Assistance textuelle
« Nouvelle profession, nouvelle tenue ». C’est ce qu’elle s’était dit avant de devenir « assistante textuelle » et elle avait choisi le bleu et le vert de tenues longues et seyantes qui lui remettaient sa jeunesse en mémoire.
Fini le monde figé de l’entreprise. Elle se disait assistante textuelle, mais parfois, le sexe et le corps entraient sur le chemin du texte.
Elle avait quatre clients - tous mariés - qui la rémunéraient généreusement pour lire - souvent des textes érotiques - et ne lui demandaient que peu de prestations physiques. Il s’agissait d’honorables septuagénaires que leur prostate éloignait de leur mâle position en les conduisant dans le monde du mal intempestif, car cette prostate troublait leur vie de maux divers.
Celui qui la faisait sourire, voire rire, c’était son tout dernier client – le cinquième – qui naviguait entre Dieu, le pape et elle : il était évêque. Souvent il lui disait : « Je ne suis rien et le monde des apparences m’épuise, sans parler de l’emprise de l’Eglise et du Vatican ». Et il concluait souvent par : " Que le sexe soit avec vous, Amen ".
Avec lui, elle lisait souvent des psaumes, les évangiles, l’apocalypse, ou bien Proust et Pierre Lemaître ; il adorait « Robe de marié »*. Et, parfois, elle lui caressait ce petit membre touchant et vulnérable qu’il cachait sous la tenue liturgique qu’il tenait à mettre quand il l’accueillait.
Sa micro-entreprise - « assistance textuelle » - lui pemettait de mener une vie calme et presque tranquille où elle voyageait entre littérature, économie, politique et religion - tous avaient une profession dans l'un de ces domaines - en épargnant son corps et sa bouche, car rares étaient ceux - à part l’évêque - qui lui demandaient à chaque visite hebdomadaire d’entrer dans la crypte de leur nudité…
*j’ai adoré aussi
PS : prochain texte, jeudi