L’amitié
Juliette lui répétait en boucle qu’on n’était jamais mieux asservi que par soi-même et cette citation la faisait grincer des dents. Elle l’aurait acceptée si Juliette avait ouvert grand les yeux sur elle, mais non. Les soumises, c’était toujours les autres, celles qui se faisaient exploiter par leur compagnon.
Un jour, agacée, elle sortit un miroir et lui dit.
- Excuse-moi de t’interrompre, Juliette, mais j’ai l’impression que tes yeux ne s’ouvrent que pour regarder les autres.
- C’est-à-dire ?
- Eh bien, voilà, je te sors un miroir, tu te regardes, et tu me dis ce que tu vois.
- Je vois d’abord que je ne me fais pas chier à vivre avec un partenaire.
- Certes, tu ne vis pas avec lui, mais il te téléphone en permanence pour savoir où tu es, donc ?
- Donc, je ne suis pas exploitée.
- Disons qu’il y a l’exploitation au domicile et l’exploitation hors domicile, alors !
Ce jour-là, Juliette la traita de conne. Une longue amitié de dix ans s’éteignit en 5 minutes. Elle se demanda, ce jour-là, si l’amitié entre femmes était si simple que ça…
PS : prochain texte, mardi.