainte Vierge vous donne le courage de pédaler vers Lourdes sur votre beau vélo. Aurevoir, monsieur le troufion.

Elle l’avait laissé pantois et il l’avait regardée partir sur son destrier. Ce garçon ne lâchait jamais prise, jamais, et sur son vélo de course vert, il la rejoignit rapidement et l’obligea à s’arrêter.

-          Au fait, je ne suis pas troufion, juste charpentier, comme Joseph, mais bon, je sais que vous vous en fichez. La prochaine fois j’essaierai d’être plus drôle. Aurevoir Marie.

-          Euh comment vous savez que je m’appelle Marie ? dit-elle surprise.

-          Le hasard. Allez, j’arrête de vous emmerder puisque seule la culture vous intéresse. A une autre fois, peut-être, au royaume de l’humour.

Et il partit en sens inverse sur la route de Montcuq, car c’est là qu’il habitait. C’est aussi là qu’il était charpentier, durant la semaine, et cycliste le week-end.

Il revit Marie, deux mois plus tard, je jour du printemps, sur une petite départementale. Il la doubla en hurlant « Voilà le charpentier troufion ! ». Elle sourit et cria « Marie la vierge vous reconnait ». Mais ce jour-là, il ne s’arrêta pas et préféra grimper le plus vite possible en haut de la colline….

PS : prochain texte, mardi.

21 décembre 2021

Le père Noël est-il une ordure ?

Penché sur le guidon de sa moto, à 170 kms heures, il se répétait « Non le père Noël n’est pas une ordure, non le père Noël n’est pas une ordure, l’ordure c’est elle. » Et ce soir-là, le père Noël, c’était lui car il avait mis ce merveilleux costume qui le faisait briller avec les étoiles de Noël : du rouge et du blanc, ses couleurs préférées. Rouge de la passion et blanc de l’innocence.

 Quand les flics l’avaient arrêté sur la RN14, il fut bien obligé de tout dire.

-          En costume de Noël fin novembre, c’est pas un peu tôt ? lui dit le gendarme qui pensait avoir le sens de l’humour.

-          Et en plus, à cette vitesse ? ajouta l’autre. Alcootest, tout de suite

Mais il n’avait pas bu.

-          Venez donc dans la voiture avec nous - lui dit le premier gendarme. - on va discuter et après, on vous suivra chez vous. Ce sera notre cadeau de Noël.

Comment allait-il commencer son histoire ? Une histoire stupide dont le fond de vérité était essentiel et le fond, n’est-ce pas ce qui importe, dans la vie ? D’ailleurs, enfant, on lui avait toujours dit qu’il avait bon fond.

-          Voilà ce que m’est arrivé, raconta-t-il le visage blême.

-          Elle m’a dit qu’elle me quittait et…

-          Et ? Dirent les deux gendarmes d’une seule voix.

-          Et comme j’étais dans mon costume de père Noël, je ne l’ai pas supporté.

-          Vous l’auriez supporté dans un autre costume ?

-          Je sais pas. Mais là, non. C’était trop dur. Vous faites plaisir à quelqu’un, vous arrivez en costume de père  Noël pour faire sourire, et on vous fout tout en l’air. C’est pas juste.

-          Qu’est-ce qui n’est pas juste ?

-          Qu’elle en aime un autre.

-          Elle est toujours vivante, j’espère, dit le premier gendarme.

-          Vivante, oui. L’autre aussi, mais je lui ai donné deux gros coups de poing et je lui ai enfoncé mon bonnet de Noël sur son crâne.

Les gendarmes se regardèrent et dire d’une seule voix – il faut dire qu’ils étaient jumeaux.

-          Donnez l’adresse. On vous suit pour voir son état.

Arrivée au domicile de l’ex, ils comprirent tout de suite. Elle était vivante, mais allongé sur le divan, ils aperçurent un type à la longue barbe, l’air de Jésus ou presque, avec un bonnet de Noël sur la tête et deux yeux au beurre noir. Le pauvre gars pleurait. Le premier gendarme prit la parole.

-          Parfait, vous êtes vivants. Juste les yeux pour le jeune homme, rien de grave.

-          Mais il est cinglé ce connard en père Noël. Je le connais même pas, dit la fille.

-          Il nous a dit que vous vouliez le quitter.

-          Ce type est un copain de mon frère et un obsédé, par-dessus le marché. Comment pouvait-il croire qu’en arrivant en père Noël, j’allais devenir sa copine ? Un cinglé.

L’affaire aurait pu s’arrêter là. Les policiers partaient avec le père Noël qui sanglotait en hurlant « Personne ne m’aime, personne ne m’aimera jamais. » quand le jeune barbu se leva du divan et dit d’un air sérieux.

-          Laisse-toi pousser la barbe pour de vrai, père Noël, et tu verras, nul ne résistera, même pas celles qui se disent saintes. Marie, ma mère, me l’a dit, et je te le transmets.

Les gendarmes se demandaient s’ils se trouvaient dans une annexe de l’hôpital psychiatrique. Ils préférèrent se taire et, bras dessus bras dessous avec le père Noël, ils l’accompagnèrent vers sa moto pour le conduire sur les sentiers de la gendarmerie…

PS : prochain texte, vendredi.

 

 

17 décembre 2021

Le troll

Il était devenu troll parce qu’il était en rogne contre tout : le boulot, la famille, son poids – il avait grossi de 5 kilos en un mois et ne se supportait plus nu -, ses amis, enfin le peu qu’il lui restait. Cette somme de rognes l’avait fait basculer dans la catégorie des Zemouriens, une nouvelle ethnie politique.

Oui, la haine s’était installée en lui. Quand il se regardait dans le miroir, il se disait : « Je suis devenu le parasite de la rue massacre. Cette rue m’a foutu la poisse. » Quand sa sœur entendait ses « litanies », elle souriait et ajoutait.

- Ouais. Ta xénophobie, c’est la haine de toi, mon vieux. Tiens, quand je te vois toi, Zemourien parmi les Zémouriens, je me dis qu’on devrait obliger chaque candidat à avoir une série de dix séances chez un ou une psychologue. Il y en aurait un ou une en présentiel et trois autres derrière une vitre teinte. A quatre, ils pourraient faire un bilan de la santé mentale du ou de la candidate. Et les psychopathes, les bipolaires, les narcissiques seraient éliminés d’avance ! Tu vois à qui je pense ? Tout ça pour la santé du peuple Français.

Il ne disait rien. Il savait qu’avec son obsession de la psychologie – sa soeur était elle-même thérapeute – elle lui mettrait une migraine du diable qui le plongerait dans un « trollisme » de première grandeur

 

14 décembre 2021

Les murs de la ville

Elle avait tagué tous les murs de la ville avec cette interrogation : « A quand la fin des couteaux en famille ? ».

Lors de son passage en comparution immédiate le juge lui avait dit.

-          Vous ne croyez pas que vous allez un peu loin ?

Et elle lui avait répondu froidement.

-          On voit bien que vous n’êtes pas une femme. Féminicide, ça vous dit quelque chose ?

Etrangement, le juge avait rougi. Avait-il, lui aussi, eu envie de tuer sa femme au couteau ?

 

PS : prochain texte, vendredi.

10 décembre 2021

Grève ?

Il n’arrêtait pas de la traiter de mouton. Pas de sens commun, pas d’individualité, pas de volonté, disait-il en permanence. Un jour elle lui a répondu.

-          Oui, mais si j’en avais, de la volonté, tu ne m’aimerais pas.

-          Essaie, on verra.

Et rapidement, elle a changé de rythme. Finies les courses, fini le repas du soir à 20 h, finie l’écoute des informations du soir sans réflexion aucune. Il s’est lassé.

-          Bon, c’est quoi cette histoire ?

-          Quelle histoire ?

-          Cette grève ?

-          Ce n’est pas une grève. C’est juste que je ne suis plus un mouton.

Il a préféré se taire et s’est assis devant son ordinateur, les écouteurs dans les oreilles, direction le pays de Netflix.

Depuis, chacun fait ses propres courses, prend son repas séparément, s’assied devant son ordinateur pour voir sa série préférée. Et ensuite, retour à la case lit pour un sommeil réparateur dans le monde des rêves…

 

7 décembre 2021

Les dix séances

Pour son cadeau d’anniversaire, elle lui avait offert dix séances chez le psy de son choix. Il l’avait très mal prix et lui avait demandé une explication.

-          Eh bien « une longue conservation ne se garde pas au congélateur"*, lui avait-elle répondu en souriant

-          En fait, pour mes cinquante ans tu te moques de moi !

-          Mais non, pas du tout, et puis ça m’a coûté fort cher. Il me semble qu’à 50 ans, il est temps de porter un regard sur soi au lieu de conserver tout dans son cerveau-congélateur. Et puis tu peux choisir sur le site la ou le psychologue de tes rêves et la thérapie que tu préfères.

Il n’avait rien ajouté car il savait qu’avec sa femme la conversation pouvait durer longtemps. Elle voulait toujours avoir réponse à tout. Il était persuadé qu’elle ajouterait ensuite qu’elle avait fait dix ans de psychanalyse, elle !

Ils passèrent une soirée déplaisante dans un bon restaurant où les plats, pourtant, leur semblèrent médiocres. De retour chez eux, ils se mirent immédiatement au lit et se tournèrent le dos pour dormir. « Un anniversaire de merde », pensa-t-il avant d’entamer sa nuit blanche. Elle, dormit immédiatement et respira fort – seuls les hommes ronflaient – et cette respiration régulière l’agaça tellement qu’il migra vers le salon où le canapé vert l’accueillit avec ses ressorts qui grinçaient.

*Cette phrase a été lue sur Diffractions

 

PS : prochain texte, vendredi.

 

3 décembre 2021

Souvenir

Il disait l'avoir aimée dix ans plus tôt, mais le souvenir qu'il lui avait laissé était celui d'un homme flou et mou. Non, elle n'irait pas à ce rendez-vous du "souvenir". A son âge- 45 ans - il lui fallait à tout prix éviter les hommes à tendance vague.

 « Ouvrir les yeux et résister » était sa nouvelle devise, car le variant d'Afrique du Sud et le variant électorale diminuaient son moral de moitié. S’il comptait sur elle pour se trouver un foyer d'accueil à Noël, non. D'ailleurs, elle avait toujours détesté Noël, et elle avait toujours détesté son prénom, Bernard ; le même prénom que ce philosophe suffisant, ami des médias…

PS : prochain texte, mardi.

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