Tatouage
- Pourquoi avez-vous volé un voilier alors que vous n’y connaissez rien en bateau ? Lui avait demandé le commissaire qui détestait les voiliers.
Le voleur, un mètre quatre-vingt-dix, la cinquantaine, rasée, et des tatouages plein les bras lui avait répondu.
- Et alors ? Voler c’est avoir du pouvoir. Et puis sur mon tatouage, regardez, j’en ai un de voilier.
Le commissaire regarda son bras et découvrit, sous deux seins de femme, un bateau à trois mats.
- Joli, fit-il pour amadouer le type.
- Et au-dessus du voilier, c’est les seins de mon ex-femme, comme des étoiles.
- Etonnant.
Le commissaire, à dix ans de la retraite, en avait un peu marre des cinglés qui passaient au poste de police, mais il essayait de faire face sur cette mer orageuse, toutes voiles dehors.
- Donc, ajouta-t-il, vous aviez soif d’inconnu, d’évasion, c’est ça ?
- Ouais. J’en ai marre de Fécamp et la mer, c’est tout ce qui me reste.
- Comment ça ?
- Ben ouais, la mienne de mère est morte il y a deux jours, alors…
Le commissaire ne dit rien, mais il faillit verser une larme car sa mère aussi habitait au cimetière depuis le mois dernier ; lui aussi aurait bien fait une croisière sur la vaste mer pour se souvenir du passé et oublier que le prochain qui devrait disparaître, ce serait lui…
PS : prochain texte jeudi prochain.