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Presquevoix...
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29 mars 2021

Assistance textuelle

« Nouvelle profession, nouvelle tenue ». C’est ce qu’elle s’était dit avant de devenir « assistante textuelle » et elle avait choisi le bleu et le vert de  tenues longues et seyantes qui lui remettaient sa jeunesse en mémoire.

Fini le monde figé de l’entreprise. Elle se disait assistante textuelle,  mais parfois, le sexe et le corps entraient sur le chemin du texte.

Elle avait quatre clients - tous mariés - qui la rémunéraient généreusement pour lire - souvent des textes érotiques -   et ne lui demandaient que peu de prestations physiques. Il s’agissait d’honorables septuagénaires que leur prostate éloignait de leur mâle position en les conduisant dans le monde du  mal intempestif, car cette prostate troublait leur vie de maux divers.

Celui  qui la faisait  sourire, voire rire, c’était son tout dernier client – le cinquième – qui naviguait entre Dieu, le pape et elle : il était évêque. Souvent il lui disait : « Je ne suis rien et le monde des apparences m’épuise, sans parler de l’emprise de l’Eglise et du Vatican ». Et il concluait souvent par : " Que le sexe soit avec vous, Amen ".

Avec lui, elle lisait souvent des psaumes, les évangiles,  l’apocalypse, ou bien Proust et Pierre Lemaître ; il adorait « Robe de marié »*. Et, parfois, elle lui caressait ce petit membre touchant et vulnérable qu’il cachait sous la tenue liturgique qu’il tenait à mettre quand il l’accueillait.

Sa micro-entreprise - « assistance textuelle »  - lui pemettait de mener une vie calme et presque tranquille où elle voyageait entre littérature, économie, politique et religion - tous avaient une profession dans l'un de ces domaines -  en épargnant son corps et sa bouche, car rares étaient ceux - à part l’évêque - qui lui demandaient à chaque visite hebdomadaire d’entrer dans la crypte de leur nudité…

 *j’ai adoré aussi

PS : prochain texte, jeudi

25 mars 2021

Le patron

Le patron était un harceleur de première. Dès son premier regard, Marion s’en était aperçu ; il faut dire qu’elle avait l’œil, malgré son jeune âge, et que le nombre d’entreprises qu’elle avait connues dépassait les doigts de sa main.

A 10 h, devant la machine à café, le patron avait dit à Marie - la sous-sous-chef, comme ils disaient dans l’entreprise.

 - Au lieu d’embrasser vos collègues, vous feriez mieux de leur tailler une pipe et de les mettre au travail.

Face au regard de haine de Marion, le patron avait ajouté avec un grand sourire.

-          C’est pour l’aider à asseoir son autorité que je dis ça, sachez le.

Marie, elle n’avait rien répondu. Elle a baissé la tête, puis est partie dans son bureau afin de terminer un travail en cours.

Quant à Marion,  elle avait eu envie de  dire au patron : " Si Marie a besoin de faire asseoir son autorité, vous, vous devriez retrouver votre intelligence perdue." Peut-être le lui dirait-elle, d'ailleurs, à la fin de son contrat ; et elle terminerait par la phrase suivante : « Vous savez que de nouvelles études prouvent qu'une intelligence perdue peut mener à la connerie ? Pour le dire autrement, vous n'êtes qu'un connard ! " qui sait si cette phrase ne produirait pas un certain effet...

 

PS : prochain texte, lundi.

22 mars 2021

Fort Knox

Voici un mail écrit par un ami à une mutuelle. Si vous voulez vous en servir parce que vous avez été confronté au même problème, n’hésitez pas 😉

 

 Bonjour,

 L'accès à mon livret, qui doit contenir maintenant une trentaine d'euros, est devenu si compliqué aujourd'hui que j'ai l'impression de faire un casse à Fort Knox, qui abrite la réserve d'or des Etats-Unis. Je pourrais presque être rassuré : personne ne me volera d'argent sur ce compte puisque moi-même, le titulaire, je ne parviens pas à y accéder. Mais est-ce le but d'un compte sur livret signalant que l'argent reste disponible à tout moment ?

La sécurité, c'est une chose importante, certes, si elle va de pair avec une simplicité d'utilisation. Je ne tiens pas à subir pour le moindre virement une espèce d'usine à gaz absolument ingérable. Cela serait cocasse si je n'avais que cela à faire mais mon temps, comme le vôtre, est précieux et je me suis perdu trop longtemps dans votre labyrinthe informatique, en saisissant jusqu'à l'épuisement ma date et mon département de naissance, après avoir tenté de déchiffrer des caractères illisibles.

Je précise que je suis professeur de mathématiques et que je connais un certain nombre de choses en informatique. Je plains le pauvre retraité ignorant en la matière.

Ma banque me rapporte certes un tout petit peu moins, mais quand j'ai besoin de mon argent, j'en dispose facilement sans avoir à entrer dans un délire informatique insupportable.

Bref, en deux mots : je voudrais accéder à ce livret et solder ce compte impossible à utiliser.
Pouvez-vous m'indiquer une procédure simple pour le faire ?

Merci d'agir très vite.

Bien cordialement, et sans rancune

 

PS : prochain texte, jeudi.

18 mars 2021

Halt Kamaraden

Tous les soirs, quand il rentrait chez lui après le travail – un travail dont il appréciait la douceur -   il écoutait Alte Kameraden, une petite marche qui lui permettait de mettre en place les attitudes et mouvements nécessaires afin de répondre aux injonctions de sa chère et tendre épouse.

PS : prochain texte, lundi

 

15 mars 2021

Le danseur

Elle adorait danser la valse, le tango, le rock… enfin, elle dansait tout ou presque. Son seul problème c’était de  trouver un partenaire à la hauteur, non seulement de sa taille – elle mesurait 1 m 80 – mais de son « talent ».

Elle avait rencontré un danseur de rock – 1 m 80 disait-il, mais elle voyait bien qu’il n’atteignait pas le 1 m 75  - seulement la valse et le tango restaient en attente, raison pour laquelle elle avait passé une annonce dans Paris Normandie :

« Femme, 30 ans, 1 mètre 80, danseuse aguerrie, cherche danseur même taille, pour travailler rock, valse et tango afin de participer à des festivals ».

Le premier homme qui répondit à son annonce lui dit.

-          Je suis votre danseur obligé*

-          Euh… .

-          Enfin, obligé si l’on veut. Je m’oblige volontairement à danser avec vous si vous êtes vraiment cette danseuse aguerrie de 30 ans et de 1 mètre 80. Je précise, modestement, que j’ai 35 ans, que je mesure 1 m 85 et que mon niveau est… excellent, tout simplement.

-          Votre modestie vous honore ! Prenons donc rendez-vous afin que je voie ce qu'il en est dans les faits.

Je ne dirai pas, bien sûr, qu’ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants, ce serait mentir et tellement ennuyeux. Mais ils allèrent de festival en festival et leurs corps dansèrent de jour en jour, même si lui, avait trois centimètres de moins qu’elle...

 

*expression lue chez Walrus

PS : prochain texte, jeudi.

13 mars 2021

Le labrador

C’était un labrador, vous savez de ces chiens qui peuvent guider les aveugles. Un chien idéal, penserez-vous. Seulement ce labrador-là, elle l’avait élevé, et tellement mal élevé qu’il était devenu insupportable, quémandant à table, volant, et surtout sautant sur tout un chacun avec sa queue qui tournait comme un diable. Son fils disait souvent - en parlant du chien de sa mère qui avait pour nom Attila - qu’il pourrait peut-être devenir chien d’aveugle, à condition que les aveugles supportent de se faire tirer ventre à terre sur les trottoirs des villes. Cette plaisanterie, il ne l’avait jamais faite devant sa mère. Comment l’aurait-elle supporté, elle qui osait dire que son chien avait eu une excellente éducation, tout comme ses propres  enfants qui, eux, finissaient par en douter …

 

PS : prochain texte, lundi

 

11 mars 2021

Sortie de route

Il lui disait souvent – et avec une insistance enfantine - qu’il n’avait aucun secret pour elle car il l’aimait ; pourtant, elle ne lui demandait rien.

Le jour où il est parti avec sa  valise à la main, elle s’est jurée que le prochain qui lui dirait qu’il n’avait aucun secret pour elle, elle lui ferait manger son masque…

PS : prochain texte : samedi.

 

8 mars 2021

Le Souverain pontife

Aujourd’hui, en ce premier avril 2021, le représentant du gouvernement de notre beau pays de France nous a annoncé, dans nos « bienveillants » médias, que notre Président - ou Souverain pontife - parcourra 1500 kilomètres afin de rendre visite à son bon peuple. Le voyage se fera par voie aérienne, afin d’éviter les zones où se tiennent les terroristes de la « gauche extrême ».

Le voyage du Président aura pour thème ce projet qui lui tient à cœur : « Que se taisent les conflits »*. Le Président profitera de ce voyage pour tendre la main – à distance, covid oblige – aux citoyennes et citoyens qui soutiendront sa campagne prochaine qui ainsi se résumera : « Assez de violence, d’extrémismes et d’intolérances *».

En conclusion, le représentant du gouvernement a ajouté que le Président tenait à ce que, dans les années à venir, aucune citoyenne et aucun citoyen de ce bon peuple de France ne soit utilisé ou perçu comme citoyenne ou citoyen de seconde zone.

Suite à ce discours, un ami – haut fonctionnaire au ministère de l’Education Nationale - m’a téléphoné afin de savoir ce que j’avais pensé du communiqué. Quand je lui ai souligné que le contenu m’avait fortement étonnée, il m’a dit : « Le mensonge est le ciment qui permet à la société de ne pas s’effondrer. Si les gens disaient la vérité, toutes les structures collectives s’émietteraient. »

Avant de raccrocher, il a ajouté – car c’est un homme honnête – « La citation n’est pas de moi, mais de Bernard Werber ». Et, finalement, en guise de conclusion, il m’a dit. - sachant que je penchais vers la gauche.

- Tu sais, on mange du terrorisme à tous les râteliers, même chez les socialistes !

Je n’ai rien répondu, bien sûr, aucune réponse n’aurait pu le convaincre de voter autrement au prochaines élections…

 

*ces phrases ont été relevées dans le discours du Pape François lors de son voyage en Irak et, il est bien évident, que le pape m’a fortement influencé.

PS : prochain texte, jeudi.

4 mars 2021

Le VC

Cela faisait une heure qu’il roulait sur cette route nationale ou le 80 kms/h le mettait de méchante humeur. Elle essayait de se concentrer sur son journal alors qu’il ne cessait ses grossièretés et ses conseils aux « connards » qui feraient mieux de prendre le train à l’âge qui était le leur.

Agacée par ses monologues, elle finit par lui dire.

-          Tu sais qu’en vieillissant tu deviens un VC !

-          Un VC ?

-          Oui, tu ne connais pas ce sigle ?

-          Non.

-          Vieux Connard !

Il la laissa continuer.

-          Il est vrai qu’au volant tu t’es toujours exalté, mais avec l’âge, tu atteins des sommets !

-          Conduis, je t’en prie, et tu verras la souffrance qui est la mienne !

-          Je déteste conduire. Mais si tu veux, je prends le volant. Sauf que moi, je m’en fous de rouler à moins de 80 kms/h et de ne pas démarrer sur les chapeaux de roue au feu vert.

-          Oui, toi tu es parfaite, ironisa-t-il.

Elle préféra s’arrêter là afin de continuer sa lecture, jusqu’au coup de frein qui la projeta en avant.

-          Alors, tu veux le féliciter ce connard là qui est incapable de démarrer correctement au feu vert ?

Elle répondit.

-          Excuse-moi, je lis un article sur les CDG et je dois me concentrer ?

-          CDG ?

-          Oui, les Connards du Gouvernement.

-          Je vois, les connards sont donc partout.

-          Mais oui, partout, à gauche comme à droite, chez les femmes et les hommes, chez les hétéros, les homos et les trans, chez les noirs et les blancs, chez les chefs et les sous chefs, chez les ouvriers, les employés et les cadres, partout !

Il n’ajouta rien et mit radio blues, peut-être qu’ainsi, le monde serait plus doux…

 

PS : prochain texte lundi 8 mars.

 

 

1 mars 2021

Les poupées

Passionné de poupées anciennes – sa collection était démesurée mais personne ne savait où il la gardait – il avait dit à son ami de jeunesse qu’il n'achèterait plus de poupées parce qu' il devait y mettre un terme.

-          Pourquoi ? avait demandé son ami.

-          Parce que je vais passer des têtes en porcelaine aux têtes en vrai peau.

-          Euh, c’est-à-dire ?

-          Aux vraies femmes !

Son ami ne répondit rien et lui, ajouta.

-          Oui, je me suis dit qu’à 60 ans, il était temps de passer aux choses sérieuses. J’ai mis une petite annonce dans Paris Normandie.

-          Je vois.

-          Et tu vois quoi ?

-          Je vois que tu rentres dans le monde des adultes.

Il sourit. Oui, tout allait enfin commencer. Sa mère était morte la veille…

 

PS : prochain texte, jeudi.

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